Le vitrail évoque pour beaucoup d'entre nous les magnifiques réalisations du Moyen-âge ornant l'architecture gothique des cathédrales. Tombé en désuétude aux XVIIe et XVIIIe siècles, il connait un regain d'intérêt au XIXe siècle, et accompagne à merveille l'architecture Art Nouveau et suivantes.
Le vitrail traditionnel est un assemblage de verres colorés et/ou décorés, qui sont assemblés entre eux grâce à des baguettes de plomb soudées, ce qui en fait un ensemble relativement lourd. De plus, il existe un risque pour la santé à utiliser du plomb. Le vitrail selon la méthode Tiffany élimine ces écueils.
C'est Louis Comfort Tiffany, le fils de Charles Lewis Tiffany célèbre joailler new-yorkais de la 5ème avenue, qui a inventé cette méthode à la fin du XIXe siècle. Artiste et entrepreneur de talent, il a multiplié les innovations tant dans la genèse de nouveaux types de verres que dans la façon de les mettre en œuvre. Ses lampes de style Art Nouveau, en particulier, sont mondialement réputées : elles ont magnifiquement accompagné la naissance de l'électricité.
A la différence du vitrail traditionnel serti au plomb, dans la méthode Tiffany les morceaux de verre découpés sont entourés d'un ruban de cuivre autocollant . Un soin tout particulier doit être apporté à la pose du cuivre, qui doit avoir un rendu le plus lisse possible. Une fine couche de soudure à l'étain est ensuite posée sur le cuivre, ce qui permet à toutes les découpes de verre de rester solidaires les unes des autres. On pose la soudure avec un léger bombement pour améliorer l'esthétique de la réalisation. Avec cette technique, les objets laissent toujours aussi bien passer la lumière, mais ils sont beaucoup plus légers.
Le matériel pour réaliser un vitrail Tiffany est assez sobre : du beau verre spécialement dédié à cette technique, une meuleuse pour ajuster les morceaux de verre, du ruban de cuivre autocollant, un fer à souder et des baguettes d'étain. Par contre, c'est un travail extrêmement minutieux qui demande du temps et de la patience : il faut parfois plusieurs semaines, voire des mois, pour terminer une grande pièce.
Les étapes de la réalisation d'une création en Tiffany :
choisir les verres qui seront utilisés, et harmoniser entre eux et avec le projet artistique
réaliser le tracé du dessin à l'échelle 1/1 ( ou utiliser un modèle), le coller sur une planche en bois, poser par dessus un plastique transparent. Éventuellement, poser un cadre en limite de dessin.
reproduire chaque élément du tracé ( le gabarit) sur du papier calque, ou sur du carton, en le repérant précisément ( numérotation , direction) et le découper.
grâce au gabarit, reproduire le contour de la pièce sur le verre choisi.
couper le verre selon le contour dessiné, puis le meuler pour qu'il s'ajuste parfaitement à la pièce précédente, en éliminant toutes les aspérités. On travaille pièce par pièce pour davantage de précision dans l'assemblage.
lorsque le morceau de verre est bien sec, le sertir de cuivre en lissant bien le chant et les débords, puis, à l'aide d'un scotch double-face, le coller à sa place sur le dessin pour qu'il ne bouge plus.
continuer ainsi pour toutes les pièces, comme pour la reconstitution d'un puzzle.
bien caler l'ensemble des pièces avant de passer à la soudure ( surtout en l'absence de cadre extérieur)
enduire tout le cuivre d'un acide puis y étaler l'étain au fer à souder, d'un côté puis de l'autre, en provoquant un léger bombement de la soudure pour une finition esthétique.
Seul le fond du cadre est déjà réalisé.
Ici, la création est positionnée dans un cadre réglable : on commence par les pièces les plus grosses.
"Chat" avance !
Certaines pièces sont déjà serties de cuivre.
Encore un peu plus tard.
Il est important de repérer le sens d'une pièce pour adapter le veinage du verre au dessin
Le chat est terminé
Toutes les pièces ont été assemblées, serties au cuivre puis soudées entre elles
Sur l'étagère, quelques réalisations en Tiffany
Retrouvez d'autres réalisations en Tiffany dans la rubrique "Les créations"