SEMAINE DU SON 2009

Contribution de marcheurs, artistes et non artistes, à la préparation de la Table Ronde consacrée aux Paysages sonores de la Marche en Montagne. (22 janv.)

Écrire le son : vaste et belle question. Les mots se font difficiles lorsque l'écriture tente de s'approcher au plus près des ressentis, des flux et mouvements d'une conscience attentive ou encore seulement flottante à l'environnement. En effet les forces conjuguées de la syntaxe, du vocabulaire, du style, semblent se conjurer en un mouvement de défense difficile à dépasser. Les exemples qui suivent représentent une tendance : celle de surécriture du sonore, réalisée hors contexte, bien après l'expérience. On pourrait évoquer les différentes expressions possibles du souvenir sensorieL Des textes tout à fait différents de ceux qui suivent ont été donnés lors de nombreux ateliers d'écriture en relation avec l'écoute. Les écritures de cette page sont à lire comme des exemples parmi d'autres. Dans le contexte de la Semaine du son de l'année 2009 ils avaient de plus une fonction d'appel à d'autres témoignages.

Marcher avec ses oreilles.

À chaque heure, à chaque saison, à chaque étage montagnard ses propres sons. En y prenant garde, en aiguisant ses oreilles, il semble bien que le paysage sonore de la moyenne montagne apparaisse tout aussi varié et aussi riche qu'un paysage visuel.

Quand j'attaque une pente, ce que j'entends d'abord, ce sont les bruits de mon corps. Mes pas, ma respiration, les pulsations du sang dans les tempes ou les oreilles. Et puis aussi les bruits des extensions du corps : les frottements du pantalon, le grincement des brides du sac à dos, les petits battements de celles qui pendent, la gourde dans son étui qui frappe doucement sur la cuisse, la cadence des bâtons sur le sol. Les bruits rythmés d'un corps qui marche. Le corps harnaché est une petite formation sonore, un petit orchestre de chambre en mouvement qui joue tout seul sa partition mécanique, répétitive. Si on s'arrête et qu'on repart, le même morceau familier recommence. Il serait même quelque peu lancinant si on ne l'oubliait très vite. Paradoxalement, ce sont les bruits du corps, ceux qui nous sont les plus proches, que l'on entend le moins, sans doute à cause de leur familiarité.

Selon le sol, sentier en forêt ou piste caillouteuse, les pas sonnent différemment. Aujourd'hui, le sentier est gelé, dur, le bruit des pas est sec. L'onde de choc des pieds sur ce sol se propage jusqu'à la tête. Les pierres sont soudées entre elles. La chaussure les décolle en les frappant et elles émettent un petit cliquetis. Si je glisse sur les graviers, brusque frottement de crécelle, et sur une pierre, chuintement aigu.

Pour entendre la nature, il faut faire taire le corps, s'arrêter. Ce qui apparaît en premier dans la perception, ce n'est pas l'élément mais la totalité, disait Merleau-Ponty. Je le vérifie. M'arrive d'abord une masse assez indifférenciée de bruits familiers qui se démêlent rapidement : le vent, ou peut-être est-ce l'eau, car de loin leurs souffles se confondent, les sonnailles du troupeau qui vont accompagner cette balade comme le leitmotiv d'un film, l'antienne des oiseaux, d'abord assez confuse avant que l'oreille ne la fragmente. Avec l'écoute, s'organisent des plans sonores, une profondeur de champs et de chants : avion au loin, en fond, la respiration de la forêt quand le vent la traverse, par-dessus, aboiements rapprochés et tout près la musique du troupeau.

Tant que les brebis ne me voient pas, elles sont paisibles. Les platelles au son clair tintent régulièrement, accompagnées des petites clavelles. Mais quand la cadette noire m'aperçoit, la chef, la favorite, elle déclenche la fuite : galopade effrayée, bruit sourd des pattes sur le sol. Mais la course cesse rapidement. Les brebis se sont amusées à jouer la peur. La bataille pour le sel, choc musclé et bref d'un affrontement, le broutage et son bruit d'herbe arrachée reprennent vite le dessus.

