La Plume et le Masque 

Ceci est un recueil virtuel, tel quel, pêle-mêle et spontané…

Etats d’âme dans un état drame, cette histoire a commencé le mardi 17 mars 2020, nul ne sait à ce jour quand viendra l'épilogue, et même s'il y en aura un (!)

Comme dit l’expression « Bienvenue en Absurdistan », voici quelques poèmes écrits en période de confinements puis de couvre-feux, dans cette prison à ciel ouvert qu’était devenue notre pays qui retrouvait, par la même occasion, la nostalgie du régime de Vichy avec ses délateurs et ces menteurs qui vont si bien avec !

Bien triste d’avoir été contraint au choix entre la peste et le choléra, j’ai arrêté de raconter l’histoire au moment de la reconduction du dictateur en avril 2022, il y aurait tant à dire depuis mais j’ai aussi envie d’aller rêver plus loin !

Rêver

(Offrez-vous donc une évasion)

Nous étions au tout début du confinement. Nous avions droit à une heure de liberté surveillée. Un brigadier nous a reproché une pause de quelques instants sur un banc, et quelques photos d'oiseaux sur la seine que je venais de prendre, sous le prétexte que nous ne courrions pas comme les autres joggers…

Rêver

Peindre ou photographier,

Vagabonder dans son ailleurs

En ne gardant que le meilleur…


Sourire

Et rechercher le doux plaisir,

Écrire à l'encre indélébile

Un poème ou des mots futiles…


Chanter

S'inventer d'autres mélopées,

Tracer dans son imaginaire

Un opéra interstellaire !





Ouvrir

Les cieux cernés d'un avenir,

Scier les barreaux de la cage

Et puis, rattraper les nuages…


Rêver

Qu'on pourra toujours s'envoler

Bien au-delà d'un horizon

Dont nous avons fait nos prisons !


Nul besoin de dérogation,

N'écoutez pas ce qu'on vous dit,

Tout ceci n'est pas interdit ;

Offrez-vous donc une évasion ! 



© Vincent MARIE, Paris, le 8 avril 2020.

Souvenirs de Kommandantur

(Toi dont la triste occupation…)


Texte écrit suite à quelques faits divers rapportés par la presse.

Le « Français moyen anonyme » n’a pas changé depuis les années 40. Heureusement, ces derniers restent encore marginaux mais c’est tout-de-même révoltant de savoir qu’on peut sur un appel téléphonique être victime de délation. Entre les infirmières à qui on demandait de quitter leur logement par peur du Covid et les dénonciations injustifiées sur de simples promeneurs, combien de règlements de comptes, de médisances, de sournoiseries ont été constatés ? Il y en a pour qui l’occupation principale nous en rappelle une autre…

Un poème entre quatre murs,‎

Ce n'est, pour sûr,

Qu'un lent murmure !

Le ciel est par-dessus L'étoile, 

Cousue au revers de la toile…


Qui est atteint, qui ne l'est pas ?

Qui tousse encore en lieu public ?

Qui risque un baiser impudique

Ou pis, se prendre dans les bras ? 


Qui est entré ? Qui est sorti ? 

Qui ose encore aimer la vie ?

On nous observe, on nous espionne....

À notre insu, on téléphone !


La rumeur ‎parle à la rumeur ;

Après le temps des actionnaires,

Viendra le temps des fonctionnaires ;

La rumeur nous dit d'avoir peur !


La rumeur n'est qu'une tumeur,

Un pâle oubli sur l'avant-guerre,

Un triste et douloureux cancer ;

La rumeur dit qu'il faut qu'on pleure ! 


Il y a nous, il y a l'autre

Et l'autre a enfreint le tabou !

Il s'est permis ce rêve flou

Qui a divisé les apôtres…

Mais les corbeaux sont revenus,

Alors quelqu'un a dénoncé,

Un nom a été prononcé,

Les gendarmes sont apparus…


Ô toi qui n'avais rien à faire

De ta vie par procuration,

Toi dont la triste occupation

Nous en rappelle une autre, hier…


Oui, toi qui n'as rien d'autre à faire

Que de te cacher pour médire 

À défaut de mieux te maudire‎,

‎Je voudrais savoir te faire taire !


‎Un poème entre quatre murs,

Ce n'est, pour sûr,

Qu'un lent murmure !

Souvenir de kommandantur…


Cousue au revers de la toile,

Le ciel est par-dessus l'étoile

‪Qu'on nous fera porter un jour !






© Vincent MARIE, le 12 avril 2020.

