Tourisme

Hôtellerie : le groupe Accor prévoit un bénéfice en hausse de 40% en 2023 par rapport à l'année passée

La première chaîne hôtelière européenne, Accor, totalement remise de la crise due à la pandémie, s’attend à atteindre le milliard d’euros de bénéfices en 2023. Sa croissance devrait comprise entre 9 et 12 pour cent, avec plus de revenus dans quasiment tous ses segments.

Accor a présenté sa feuille de route et ses objectifs la semaine dernière, à la presse comme aux analystes financiers. Le groupe hôtelier, qui a retrouvé en 2022 le niveau d’activité de 2019, porte « des objectifs ambitieux » : un résultat d’exploitation (EBITDA) 2023 compris entre 920 et 960 millions d’euros, mais aussi un taux de croissance annuel moyen d’EBITDA 2023-2027 compris entre 9 et 12%. Sans oublier 3 milliards de retour aux actionnaires, en dividendes et rachats d’actions. Le RevPAR 2023 devrait augmenter de +15 à +20% cette année, par rapport à 2022.


Accor possède la grande majorité de ses hôtels. C’est sa grande force

Autre atout, le groupe est présent partout dans le monde et, notamment en Extrême-Orient, qui représente une part importante de son chiffre d’affaires, même si en 2022, il a moins performé en partie à cause de la volonté de la Chine de maintenir une politique contestée contre le virus et qui a encore un impact sur la région aujourd’hui.

Récemment, par exemple, on a appris que la Corée réduisait ses vols vers la Chine car elle ne les remplissait pas et la Thaïlande a également admis qu’elle ne serait pas en mesure d’atteindre ses objectifs de visiteurs car la Chine continue d’avoir une faible demande.


Deux pôles d’activités

Sébastien Bazin, PDG du groupe, a le sentiment du devoir accompli. « En 10 ans, Accor s’est radicalement transformé », explique-t-il. Avec deux grandes divisions : le pôle « Premium, Milieu de Gamme et Economie » d’un côté. Le pôle « Luxury et Lifestyle » de l’autre.

« Nous étions trop européens, nous étions trop sur l’économique et le mid-scale, nous avions trop d’engagements de capitaux. Nous avons eu Airbnb, Booking, Expedia. Je ne voulais pas qu’Accor sombre, par aveuglement. Je voulais donc aller chercher des zones géographiques de croissance, et des segments de croissance, moins vulnérables aux ruptures digitales. C’était ça toute la stratégie du groupe, pendant 10 ans. Maintenant, il faut l’accepter, la transformation est faite. Il faut moins bouger, tout en restant agile. »

Se positionner comme guide

D’ailleurs, depuis quatre ans, Accor a stoppé ses acquisitions, après une douzaine de rachats jusqu’en 2018. Et il est devenu « Asset Light », jusqu’au siège social qu’il a vendu. Sébastien Bazin n’envisage désormais que d’éventuelles « acquisitions tactiques ».

Que deviendra Accor dans 3 ans ?  A cette question, Sébastien a répondu en deux temps. « On aura préservé la densité et la place de leadership dans les marchés où nous sommes implantés. »

« J’adorerais qu’Accor, dans 10 ans, soit sorti davantage de l’univers de l’hospitalité », a-t-il ajouté. Et réponde ainsi à la question suivante : « Comment augmenter les services délivrés par le groupe Accor, pendant le séjour du client ? C’est l’aspect curateur, guide. » L’idée serait de se positionner comme un véritable guide à destination et un concierge tout à la fois.


La cession de la tour Sequana finalisée

La première regroupe « 90% du nombre d'hôtels » d'Accor et a généré une « croissance toujours importante sur les 40 dernières années », a indiqué Sébastien Bazin lors de la conférence de presse téléphonique. Plus petite, la seconde, « luxe et lifestyle », s'appuie sur « quatre piliers : les marques Raffles Orient-Express, Fairmont, Sofitel et les marques "lifestyle" regroupées dans Ennismore, basée à Londres », une société dont Accor est actionnaire majoritaire, a-t-il détaillé. Le groupe est présent dans 110 pays avec quelque 230.000 collaborateurs, plus de 5.400 hôtels, environ 10.000 restaurants et bars et plus de 40 marques.

Ces déclarations interviennent alors que, la semaine passée, le groupe Accor a annoncé avoir finalisé la cession de son siège parisien, la tour Sequana, pour 460 millions d'euros au groupe immobilier Valesco. Pour rappel, il était entré en négociations exclusives avec ce dernier en septembre. Le sixième groupe hôtelier mondial devient locataire de la tour, pour laquelle il a signé un « bail de 12 ans pour un loyer initial de 22 millions d'euros », pouvait-on lire dans un communiqué.

L'opération s'accompagne du « maintien d'un prêt d'actionnaire existant d'un montant de 100 millions d'euros », a indiqué Accor. La transaction « est l'opération d'immobilier de bureaux la plus importante de l'année en Europe continentale et la plus importante en France depuis 2022 », faisait valoir Accor.


Retour en force après plusieurs années difficiles

Si Accor se vante de ses perspectives très positives, c'est aussi car il revient de loin après des années de vache maigre pour les activités hôtelières suite au Covid-19. En août 2020, l'agence de notation S&P a rétrogradé en catégorie spéculative la note de la dette à long terme d'Accor, la faisant passer de "BBB-" à "BB+" assortie d'une perspective négative. « Nous prévoyons désormais un affaiblissement de la situation financière et d'endettement plus important qu'estimé jusqu'ici pour le groupe hôtelier français Accor S.A. en 2020 et 2021, en raison des effets de la pandémie de Covid-19 sur le volume des voyages et sur l'économie en général », avait justifié l'agence de notation. « Nous pensons également qu'il sera plus long et plus coûteux que prévu pour Accor de réduire sa base de coûts fixes et de rétablir son profil commercial et financier », a-t-elle poursuivi.

Mais en mars 2023, l'agence a finalement changé de position sur le groupe hôtelier. S&P Global Ratings a ainsi relevé la perspective associée à la note crédit long terme « BB+ » d'Accor de « stable » à « positive ». « Malgré les tensions géopolitiques et les vents contraires macroéconomiques, Accor a fait état d'un fort rebond de ses performances financières pour 2022 », explique l'agence, qui ajoute que « les perspectives positives reflètent la possibilité d'un relèvement d'un cran de la note au cours des 12 prochains mois, car nous supposons que les performances d'Accor resteront résilientes malgré la crise géopolitique en Europe, de sorte que le revenu global par chambre disponible (RevPAR) et la marge d'EBITDA conduiront à une dette ajustée sur EBITDA inférieure à 3,5x en 2023... ».






                                                                                                                                                          Publié le 03/07/2023