La pente se fait plus raide et le souffle plus court. Halètement saccadé. Les sonnailles s'éloignent, passent au deuxième, troisième plan. Un autre avion gronde à dix mille mètres, mais le son et l'image sont décalés : double trame, visuelle et sonore ; son bruit diminue en même temps que sa trace se dilue dans le ciel bleu. Le fond sonore a changé : j'entends comme une sorte de foule qui crie, une clameur. Est-ce une illusion ? Maintenant je distingue différents aboiements. Ceux d'en bas sont lancés par les chiens du village. Isolés, lents, réguliers statiques, ils diffèrent de ceux des chiens de chasse. Ces derniers sont plus vifs, plus nombreux, plus mêlés et en mouvement dans les bois d'en haut : on discerne même les jeunes jappeurs excités des anciennes gueules cassées, à la voix grave et pondérée. La meute, de plus en plus proche de la bête, l'enveloppe d'un véritable filet sonore, tissé de plus en plus serré. La stratégie est claire : il s'agit de l'assourdir, l'affoler, l'isoler, la noyer dans la masse des abois afin qu'elle perde ses repères, fasse n'importe quoi, se laisse piéger et renonce à la fuite. On attend la détonation … qui ne vient pas. Le sanglier a peut-être chargé ? Non, il y aurait plus de vociférations. Il a été plus rapide, plus malin que les chiens. Il ne s'est pas laissé embobiner. Les aboiements s'amenuisent, se dispersent. Ils suivent la trace de loin en loin. Bientôt il n'y a plus qu'un mordu qui poursuit la traque.

Quel est cet oiseau dont le cri lancé à espaces réguliers est comme un appel au secours ? Il cesse quand j'approche. S'il s'est envolé, il ne doit pas être très gros car je n'ai pas entendu ses battements d'aile. Mais revoilà du familier : le roucoulement des tourterelles, doux et jaune. Oui je dis bien, jaune, car on peut donner des couleurs aux sons, comme on donne des tonalités aux couleurs (curieuse métaphore sonore pour les couleurs puisqu'on parle de tons chauds ou froids, mélangeant ainsi un terme auditif aux termes du toucher). Rimbaud avait déjà imaginé des correspondances entre les sens dans son poème sur les voyelles. Sous les effets de la drogue, il paraît que les sons suscitent des couleurs. Le phénomène est-il purement subjectif ? Je ne sais pas. En tout cas, pour moi, et sans ecstasy je vous le garantis, la tourterelle roucoule jaune et tiède.

Et cette espèce d'aboiement rauque, d'où vient-il ? C'est bizarre et quelque peu effrayant. Ce n'est pas un chien, c'est sûr, ni un loup. Après le familier, me voilà dans l'inconnu. On dirait que la bête s'étrangle. À l'oreille, je me rapproche de l'animal. Mais bien sûr, il se déplace, le bougre, lançant régulièrement au-dessus de moi son sinistre aboiement qui donne quelques frissons. Je m'arrête, à l'affût, j'attends. Silence, patience. Soudain je vois passer au petit trot, dans une éclaircie du bois, la bête au cri étrange et sans nom : il s'agit tout bonnement d'un chevreuil solitaire qui dandine la mire de son cul blanc. Contact gracieux avec la vie sauvage et ses étranges voix.

En passant dans la hêtraie, les feuilles humides chuchotent doucement l'automne en chaussons roux. Quand elles sont sèches, elles murmurent une langue un peu plus gutturale, un froissement bref et répété que seule une onomatopée pourrait décrire. Selon l'épaisseur de la couche, cela peut tourner au vacarme. Il faut avoir marché dans une combe de la montagne de Lure pour savoir apprécier le vacarme ruisselant des feuilles de hêtre sous les pas. Comment ne pas associer cette chanson des feuilles mortes aux couleurs chaudes de l'automne, au temps des fruits et des odeurs de champignons dans les sous-bois humides ? A partir du mélèzin, changement de ton. Plus aucun bruit de pas sur le tapis d'aiguilles. Avec l'altitude, le fond sonore s'estompe. Silence ? Non. Le silence n'existe pas. On est seul, oui, mais avec le vent léger qui palpite sur les oreilles et donne aux arbres ce souffle continu de ruissellement. Ruissellement de l'air, la belle image de Giono me revient en mémoire. Étrange fusion des éléments, de l'air et de l'eau, qui ne peut exister que dans le monde sonore, puisque visuellement, il est impossible des les confondre.