Confinés entre parenthèses 


Le temps s’était arrêté, l’espace aussi, depuis le 17 mars 2020. Pour autant, en ce 13 avril, il était hors de question pour nous d’arrêter d’être Nous ! Étant en couple depuis le 13 juillet 2012, nous avons instauré une romantique coutume : chaque 13e jour du mois, nous fêtons ce que nous appelons un «mensuversaire». Douze occasions dans l’année de fêter notre bonheur d’être ensemble. Ce poème est une respiration, une affirmation de notre envie de vivre ! 

Confinés entre parenthèses

D'une vie de ponctuation,

Nous sommes des points de suspension ;

Notre poème est en genèse 


Souvent points d'interrogation,

Nous avançons, jour après jour,

Tournons les pages sans détour ;

Notre amour est un trait d'union...


Parfois, le point d'exclamation

D'une dispute nous arrête

Mais, au plus fort de nos tempêtes,

Une virgule nous rend raison…



Les guillemets n'ont pas de prise

Sur notre tendre vérité ! 

Nous n'avons rien à regretter,

Nous  avons dépassé la crise !


Et nous vivrons notre présent 

Même s'il nous semblait imparfait

L'un contre l'autre et, c'est un fait,

Nous avons concordé le temps...


Confinés entre parenthèses

D'une vie de ponctuation,

Nous sommes des points de suspension ;

Notre poème est en genèse…


© Vincent MARIE, le 13 avril 2020.

Jeu de dominos  


L’image de cet horizon rétréci, qui m’a été soufflée par Lucie, traduit le malaise créé par la brutalité de l’enfermement que le confinement nous impose. Elle sentait les perspectives disparaître au profit d’une frontalité fatale de laquelle nous n’allions pas pouvoir sortir de si tôt. Pour ma part à l’origine, c’est l’image du mur d’en face dans notre petite cour qui s’est transformée en dos de dominos, tant c’était tout ou presque ce qu’il nous restait à voir du monde extérieur. Je nous ai vus les uns les autres réduits à ces dominos alignés, qu’une traître et perverse main s’amusait – et s’amuse encore – à faire tomber à sa guise ! 

Coincé entre deux dominos 

Notre horizon s'est rétréci

Au domino suivant celui

Qui s'est placé dans notre dos…


Nous voilà prisonnier d'un jeu

Que nous ne trouvons mêm'pas drôle !

Un jeu sans fin, un jeu de rôle

Dont nous ne connaissons l'enjeu…


Octosyllabes claustrophobes,

Mes mots se perdent dans l'oubli,

Mes cieux se ferment puis supplient,

Mes pensées même se dérobent !





Qui tire le fil des marionnettes ?

À qui peut profiter le crime ? 

‎Dites-moi donc à quoi ça rime,

Expliquez-moi ce qui s'apprête… 


Ce matin, ouvrant ma fenêtre

Et recherchant des yeux l'azur,

Mon regard a heurté ce mur

D'en face où tout doit disparaître ! 


Coincé entre deux dominos 

Notre horizon s'est rétréci

Au domino suivant celui

Qui s'est placé dans notre dos…




© Vincent MARIE, le 18 avril 2020.

Un pont entre deux rives  


Ce jour-là, nous nous promenions sur les quais de Seine et « le ciel de Paris jouait sa valse indécise » (dixit Peter’s Plans in La Rue Du Sans Souci).

Nous étions à la fois sous un ciel bleu et une averse. C’était exactement le contraste des contraires auxquels nous étions soumis. Amoureux, mais apeurés, nous vivions à la fois au grand jour et clandestinement.

Il pleut sous un ciel bleu

Et les vents sont contraires,

Je croyais être heureux

Mais je vis en enfer...


Étrange, les temps changent

Mais le ciel s'en arrange ! 

L'être humain se fait rare

Sur les quais de la gare...


Un pont entre deux rives

Et ces pas inutiles

Quand notre âme dérive,

Quand se vide une ville...

Orage de passage,

Un capricieux nuage

Nous déverse ses larmes

Et nos cieux se désarment...


Il pleut sous un ciel bleu

Et les vents sont contraires,

Mon cœur est amoureux

Mais le monde est en guerre  !



© Vincent MARIE, le 18 avril 2020. 

L'assommoir médical

(Après le bal masqué ou dans la peau d'un certain Emmanuel) 

Référence évidente à Émile Zola. J’étais fatigué d’entendre des discours creux et contradictoires, tant d’improvisations et surtout de mensonges, le matraquage permanent d’une information orientée par les média autorisés, l’amateurisme flagrant de ceux qui étaient censés trouver des solutions adaptées. Bref, les balbutiements et les hésitations d’une communication vraiment improvisée, l’exemple des masques en étant la plus grande preuve. 

