Situation de la Néphrologie

Le néphrologue, le Dr L. Boukadoum, a eu le courage et la volonté d’ouvrir récemment un cabinet médical malgré les nombreux obstacles administratifs. L’option du cabinet de consultation a été vite tranchée malgré de nombreuses offres plus lucratives pour l’ouverture de centres d’hémodialyses.

Le Dr Boukadoum se dit attristé et peiné de voir une noble spécialité de médecine à savoir la néphrologie écorchée à travers les nombreux articles de la presse nationale consacrés aux patients qui souffrent de cette maladie chronique et à leur prise en charge. En effet, il très rare de lire des articles positifs concernant cette spécialité. Cette contribution est la pour éclairer l’opinion publique et elle a également le mérite de rétablir certaines vérités.

En sa qualité de Maître-assistante en néphrologie ayant pratiqué depuis plusieurs années dans le secteur public, Le Dr Boukadoum, tout en insistant sur l’aspect éthique de la profession, est convaincu que la mission d’un néphrologue se compose de trois grandes étapes.

La première étape, et c’est la mission primordiale, est la prévention, c'est-à-dire tout faire pour équilibrer les traitements des patients afin de les éloigner le plus longtemps possible des séances de dialyse.

Il faut savoir que l’insuffisance rénale chronique (IRC) naît souvent des complications dans certaines maladies dites ‘classiques’. En conséquence un bon suivi semble être une sérieuse option afin de freiner la propagation de cette maladie sourde.

Le dépistage est vivement recommandé une fois par an pour les personnes âgées. Il faut traiter précocement le diabète et l’hypertension artérielle (HTA) qui peuvent évoluer vers l’insuffisance rénale. Il est également impérative de lutter contre l’infection urinaire et de contrôler le taux du cholestérol qui peut entraîner des maladies vasculaires qui, elles-mêmes, détruisent les reins.

En effet, un diagnostic précoce et profond permet une prise en charge rapide des patients avant que la situation ne s’aggrave.

Selon Le Dr Boukadoum il n’y a pas de fatalité et cela peut être démontré facilement sur le terrain.

Un exemple démonstratif de sa propre expérience professionnelle a montré que le néphrologue peut prendre sérieusement en charge et suivre quotidiennement une dizaine de patients qui présentent des anomalies au niveau des reins mais qui ne sont pas encore au stade terminal (la dialyse). Prescrire des médicaments en fonction de l’état du patient au cas par cas, réguler, équilibrer et demander aux patients des bilans périodiques à permis de retarder les séances de dialyse pour certains patients jusqu‘à trois ans !

C’est une double fierté de remplir cette mission car d’une part, il faut savoir que les séances de dialyses sont très pénibles et très contraignantes pour les patients. D’autre part, il faut noter que l’Etat, à travers la CNAS, prends en charge à 100% ces séances de dialyses qui sont de l’ordre de 1,2 millions de DA par an et par patient !

Ce coût est un sérieux poids pour notre économie nationale et malheureusement prive d’autres patients des prises en charge qui souvent sont des cas lourds qui nécessitent parfois des soins à l’étranger. La deuxième étape est l’élaboration des séances de dialyses. A ce titre, plusieurs centres d’hémodialyse ont ainsi vu le jour dans plusieurs wilayas du pays. Le déficit enregistré dans le secteur public a encouragé plusieurs investisseurs privés à opter pour ce créneau.

L’ouverture massive des cliniques privées d’hémodialyse, a sans doute permis de réduire la pression persistante dans les centres publics par conséquent les conditions de prise en charge des insuffisants rénaux sont meilleures que par le passé.

Le personnel des centres tente bien que mal de satisfaire et de prendre en charge les insuffisants rénaux recensés en mettant au profit des malades les conditions nécessaires mais en même temps il est navrant de constater que des lacunes concernant les prises en charges sont souvent signalées à travers le territoire national. De sa propre visite aux différents centres de dialyse, le Dr Boukadoum a vite compris que l’Etat consacre chaque année un budget considérable pour la prise en charge des patients. Certainement il aura à le faire encore plus dans les prochaines années si il n’y a pas une mise en place d’urgence d’un programme national de prévention.

La troisième et la dernière étape selon le Dr Boukadoum c’est la greffe rénale. Celle-ci nécessite d’importants moyens et surtout une étroite collaboration avec d’autres spécialistes.

Malheureusement, cette dernière étape n’est pas encore très répandue dans notre pays pour plusieurs raisons (installation des équipes multidisciplinaires, affiner les textes des lois, fichier national des donneurs, position de la religion concernant des reins provenant des cadavres…). Toutefois, il est raisonnable de dire que notre pays avance avec des pas sures dans ce domaine. Il utile également de signaler que des actions dans ce sens ont été récemment conduites par les pouvoirs publics afin de donner tout les moyens aux spécialistes pour développer et encourager cette pratique.

Le Dr Boukadoum a tenu à nous confier son combat pour cette branche de médecine. Une spécialité qui n’est pas un accident de parcours. Elle a due la suivre avec beaucoup d’assiduité et d’intérêt car elle avait caressé un rêve de sauver un proche familial malade et souffrant d’une insuffisance rénale chronique. A travers le destin, Dieu le miséricordieux en a voulu autrement et il l’a quitté avant qu’elle puisse terminer sa spécialité. Elle souhaite vivement dédier ce cabinet en sa mémoire. Sa grande fierté serait de voir sa fille honorer avec son travail et son sérieux cette noble profession dont elle est fière d’appartenir.

Dr Boukadoum

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