La confusion disparaît quand on s'approche du ravin. Me voici donc près de l'eau vive, le torrentelet du pied du Pas. Écoutons. On dirait une vielle. Sur une basse continue, celle de l'écoulement, court la fugue rythmée des eaux, plus aigue quand elle cascade dans une flaque ou plus grave quand elle tombe dans des creux. C'est alors que les sonnailles d'en bas se transforment en lointain clapotis.

Je quitte la forêt pour un bref passage dans le minéral. Les bruits du sentier deviennent tranchants comme les arrêtes des cailloux calcaires. Mais n'est-ce pas un abus de langage ? Difficile de trouver les mots justes pour dire le propre des éléments sonores sans se laisser contaminer par l'impérialisme des termes visuels. En foulant ce sentier très caillouteux, là aussi, on peut déchiffrer une petite polyphonie : les pas réguliers sur un arrière-fond indicible et, de temps en temps, la note claire d'une lause dérangée qui me fait penser au fameux bruit d'assiette cassée qui caractérise les chemins des crêtes de Lure.

Aux abreuvoirs désertés par les troupeaux, écoulement visible d'un filet d'eau de l'un à l'autre. Mais un peu plus haut, on entend l'eau couler de la source, sans la voir. C'est classique en montagne, ce phénomène de l'eau invisible. Il est fréquent de trouver de ces ravins à sec, et recouverts de roches. Mais quand on les franchit, on a la surprise d'entendre courir une eau souterraine, avec toute sa petite symphonie de gargouillements, clapotis, glouglous et autres épanchements. L'artiste de land art Andy Goldsworthy a repris ce phénomène sonore avec la réalisation d'un cairn d'eau dans le parc du musée de la Réserve Géologique de Haute-Provence, à Digne-les-Bains. L'eau courante que l'on entend sans la voir anime le minéral. Ici l'eau invisible entretient l'âme du lieu désert, d'une estive à l'autre.

Au Pas d'Archail, le soleil ne dit rien, pas plus que les taupes qui s'activent sous la terre. Les cabanes pastorales sembleraient déjà murées dans le silence de l'hiver, si les tôles de la toiture ne commençaient à claquer discrètement en se dilatant à la chaleur. S'esquisse un léger bourdonnement d'insectes. Quelques verdiers s'agitent tandis que d'autres oiseaux grincent au-dessus, dans les pins qui escaladent bravement le mamelon du Pré de l'Évêque. Maintenant, ce sont les bruits domestiques de l'autre vallée, celle de Tartonne, qui remontent jusqu'à moi. Aboiements et sonnailles. J'aime cette faculté du son de remonter si haut, nous apportant parfois en pleine montagne sauvage les rumeurs étouffées d'une humanité invisible.

Le sentier, maintenant dégelé par endroits, fait un bruit d'éponge qui se mêle au froissement de paille des graminées desséchées ; et quand il rampe à l'abri des arbres, il retrouve son ton sec et cassant. Frottements du sac dans les branches basses qui m'agrippent. Au loin, deux explosions successives : la proie (chamois, sans doute, je n'entends pas de chiens) est-elle morte, blessée ou en fuite ? J'imagine une longue traque périlleuse dans les barres rocheuses. Avec quelques sons, il est facile de se faire tout un roman. Certains ont un fort pouvoir évocateur. On n'est jamais seul avec les sons : ils repoussent la grande solitude.

Maintenant les pas dans la neige mouillée parlent de l'hiver. A cette neige déjà vieille, je préfèrerai une belle poudreuse et le petit craquement de la couche qui se tasse sous le poids du marcheur. Ce petit bruit des Noëls d'autrefois, quand on allait en famille à la messe de minuit, c'est mon image proustienne, ma petite madeleine. Elle est là mon enfance, dans la blancheur d'une nuit craquant sous les pas.

L'arrivée au sommet est saluée par les grands corbeaux. Soient ils passent, souverains et silencieux, battant l'air de leurs ailes comme des rameurs et ponctuant leur sillage d'une grave éructation, soit ils tournoient et croassent, attendant impatiemment les reliefs d'un repas. En été, on entendrait l'inévitable sifflement d'un planeur venu chercher sur la cime le courant d'air chaud qui le montera au septième ciel. Le moment du repas est propice à la contemplation sonore, à condition de faire taire ses mandibules. Silence, le corps et ses organes ! Ici, les bruits des deux vallées convergent et se rassemblent, mais feutrés, étouffés, comme dans une chambre insonorisée où les sons n'arrivent qu'après avoir traversé d'épaisses couches de filtres.

