Ref: Mas'udi "Praries d'Or Mines"

Ref-3 : Important Persons

El Mas'udi - vol 1: Meadows of Gold & Mines of Gems - translated A Sprenger

El Mas'udi - vol 2: Prairies d'or Mines, les - translated C. Barbier de Meynard & Pavet de Courteil, 1861 [2] [3] [4]

chapitre XXVI: Histoire Abregee de l'Expedition d'Alexandre dans l'Inde

Kend :: Abu al-Hasan Ali ibn al-Husayn ibn Ali al-Mas'udi [c.896 - 956 AD]

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Apres avoir tue Porus , l'un des rois de l'Inde, possesseur de la ville de Mankir, Alexandre , comme nous l'avons dit plus haut, vit tous les rois de ces contrees se soumettre a lui, et s'empresser de lui offrir des presents et de lui payer tribut. Il apprit alors que dans les extremites les plus reculees de l'Inde il y avait un roi, plein de sagesse, tres-bon administrateur, pratiquant la piete, equitable envers ses sujets. Il avait vecu plusieurs siecles, et il etait superieur a tous les philosophes et a tous les sages de l'Inde. Son nom etait Kend. Toujours maitre de lui-meme, il savait mortifier les ardeurs de la concupiscence , de la colere et des autres passions, qu'il dominait, grace a un naturel genereux et a un exercice constant de toutes les vertus.

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Alexandre lui ecrivit une lettre dans laquelle il lui disait, apres les salutations d'usage: " Lorsque cette lettre te parviendra, si tu es debout, ne t'assieds pas, et si tu es en marche, ne tourne pas la tete, autrement je mettrai en pieces ton empire et je t'enverrai rejoindre les rois de l'Inde qui ne sont plus." Au recu de ce message, Kend repondit a Alexandre dans les meilleurs termes, et en lui donnant le titre de roi des rois. Il lui apprit, en outre, qu'il avait en sa possession des choses que nul autre que lui ne pouvait se vanter de reunir. C'etaient, disait-il , une jeune fille dont le soleil n'avait jamais vu l'egale pour la beaute ; un philosophe capable de prevenir par ses reponses toutes les questions qu'on pourrait vouloir lui adresser, tant etaient grandes sa penetration d'esprit, la beaute de sa nature, la parfaite harmonie de toutes ses facultes, la vaste etendue de son savoir ; un medecin avec lequel on n'avait a redouter ni les maladies, ni les accidents, excepte toutefois l'attaque de la mort et de la destruction qui, venant fondre sur l'edifice de notre vie, relache tous les liens qu'avait formes l'architecte et le createur de ce corps doue de sensibilite ; et cependant l'edifice du corps humain et la forme dont il est revetu sont continuellement en butte, dans ce monde, aux atteintes du malheur, a la destruction et aux incommodites de toute espece.

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" Outre ces choses, ajoutait-il, j'ai encore une coupe telle que, lorsque tu la rempliras, toute ton armee pourra y boire sans que le liquide qu'elle contient diminue, et quoi que tu verses, elle ne debordera jamais. Or je veux faire parvenir toutes ces merveilles au roi et aller moi-meme le trouver. " Lorsque Alexandre eut lu cette lettre et qu'il en eut pris connaissance, il dit : " Posseder ces quatre tresors et voir ce sage echapper a ma fureur, me parait preferable a ce qu'il reste avec moi et perisse. " Alexandre lui envoya donc des sages de la Grece et de Roum avec une escorte nombreuse, et leur donna ses instructions en ces termes : " Si ce prince a dit vrai dons ce qu'il ma ecrit, apportez-moi ces merveilles et laissez-le tranquille a sa place ; mais si vous decouvrez qu'il en est tout autrement, et qu'il nous a fait de faux rapports, contraires a la realite, alors, comme il se sera ecarte des limites de la sagesse, faites-le comparaitre devant moi.

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" La deputation partit donc. Lorsqu'elle fut arrivee dans les Etats de Kend, le prince vint la recevoir de la maniere la plus flatteuse et lui assigna le logement le plus somptueux. Le troisieme jour, il voulut donner aux ambassadeurs une audience particuliere d'ou devaient etre exclus les hommes de guerre qui les accompagnaient. Or les sages disaient entre eux : " S'il a dit la verite par rapport a la premiere des merveilles qu'il pretend posseder, il est certain qu'il ne nous a pas trompes par rapport aux trois autres. " Chacun d'eux prit donc place suivant son rang, et la seance commenca. Le roi debuta par discuter avec eux sur les principes de la philosophie, et traita de la physique et des sciences divines. Un groupe de sages et de philosophes indigenes se tenaient a sa gauche. On parla longuement sur l'origine du monde ; puis chacun defendit son opinion, et la discussion , s'engageant sur les differents systemes des savants et les theories des philosophes, se poursuivit sans contrainte, jusqu'a ce qu'ils fussent arrives a la derniere limite de leurs connaissances.