J'avais pourtant écrit ce long bien trop long discours

Pour endormir un peuple avant qu'il ne s'insurge,

Il était primordial d'effacer les contours

De mon incompétence en ce printemps qui urge...


Quelques alexandrins noyés d'une romance ;

À l'ouverture du bal, nous porterons un masque 

Et nous pourrons valser en gardant la distance...

Il n'est question ici que d'oublier nos frasques !


À grands coups d'interviews, l'assommoir médical,

Berçant les vérités que le grand média tord,

D'une ordonnance à l'autre, univers carcéral,

Arrêtera l'espoir en criant qu'il a tort...


Il faut un beau laïus pour tous vous enrôler  

Car la peur, serinée à longueur de seringue,

A pour unique option de mieux vous contrôler,

Lobotomie d'état pour mieux vous rendre dingue‎ ! 





Afin d'être certain de vous vider la tête,

Et d'y graver l'oubli avec le temps qui passe,

Il ne me restait plus qu'à noyer les poètes,

Éternels empêcheurs d'hypnotiser en masse !


Qui n'a pas écouté ? Qu'est-ce qui a cloché ?

Qui s'est permis, mâtin, de penser par lui-même ?

Qui ose en mon endroit venir me reprocher

De n'être à la hauteur du douloureux problème ?


J'avais pourtant écrit ce long bien trop long discours

Pour endormir un peuple avant qu'il ne s'insurge,

Il était primordial d'effacer les contours

De mon incompétence en ce printemps qui urge...



© Vincent MARIE, le 23 avril 2020.

Torpeur

(Que les gestes absents sur nos cœurs en exil…)

Juste quelques pas dehors, dans le désert urbain d'une ville fantôme. Où sont perdues les âmes ? Qui rompra le silence posé comme une chape de plomb sur ces trottoirs désormais vides ? Absence, tu nous oppresses lentement et sans bruit. 

Il s'agit là d'un long tunnel ;

On entre dans le noir,

Avançant sans savoir

Quand nos yeux reverront le ciel...


La lumière est au bout,

La lumière est taboue ;

Il faut se contenter d'entrouvrir les paupières...

Le chemin tout tracé

De traces effacées

Et la distance à faire en cherchant ses repères...


Et dans ce long, trop long tunnel,

À pas feutrés, silence,

On apprend la distance

À garder devant l'éternel...


Quand verrons-nous le jour ? 

Quand viendra notre tour

De rêver à plus loin que ne portent nos yeux ?

‎Quel sera l'avenir ? 

Quand pourrons-nous sourire

Et nous dire "il est temps de nous ouvrir les cieux" ? 



 





Quand on sortira du tunnel,

Éblouis, effarés,

Naufragés égarés, 

‎Effrayés d'un simple arc-en-ciel,


Tel de pâles chimères 

‎Au lendemain des guerres,

Ainsi que les zombies de lointains cimetières,

Saurons-nous nous défaire

Des oripeaux, des suaire‎s

Dont nous avions vêtu notre infortunée Terre ? 


Il s'agit là d'un long tunnel ;

On entre dans le noir,

Avançant sans savoir

Que, malgré nous, la vie est belle !




© Vincent MARIE, le 3 mai 2020.

Plus d'un quart d'heure 

et moins d'un mètre 

Il est extrêmement rare que la tirade d'un homme politique m'inspire un poème. Quand on lui demanda s'il comptait installer l'application "StopCovid" dans son téléphone [souvenez-vous, ce mouchard qui pouvait savoir qui était proche de vous à moins d'un mètre pendant plus d'un quart d'heure], Jean-Luc Mélenchon répondit par une boutade pleine de bon sens que voici :

« Je fais partie de ceux qui ne veulent pas qu’on sache près de qui j’étais à moins d’un mètre pendant plus d’un quart d’heure. Je ne veux pas ! Un quart d’heure et moins d’un mètre, c’est le temps d’un baiser… »

Il ne m'en a pas fallu plus pour attraper ma plume !

Plus d'un quart d'heure et moins d'un mètre 

C'est approximativement,

La contraction d'un espace temps,

Ou ‎la distance entre deux êtres !


Juste un quart d'heure et tout fout l'camps

À moins d'un mètre, on est fichus,

Fichés, puis dévoilés, tout nus,

Révélés là, sur le néant ! 


Juste un quart d'heure et moins d'un mètre 

Et la peur nous a déserté ;

C'est comme un air de liberté

Qui nous a ouvert la fenêtre ! 

Juste un quart d'heure et moins d'un mètre,

Enfin pouvoir se rapprocher

Ne plus se faire arraisonner

Par les miliciens chiens du maître !