À la descente, sur la portée des pas c'est le retour de la cadence des bâtons de marche, et de temps en temps le bruit d'une pierre qui roule, rebondit, ricoche en lançant des brèves et des longues, des blanches et des noires. Puis elle éclate en croches et doubles croches, ses fragments poursuivent une course invisible sous les bois et finissent par se taire. L'oreille prolonge la vue aussi bien qu'elle l'anticipe.

Puis viennent les grandes orgues du pierrier couvrant la cantate de l'eau vive et les autres musiques. C'est un vrai bruit de montagne, particulier, du grelot de la pierraille au redon des caillasses. Le premier pied s'enfonce et le sol se dérobe, glissant tout un charivari de mitraille, plus ou moins long, plus ou moins sonore suivant la grosseur des pierres. L'avalanche se calme ou continue alors que le deuxième pas enchaîne et en déclenche une autre. Pas de pause, pas de silence, pas d'arrêt car le mouvement est nécessaire à l'équilibre de la glissade maîtrisée. Flux régulier des pierres dérangées. L'arrêt serait risqué et pourrait conduire à la chute ou la débaroulade. La descente dans la neige ou le sable relèvent de la même technique mais se vivent dans la paix et le silence ; le pierrier est plutôt le théâtre du bruit et de la fureur. À la sortie, j'apprécie le retour au calme, et même le chant déjà entendu de ce pauvre oiseau qui, muni d'un galoubet à une seule note, lance un appel régulier comme le noyé d'une avalanche à l'intention des sauveteurs. Tout le monde ne peut être rossignol ! Heureux de ma belle descente sur la rampe du pierrier, je clame moi aussi quelques voyelles pour vérifier l'écho. Trop tard, en forêt, il est pauvre et affaibli, il aurait fallu le tester plus haut, dans la barre. Tant pis, je slamerai seul quelques strophes du "Bateau Ivre", pourvu que des "peaux-rouges criards" ne me prennent pas pour cible !

En explorant modestement ces territoires oubliés par les voyants que sont les paysages sonores, j'aurai redécouvert et appris quelques petites banalités sur l'ouïe et la montagne.

Plus un bruit est familier, moins on l'entend. Non seulement les bruits de son propre corps, mais aussi les bruits de la maison, du quartier, de la ville … On évacue en permanence, on oublie les sons connus. De même, on devient très tolérant aux bruits réguliers comme ceux de la fontaine proche qui coule en permanence, du torrent, des ronronnements de moteur, du passage d'un train. Plus ils sont proches et présents, plus ils disparaissent du champ propre. Oubli sonore de ce qui est connu et régulier. Paradoxalement et heureusement. L'ouïe est sélective, certes, mais surtout elle évacue autant qu'elle capte, et même elle fait le vide pour capter.

Le monde du silence n'existe pas, le monde n'est pas muet. Si on se met à écouter, il est extrêmement rare de ne rien entendre. Le silence absolu serait une torture, effrayant comme la mort ("Le silence éternel de ces espaces infinis m'effraie" Pascal), à tel point que la "privation sensorielle" a été une forme subtile de punition, voire de supplice, utilisée par la RFA dans les années 70, dites "de plomb", à l'encontre des membres de la bande à Baader. Par contre si le silence n'existe pas comme réalité pour un entendant, il est la condition nécessaire pour que les sons existent, comme le vide est nécessaire à l'espace. En ce sens, le silence est le principe de tout paysage sonore, ce qui donne relief et profondeur aux sons. Sans silence, il n'y aurait qu'un magma de bruits indifférenciés.

On peut attribuer des couleurs aux sons. "J'inventais la couleur des voyelles ! A noir, E blanc, I rouge, O bleu, U vert" (Rimbaud). Associations sensorielles, perceptions cinesthésiques, notre corps n'est pas fragmenté, ni nos sens isolés les uns des autres. Les couleurs chantent et parlent. "L'œil écoute" (Claudel), l'oreille voit. Les voix peuvent être chaudes et les tons cassants. Il faudrait expérimenter pour voir si ces translations de registre ne sont que des métaphores du langage, des figures de style ou correspondent à des réalités plus physiques. Mais d'autres l'ont déjà fait (1), à commencer par les poètes : "L'étoile a pleuré rose au cœur de tes oreilles" (Rimbaud).