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Alors le roi fit venir la jeune fille. Lorsqu'elle parut devant eux, ils la couverent des yeux. A peine eurent-ils porte un de leurs regards sur l'une des parties de son corps qu'elle laissait voir, qu'il leur fut impossible de l'en detourner pour contempler dans tout son eclat l'ensemble de sa beaute, la perfection de sa personne, la proportion harmonieuse de ses formes. Apres avoir craint de perdre l'esprit, tant etait grande l'impression produite sur eux par cette creature ravissante, ils rentrerent en eux-memes et parvinrent a dompter la puissance des passions et les sollicitations de la nature. Le roi, apres leur avoir fait voir tout ce qu'il avait promis d'abord de leur montrer, les congedia et les fit partir avec le philosophe, la jeune fille, le medecin et la coupe. Lui-meme les reconduisit jusqu'a une certaine distance dans ses Etals. Lorsque les ambassadeurs furent revenus aupres d'Alexandre, ce prince lit assigner un logement au medecin et au philosophe. Il n'eut pas plutot vu la jeune fille qu'il fut frappe de sa beaute, dont l'eclat eblouit sa raison, et il ordonna a la gardienne de ses esclaves d'avoir soin d'elle.

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Ensuite son attention se porta sur le philosophe et sur son savoir, ainsi que sur les connaissances du medecin et sur le rang qu'il occupait dans la pratique de la medecine et de l'hygiene. Alors les ambassadeurs raconterent a Alexandre leur discussion avec le roi indien et lui parlerent des philosophes et des sages dont ce prince etait entoure. Alexandre, tres-etonne, considera avec attention la maniere dont ses representants avaient expose leurs idees, soutenu leurs theses, et mesura l'espace qu'ils avaient parcouru dans la science. Ensuite il examina les arguments a l'aide desquels les Indiens avaient defendu les cotes vicieux de leurs systemes, en les comparant avec les hypotheses proposees par les Grecs et les verites qu'ils regardent comme certaines et qui sont fondees sur les principes qu'ils avaient exposes precedemment. Cela fait, Alexandre voulut eprouver lui-meme la realite de ce qui lui avait ete rapporte sur le philosophe. S'etant mis a l'ecart, il laissa flotter sa pensee dans tous les sens jusqu'a ce qu'il lui vint a l'esprit une idee a l'aide de laquelle il se proposa de tenter l'experience.

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Puis il demanda une coupe, la remplit de beurre jusqu'au bord, sans qu'il fut possible d'y ajouter un atome de plus, et la donna a un messager, en lui disant : « Porte cette coupe au philosophe sans lui dire un seul mot. » Lorsque le messager eut apporte la coupe et qu'il l'eut donnee au philosophe, celui-ci, avec la puissance de son intelligence dont il usait pour demeler la verite et acquerir une certitude interieure, se dit: « Pourquoi ce sage roi m'a-t-il envoye ce beurre? » Alors il mit sa pensee en mouvement a la recherche du probleme qui l'occupait. Ensuite il demanda mille aiguilles, en piqua l'extremite dans le beurre et les envoya a Alexandre. Ce prince ordonna qu'on les fondit, en fit faire une boule d'une rotondite parfaite et la renvoya au philosophe. Celui-ci, apres avoir examine attentivement l'œuvre d'Alexandre, ordonna qu'on aplanit la boule et qu'on en format un miroir auquel il fit donner, en sa presence, le poli et le lustre. Il obtint ainsi un corps brillant, dont la surface pure et parfaitement nette reflechissait tous les objets places devant elle ; puis on le porta a Alexandre.

