Infrastructures

C’est désormais officiel, le train à grande vitesse devrait enfin faire ses premiers pas aux Etats-Unis après de nombreux projets avortés depuis plusieurs décennies. Les premiers coups de pioche ont été donnés le 22 avril pour démarrer la construction de la ligne TGV Brightline West, du nom du groupe qui réalise ces travaux et exploitera cette desserte de 350 km entre Los Angeles et Las Vegas. Son achèvement est prévu en 2028, une date symbolique qui verra Los Angeles accueillir les prochains Jeux olympiques, après Paris cet été.

Le trajet entre la Cité des anges et la capitale du jeu du Nevada prendra alors 3h, contre 4h environ en voiture. Un temps qui peut paraître encore long et peu concurrentiel face à la voiture, mais cette nouvelle ligne à grande vitesse (LGV) possède une particularité : elle n’ira pas jusqu’à Los Angeles ! En effet, le projet actuel révèle que les voyageurs devront d’abord emprunter un train régional entre les gares de LA Union Station et de Rancho Cucamonga, ville située à 60 km plus à l’Est et point de départ de la LGV sur laquelle les TGV circuleront jusqu’à Las Vegas. Au cours de ce trajet de 2h10, deux arrêts sont prévus, à Hesperia et Apple Valley. La gare terminus sera située au cœur de Vegas, au sud du célèbre Strip, la principale artère de la ville bordée d’hôtels et casinos.

Quant aux trains qui circuleront entre les deux villes, le choix de Brightline vient de se porter sur les TGV American Pioneer 220 de Siemens, préférés aux trains pendulaires Avelia Stream d’Alstom. Avec une commande portant sur une flotte de 10 trains adaptés au marché américain et dérivés de la plateforme Velaro, actuellement en service en Europe. Pouvant atteindre 220 miles par heure – soit 355 km/h -, ces TGV seront composés de sept voitures peuvent transporter entre 434 et 450 passagers. « Nous sommes ravis de travailler avec Brightline pour transformer le rail en Amérique. Le chapitre à grande vitesse de l’histoire du rail américain s’appuiera sur les 40 ans d’expérience de Siemens dans la conception, la construction, les essais, la livraison et la maintenance de trains aux États-Unis« , a déclaré Marc Buncher, directeur général de Siemens Mobility North America.

Une ligne pour les touristes et voyageurs d’affaires

Le coût du projet, estimé aujourd’hui à 12 milliards de dollars, bénéficie d’une aide de 3 milliards provenant de fonds fédéraux et du Département américain des Transports. Brightline a déjà fait ses preuves aux USA, exploitant depuis 2018 la ligne de trains rapides circulant jusqu’à 200km/h entre Miami et Orlando. En attendant une extension prévue jusqu’à Tampa, au nord de la Floride. Dans le business plan de la future ligne, Brightline West mise sur les 17 millions d’habitants qui résident autour des gares desservies, sur les touristes se rendant à Las Vegas avec 4,7 millions de visiteurs internationaux par an, mais aussi la très forte activité MICE de la ville, le Las Vegas Convention Center ayant à lui seul accueilli 6 millions de visiteurs en 2023. Outre la réduction des temps de parcours, le projet Brightline West se veut surtout écologique, en faisant économiser 400 000 tonnes d’émissions de CO2 par an via la suppression de 3 millions de trajets en voiture.

La grande vitesse ferroviaire fait son chemin aux Etats-Unis

Dans le cadre de son plan de relance des transports ferroviaires, voté fin 2021 pour un montant de 66 milliards de dollars, le gouvernement américain consacrera 8,2 milliards de dollars pour participer au financement de dix projets dans le pays. Et notamment de celui qui est le plus emblématique, la ligne Los Angeles-San Francisco, mainte fois annoncée, jamais réalisée. Une dotation de 3 milliards est là aussi prévue afin d’accélérer le projet dont les études ont plus que commencées. Cette California High Speed Rail desservira notamment Fresno, Bakersfield, Palmdale, Burbank et se poursuivra, au delà de LA, jusqu’à Anaheim afin de transporter les passagers jusqu’au Anaheim Convention Center et aux différents parcs de loisirs présents autour de cette ville californienne, dont le premier Disneyland Resort. Last but not least, cette seconde ligne à grande vitesse sera connectée, via le futur High Desert Corridor, à la Brightline West à Palmdale, ville qui deviendra un hub multimodal entre le Nord, le Sud et l’Est de l’Etat de la Californie, jusqu’au Nevada.

Les autres projets de LGV aux Etats-Unis susceptibles de bénéficier de financements fédéraux sont Houston-Dallas au Texas, une ligne partant de Portland dans l’Oregon jusqu’à Vancouver au Canada en passant par Seattle dans l’Etat de Washington et une autre LGV allant d’Atlanta, en Géorgie, jusqu’à Charlotte, en Caroline du Nord. Une petite révolution au pays de l’avion roi et de l’automobile reine. Pour rappel, hormis la ligne de Brightline en Floride, l’Acela Express, inaugurée en 2000 et qui relie Washington D.C, Baltimore, Philadelphie, New York et Boston, est la seule autre ligne ferroviaire rapide américaine à l’heure actuelle.

Avec Voyages d'affaires 

  Publié le 05/05/2024