Comment en parler aux enfants?

Tout d'abord, j'aimerais exprimer toute mon admiration pour les parents monoparentaux.
Je sais comme il est dur d'élever des enfants, à deux parents qui s'aiment, dans notre Suisse qui les aime si peu.
C'est un exercice qui est épuisant, souvent décourageant, et dans lequel nous nous sentons si peu soutenus par nos concitoyen-nes.
Je n'arrive même pas à imaginer la difficulté de le faire seul-e.
Alors chapeau et merci! Tu as du courage, de la persévérance et de la ténacité.
Quoi qu'on te dise, tu es un excellent parent. Tu as réussi l'impossible.

Pourquoi en parler aux enfants ?

J'ai été insouciant et négligeant. Forcément, vu la combine dans laquelle je m'embarque, je leur en ai parlé récemment.
Je me suis rendu compte qu'ils savaient déjà, mais mal, comme un secret de famille. C'est un peu comme si grand-père avait été un nazi ou un violeur d'enfants.
Personne n'en parle, personne ne dit jamais son nom, mais c'est là, et ça grandit en soi, et ça pourrit en soi.

Mes enfants ont 13,16 et 17 ans. Donc oui, forcément, ils en ont entendu parler.
A l'école, en cours ou en pause, à la télé, sur youtube ou sur facebook.

Je me suis rappelé que moi aussi en fait. C'était dans les années '80. Tu te souviens ? "Il était une fois l'homme, dernier épisode" et surtout "Il était une fois l'espace, épisode 17 ".
Ce que j'aimais il était une fois l'espace!
A cette époque, M. Barillé a osé parlé franchement des défis que leurs parents devaient relever, leur dire la vérité, tout simplement.
Il avait foi dans l'intelligence de l'humanité, sa volonté de se battre pour ses enfants, et sa générosité, toujours prête à faire les sacrifices nécessaires pour éviter ou se relever de la barbarie. M. Barillé vous aviez foi en l'Humanité.

En 2008, sort peu avant la mort de M. Barillé, "Il était une fois notre Terre". Je suis navré de vous dire. M. Barillé, votre foi vous a aveuglé. C'est de la merde!
Chaque épisode se structure ainsi:

  1. Introduction anxiogène.
    Plutôt correcte en général, avec du debunking. C'est bien.

  2. Exemple illustratif concret quelque-part dans le monde, pour sentir l'enjeu.
    C'est mauvais. On ne peut pas dire sur un ton léger "Cette eau fait plus de victimes que toutes les guerres du monde". Cela occulte la souffrance et rend le massacre abstrait.
    Il faut dire "Cette eau tue plus d'enfants que toutes les guerres du monde. Ils meurent par milliers, lentement et douloureusement, dans les bras de leur maman."
    Soit on parle franchement, soit on se tait. Mettre du verni est criminel.
    C'est comme de dire "Perte collatérale" et "Frappe chirurgicale" pour "Civil (parent, enfant, ...) tué dans un crime de guerre" et "Bombardement délibéré en zone civile, aussi crime de guerre" C'est pire que le mensonge.

  3. Conclusion en "il faut": que les gouvernements..., l'industrie..., les paysans... Et n'oublie pas de recycler ton PET, de débrancher ta télé en stand-by et de dire à Papa de travailler près du travail.
    Vous n'avez pas eu le temps de vous en rendre compte, mais là, M. Barillé, vous avez semé la graine du désespoir et du sentiment d'impuissance.
    Nos enfants ont fini par voir que nos gouvernements, nos industries, nos paysans ne font pas ce "qu'il faut" et que recycler le PET ne sert à rien.
    Ils ont compris que Papa et/ou Maman ne peuvent pas vraiment choisir où est le travail et qu'on ne va pas déménager tout le temps ou habiter séparés.
    Et le stand-by ? Mes enfants ont besoin du Wifi, il se sentent bien un peu coupables, mais ils ont besoin du Wifi.

Puis finalement, vous vous êtes complètement trahi, M. Barillé.
Des panneaux solaires dans l'espace ? On y envoie des milliardaires, ça oui! Mais des panneaux solaires! Nous n'aurons ni le temps, ni les moyens.
Des miroirs dans l'espace, géo-ingéniérie ? Vous saviez déjà en 1980 que cela provoquerait des guerres terminales. Les nations confrontées aux effets secondaires se battraient jusqu'au bout pour ne par être annihilées.
Ce ne sont que des chimères, vous avez dit à nos enfants que le Père Noël viendrait les sauver.