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Ce prince regarda le miroir et vit qu'il reproduisait fidelement la beaute de ses traits. Alors il demanda un bassin, y plaça le miroir, fit verser de l'eau dessus jusqu'a ce qu'il en fut entierement couvert, et le renvoya ainsi au philosophe. Celui-ci, l'ayant vu, fit faire du miroir un vase a boire, de la forme de ceux qu'on appelle tardjehareh, le plaça dans le bassin au-dessus de l'eau ou il surnageait, et ordonna qu'on le reportat a Alexandre. Le roi fit remplir le vase d'une terre fine et le renvoya au philosophe. Celui-ci, a cette vue, changea de couleur ; sa figure s'altera, la tristesse se peignit sur tous ses traits, des larmes coulerent de ses joues ; de nombreux soupirs s'echapperent de sa poitrine, entrecoupes de longs gemissements et de sanglots. Il resta ainsi toute la journee dans un etat de prostration complet. Ensuite il revint de cette faiblesse, fit un violent effort sur lui-meme, et, tout en se parlant, il disait, sous forme de reproches : « Malheur a toi, o mon ame! Qui donc t'a jette dans les tenebres, t'a conduite dans cet abime de soucis, t'a amenée à celte nuit profonde?

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Ne le promenais-tu pas librement dans le domaine de la lumière, ne marchais-tu pas fièrement dans les régions élevées, guettant l'arrivée de la clarté naissante, t'épanouissant dans le monde d'où jaillit le jour, lorsque tu as été précipitée dans l'empire des ténèbres et de la rébellion, de l'injustice et de la perversité, où tu es devenue la proie des ravisseurs et le jouet des tempêtes? Te voilà dépouillée maintenant de ta science des choses cachées, te voilà déchue de la place dans le séjour bienheureux! Te voilà en butte à toutes les difficultés! Tu as laissé bien loin derrière toi tout ce qui était désirable. Où sont maintenant tes débuts qu'entourait tant de bonheur, où est cette félicité que rien ne pouvait altérer? Tu habites actuellement dans les corps, et tu ne peux te soustraire à la tyrannie de l'existence et de la perversité. Ô mon âme! tu demeures au milieu des bêtes féroces qui tuent, des serpents venimeux, des torrents dévastateurs, des feux dévorants, des vents impétueux. Ta vie s'écoule, dans ces enveloppes grossières, ou tu ne vois que des insouciants et des ignorants, qui se montrent circonspects dans le bien et avides de tout ce qui est mal. »

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Puis, levant les yeux au ciel et voyant les étoiles qui scintillaient, il dit d'une voix élevée: « Ô étoile voyageuse! Ô corps lumineux ! tu t'es levé dans un noble séjour ; pourquoi donc es-tu déchu de ta dignité? Tu tires ton origine d'un monde sublime, dont les âmes habitent les régions les plus élevées, où elles reposent dans des sanctuaires. Ah! que tu as quitté de bonne heure ta céleste patrie! » A ces mots, il s'approcha de l'envoyé d'Alexandre et lui dit, en lui montrant la terre à laquelle il n'avait pas touché : « Prends-la et reporte-la au roi. » Lorsque l'envoyé fut de retour auprès d'Alexandre, il lui raconta tout ce dont il avait été témoin. Ce prince fut on ne peut plus surpris, car il savait bien que son intention à lui et le fond de sa pensée avaient été précisément la transmigration des âmes des mondes supérieurs dans ce bas monde. Dès le lendemain matin il voulut donner nu philosophe une audience particulière, et le fit appeler.

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Or il ne l'avait pas encore vu. Quand celui-ci parut, le roi , portant sur lui des regards curieux, examina sa taille et sa personne. C'était un homme de haute stature, au large front, aux formes bien proportionnées. Alexandre se dit : « Cet extérieur ne s'allie pas ordinairement à la pratique de la sagesse: si cet homme réunit la beauté du corps à la beauté de l'esprit, il est l'unique de son siècle; or je ne doute pas qu'il ne possède à la fois ces deux avantages , puisqu'il a compris tous les messages mystérieux que je lui ai envoyés et qu'il a répondu à mes questions, sans avoir avec moi ni conférence, ni entrevue, ni discussion. Il n'y a certainement personne, parmi ses contemporains , qui l'approche dans la sagesse ou qui puisse lui en remontrer en fait de science. » De son coté, le philosophe, après avoir regardé Alexandre avec attention, fit tourner son index autour de sa figure et le posa sur le bout de son nez; puis il s'avança rapidement vers ce prince, qui n'était pas assis sur son trône de cérémonie, et le salua comme on salue les rois. Alexandre lui fit signe de s'asseoir, ce qu'il fit aussitôt.

