Notre Association

La Toguna

Association de solidarité avec les écoles de Dourou au Mali

L'édito

En créant l'association « La Toguna »en fin d'année 2007, il nous a paru souhaitable de tenir un petit bulletin périodique (à la périodicité incertaine et variable... on verra bien!) fait par et destiné aux adhérents et sympathisants.

Il devrait permettre d'abord de faire circuler les informations sur la vie de l'association; de donner des nouvelles de nos partenaires de Dourou, de promouvoir et de rendre compte de nos actions et, au gré de l'inspiration et de l'envie des uns et des autres, de faire part de toutes informations, analyses, observations, lectures se rapportant aux réalités éducatives, culturelles, sociales, économiques et autres du Pays Dogon, du Mali et, soyons ambitieux, de l'Afrique.

Bonne lecture!

Le Bureau

Petit historique

L'association « La Toguna » - du nom dogon du bâtiment sous lequel se réunissent les anciens pour échanger et traiter des affaires du village - a été constituée dans le prolongement de l'action menée à la fois par les élèves, les professeurs animateurs du club UNESCO du collège de Cuisery et par les élèves et professeurs de l'école primaire de Cuisery dans le cadre du double jumelage que nous avons établi avec l'école primaire et le collège de Dourou en Pays Dogon au Mali ( Un grand merci en passant à David Sagara et Idrissa Banou qui, sur place, n'ont pas ménagé leur peine pour nous aider! Mais nous y reviendrons dans un prochain bulletin).

Grâce aux premiers contacts avec les directeurs du collège et de l'école primaire, les enseignants du collège et les autorités de Dourou, maire et chef de village, un échange entre nos établissements s'est organisé: échanges de correspondances entre élèves et première rencontre lors d'un déplacement à Dourou en février 2007.

Outre l'évidente ouverture culturelle et humaine pour les élèves (et les adultes!), ceux-ci se sont engagés dans des actions de solidarité – fête du collège et vente d'artisanat dogon - qui ont déjà permis l'acquisition de matériel scolaire remis à Dourou en mars 2007 (un grand et un petit cahier avec un stylo pour chacun des 450 élèves avec 40 boîtes de géométrie, le tout acheté sur place pour faire marcher le commerce local). La même opération va être renouvelée entre le 10 et le 18 février 2008 grâce à l'argent à nouveau collecté par les élèves et apporté par une délégation de l'association.

Pourquoi une association?

Par la dynamique ainsi créée, il nous est vite apparu nécessaire de créer une association qui permette de pérenniser et d'élargir l'action engagée:

· La pérenniser en permettant aux élèves qui partent du collège de continuer l'action engagée;

· l'élargir car les besoins sont immenses: trois salles de classes pour 500 élèves au collège, ce qui oblige à des « doubles vacations » (une moitié de la classe le matin et l'autre moitié l'après-midi) et malgré tout des effectifs qui oscillent entre 60 et 80 élèves par classe simultanément; des élèves, et surtout les filles, non scolarisés (à défaut de statistiques précises, on estime le taux de scolarisation à un maximum de 60% dont seulement un tiers de filles). Il faut savoir en effet que l'impossibilité, pour certaines familles, d'acquérir cahier et stylo leur interdit de scolariser leurs enfants puisque sans manuel ni aucun matériel pédagogique, le cahier est l'unique et précieux instrument de recueil des cours et exercices.

D'où notre souci de mener des projets plus ambitieux: financer la construction d'une quatrième salle de classe? Organiser un système de bourses en partenariat avec l'association de parents d'élève de Dourou pour des élèves non scolarisés? Acheter des manuels? Renforcer l'achat de fournitures scolaires? Bref, les projets ne manquent pas et la délégation qui se rend à Dourou en février en discutera avec nos interlocuteurs pour définir les priorités;

· L'élargir donc en l'ouvrant à toutes les bonnes volonté: anciens élèves, personnels du collège et de l'école, parents d'élèves et tous ceux qui souhaitent nous rejoindre sur ces valeurs d'ouverture et de solidarité qui guide notre démarche.