Je comprends, M. Barillé, qu'à l'orée de votre mort, vous aviez besoin d'apaiser votre âme. Vous ne pouviez pas mourir en sachant que nous étions en train d'envoyer nos enfants, que vous aimiez éduquer, en enfer. C'est égoïste et c'est lâche. Vous n'êtes pas le seul, tous nos gouvernants font ça.
Quand nos enfants croient à vos chimères, comme au Père Noël, ils attendent insouciants qu'il descende les sauver.
Quand nos enfants ne croient plus au Père Noël, ils se sentent impuissants et coupables.
Nos enfants on été désespérés et culpabilisés par les gens comme vous.
Nous envoyons nos enfants en enfer nos mains sur leurs yeux et leurs mains attachées dans le dos.
"Tout va très bien, tout va très bien, tout va très bien". Tout ira bien
Je ne vous pardonne pas M. Barillé. Je vous ai aimé dans ma jeunesse, mais en voulant sauver la paix de votre âme, vous l'avez perdue.

Voilà pourquoi il faut parler à nos enfants, parce que depuis 30 ans, nous leur avons parlé comme M. Barillé en 2008, à l'orée de sa mort.

Comment leur parler 0-7 ans

Si tu es éducatrice ou éducateur de la petite enfance, c'est aussi pour toi. Tu as souvent plus de temps que nous parents pour parler à nos enfants.

Je ne crois pas qu'il faille leur parler directement du changement climatique. Tant qu'ils n'en ont pas entendu parlé, tant que la peur ou l'angoisse ne s'insinue pas dans leurs cœurs, il faut d'abord les former au courage et leur donner un bon compas moral. Ils en auront besoin, leur futur sera dur, quoi qu'il arrive, et ils seront confrontés à des choix déchirants, entre la facilité payée par l'horreur et la bonté payée par la difficulté, voire le sacrifice de soi.

S'ils vous en parlent, vous pourrez leur dire que oui, c'est sérieux. Il faudra du courage. Tu as du courage mon enfant. Papa et/ou Maman en ont plein, du courage.
C'est un truc de famille d'avoir du courage.
Nous userons tout notre courage pour te protéger de ce mal et nous le combattrons tant qu'il ne sera pas vaincu.

Il faut leur raconter des histoires héroïques, où les humains, emportés en masse par le désir et le courage de faire le bien renversent des montagnes.

Il faut leur raconter des histoires lamentables, où les humains, enfermés dans leurs peurs et la paresse, laissent le nazisme, le stalinisme exister.

Il faut leur raconter que l'on ne gagne pas toujours, mais que jamais on n'abandonne et que l'on persévère. Tant que l'on est pas mort, on se relève.

Il faut leur expliquer que les héros existent, que ce ne sont pas ceux qui ont la médaille à la fin, mais ceux qui ont tout donné pour ouvrir la voie et donner du courage à leurs concitoyen-ne-s, parents, enfants, etc.

Il faut leur expliquer qu'ils peuvent être des héros, qu'ils veulent être des héros.

Il faut leur expliquer que la question la plus importante n'est pas de savoir s'il y a une vie après la mort, mais s'il y a une vie avant.

Il faut leur raconter Winkelried, il faut leur raconter Nicolas de Flüe. Il faut vilipender Guillaume Tell pointant son arme sur son fils.

Si tu es écrivain d'histoires pour enfants ou fait des dessins animés,

je t'invite à t'atteler à cette tâche et/ou compiler une bibliothèque pour les parents.
J'ai élevé la petite enfance de mes enfants dans la culture américaine, étant expatrié. Je connais mal la littérature enfantine francophone sur le sujet.
Je t'invite à écrire sur des thèmes comme les suivants, et les abstraire pour les plus jeunes (histoires imaginaires dans la même veine):

  • L'indépendance de l'Inde / Gandhi

  • Les suffragettes / Evaline Hilda Burkitt, Emily Davison, Emmeline Pankhurst, ...

  • La montée du nazisme / Hitler

  • La résistance intérieure allemande au nazisme

  • L'affaire du tampon J sur les passeports / Heinrich Rothmund

  • L'or de l'apartheid / UBS / CS / SBS (trouvez-moi les noms de leurs directeurs de l'époque, qu'ils aient la honte qu'ils méritent)

  • La lutte pour les droits civiques / Martin Luther King

  • La fin de l'apartheid / Nelson Mandela

  • La Croix Rouge / Henri Dunant

  • Les suisses brigadistes qui on tenté de faire rempart au fascisme dans la guerre civile espagnole. 800 partis 600 revenus. On n'a pas encore rendu assez hommage à leur courage

  • Sempach / Arnold von Winkelried

  • La diète de Stans / Nicolas de Flüe

  • Guillaume Tell, tais-le ou vilipende-le. Il ne nous mérite pas.