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Alors il lui dit: « Pourquoi donc, après m'avoir regardé et avoir jeté les yeux sur moi, as-tu fait tourner ton doigt autour de la figure et l'as-tu posé sur le bout de ton nez? » — « Ô roi, répondit celui-ci, je t'ai observé à la lumière de mon intelligence et dans le miroir de mon esprit. Or j'y ai vu que ta pensée était fixée sur moi et qu'en examinant ma personne tu te disais : Voilà un extérieur qui s'allie rarement à la pratique de la sagesse, et puisqu'il en est ainsi, celui qui en est doué est l'unique de son siècle. Alors j'ai fait tourner mon doigt comme pour témoigner de la vérité de ton observation, et je t'ai fait voir un signe sensible qui semblait dire : comme il n'y a qu'un nez sur ma figure, de même il n'y a pas dans tout l'empire des Indes un homme qui me ressemble, il ne s'en trouve pas un seul qui soit arrivé au même degré que moi dans la sagesse. » Alexandre lui dit: « Tu n'as rien exagéré en parlant des avantages de ta personne, et ils se trouvent réunis chez toi à une haute intelligence dont les qualités sont telles que tu les as décrites. Mais laissons cela et parlons d'autre chose.

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Quand je t'ai envoyé une coupe pleine de beurre, quel était ton dessein en y enfonçant des aiguilles, et en me la renvoyant ensuite? » — « Ô roi, répondit le philosophe, j'ai compris que vous vouliez dire que la science remplissait mon esprit, comme le beurre remplissait la coupe, en sorte que pas un des sages n'aurait pu ajouter à la somme de mes connaissances : alors j'ai déclaré au roi que ma science ajouterait à la sienne et la percerait, comme ces aiguilles perçaient le beurre. » — « Mais, dit Alexandre, lorsque l'on a fait de ces aiguilles une boule que je t'ai envoyée, pourquoi l'as-tu fait battre en forme de miroir que tu m'as renvoyé parfaitement poli? » — « Ô prince, vous m'avez fait entendre que votre coeur, à force de répandre le sang et d'administrer la justice dans le monde, était devenu aussi dur que cette boule; que dans cet état il était insensible aux charmes de la science et peu soucieux de pénétrer dans les profondeurs de l'étude et de la sagesse : alors je vous ai répondu par une allégorie, en faisant fondre la boule, et je vous ai montré quel parti j'en avais tiré, puis-que j'en avais fait un miroir capable, par son poli, de réfléchir tous les corps placés devant lui. »

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« Très-bien, dit Alexandre, tu as parfaitement pénétré ma pensée. Mais, réponds-moi : Lorsque j'eus placé le miroir dans le bassin ou il descendit au fond de l'eau, pourquoi me l'as-tu renvoyé, après en avoir fait une coupe qui surnageait sur l'eau? » — « Vous vouliez me faire entendre que la vie est courte, que le terme fatal est proche et que beaucoup de science ne peut pas s'acquérir dans un bref délai; je vous ai répondu emblématiquement que je saurais trouver un moyen pour introduire dans votre cœur beaucoup de science, et pour lui donner accès dans votre esprit pendant le peu de temps qui nous est accordé, comme j'avais su en trouver un pour retirer le miroir du fond de l'eau et le faire surnager à la surface. » — « C'est vrai, reprit Alexandre, mais dis-moi maintenant pourquoi, lorsque j'ai eu rempli le vase de terre, tu me l'as renvoyé tel quel, sans lui faire subir une transformation, comme tu l'avais fait précédemment. » — « Je savais que vous vouliez me dire :

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Après la vie, la mort, l'inévitable mort; puis l'édifice de notre être entre dans cet élément froid, sec et lourd, que l'on appelle la terre; là il disparaît, les différentes pièces qui le composaient se disloquent, et le principe spirituel pur, noble, subtil, se dégage de ce corps perceptible. » — « Tout cela est vrai , dit Alexandre, à cause de toi je me montrerai clément envers les Indiens. » Puis il lui assigna une riche pension et lui donna en fiefs de vastes propriétés. Alors le philosophe lui dit : « Si j'avais aimé les richesses, je ne me serais pas consacré à la science; or je ne veux pas introduire dans le sanctuaire de la science ce qui lui est contraire et antipathique. Sachez, ô roi, que la possession entraîne avec elle l'asservissement, et que l'on ne doit pas considérer comme libre et doué de raison celui qui sert un autre que lui-même et qui pratique autre chose que ce qui contribue au perfectionnement de son àme : or qui possède la vertu de perfectionner l'àme, si ce n'est la philosophie, qui lui donne le lustre et la nourriture? Tout au contraire, la jouissance des choses animales et de tout ce qui est créé lui est antipathique.