"Plus d'un quart d'heure et moins d'un mètre, 

C'est juste le temps d'un baiser...‎"





© Vincent MARIE, le 28 mai 202

La peur vous va si bien 

La peur, quand elle est orchestrée, est un puissant moyen d'enfermement. Les dictatures en raffolent pour museler les peuples. Les médias, aux ordres, distillent ce poison pour mieux nous contrôler ! 

Je ne dis pas que je suis téméraire, mais je refuse qu'on me conditionne pour accepter le pire !


J'ai plus envie de vivre libre, quitte à en mourir un jour, ce qui arrivera forcément, que de survivre emprisonné.

La peur vous va si bien, refermez les paupières !

Par-dessus vos sourires, remettez votre masque,

Replacez votre casque

En fermant la visière !

La peur vous va si bien !

La peur vous va si bien !


La peur vous va si bien, gardez vos muselières !

Ne criez pas si fort, on pourrait vous entendre

Et l'on pourrait vous pendre ;

On vous dit de vous taire !

La peur vous va si bien !

La peur vous va si bien !


La peur vous va si bien ; dans ce pays en guerre,

Il vous faut obéir, on vous a donné l'ordre :

Il ne faudra plus mordre

Et vous coucher à terre !

La peur vous va si bien !

La peur vous va si bien !


La peur vous va si bien, laissez les autres faire,

Ils savent tout sur tout, ce sont des spécialistes ;

Êtes-vous sur la liste ?

Avez-vous mieux à faire ?

La peur vous va si bien !

La peur vous va si bien !




 

La peur vous va si bien qu'il vous faut un enfer

Un virus trop malin, des chiffres diaboliques,

Mensonge et statistique

Pour préparer l'hiver ;

La peur vous va si bien !

La peur vous va si bien !


Moi je crois en mes rêves

Et tant-pis si j'en crève ;

Je veux mourir heureux d'avoir connu l'envie !

Moi je crois en mes rêves

Et tant-pis si j'en crève ;

‎Je veux mourir heureux d'avoir vécu ma vie !


La peur vous va si bien, refermez les paupières !

Par-dessus vos sourires, remettez votre masque,

Replacez votre casque

En fermant la visière !

La peur vous va si bien !

La peur vous va si bien !




© Vincent MARIE, le 22 septembre 2020.

Petit Papa Tyran

(Quand tu masqueras le ciel) 


Autopsie d'un meurtre, celui de la vérité !

L'objectif n'étant surtout pas de rester objectif, voici la surenchère ! Statistiques à vendre par ces marchands de larmes qui phagocytent nos écrans télévisuels... L'angoisse se vend beaucoup mieux que la sagesse et la raison. Ce poème est la suite logique de "La peur vous va si bien".

Certains, bien malgré tout, savent raison garder, et c'est ça qui, justement, leur fait peur aux marchands de misère…

Sur beauf FM TV,

Pour paraître normal,

Il faut juste avoir mal‎ !

Sur TF Haine, rivés,

Nos yeux de lacrymal

Épluchent le journal

Comme on pèle un oignon

Qui nous fera pleurer ;

Je n'ai plus d'opinion

Mais je suis apeuré !


Sur Rance TV 1 faux,

J'ai perdu la mémoire

Et le fil de l'histoire ;

J'écoute la radio

Qui prétend tout savoir

Sur les vastes trous noirs

Mais je ne comprends guère

Au fond pourquoi, comment,

Tous ces cris va-t'en guerre

Et tous ces hommes en blanc !




Notre père Président,

Donnez-nous ce matin

Notre peine sans fin,

Enfermez nos enfants,

Contrôlez la distance,

Usez leur innocence…

Notre père dictateur,

Vendez-nous notre mort

Et que ça dure encore

Jusqu'à la dernière heure…


Mais fais bien attention

Petit papa tyran

Tu perds notre attention ;

‎Chaque soleil levant,

Chaque soleil couchant

Nous montre que le monde est en révolution !


Petit papa tyran, 

Quand tu masqueras le ciel,

N'oublie pas qu'il est bien trop grand

Pour ne pas être éternel !



© Vincent MARIE, le 23 septembre 2020.

Penalty

(L'injustice est bien faite)

J'ai écrit ce poème sur le ton du commentaire sportif d'un match de football.

Soudain, les bars marseillais durent fermer sans préavis, ainsi que les commerces. Décision prise depuis Paris comprise comme un mauvais arbitrage tel un penalty non justifié en raison d’une faute imaginaire de toute la cité phocéenne, c’est du moins ce qu’ont ressenti à ce moment là les gens du sud…

Chers téléspectateurs, le match a repris

Entre Marseille ‎et Paris,

La mi-temps terminée,

Les guichets sont fermés !


