Infrastructures

Société des chemins de fer éthiopiens : pionnier du financement vert pour les projets de transport ferroviaire durable

En raison de l’émergence de l’industrialisation et de l’intensification des activités liées au commerce, le transport routier de marchandises a connu une croissance rapide en Éthiopie. 

Le transport de marchandises devrait augmenter de plus de 13 % par an entre 2011 et 2030, malgré les prix élevés des carburants. La demande de transport de passagers augmentera également d’environ 9 % par an, et les émissions globales dues au transport devraient augmenter de 800 %, passant d’environ 5 MtCO2e en 2010 à 40 MtCO2e en 2030.


En réponse à ces défis, le gouvernement éthiopien a créé la Société éthiopienne des chemins de fer en 2007. Les projets ferroviaires ont été soumis dans le cadre des mesures d’atténuation appropriées au niveau national (NAMA) de l’Éthiopie à la CCNUCC sur une base volontaire, accompagnées d’une demande ouverte de soutien. D’ici 2030, il est prévu que le réseau ferroviaire comptera plus de 5 000 km de voies en exploitation, ce qui permettra de transférer 50 % de la croissance habituelle du transport routier de marchandises vers le rail. Ce changement stratégique devrait réduire considérablement les émissions de gaz à effet de serre (GES) tout en offrant de nombreux avantages économiques, sociaux et environnementaux.


Le rail électrique a été identifié comme le levier ayant le plus grand potentiel d’atténuation dans le secteur. D’ici 2030, il devrait réduire les émissions de GES de 8,9 MtCO2e par an par rapport au scénario habituel. L’Éthiopie a pour ambition de capitaliser sur sa croissance économique rapide en investissant dans une économie plus résiliente aux impacts du changement climatique et en poursuivant un développement à faible émission de carbone. Le gouvernement éthiopien a adopté le Plan de croissance et de transformation (GTP), qui vise à ce que le pays atteigne le statut de pays à revenu intermédiaire avant 2025. Parallèlement, la stratégie pour une économie verte résiliente au changement climatique (CRGE), publiée en 2011, décrit le plan du pays pour développer une économie verte et neutre en carbone d’ici 2025. La fourniture d’un système de transport abordable et efficace est essentielle à cette stratégie, contribuant de manière significative à la croissance économique, à la création d’emplois, au bien-être social et à l’expansion du secteur industriel.


La Société éthiopienne des chemins de fer a activement recherché des financements verts pour soutenir ces projets ambitieux. Elle a obtenu trois sources clés de financement climatique. Tout d'abord, le Département pour le développement international (DFID) a fourni un financement pour élaborer la stratégie de financement climatique des chemins de fer éthiopiens. Ensuite, le développement du transport latéral d'Addis-Abeba a bénéficié du soutien de la CCNUCC et de l'assistance technique du gouvernement sud-coréen. Troisièmement, un financement climatique régional a été obtenu de la Banque africaine de développement et du NEPAD pour les études de faisabilité de la Banque des chemins de fer éthiopiens-soudanais.


Avec une population approchant les 120 millions d’habitants, la demande de biens et de services aux passagers augmente, rendant essentielle l’expansion d’un réseau ferroviaire écologique et efficace.


Le réseau de 5 000 km vise à relier plusieurs pôles régionaux, la ligne de Djibouti étant déjà achevée. L'extension du Soudan du Sud est en phase de financement pour les études de faisabilité, tandis que la ligne de Mojo à Moyale jusqu'au port de Lamu est sur le point d'être mise en place par la Kenya Railways Corporation à Nairobi d'un comité de projet Connect (PCC), après quoi la société procédera à une demande de financement climatique.


Le financement climatique est crucial pour ces projets, car les chemins de fer sont nettement plus écologiques que les autres modes de transport. Le plan pour des lignes comme Éthiopie-Soudan et Éthiopie-Djibouti prévoit une électrification complète, avec une alimentation électrique provenant de réseaux renouvelables et propres. L'objectif est de justifier le financement climatique en démontrant la réduction substantielle des émissions de dioxyde de carbone.


La stratégie globale est guidée par le Plan de transformation verte de l’Éthiopie (GTP), qui comprend cinq piliers : les énergies renouvelables, le transport ferroviaire, l’agriculture, la foresterie et le bâtiment. Le transport ferroviaire, identifié comme un secteur clé pour l’investissement dans le cadre du GTP, est essentiel pour garantir le financement de la lutte contre le changement climatique. L’intégration des énergies renouvelables au transport ferroviaire peut attirer des financements climatiques importants, car l’énergie de l’Éthiopie provient en grande partie de sources hydrauliques et éoliennes, avec des investissements croissants dans les projets solaires photovoltaïques par le biais de partenariats public-privé (PPP).


Outre le rail, l’Éthiopie développe des ports logistiques verts, comme l’installation de 300 hectares près d’Addis-Abeba, qui soutiendra la transformation agro-industrielle et facilitera le transfert de marchandises par rail, améliorant ainsi encore la viabilité du financement climatique. L’augmentation rapide du fret nécessite un passage de la route au transport ferroviaire électrique le long de huit itinéraires reliant les principaux pôles économiques du pays, tels que les zones agricoles, minières et industrielles.


Ce réseau ferroviaire national facilite non seulement l’intégration économique, mais favorise également l’unité et les échanges culturels entre les populations. Le potentiel de développement du tourisme est important et le potentiel de réduction des émissions a été quantifié, ce qui constitue un modèle pour les autres pays africains dans l’élaboration de leurs stratégies climatiques.


Des pays comme l’Inde, le Brésil et la Chine ont réussi à tirer parti du financement climatique en formant de jeunes professionnels dynamiques dans les secteurs de l’environnement et de la finance climatique. L’Éthiopie prévoit d’adopter une stratégie similaire en recrutant des environnementalistes, des climatologues et des experts en financement climatique dans le secteur ferroviaire. Cela permettra au pays de développer une expertise locale, de réduire sa dépendance aux consultants externes et d’économiser des devises.


La stratégie nationale de l'Éthiopie comprend huit axes ferroviaires clés, avec des projets comme celui de la ligne Éthiopie-Djibouti déjà achevés et d'autres, comme le projet de Lamu avec Kenya Railways, qui progresse avec le soutien du NEPAD et de la Banque africaine de développement. La liaison avec le Soudan du Sud est également en cours de réalisation pour de futures études de faisabilité.


Sur le plan technologique, le NAMA s’appuiera sur les avancées réalisées dans les domaines de l’infrastructure ferroviaire, des systèmes de signalisation et de communication, de l’alimentation électrique et du matériel roulant. En recherchant méticuleusement des financements auprès de divers canaux, notamment des financements bilatéraux pour le climat et des mécanismes de cofinancement de pays comme l’Allemagne, la Belgique et le Royaume-Uni, l’Éthiopie entend bénéficier jusqu’à 50 % des utilisateurs actuels du transport routier de marchandises.


Le réseau routier de 5 000 km devrait créer 30 000 emplois, contribuant ainsi de manière significative aux économies locales. Les réductions d'émissions sont estimées à 9 millions de tonnes de dioxyde de carbone, conformément à la stratégie éthiopienne de financement climatique, qui met l'accent sur les crédits carbone et les paiements directs pour les réductions d'émissions. Le cadre prévoit notamment la recherche de soutien auprès d'institutions telles que le NAMA, le GCF et d'autres sources bilatérales de financement climatique, soulignant l'engagement de l'Éthiopie en faveur d'un avenir durable et vert.



Railways Africa 











  Publié le 08/07/2024