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Il est reconnu de tout le monde que la sagesse est une voie conduisant aux régions sublimes: celui qui en est dépourvu n'approchera pas de son Créateur. Sachez encore que toute l'organisation du monde est fondée sur la justice, en sorte que ses parties ne sauraient subsister avec l'injustice; la justice est la balance du Créateur, et sa sagesse est comme un instrument qui enlève les taches et toutes les erreurs. De tous les actes de l'homme, le plus semblable à ceux du Créateur, c'est la bienfaisance envers son prochain. Pour vous, ô sage roi, vous avez gouverné jusqu'à présent par la puissance de voire épée; la force de votre autorité, l'arrangement de vos affaires, toute l'économie de votre administration n'ont eu d'autre base que les corps de vos sujets. Il vaut mieux régner sur leurs cœurs par votre bienfaisance, votre justice, votre équité; car vos sujets sont le véritable trésor fie votre empire. Si vous avez la puissance de la parole, ils ont la puissance de l'action : soyez donc circonspect dans vos paroles de manière a n'avoir rien à craindre de leurs actions. Heureux le prince qui voit durer son pouvoir aussi longtemps que ses jours!

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Malheureux celui qui le voit renverser de son vivant! Celui qui prend la justice pour règle de sa conduite, son cœur resplendit du doux éclat de la pureté, » Alexandre, voyant que le philosophe ne voulait pas se fixer près de lui , le laissa retourner dans son pays. Il avait eu avec lui de nombreuses discussions sur toute espèce de sciences. Il y eut aussi des correspondances et des messages échangés entre Alexandre et Kend , roi de l'Inde : nous en avons parlé en détail, tout en citant les pensées les plus saillantes et les traits les plus remarquables, dans nos Annales historiques. Quant à la coupe merveilleuse, Alexandre en fit l'épreuve, en l'emplissant d'eau et en appelant la foule de ses soldats à s'y désaltérer; ils y burent sans que son contenu diminuât en rien. Or cette coupe avait été faite de produits particuliers à l'Inde, de substances immatérielles, de principes parfaits, d'après les données de la divination et d'autres sciences que les Indiens se piquent de posséder. D'autres prétendent qu'elle avait appartenu à Adam, le père des hommes, dans la terre de Serendib, dépendante de l'Inde, où il demeurait.

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Après lui les rois en avaient hérité et se l'étaient transmise par succession jusqu'à ce qu'elle tombât dans les mains du roi Kend, à cause de la grandeur de sa puissance et du haul degré de sagesse où il était parvenu. Il y a encore à ce sujet d'autres traditions que nous avons rapportées dans nos ouvrages précédents. Quant au médecin, on raconte des anecdotes piquantes sur ses rapports avec Alexandre, sur les discussions qu'ils eurent ensemble relativement aux principes de la science et à l'art de la médecine, et sur les progrès qu'ils firent ensemble dans le détail des sciences physiques et des autres sciences. Nous n'en dirons rien ici pour ne pas être trop long, et pour rester fidèle au plan de cet ouvrage, qui est un abrégé; d'ailleurs cela nous conduirait à parler de la divination dont les Indiens se piquent de suivre les règles dans la pratique de la médecine et des autres arts. On raconte encore une foule d'autres détails sur les expéditions d'Alexandre, sur son séjour au milieu des provinces, sur ses marches à travers toutes les régions connues, sur les peuples qu'il observa, sur les sages qui eurent des entrevues avec lui en dépit des distances et de l'éloignement de leur patrie, et malgré la diversité de leur langage, l'étrangeté de leurs coutumes ;

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la différence de leurs qualités et de leur caractère; sur les guerres, les stratagèmes; sur les procédés ingénieux mis en pratique par le conquérant, sur les monuments qu'il a fondés. Nous en avons traité au long dans ceux de nos ouvrages que nous avons nommés, sans parler d'autres particularités que nous passons sous silence. Nous n'avons consigné ici le peu qui précède que pour ne pas laisser ce livre entièrement dénué des légendes qui se rapportent à Alexandre, en même temps que nous racontions ses expéditions et les détails de sa mort.

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After having defeated Porus, one of the kings of India, owner of the city of Mankir, Alexander, as we have said above, saw all the kings of these regions to submit to him, and be quick to offer him presents and pay him tribute. He learned that in the most remote extremities of India there was a king, full of wisdom, very-good administrator, practicing piety, fair to his subjects. He had lived several centuries, and it was superior to all the philosophers and all the sages of India. His name was Kend. Always master himself, he knew mortify the heat of lust, anger and the other passions, he dominated, thanks to a generous natural and constant exercise of all the virtues.