  • ...

Dans l'esprit, les noms propres ne sont pas les plus importants. Ils sont là pour prouver que les héros et les vilains existent. Je ne sais pas si à cet âge c'est important de n'être pas trop manichéen: Est-il utile de dire que même Hitler aimait son chien ?
Ils sont aussi là pour prouver que le héro ou le vilain, ce peut-être toi, ce peut-être moi, ce peut-être notre enfant. Et personne ne veut être le vilain.
Les plus importants, à mon humble avis, ce sont les anonymes. Tous ces individus qui soudain, emportés par un élan de justice et d'amour, se lèvent ensembles et deviennent des héros, les vrais héros, puisque c'est eux qui rendent l'impossible possible. C'est nous, ensemble, qui faisons les miracles

Comment leur parler 7-12 ans

Si tu es enseignant-e, c'est aussi pour toi. Tu as plus de temps que nous parents, pour parler à nos enfants.

Ils vont à l'école, découvrent le monde, commencent à lire, peut-être bientôt internet ou la télé ou le mobile. Ils savent que le climat est un soucis.

Dans tous les cas, assure-toi qu'ils ont une bonne compréhension de la mécanique qui cause le changement climatique. On se bat mieux contre un problème que l'on comprend que contre un dragon fantasmé.

Il faudra aussi faire comme pour les 0-7 ans, mais avec des mots et une littérature adaptée à leur âge.

Pour la suite, c'est compliqué, beaucoup de gens (télé, pub, internet, adultes) ont déjà parlé à tes enfants et ils disent souvent n'importe quoi. J'ai connu trois scénarios, il y en a sûrement d'autres:

  1. l'enfant se sent coupable, impuissant, désespéré et a peur

  2. l'enfant a une vague angoisse, mais veut croire dur comme fer que les adultes vont régler le problème. Père Noël.

  3. l'enfant se sent désespéré, impuissant mais s'en fout. On a qu'à tout brûler, autant se faire plaisir maintenant. Je crois qu'aucune dictature, la plus malfaisante soit-elle, n'a réussi à instiller un nihilisme aussi profond chez des enfants aussi jeunes.

Allons-y, ça va être dur, il te faudra du courage.

  1. Ton enfant se sent coupable, impuissant, désespéré et a peur

Ton enfant est la victime du discours écologique moralisateur. Il a bien compris les enjeux.

On lui a dit: sois vegan, pas de paille en plastique, pas de stand-by, va à vélo, ferme le robinet quand tu te brosses les dents, pas d'emballage, recycle, composte, fais durer et ne jette pas, la voiture c'est mal, etc.,etc.

Or tout l'environnement de ton enfant, tout conspire contre ses bonnes intentions. Il est humainement impossible d'être un saint écologique dans notre société. La publicité, l'intégration sociale, les codes de consommation, la mode, l'école, toi-même, son parent.

Ton enfant n'y arrive pas. Il se sent coupable. A chaque pas qu'il fait dans la vie, il tue un bébé phoque.
Il t'en veut parce que tu l'empêche d'être un saint. Il se rend compte que si lui, qui est si conscient, si engagé, n'y arrive pas, cela n'arrivera jamais à l'échelle nécessaire pour que cela soit utile.
Alors il se sent impuissant, il culpabilise, il désespère et il a peur, il sait intuitivement ce qui vient, il sait que c'est inéluctable.

C'est dur, hein? Tu ne savais pas que ton enfant souffrait autant.

Prends tes responsabilités et dis-lui la vérité.

Tu diras avec tes mots ceci à ton enfant, il en a le droit:
"Ce n'est pas de ta faute, c'est moi qui est accepté le monde que j'ai reçu.
Je savais, mais c'était plus facile de croire que le problème serait résolu par quelqu'un d'autre: nos gouvernants, le marché, la technologie, les extra-terrestres, la venue de la Conscience planétaire.
Pardonne-moi, et surtout ne te sens pas coupable. C'est moi qui suis coupable envers toi. Je t'en prie, pardonne-moi.
Maintenant j'ai compris, si ce n'est pas moi, ce ne sera personne. J'ai compris que je dois avoir du courage. J'ai compris que ce n'est pas aux enfants, ce n'est pas à toi, à sauver ton avenir. C'est à moi.
Là, maintenant, je m'engage à me battre pour ton avenir et celui de tes enfants. J'aurai tout le courage nécessaire pour toi, parce que je t'aime, et que ce sont les parents qui se sacrifient pour leurs enfants, pas l'inverse.
Pour l'instant vis, sois heureux, prends des forces. Ne te sens pas coupable, tu n'y es pour rien.
Quand tu seras plus grand, tu pourras entrer dans ce combat pour sauver l'avenir, avec moi et avec courage. "

  1. Ton enfant a une vague angoisse, mais veut croire dur comme fer que les adultes vont régler le problème. Père Noël.

Ton enfant est la victime du discours écologique techno-économique. Il a bien compris les enjeux.

