2021

TEXTURALIS

Louise Mazzola, Béatrice Meunier-Déry, Stéphanie Laleuw

Depuis quelques années, le monde de l’art contemporain a enfin intégré le textile comme matériau de prédilection parmi les pratiques plastiques les plus actuelles, et les plus novatrices dans ce domaine.


S’il a été historiquement l’apanage et le fleuron de l’industrie au cœur de la métropole lilloise, on l’a souvent relégué et associé à des activités artisanales dites “féminines”, en l’identifiant systématiquement à un genre “mineur” propre au registre “décoratif”, totalement négligé et oublié des historiens de l’art.


Les trois artistes présentées dans cette exposition, viennent en quelque sorte “casser tous les clichés” d’un matériau qui n’a pourtant cessé d'évoluer dans le temps, à travers la recherche et l'innovation technologique.


En effet, ces plasticiennes utilisent ici le textile comme un médium à part entière, à travers des approches à la fois extrêmement originales, et différentes les unes des autres.


Si le travail de Stéphanie Laleuw par ses superpositions et juxtapositions de tissus brodés et cousus, reste dans la lignée d’une pratique picturale évidente, par son utilisation de compositions abstraites aux formes “complexes et élaborées”, le travail de Louise Mazzola est plus proche du registre de la sculpture, utilisant le textile dans sa texture, son volume et son poids, à travers une approche “matériologique” quasi “minérale, végétale, ou océanique”.

Quant au travail de Béatrice Meunier-Déry, celle-ci utilise le textile dans sa dimension anthropologique et parfois ethnique, comme un “médium critique”, “un outil offensif”, face à une société qui n’a toujours pas su résoudre le problème des inégalités “hommes / femmes”, ou des ségrégations sociales et de genres.


En ce sens, le textile est à l’image des peuples qui l’ont inventé, fabriqué, ou tout simplement utilisé.

En tant que “trame” d’un récit collectif, il est non seulement porteur d’histoires, de coutumes, d’usages, de traditions et de mythes, mais surtout à la croisée d’identités multiples et variées, comme vecteur d’un patrimoine universel commun.


Texte d'Éric Harasym