L'arbitre élyséen, soudain, vient de siffler ;

Tous les joueurs se sont arrêtés !

Le carton est sorti,

Oui, c'est un penalty !


La faute est évidente dit le commentateur,

Il n' y a pas d'erreur

Les marseillais, trop fiers,

Devront perdre la guerre !


Un penalty offert, soudain, comme miracle

Et voici que l'on tacle

Une si belle équipe

Qui joue avec ses tripes !

‎Mais que s'est-il passé pour en arriver là ?

Pourquoi tomber si bas ?

"C'est la faute au virus"

Nous prétend le minus !


La lourde faute incombe aux nombreux supporters

Qui n'ont pas su se taire !

L'ordre est bien confirmé,

Il faut les enfermer !


Et le gardien de but est bien seul dans sa cage

Pour affronter l'orage !

L'injustice est bien faite‎,

La sentence est parfaite !


Reste à savoir, et pas qu'un peu‎,

S'il y aura des arrêts de jeu !


© Vincent MARIE, le 24 septembre 2020.

Sous le manteau de la vie

(Et sans ailes, et sans ciel)

Comment comprendre qu’entasser les gens dans les centres commerciaux soit moins dangereux que de leur permettre d’aller dans des petits commerces ? Comment comprendre qu’acheter un livre soit plus dangereux pour la santé et qu’on puisse l’interdire ? Comment comprendre enfin que la culture puisse être « non essentielle » ? En pleine période de bombardements à Londres dans les années 40, quelqu’un demanda à Winston Churchill s’il n’était pas plus prudent de fermer les théâtres et salles de concerts et d’allouer une partie du budget de la Culture à celui de la Défense. Sa réponse fut : « Mais alors, pourquoi nous battons-nous ? » 

Ivre,

Et tant j’avais, de vivre,

Envie,

Sous le manteau de la vie,

J’ai acheté un livre


Je voulais juste apprendre,

Comprendre,

Rêver et même rire,

Écrire

Ou juste m’évader,

Penser,

Imaginer,

Me fondre d’un nuage,

Contempler une image,

Entendre une musique bercer mon essentiel

Et sans ailes,

Et sans ciel,

M’envoler,

M’étoiler,

Me perdre sans mémoire,

Raconter une histoire,

Parsemer des cristaux d’espoir

Dans les cieux ouverts des enfants…

‎Ivre

Et tant j’avais, de vivre,

Envie

Sous le manteau de la vie

J’ai acheté un livre


Mais on est venu m’interdire

D’essayer de me mettre à lire ;

C’est un produit non officiel

Dans un rayon non essentiel !






© Vincent MARIE, le 3 novembre 2020.

Vœux de non-bonne année

(S'il vous reste un quart d'heure)

En référence à ‏Boris Vian, j'écris ma lettre au Président, non pas pour lui dire que je déserte, bien au contraire, mais pour lui demander de le faire… S'il pouvait en effet s'en aller, se faire un peu oublier, nous foutre un peu la paix, ne serait-ce que pour un soir…


Juste un soir sans mensonge avant de quitter 2020 !

Monsieur le dictateur,‎

Je vous fais une lettre

Que vous lirez peut-être 

S'il vous reste un quart d'heure ;


Je viens de rallumer

Mon vieux téléviseur

Votre voix qui m'écœure

Est venue m'assommer ! 


Je vous le dis tout net

Vous m'avez trop menti,

Je l'avais pressenti,

Vous êtes une girouette...


Monsieur le grand gourou,

Je renie votre secte,

J'attends qu'on me respecte ;

Je n'attends rien de vous !


Je préfère qu'on me dise

Qu'en secret, je complote

En parlant d'un despote

Plutôt que l'on m'enlise...


Aussi, dans la nuitée  

Du 31 décembre,

Je ne veux vous entendre 

Souhaiter la bonne année ! 

‎Si vous pouviez vous taire,

Ne serait-ce qu'un soir,

Ne plus souiller l'espoir

D'un rêve salutaire...


Monsieur le dictateur,

Je me passe de vous ;

Je ne suis qu'un vieux fou

Qui n'a même plus peur…


Vos maux ont goût de fiel,

Vous êtes Machiavel,

Vos désirs sont cruels

Mais bien non essentiels...


Laissez nous vivre un peu,

Ayez de la décence‎,

Et par votre silence

Laissez nous être heureux...


Monsieur le dictateur,‎

Je vous fais une lettre

Que vous lirez peut-être 

S'il vous reste un quart d'heure




Vincent MARIE, le 11 décembre 2020

Don't be 

Une seule pensée, un seul monde, une seule couleur : ne sois pas toi, ne sois pas… Le recul se fait de plus en plus sentir… 

Nous sommes entrés en "1984"… 

Don't be,

Ne sois pas toi, ne sois pas,

Tu n'as pas de raison d'être

Original ici-bas ;

Ton ego doit disparaître !


