18 espèces en Belgique

Les tiques sont des acariens qui se nourrissent de sang. L’œuf se transforme en larve, en nymphe et ensuite en adulte sexué. Toutes les espèces de tiques ont besoin d'au moins un repas de sang pour changer de stade de développement. La plupart ne prennent qu'un repas par stade. Elles s' accrochent à un hôte plusieurs jours pour obtenir un repas complet. Pour éviter que l'hôte ne s’aperçoive de leur présence, elles injectent une substance qui rend la morsure indolore. Sur l'être humain elle passent facilement sous les vêtements et s'accrochent préférentiellement dans des plis ou recoins tels les parties intimes, le nombril, le dessous de bras, creux de genoux ou les cheveux. Après son repas elle se laisse tomber au sol pour changer de stade. Chaque stade peut attendre plusieurs années à l'affût avant de trouver un hôte adéquat. Les larves ont 6 pattes et les adultes 8 pattes. Leur corps a la forme d'un ovale aplati avant le repas, et la forme d'un haricot sec après repas de sang.

ESPÈCES PROCHES DES ÊTRES HUMAINS

Ixodes ricinus - la tique du mouton - responsable de la majorité des morsures

  • Présente dans toutes les provinces de Belgique
  • 1 tique sur 2 est infectée par 1 à 5 maladies différentes
  • quelques minutes suffisent parfois à la transmission
  • 20 maladies présentes en Belgique dont certaines mortelles

I. ricinus est un vecteur confirmé de nombreux organismes pathogènes pour l’être humain. Plusieurs facteurs contribuent à son efficacité.

  1. C’est l’espèce la plus abondante en Europe et tous les stades de l’espèce mordent l’être humain.
  2. L’espèce prend un repas de sang à chaque stade, et donc sur trois hôtes différents en un cycle de vie, et parasite un large spectre d’hôtes dont la plupart des mammifères (écureuil, blaireau, sanglier, cervidés, renard, chien, chat, vache, mouton, cheval, rat, lapin, chauve-souris...) , des oiseaux (merle, rouge-gorge, mésange, faisan,…) et des reptiles, lézards et amphibiens. Les larves et nymphes sont présentes sur tous les types d’hôtes mais plus fréquentes sur les rongeurs et oiseaux. Les adultes se nourrissent sur les mammifères plus grands. Un large spectre d’hôtes se traduit par de nombreuses possibilités de rencontrer des organismes pathogènes et de se disperser dans de nombreux habitats.
  3. La plasticité phénologique est grande :
    • les trois stades peuvent survivre un mois sous l’eau, plusieurs tiques survivent à des températures de -10 degrés, et des nymphes non gorgées - gardées vivantes plusieurs mois au frigo où elles entrent en phase de dormance - se réveillent en quelques minutes au contact tiède de la main.
    • L’espèce est sensible à la dessiccation et ne se rencontre pas dans les zones arides ou sans végétation. Une température supérieure à 35 degrés pendant 2 semaines tue tous les stades. La tolérance à la dessiccation est améliorée pour les tiques infectées par la borréliose.
    • L’espèce trouve refuge dans la litière ou dans les crevasses du sol. La tique interrompt sa quête d’hôtes et redescend le long de la végétation pour se réhydrater (quiescence). Un groupe de chercheurs a découvert qu’après la tombée de la nuit, la quiescence était interrompue par des déplacements pouvant aller jusqu’à 9 mètres.

Les populations de cette espèce de tique sont en augmentation avec 64% de tiques en plus en 2013 que la moyenne des cinq années précédentes aux Pays-Bas.

Ixodes hexagonus - la tique du hérisson - dans les jardins , potager et terrier

  • Présente dans toutes les provinces
  • Morsure occasionnelle si contact dans un terrier ou nid ouvert au sol
  • Taux d'infestation par la borréliose de Lyme élevé
  • Ne chasse pas à l'affût

Ixodes hexagonus est un vecteur confirmé de la borréliose (28% de tiques infectées). C’est une espèce nidicole qu’on trouve dans les terriers mais aussi occasionnellement dans les grottes. Cela réduit les possibilités de contacts entre ce vecteur et l’homme, cependant:

  1. Les infestations humaines étaient fréquentes au cours de la guerre quand les populations se mettaient à l’abri des raids aériens dans des abris souterrains. C’est une tique considérée comme un parasite courant de l’être humain en Allemagne et au Royaume-Uni.
  2. L’espèce parasite une grande variété de mammifères dont les hérissons, les renards, les putois, les blaireaux, les cervidés mais également les chats et les chiens ce qui accroît la dispersion des tiques et leur importation dans les jardins, les rendant proches de l’être humain.
  3. L’espèce est présente dans les jardins urbains.
  4. La plupart des hérissons sont infestés et la présence de tiques dans leurs nids de surface est une menace potentielle lors du jardinage.
  5. Cette espèce peut infecter des personnes qui ne sont normalement pas à risque ( milieu urbain) et sont donc diagnostiquées tardivement.
  6. L’espèce est active toute l’année.
  7. La Maladie de Lyme (ou borréliose de Lyme) est transmise de la tique adulte aux œufs ce qui donne de hauts taux d’infection dans les larves. Or les morsures de larves sont très difficiles à détecter sur la peau.
  8. L’espèce maintient également un haut taux d’infection dans les mammifères et crée des foyers d’infection forte dans la faune sauvage qui agit comme réservoir.
  9. La borréliose peut ensuite être transmise aux humains par Ixodes ricinus qui partage les mêmes hôtes.