On lui a dit: le marché résout tout, la technologie résout tout, l'inventivité humaine résout tout, la solution arrive, ne t'en fais pas, tu n'auras aucun sacrifice à faire, tu n'auras pas besoin de courage.

Au début, ton enfant y a cru, il y croit peut-être encore. Il est passionné par les panneaux solaires, la fusion nucléaire, les voitures électriques.
Il a une paille en inox, une lampe de poche à dynamo et aimerait un vélo électrique. Il milite pour que tu achètes une Tesla.
Il croit que le recyclage permettra de refaire un iPhone à partir d'un iPhone, sans pollution, sans énergie, sans mines qui tuent des orang-outans et des enfants.
Les Tesla sont chères et pas pratiques quand on a des enfants. Tu n'en achèteras pas.
Que le recyclage, ce n'est pas encore ça, mais qu'on y arrivera.
Il a quand même cette petite angoisse. C'est sensé arriver demain matin depuis qu'il est né.

C'est dur de dissiper les illusions d'un enfant. Je me souviens de toutes les précautions que j'ai prises pour qu'ils ne découvrent pas que le Père Noël n'était qu'une invention.
Et un jour, paf, bien plus tôt que je ne le pensais: "Tu sais Papa, je sais bien que c'est pas le Père Noël qui amène les cadeaux" Bon, ça c'est fait.

Tu diras avec tes mots ceci à ton enfant, il en a le droit:

"Cela fait 30 ans que les gouvernants, l'économie, les technologues me promettent que la solution est là, juste à portée de main.
Je me suis bercé de fusion nucléaire, de panneaux solaires dans l'espace, d'arcologie, de voitures à piles d'hydrogène et même, dans mon désespoir je te l'avoue, d'énergie du point 0. Tout devait arriver demain matin, tout devait arriver bien avant que tu naisses. Tout était bon pour croire que quelqu'un, pas moi, trouverait la solution sans que j'ai besoin de faire d'effort, sans que j'ai besoin de courage.
Rien n'est arrivé.
Aujourd'hui, l'heure est grave. Si nous, nous tous, tout le monde, n'arrêtons pas très très rapidement de charger l'atmosphère de gaz à effet de serre, ton futur sera si laid que je ne peux pas le regarder.
Quand j'étais jeune, il y a eu un moment d'espoir. Il y eut de grandes batailles. On les appelaient les altermondialistes.
C'était des gens comme moi. Ils sont allé demander un autre monde, parce que ce monde, ce monde que tu as reçu, n'était pas acceptable.
Ils ont perdu. La génération de mes parents les a écrasés, violemment d'abord, puis les a noyé dans la publicité, la consommation et la lutte pour la survie dans un monde du travail qui devenait plus dur, plus inhumain sous un visage plus trompeusement séduisant.
En fait non, je n'étais pas comme eux. Je n'ai pas eu le courage. Je n'ai livré aucune bataille. Pourtant je les soutenais. Mais voilà, sans courage rien de bon n'arrive.
Aujourd'hui tu es là. Je t'aime. Je ne veux pas te laisser en héritage ce monde qui ne sera pas acceptable.
Je n'ai pas eu le courage pour moi. Pardonne-moi de n'avoir rien fait quand c'eût été plus facile.
Maintenant, il est tard. Ce sera plus dur, pour toi, comme pour moi. Pardonne-moi d'avoir tarder.
Mais maintenant, tu es là. Je t'aime. J'ai le courage pour toi.
Là, maintenant, je m'engage à me battre pour ton avenir et celui de tes enfants. J'aurai tout le courage nécessaire pour toi, parce que je t'aime, et que ce sont les parents qui se sacrifient pour leurs enfants, pas l'inverse.
Pour l'instant vis, sois heureux, prends des forces. Ne te sens pas coupable, tu n'y es pour rien.
Quand tu seras plus grand, tu pourras entrer dans ce combat pour sauver l'avenir, avec moi et avec courage. "

  1. Ton enfant se sent désespéré, impuissant mais s'en fout

Aïe! Ton enfant a déjà été séduit par le néant. Je suis navré. Il n'a plus de compas moral, dans le futur il pourrait faire n'importe quoi, des choses qui te feront horreur.
On s'accroche, tu peux encore sauver son âme, mais tu devras donner du tien.