Don't be,

Ne pense pas par toi-même,

Fends-toi, fonds-toi dans la foule,

Tu aimeras ce qu'on aime,

Tu entreras dans le moule !


Don't be

Ne sois pas un trouble-fête ;

Nous avons tout préparé

Pour mater les fortes têtes

Et les brebis égarées !

‎Don't be

An artist or a dreamer

Over my clouds, Never fly !

Il n'est pas de vie meilleure,

Never looking for the sky !


Don't be

Ne sois pas toi, ne sois pas

Tu n'as d'autre raison d'être

Que de servir, ici-bas,

Les désirs sacrés du Maître !





© Vincent MARIE, le 22 décembre 2020.

Le Miraculé de la Noël 

Un petit conte, sans fée, pour égayer Noël… Il était une fois une crise de foi tant la ficelle est grosse…


Le roitelet se meurt,

Le roitelet guérit,

Le roitelet demeure,

Et le peuple a bien ri !

Il était une fois

Dans une magnifique contrée

Un puissant roi

Si pérorant d'autorité

Que nul n'osait le contrarier !


Il était une fois

Le grand méchant maudit virus

Se faisant une joie

De s'installer sur son campus

Pour jouer à la roulette russe !


Le triste roi

Se déclarant contaminé

Se dit "ma foi,

Je vais me faire examiner,

À la Lanterne m'isoler."


Tous les sujets

De l'impériale majesté

Priaient son retour en santé ;

À l'aube de ce jour férié,

Comment pourraient-ils festoyer ?

Puis arriva Noël !

Survint alors un grand miracle

Une étoile descendit du ciel,

Coup de théâtre en plein spectacle,

Et déjoua tous les oracles !


Le roi était guéri !

Le roi pouvait rentrer chez lui !

Nul ne sait au jour d'aujourd'hui

Quelle potion l'a tiré du lit


Mais tout ceci n'est qu'une histoire,

Combien d'entre nous vont y croire ?





© Vincent MARIE, le 24 décembre 2020.

La Plume et le Masque 

Nous venions de quitter l'an vain, déjà se profilait "l'année du vague sein", dixit Christian DÉCAMPS, chanteur du groupe ANGE.

cela faisait déjà dix mois qu'on me criait de me taire ! Certains "scientifiques" nous préconisant le silence dans les transports en commun, car la voix serait vecteur de contamination !


Le virus minus pourrait-il aussi se transmettre par voie de papyrus ? C'est bien dommage car je n'ai pas l'intention de vous masquer ma plume !

Crier nous était interdit,

Parler plus fort était un crime ;

Il fallait taquiner la rime

En grand secret dans la déprime !


On nous avait donné un masque

En effaçant tous nos sourires,

Nos cheveux rasés sous un casque,

Nous ne rêvions plus d'avenir...


"Penser, Monsieur, n'y songez pas ! 

On vous mènerait au dépôt !" 

Il nous fallait marcher au pas

Sous les fenêtres du prévôt !


Ainsi passa l'an 2020

Suivi d'un pitoyable hiver,

Ainsi passa l'année en vain

Puis on nous a dit de nous taire ! 

Crier m'est toujours interdit

À qui peut profiter ce crime ?

Dire autre chose est un délit

Que la censure ici supprime...


Mais je ne ferai pas vos guerres

je souris à l'envers du masque ;

Pour tuer mon imaginaire,

Il vous faudra bien plus qu'un casque !


Mon encrier est infini

Et mes buvards sont de velours,

Sur mon parchemin, j'ai écrit

Que la nuit cessera... Un jour ! 


Crier nous étant interdit, je ne peux plus masquer ma plume !


© Vincent MARIE, Paris, le 27 janvier 2021. 

La CoVédie Française

(Chronique d'un État drame)

Plus besoin d'ouvrir les théâtres, nous avons en direct les représentations dans nos journaux télévisés. Restez chez vous, la Commedia dell'arte n'est plus à Versailles, mais à l'Élysée ainsi que dans tous les médias autorisés…

Ah ! Mon pauvre Molière, comme les temps ont changé

Au théâtre ce soir, 

Juste un grand rideau noir ;

Écrite en plein diktat,

Une pièce en trois actes :


La Covédie Française

Qui, ne vous en déplaise

Défrayant la chronique 

A trouvé son public...


Parlant sans état d'âme,

Au fond, d'un État Drame ;

L'affiche est délétère,

La critique est sévère !