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Alexander wrote him a letter in which he said it, after the usual greetings, "When this letter reaches you, if you're up, do not sit, and if you're on, do not turn the head, otherwise I will put your empire in pieces and I will send you join the kings of India that are no more." On receipt of this message, Kend has replied Alexander on the best terms, and giving him the title of King of Kings. He told him, moreover, that he was in possession of things that no one but him could boast of collecting. It were, he said, a young girl whose sun had never seen the equal for beauty; a philosopher able to prevent its answers any questions you might want to contact him, so great were his mind penetration, the beauty of nature, all his faculties perfect harmony of the vast extent of his knowledge; a doctor with whom we had a fear or illness or accidents, however, except the attack of death and destruction which, coming down upon the edifice of our lives, loosens all links had forms architect and creator of this body of gifted sensitivity; and yet the edifice of the human body and form which he is invested are continually exposed in this world, the attacks of evil, the destruction and discomforts of every kind.


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"In addition to these things, he added, I have a cup such that when the will fill you, with all your army can drink from it without the liquid it contains decreases, and whatever you pour, it will never overflow. Now I want to send all these wonders to the king and go find myself." When Alexander had read the letter and that he had heard, he said, "Owning the four treasures and see what wise escape from my fury , seems to me preferable to what remains with me and perishing." Alexander sent him therefore the wise men of Greece and of Rum with a large escort, and gave them instructions as follows: " If the prince says true gifts what my writing, bring me these wonders and leave it alone has its place, but if you discover that it is quite different, and he gave us false reports, contrary to reality, while , as it will be excluded boundaries of wisdom, do appear before me.


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"The deputation so left. When she arrived in the kingdom of Kend, the prince came to receive the most flattering manner and assigned him the most lavish accommodations. The third day, he wanted to give the Ambassadors a particular hearing but which excluded the men of war that accompanied them. The sages said among themselves. "If he told the truth with respect to the first of the wonders he claims to possess, he certainly did us not deceived by the other three. "Each of them then took place according to his rank, and the session began. The king began by discussing with them the principles of philosophy, and dealt with the physical and divine sciences. A group of sages and philosophers indigenous stood on his left was talk at length about the origin of the world. then everyone defended his opinion and discussion, engaging the different systems of scientists and theories of philosophers, continued without constraint, until that they were arrived at the last limits of their knowledge.


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Then the king summoned the girl. When she appeared before them, they hid their eyes. Hardly had they opened their eyes on one of the parts of her body that she could be seen, it was impossible to divert to contemplate in all its brilliance in all its beauty, the perfection of the person, the harmonious proportion of its forms. After having feared losing the mind, as was the great impression on them by this lovely creature, they returned to themselves and managed to tame the power of passion and solicitations of nature. The king, after having made them see all that he had first promised to show them, dismissed them and sent them with the philosopher, the girl, the doctor and cut. Himself escorted them until a certain distance in their stalls. When the ambassadors had returned to Alexander, the prince bed assign housing physician and philosopher. He did not have rather seen the girl he was hitting her beauty, whose brilliance dazzles his reason, and he has ordered the guardian of his slaves to take care of her.


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Then his attention turned to the philosopher and his knowledge, as well as doctor's knowledge and the rank he held in the practice of medicine and hygiene. Then told ambassadors Alexandre their discussion with the Indian king and spoke to him philosophers and sages whose prince was surrounded. Alexander, very-amazed, considered carefully the manner in which its representatives had exposed their ideas, supported their theses, and measured the space they had traveled in science. Then he examined the arguments by means of which the Indians had defended vicious attacks of their borders, comparing them with the hypotheses proposed by the Greeks and the truths they look like some that are based on the principles that had previously exposed. That done, Alexander wanted To feel himself the reality of what had been reported to him on the philosopher. Are being placed at the void, he let his thoughts float in all directions until it occurred to him to mind an idea with the help of which it is proposed to try the experiment.


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Then he asked a cup, filled to the brim butter without it was possible to add an atom more, and gave a messenger, saying: "Take this cup philosopher without saying a single word. "When the messenger had brought the cup and he had given to the philosopher, the latter with the power of his intellect which he used to unravel the truth and acquire an inner certainty, says:" Why this wise king he sent me the butter? "Then he put his thoughts on the move in search of the problem which occupied. Then he asked a thousand needles pricked into the extremity in butter and sent them to Alexander. This prince ordered that the burst, made a ball of perfect rotundity and sent to the philosopher. The latter, after having carefully examined the work of Alexander ordered that flattens the ball and that in a mirror format to which he give in his presence, polish and luster. He thus obtained a brilliant body, the pure surface and perfectly clear thinking all places objects in front of it; then carried him to Alexander.


