L’ANCIENNE ÉGLISE DE MARMAGNE

Roland Niaux

(1998)

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Une carte postale du début du XXe siècle nous montre, côte à côte, les deux églises de Marmagne, l’ancienne juste avant sa démolition, la nouvelle, qui vient d’être terminée.

Églises de Marmagne



L’ancienne église de Marmagne avait été construite, au XIe siècle, par les moines de l’abbaye Saint-Martin d’Autun. Ils édifièrent au bourg de Marmagne un petit prieuré dont l’église ne devint paroissiale qu’au XVIe siècle.

Eugène Fyot, dans son histoire de Marmagne publiée en 1905 par l’Académie de Mâcon, en donne une description assez précise : il l’avait vue avant sa disparition. La nef, non voûtée, était à peu près inchangée depuis sa construction. Les murs gouterreaux étaient percés d’étroites ouvertures caractéristiques du XIe et du XIIe siècles. Les murs étaient nus, sans ornementation, sinon des peintures à fresque. Celles-ci, au cours des âges, avaient été recouvertes d’enduits et ne furent décelées que lors de la démolition. Le portail d’entrée, voûté en plein cintre, était encadré par deux piliers à chapiteaux sculptés. La tour du clocher était éclairée, au nord et au sud, de baies géminées reposant sur un cordon circulaire. Le chœur, voûté d’arête sous le clocher, faisait suite à la nef et se terminait à l’origine par une abside semi-circulaire voûtée en cul de four. Deux chapelles latérales avaient été construites au XIVe siècle, également à voûtes d’arêtes. Cette église était à moitié ruinée au XVIe siècle. C’est à cette époque, au cours des réparations, que l’on posa sur la tour le clocher avec son toit à quatre pans. Il fut orné d’une corniche flanquée de quatre gargouilles à têtes de monstres. Les fenêtres romanes du chevet, délabrées, furent restaurées en ogives. L’ancien chœur devint transept, l’abside fut supprimée et un nouveau chœur fut édifié, terminé par une fausse abside à trois pans.

L’église fut à nouveau réparée en 1834. Le clocher subit de graves dommages en raison de la foudre qui le frappa le dimanche de Pentecôte 1878 et dut être étayé. On hésita sur un projet de réparations : la vieille église n’était plus au goût du jour. Son pasteur rêvait d’un beau monument tout neuf, comme l’avaient obtenu ses voisins de Saint-Symphorien et de Broye. En 1895, le Conseil de Fabrique prit l’initiative d’une souscription. D’emblée, les dons affluèrent. Il ne fut pas nécessaire de demander le concours de l’État ni celui de la commune. Les travaux débutèrent en 1898 sous la direction de M. Roidot, inspecteur départemental des Monuments historiques. L’église fut achevée, bénite et ouverte au culte le 24 novembre 1901.

La vieille église fut adjugée 600 francs à M. Desvignes, entrepreneur à Broye qui entama la démolition dès 1905. Son emplacement fut affecté à l’agrandissement du cimetière. Dans son dernier état, selon le plan établi en 1881, elle mesurait 30 mètres de longueur et sa nef avait une largeur de 9 mètres, hors d’œuvre. L’abbé Devoucoux (Ms. à la bibliothèque de la Société Eduenne) lui accorde seulement 23 mètres de longueur et 6,80 m de largeur. Elle était orientée. Son environnement était riche en vestiges gallo-romains. Deux bas-reliefs antiques étaient signalés au XVIIIe siècle par Claude Courtépée, à la cure de l’église de Marmagne. (Ils ont été par la suite transportés au Musée lapidaire d’Autun, n°126 et 127 de l’ancien classement). En démolissant le bâtiment, M. Desvignes avait trouvé et conservé des modillons sculptés, une clef de voûte quadrilobée, les quatre gargouilles du clocher et une stèle funéraire gallo-romaine intégrée dans la maçonnerie.

A l’endroit où se trouvait le clocher, on mit au jour, à 1,50 m de profondeur, plusieurs dalles, dont l’une armoriée, recouvrant des sépultures médiévales. On trouva également la partie supérieure d’une stèle gallo-romaine.

On ne conserva du mobilier que quelques pièces de grande valeur, maintenant classées : une cuve baptismale en bronze, d’époque Renaissance et deux statues en bois, l’une de saint Christophe, du XVe siècle, l’autre de saint Sébastien du XVIe siècle. L’ancienne croix du cimetière portant d’un côté le Christ en croix, de l’autre la Vierge couronnée et l’enfant Jésus a été également préservée et placée à côté du Monument aux morts des dernières guerres.

© Roland Niaux 1998 (Publication électronique : Mai 2006)

Bibliographie :

- Abbé C. Courtépée : Description du duché de Bourgogne, Dijon, Lagier, 1847, t. III, p. 163.

- E. Fyot, Marmagne, Annales de l’Académie de Mâcon, 1905, T X, p. 372, 383, 435-448.

- Abbé Lacreuze, Études descriptives de quelques sculptures gallo-romaines, M.S.E.,T I, 1872, p. 335.

- H.Graillot : Poculum et Lagena, un type de stèles funéraires en pays eduen, M.S.E.

- M.S.E., T. XXX, 1902, p. 265. ; T. XXXVII, 1909, PV des séances, p. 372-394 ; T. XLV, 4e fascicule, 1927, PV des séances, p. 433.

- Sites et Monuments – Canton de Montcenis (inventaire 1976), p. 42 à 46.

- Bibliothèque de la Sté. Eduenne : Abbé Devoucoux, Album n°7

Marmagne

Plan cadastral de 1961 (à jour 1985)

Section AC

En pointillé: emplacement de l'ancienne église

viviane niaux, éditeur

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