Mauvaise mise en scène 

Mauvais acteurs en peine

De crédibilité  

Manquant d'humilité !


 Mais la recette est bonne ;

Depuis le temps qu'on donne

À toute la nation

Ces représentations !



Effacer ‎les désirs

Tant on a peur du pire !

Oubliée la misère

Quand on se croit en guerre ! 


Interdits les plaisirs

Les rêves d'avenir, 

Plonger dans le mensonge

L'éponge de nos songes !


Au théâtre ce soir

Juste un grand rideau noir ;

Écrite en plein diktat,

Une pièce en trois actes :


LA COvÉDIE FRANÇAISE !




© Vincent MARIE, le 2 février 2021 

Monsieur le Président Consort

(Impromptu que vous lirez en temps voulu

Apparemment, en ce 14 juillet 2021, les masques sont tombés, certaines personnes se croyaient au-dessus des lois ! En ce soir de (dé)Fête Nationale, Madame la Reine Mère s’est affichée à visage découvert dans la tribune présidentielle, embrassant à tout-va son entourage devant les caméras du monde entier ! S’il y a un pic de contamination à Paris dans les prochains jours, la responsable s’est dénoncée d’elle-même !


Pendant ce temps-là, Le Grand Chefaillon des Armées, qui nous a déclaré la guerre bien avant la crise sanitaire en cours, tente à nous mettre la pression pour nous ôter la liberté de servir ou non de cobaye à l’industrie pharmaceutique ! À défaut d’un vulgaire soufflet, ici, j’écris juste un pamphlet !

Monsieur le Président Manu,

Vous qui voulez me mettre à nu,

Je vous écris cet impromptu

Que vous lirez en temps voulu... 


J'ai vu que votre tendre et chère, 

Et qui nous coûte un peu trop cher, 

Oubliait les gestes barrières

Quand vous me déclariez la guerre ! 


Vous avez tissé maille à maille

La camisole afin qu'elle m'aille

Et l'on isole, vaille que vaille, 

La liberté dans un chandail ! 


Le peuple n'est plus qu'un cobaye

Que l'on envoie, sous la mitraille !

Le peuple n'est que du bétail, 

Peut-être n'est-ce qu'un détail...



Ne serions-nous que marionnettes

À ne plus relever la tête ? 

Quelle direction prend la girouette ? 

Quel prochain vent mauvais se lève ? 


Monsieur le Président Consort

De l'industrie du Média Fort, 

Oseriez-vous dire que j'ai tort

De vouloir protéger mon corps ?


© Vincent MARIE, 

Diktaland en Absurdie, le 16 juillet 2021.





Et je reprends ma plume 

Cela faisait six mois que ma plume était en sommeil, endormie par une sorte de routine qui s'était installée avec le faux espoir d'une issue proche via un retour à la raison et au bon sens. Mais de récentes décisions qui sont advenues alors ont réveillé, chez nombre de citoyens, un sentiment de révolte. Qu'avions-nous fait depuis bientôt deux ans ? Beaucoup d'efforts et de sacrifices pour faire finalement marche arrière. Bis repetitas. Nous sommes revenus au temps où même dans la rue, le masque est de rigueur, alors qu'on continue de fermer des lits dans les hôpitaux ! Nous sommes bel et bien, et tristement, en "Absurdistan" ! 

Et je reprends ma plume

Encrée de vitriol ;

Ils ont plombé l'enclume

Au toit de mon école... 


Pantins aux gestes flasques, 

Nous faisons marche arrière ;

Ils ont remis le masque

En attisant l'enfer ! 

Et je reprends ma plume, 

Un instant oubliée, 

Car une étrange brume

Trouble mon encrier ! 


Je m'étais endormi, vous m'avez réveillé !



© Vincent MARIE, le 30 décembre 2021.

L'obéissance ou la mort sûre

Le bon chienchien à sa mémère  

Bon chien, viens chercher ta récompense ! Cela fait bientôt deux ans que tu attends ta gamelle mais force est de constater que tu auras beau faire le beau, elle sera toujours vide et qu'on t'en demandera toujours plus ! Ils t'ont bien eu tes maîtres à te promettre des choses que tu n'auras jamais ! À la différence du chien, l'homme est un fieffé menteur, surtout dans les hautes sphères

Le bon chienchien à sa mémère

Ne finira pas cet hiver

Sans sa laisse et sa muselière !


Comme il n'a pas été très sage,

On va lui refermer sa cage !


On ne l'a pas très bien dressé,

Nous allons tout recommencer, 

Il ne faut plus le caresser ! 


Et s'il a envie d'aboyer

Interdiction de le choyer !





Vilain chien chien, assis ! Assis !

Méchant clébard, reviens ici ! 