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The prince looked at the mirror and saw that it faithfully reproduces the beauty of her features. So he asked a basin, it placed the mirror, was pouring water on it until he was completely covered, and so sent him to the philosopher. This saw him, made to mirror a vase drinking, the form of the so-called tardjehareh, put him in the basin above the water where it floated, and ordered the reportat was Alexander. The king fill the vase with fine earth and sent to the philosopher. It has this view changed color; altera his face, sadness was depicted on every feature, gushed tears from her cheeks; many sighs escaped from his chest, interspersed with loud moans and sobs. He remained thus all day in a complete state of prostration. Then he returned to this weakness, made a violent effort itself and, while speaking, he said, in the form of complaints: "Woe to you, O my soul! Who thee empties into the darkness, led you into this abyss worries, people brought thee to this dark night?


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Do you not walking freely in the field of light, do not you walked proudly in the higher regions, watching the arrival of the emerging clarity, you fulfilling in the world where the day gushes when you was precipitated in the power of darkness and rebellion, injustice and wickedness where you became the prey of the kidnappers and the toy storms? There you are now stripped of your knowledge of hidden things, here you are deprived of space in the blessed holiday! Here you are exposed to all the difficulties! You left far behind you everything desirable. Where are now your beginnings that surrounded so much happiness, where is this happiness that nothing could alter? You currently dwell in the body, and you can not escape yourself from the tyranny of the existence and perversity. O my soul! you dwell in the midst of wild beasts that kill venomous snakes, devastating torrents, burning fires, strong winds. Your life flows in these rough envelopes, or you see are careless and ignorant, who are cautious in good and hungry for all that is wrong. »


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Then, raising his eyes and seeing the stars twinkling, he said in a loud voice: "O traveler star! O luminous body! you are lifted you into a noble residence; Why then are you forfeit your dignity? You earn origin of a sublime world whose souls dwell in the highest areas, where they are based in sanctuaries. Ah! you left early in your heavenly home! "At these words he approached the envoy Alexander and said, pointing to the land to which he had not touched:" Take it and reports it to the king. "When was sent back to Alexander, he told her everything he had witnessed. This prince was could not be more surprised, because he knew that his intention to him and his innermost thoughts were precisely the transmigration of souls from the higher worlds in this world. The next morning he wanted to give naked philosopher special hearing and called him.


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But he had not yet seen. When he appeared, the king, on his curious glances, examined its size and individual. He was a man of great stature, off forehead, well proportioned shapes. Alexander said: "The exterior is not ordinarily combines the practice of wisdom: if this man brings the beauty of the body to the beauty of the mind, it is the only of his age; gold I do not doubt that he has both these two advantages, since it included all the mysterious messages I sent him and he answered my questions without me or conference or interview or discussion. There is certainly no one among his contemporaries, who approach the wisdom or might remonstrate him actually science. "For its part, the philosopher, after watching Alexandre carefully twirled his finger around his face and put it on the tip of his nose; then he quickly advanced to the prince, who was not sitting on his ceremonial throne and greeted him as one greets kings. Alexander motioned him to sit down, which he did.


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Then he said: "Why, after looking at me and throwing up at me, did you turn your finger around the figure and did you put on the tip of your nose? "-" O king, replied the latter, I've seen in the light of my intelligence and in the mirror of my mind. Now I saw that your mind was fixed on me and that in considering my person you told you: This is an exterior that rarely combines practical wisdom, and since it is so, one who is gifted is the sole of his century. Then I ran my finger as if to testify to the truth of your observation, and I made you see a visible sign that seemed to say as there is a nose on my face, so he n 'there is not in all the Indian Empire a man like me, it does not find one that has happened to the same degree as me in wisdom. "Alexander said," You have nothing exaggerated talking about the benefits of your person, and they are united with you in high intelligence whose qualities are such as thou hast described. But let's leave that and talk about something else.