Tu diras avec tes mots ceci à ton enfant, il en a le droit:
"Je sais que tu n'as pas demandé à recevoir le monde dans l'état dans lequel je te l'ai donné.
Je te prie de me pardonner. Je savais, et je n'ai rien fait. J'ai été lâche et paresseux. Pardonne-moi.
Ce n'est pas à toi de te sauver, c'est à moi de le faire, je suis ton parent et je t'aime.
J'ai compris tard ta valeur, j'ai compris tard que je n'existe que pour que tu existes.
J'espère qu'un jour tu éprouveras aussi ce sentiment.
J'ai été lâche trop longtemps.
Aujourd'hui le temps presse, mais il existe encore une possibilité pour qu'un jour, toi aussi tu aies envie d'offrir un futur à tes enfants.
Je t'aime. Pour toi, j'ai le courage, j'ai envie de te montrer ce qu'est le courage.
Là, maintenant, je m'engage à me battre pour ton avenir et celui de tes enfants.
J'aurai tout le courage nécessaire pour toi, parce que je t'aime, et que ce sont les parents qui se sacrifient pour leurs enfants, pas l'inverse.
Quand tu seras plus grand, si mon exemple t'inspire
, tu pourras entrer dans ce combat pour sauver l'avenir, avec moi et avec courage. "


Comment leur parler 12-18 ans et plus

Si tu es enseignant-e, c'est aussi pour toi. Tu as plus de temps que nous parents, pour parler à nos enfants.

Ils sont grands maintenant. Tu peux leur parler comme je te parles.
Ils ont déjà le droit de se battre pour eux-mêmes. Pense à Greta Thunberg.

Tu peux leur dire simplement:

"Aujourd'hui le temps presse, mais il existe encore une possibilité de sauver ton avenir.
Je t'aime. Pour toi, j'ai le courage, j'ai envie de te montrer ce qu'est le courage.
Là, maintenant, je m'engage à me battre pour ton avenir et celui de tes enfants.
J'aurai tout le courage nécessaire pour toi, parce que je t'aime, et que ce sont les parents qui se sacrifient pour leurs enfants, pas l'inverse.
Tu es grand-e, maintenant. Si mon exemple t'inspire, tu as le droit de te battre avec moi pour sauver ta vie."

Quand j'ai dit à mes enfants ce que j'allai faire, le 28 août 2021

Je n'ai que deux choses à en dire:

  1. Mes enfants sont extraordinaires,. Sil-te-plaît respecte-les. Ils ont le courage de vivre cette douleur, de comprendre et de me soutenir

  2. Ma fille M. 13 ans m'a dit: "Je crois que je suis fière de toi. Les autres, ils parlent, ils parlent, et ne font rien. Toi, au moins, tu fait ce que tu peux... Même si (pleurs...) Même si ça veut dire (pleurs...) que tu peux mourir (pleurs...)

Je pleure, mes enfants sont extraordinaires. Ils méritent que je donne tout ce que j'ai pour eux, pour leur futur, pour que leur vie ne soit pas condamnée à:
Demain sera pire qu'aujourd'hui, toujours pire, pour les siècles des siècles.

Et les psys de comptoir diront

Dans les magasines, à la télé, à la radio, sur internet, j'anticipe une armée de spécialistes qui va nous expliquer à quel point mon approche va traumatiser nos enfants.
C'est probable, c'est possible, en fait, je pense que c'est de la merde ce qu'ils disent.
Quand j'ai appris à mes enfants à traverser la route, je leur ai dit de bien regarder, parce qu'une voiture, ça peut te tuer, pas parce qu'elle pourrait te caresser la joue.
Quand nous vivions à Abidjan et que la caserne d'Akouedo s'est mutinée et qu'ils ont tiré toute la nuit, je n'ai pas dit à mes enfants que c'était un feu d'artifice.
Nous leur avons dit: "C'est une mutinerie. Cela peut être très dangereux. Dormez tranquilles. Papa et Maman ont préparé les sacs et nous avons un plan pour nous échapper si cela tourne mal. Nous veillerons toute la nuit près de la radio. Ne sortez surtout pas pendant que ça tire, les balles perdues retombent et peuvent te tuer. Dormez juste habillés, au cas où. Si vous avez peur ou que vous n'arrivez pas à dormir, rejoignez nous dans notre chambre."

Ils ont assez bien dormi, confiants. Pas nous, mais c'est normal.