C'est pourquoi vous trouverez ci-joint un bulletin d'adhésion, sachant qu'une simple adhésion à 5 € nous est précieuse par le soutien qu'elle manifeste et le crédit qu'elle nous donne auprès des subventionneurs potentiels que nous ne manquerons pas de solliciter.

Bien sûr ceux et celles qui le souhaitent peuvent aller plus loin par un don à leur convenance qui servira à l'une ou l'autre des actions citées ci-dessus. Nous nous engageons d'ailleurs à ce que ces dons, jusqu'au dernier centime, soient utilisés exclusivement pour l'action menée. Nous continuerons par ailleurs à vendre de l'artisanat provenant du pays dogon et à imaginer toute autre action qui nous permettra d'étoffer les fonds nécessaires à la conduite de nos actions.

· L'élargir en prenant toute initiative (conférences, atelier de danse africaine, forum de la littérature africaine et pourquoi pas , à terme, un festival de musique mandingue ou de cinéma africain?) visant à faire mieux connaître autour de nous l'Afrique, le Mali, le Pays Dogon et les problèmes des rapports Nord-Sud.

Gérard Giroux et Jean-Paul Pin

A propos de la scolarisation des filles

Nous reprenons ici certains aspects développés dans un rapport de l'UNGEI (initiative des Nations Unies pour l'éducation des filles): « L'éducation des filles: vers une mise à l'échelle des bonnes pratiques » - UNESCO 2005 – Le rapport s'appuie sur différentes études dont, pour l'Afrique subsaharienne, une réunion qui s'est tenue à Nairobi (Kenya) en juin 2003

Le constat

La lutte contre les discriminations dans le domaine de l'éducation à l'égard des femmes a fait l'objet de plusieurs grandes conventions (1960, 1979, 1989); les conférences qui se sont tenues en 1990 puis en 2000 (Dakar) avaient pour objectifs d'éliminer les disparités dans l'enseignement primaire et secondaire avant 2005 ; de réaliser l'égalité entre les sexes avant 2015 (1). Ces objectifs n'ont pas été atteints, les filles constituant toujours la majorité des enfants non-scolarisés et les femmes celles des adultes analphabètes.

Les causes

Elles relèvent à la fois de facteurs liés à la « demande » d'éducation et de limitations tenant à « l'offre » (2):

· responsabilités domestiques (confier les tâches domestiques aux filles libère une main d'oeuvre adulte pour le travail productif);

· normes sociales (comme le mariage précoce par ex);

· conséquences du Tourisme qui incite les enfants à quémander plutôt que d'aller à l'école;

· éloignement des écoles et problème de sécurité des filles;

· milieu scolaire défavorable: problèmes sanitaires, harcèlement, difficulté de transport;

· coûts de l'enseignement relativement au travail des femmes;

· manque d'enseignantes réduisant le rôle de modèle;manque de participation des femmes dans les organismes locaux en ce qui concerne l'éducation.

Ces difficultés sont encore accrues dans le cas de groupes socialement exclus: minorités, pauvreté extrême, personnes handicapées.

Les difficultés d'intervention

La réalisation des projets se heurte à plusieurs difficultés:

· manque d'évaluation précise des besoins;

· risque de déperdition d'investissements coûteux à gérer;

· corruption;

· interventions socialement impopulaires car elles bouleversent les règles traditionnelles des sociétés.

Les conséquences

La non-scolarisation et l'analphabétisme féminins dépassent le seul stade culturel – Cette situation est aussi un frein puissant à l'information avec de nombreux effets(3):

· limitation de la croissance par habitant;

· maintien d'un indice de fécondité élevé;

· difficulté à faire baisser le taux de mortalité des enfants de moins de 5 ans.

Il faudrait donc agir d'urgence pour identifier et mettre en oeuvre des méthodes efficaces adaptées aux contextes locaux.

1. ouvrage cité p 9

2. ouvrage cité p 31.32

3. Comité de développement Rapport 2003; ouvrage cité p 14

Gérard Giroux