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When I sent you a cup of butter, what was your plan it by pushing needles, and then returning to me? "-" O king, replied the philosopher, I understood what you meant that science filled my mind, like butter filled the cup, so that not a wise would have added to the sum of my knowledge : so I told the king that my science add to his and pierce like these needles pierced butter. "-" But, says Alexander, when one of these needles was a ball that I sent you, why did you beat shaped mirror that you sent me perfectly polite? "-" O prince, you have made me hear your heart, by dint of shed blood, and to administer justice in the world, had become as hard as this ball; in this state he was insensitive to the charms of science and careless to penetrate into the depths of the study and wisdom; then I answered by an allegory, melting the ball, and I showed you what I had pulled out, do as I had done a mirror capable, through its polish, reflect all bodies placed before him. »


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"Very well, said Alexander, you are perfectly penetrated my thoughts. But answer me: When I had placed the mirror in the pelvis or he went down to the bottom of the water, why have you sent me, after making a cut that floated on the water? "-" You wanted to make me understand that life is short, the inevitable end is near and that a lot of science can not be learned in a short time; I replied that I could emblematically find a way into your heart a lot of science and to provide access in your mind during the short time available to us, as I had known to find one to remove the mirror the water bottom and float to the surface. "-" That's right, 'said Alexander, but tell me now why, when I had completed the earthen vessel thou hast sent me as is, without making it undergo a transformation as you had done previously. "-" I knew you would say:


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After life, death, the inevitable death; and the building of our being into this cold element, dry and heavy, which is called the land; there it goes, the different pieces that made up the break up, and the pure spiritual principle, noble, subtle, emerges from this perceptible body. "-" All this is true, says Alexander, because of you I show mercy to the Indians. "Then he assigned him a rich pension and gave him fiefs vast properties. So the philosopher said, "If I had loved the wealth, I would not devote myself to science; or I do not want to introduce into the sanctuary of science which is contrary and rude. Know, O king, that ownership carries with it the bondage, and that we should not consider as free and endowed with reason one who serves another than himself and practicing something else that contributes to the development his soul: or that has the virtue of perfecting the soul, if not philosophy, which gives it luster and food? On the contrary, the enjoyment of things and animals of all that is created it is rude.


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He is known to everyone that wisdom is a path leading to the sublime regions: one who lacks not approach his Creator. You should know that the whole organization of the world is based on justice, so that its parts can not subsist injustice; justice is the balance of the Creator, and his wisdom is like a tool that removes stains and all errors. All acts of man, the most similar to those of the Creator, is the charity toward one another. For you, O wise king, you have until now ruled by the power of even a sword; the strength of your authority, the arrangement of your business, the whole economy of your administration have had no other basis than the bodies of your subjects. It is better to reign in their hearts by your charity, your righteousness, your equity; because your people are the real treasure trust your empire. If you have the power of speech, they have the power of action: so be circumspect in your words so that he has nothing to fear from their actions. Happy the prince who sees his power to last as long as the days!

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Unfortunate one who sees the overthrow of his life! One who takes justice rule of his conduct, his heart shines the soft glow of purity, "Alexander saw that the philosopher did not set with him, let him return to his country. He had with him many discussions about any kind of science. There was also correspondence and messages exchanged between Alexander and Kend king of India: we talked about in detail, while citing the most salient thoughts and the most remarkable features in our historical annals. As for the wonderful Cup Alexander took the test, by filling it with water and calling the crowd of soldiers to quench their thirst; they drank it without its content in any way diminish. But this cup was made of specific products in India, immaterial substances, perfect principles, according to data of divination and other sciences that Indians pride themselves possess. Others claim that it had belonged to Adam, the father of men, in the land of Serendib, dependent on India, where he lived.


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After him the kings had inherited and were inherited by until it fell into the hands of the king Kend, because of the greatness of his power and haul degree of wisdom which he had attained. There are still about that other traditions that we reported in our previous works. As for the doctor, it is said piquant anecdotes about his relationship with Alexander, on the discussions they had together on the principles of science and art of medicine, and the progress they made together in the detail physical science and other sciences. We will not say anything here not too long, and to remain faithful to the plan of this work, which is an abstract; Moreover this would lead us to speak of divination which Indians pride themselves follow the rules in the practice of medicine and other arts. Still tells a host of other details about the expeditions of Alexander, his stay among the provinces, its marches through all known regions, peoples he observed, the sages who were interviewed him despite distances and the remoteness of their country, and despite the diversity of their language, the strangeness of their customs;


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unlike their qualities and character; on wars, schemes; the ingenious methods practiced by the conqueror, the monuments he founded. We have treated at length in those of our works we have appointed, not to mention other features that we ignore. We have not recorded here little above that to not let this book entirely devoid legends relating to Alexander, at the same time we told her expeditions and the details of his death.

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