J'ai aussi redécouvert l'antériorité du son sur l'image et leur complémentarité : pendant une ascension, l'ouïe porte beaucoup plus loin que la vue, traverse les écrans, on entend ce que l'on ne voit pas encore, une galopade, un ruissellement, une partie de chasse, etc.… Le champ sonore ne se limite pas à un horizon rectiligne comme le champ visuel, il est autre et va dans toutes les directions. Son horizon est circulaire. En ce sens, l'ouïe a une dimension que l'on pourrait dire quasi métaphysique puisqu'elle nous permet d'accéder à l'invisible, à un autre monde sensoriel, mais qui n'est pas un arrière-monde transcendant. En tout cas, le monde des sons a un fort pouvoir évocateur. Plus que l'image qui est prégnante, captivante, fascinante (l'enfant est scotché devant la télévision), le son suscite l'imagination, libère le rêve et l'interprétation.

Enfin, beaucoup plus que dans un paysage sonore urbain, fait de brusques changements de sons et de volumes, liés en particulier aux bruits mécaniques, et qui se caractérise donc pas sa discontinuité, il y a une cohérence de l'espace sonore montagnard. Là, on passe progressivement d'un son à l'autre, avec des transitions. Seule l'expérience de la descente du pierrier rompt brutalement la continuité sonore du paysage, comme pourrait le faire une déflagration ou une chute. C'est cette cohérence sonore, cette continuité, cette absence d'agressions qui est apaisante et représente un des bienfaits de la marche, en particulier en moyenne montagne car c'est un milieu plus dépaysant que d'autres. C'est un espace plus sauvage, plus naturel, plus calme que l'espace campagnard ou urbain. L'esprit, le corps et le milieu s'y retrouvent reliés, sans rupture et en harmonie dans l'unité d'une présence au monde que l'on se plait à imaginer originelle, au sens de prénatale ou paradisiaque, ce qui signifie pour moi la même chose. Une ballade en montagne, c'est l'occasion de redécouvrir ce "commerce avec le monde, plus vieux que l'intelligence" dont parlait Merleau-Ponty. Qu'on se le dise, de bouche à oreille bien entendu !

Le 14/11/2008

© Jean-Claude Barbier, écrivain-marcheur.

1 impasse des Coussières

04000 – Digne-Les-Bains

04 92 32 43 30

jeanclaudebarbier@neuf.fr

(1) - Voir "La phénoménologie de la perception" du philosophe Maurice Merleau-Ponty.

*

Marcher

Marcher et écouter,

Ecouter le bruit des pas,

Les pas sur la terre battue,

Les graviers,

Les cailloux,

Les feuilles mortes,

L’herbe…

Ecouter cette marche sonore,…

S’arrêter au moindre autre bruit,

Bruit de vent,

Torrent,

Chant d’oiseaux,

Aboiement de chevreuil,

Craquement de branche,

Bruit de voiture,

Tronçonneuse,

Sonnailles,

Aboiement de chien,

Voix humaines,

Cris et rires d’enfants,

Reprendre la marche,

Ne plus l’interrompre au moindre bruit,

Superposer les bruits : celui des pas et tout autre de la nature et de l’activité humaine,

…L’Homme dans son environnement sonore.

Trouver le site naturel adapté pour :

Crier,

Faire un appel,

Chanter ou produire un son avec un objet ou instrument de musique,

Et écouter ce que l’environnement sonore renvoie :

Un, deux…trois échos,

Une réverbération,

Une résonance,

Ecouter l’environnement se mettre en vibration…

Saisir la moindre vibration sonore,

Suivre son cheminement dans l’air jusqu’à ce qu’elle s’éteigne progressivement,

…L’Homme émetteur de sons,

…L’Homme sonore dans son environnement sonore,

L’Homme peut ainsi prendre conscience de son besoin d’unité avec son environnement naturel et de la nécessité de le comprendre et le protéger…

Fait à Auzet le 30 octobre 2008

Jean-Luc BOUREL