Te relever, c'est interdit !


Le bon chienchien à sa mémère

Ira chez le vétérinaire 

Ou finira à la fourrière !


L'obéissance ou la mort sûre, 

La voix du maître et la piqûre !



© Vincent MARIE, le 30 décembre 2021

PRÉCIEUSES RIDICULES

(Pauvre Molière, si tu savais…)

Je vous parle d'un triumvirat modifiant à sa guise, et sans contre-pouvoir, le quotidien de soixante-sept millions d'individus, appuyés par des médias qui nous prétendent que nous ne sommes pas en dictature. Il n'hésite pas, pour justifier ses mesures, à sombrer dans le ridicule. C'est petit-à-petit qu'il a posé les barreaux sur les fenêtres de nos cages, entravant les rêves, injectant goutte-à-goutte, dans les corps comme dans les esprits, son venin à l'apparence d'un vaccin. 

Trois précieuses ridicules

Et leurs propos obscènes

Ont fait chuter les funambules

En occupant la scène ! 


Piètres illusionnistes, 

En un tour de pass pass, 

Ils ont enfermé les artistes

Et leur ont pris la place ! 


Et voici qu'à présent 

Ces prétendus roi mages

Viennent voler tous les présents 

Des tristes enfants sages ! 

Mais Jusqu'où iront-ils 

Pour asseoir leur pouvoir ? 

Condamneront-ils à l'exil

Nos tous derniers espoirs ? 


Trois précieuses ridicules

Ont fermé le rideau 

Du théâtre des libellules ;

Le rêve était trop beau... 


Le rêve était de trop ! 



© Vincent MARIE, le 31 décembre 2021

Mais, pourtant, nous vous remercions

(Lettre de licenciement)

Dixit Manu : "J'ai envie d'emmerder les français"... On n'avait jamais vu cela avant !

Se prenant pour un monarque, oubliant toute retenue, celui que les français ont amené au pouvoir se permet de les insulter, de les mépriser, espérant par ses propos les pousser les un contre les autres. Le prétexte de mesures sanitaires ne passe plus… Nous avons bien affaire à un fou dangereux, un mégalo, voire un gamin capricieux dans une cour de récréation.

Monsieur, 


Je suis surpris

Par votre outrage

Que signifie

Cet écart de langage ? 


Vous avez déclaré en audience publique

Vouloir "emmerder" les quelques millions de Français

Dont vous n'êtes pourtant qu'un petit salarié,

Alors il faut qu'on vous explique :


C'est nous qui vous payons,

Nous sommes vos employeurs ; 

Vos propos sans valeur

Ont dépassé toute raison ! 


Insulter de la sorte

Ceux que vous devriez servir

Nous pousse à vous écrire 

Vous priant de prendre la porte…


Nous ne vous remercions pas

Mais, pourtant, nous vous remercions

Car vous avez franchi un pas

Que, jamais, nous n'accepterons ! 


Ce n'est plus une simple bourde, 

Il s'agit d'une faute lourde ! 


Insulte à l'employeur, 

Justifiant à cette heure

Ce courrier de licenciement ! 

À partir de ce jour, vous n'êtes plus mon président !


© Vincent MARIE, le 5 janvier 2022

Je m'attendais à mieux de nous

Et voilà, la boucle est bouclée, nous étions revenus en 2017…

Les mêmes joueurs, les mêmes cartes, les même dés pipés, un jeu truqué d'avance, on prend les mêmes et on recommence !

Manu a obtenu très exactement ce qu'il souhaitait nous imposer pour ce scrutin qui n'en était plus un… 

il ne nous restait plus qu'à choisir entre voir le peuple à genoux pour lui baiser sa main de roitelet ou la mère fouettarde et ses waffen SS, toujours en embuscade.

Entre la peste brune ou le chaud choléra, j'ai décidé alors d'aller rêver plus loin !

Je m'attendais vraiment à mieux

Mais l'histoire, encore, se répète ;

Tant de balbutiements curieux, 

Et tant de mémoires incomplètes... 


Je pensais enfin m'endormir

En rêvant d'un prochain été, 

Ne surtout jamais revenir

Pleurer en ce mont de piété ! 


Mais le diable aujourd'hui s'éveille, 

Il porte en lui ses deux visages :

Janus et Machiavel veillent

Sur nous comme de mauvais présages... 

La peste soit du choléra 

Qui nous as bien manipulés ;

Entre dictature ou trépas, 

Qui parle encore de libertés ? 


Je m'attendais à mieux de nous

Qui n'attendions plus rien de vous !




© Vincent MARIE, pris en otage entre deux dictatures, 

Paris, dans ce qui fut la France, le 20 avril 2022...