Dermacentor reticulatus

  • Morsures possibles mais plus rares
  • Vecteur de maladies du bétail
  • Présent plus localement

Cette espèce semble moins fréquente et plus localisée. Il semble que cette espèce ne pratique pas l’affût lors des mois les plus chauds lorsque les humains fréquentent davantage les zones naturelles. L’espèce a été trouvée sur des sangliers, cervidés, chiens, chevaux, chats, loups et plus rarement sur oiseaux. Elle peut mordre l’homme. Les adultes chassent à l’affût sur la végétation mais les juvéniles sont nidicoles et donc principalement dans les terriers.

Cette espèce semble en expansion en Europe. Elle a un rôle pathogène important.

Rhipicephalus sanguineus

  • Ne survit pas à l'extérieur en Belgique
  • Le plus souvent importé sur chiens de retour de vacances
  • Survit et se multiplie dans les maison jusqu'à causer de véritables infestations
  • Vecteur de nombreuses maladies graves

C’est une espèce tropicale très commune sur les chiens du pourtour méditerranéen. Elle a été transportée par cet hôte dans de nombreuses régions. Dans le nord, elle est importée sur des chiens ou plus rarement des lièvres, bovidés, chevaux ou plantes. La tique ne peut survivre à l’extérieur au nord de paris mais elle survit et se multiplie à l’intérieur des maisons et des chenils.

Contrairement aux autres espèces ci-dessus, cette espèce chasse activement et cherche un hôte en se déplaçant, elle peut boire de l’eau et survivre pendant des années à l’intérieur des bâtiments. Elle cause des infestations dans les maisons aux Pays-Bas, en Allemagne, en Suisse et à Berlin. Les populations de tiques peuvent passer d’une femelle gorgée à des milliers de tiques et d’œufs en quelques années. Les œufs sont cachés dans les crevasses et les tiques se déplacent. La température moyenne limite probablement sa distribution au nord. Cette espèce est rarement trouvée sur l’homme mais semble occasionnellement plus agressive, représentant par moment 7% des tiques qui mordent les hommes. On a relevé en France jusqu’à 22 tiques de cette espèce sur une seule personne. Des études suggèrent une augmentation de l’agressivité liée à l’augmentation de température mais cela doit encore être clarifié.

Son rôle pathogène est très important. Elle transmet la fièvre boutonneuse ou fièvre de Marseille, une rickettsiose due à Rickettsia conori, endémique sur le littoral méditerranéen. L’organisme pathogène passe de la tique adulte aux œufs, avec une prévalence dans les nymphes qui infestent les maisons qui peut atteindre 40% contre 1% en milieu naturel.

Argas reflexus

  • Morsures fréquentes
  • Pas de maladies transmises mais réactions parfois fortes

Argas reflexus est fréquent sur les pigeons mais mordra l’homme, les chevaux ou les poulets dans les bâtiments si leur hôte préférentiel disparaît. La famille des Argasidés diffère des Ixodes par ses habitudes alimentaires. Les tiques de cette famille prennent de nombreux repas très courts (moins d’une heure). Elles se nourrissent sur 8 à 12 hôtes par cycle de vie et passent la majorité du temps dans l’habitat de l’hôte. Les habitations infestées restent non détectées pendant des années à cause du comportement nocturne des tiques qui y chassent activement, de leur préférence nette pour les pigeons et de la rapidité des repas. Cependant, quand les pigeons sont éradiqués, les A. reflexus apparaissent à la recherche d’hôtes alternatifs. Bien que la constitution d’une large population de tiques dans une habitation puisse prendre des années, des milliers de tiques ont été découvertes à plusieurs reprises lors d’investigations de 188 buildings infestés en Allemagne. La recherche de tiques avant la rénovation est actuellement une recommandation classique en Allemagne.

Les particularités de cette espèce comprennent : un long cycle de vie dont jusqu’à 9 ans sans nourriture, un taux bas de perte en eau, une absorption de la vapeur d’eau à humidité relative de 75% et une haute tolérance aux températures extrêmes. Les mouvements sont réduits à la période de recherche d’hôtes. Le reste du temps les tiques sont agrégées dans les crevasses des murs. Les morsures peuvent causer des allergies, chocs anaphylactiques et pertes de conscience.

Argas vespertillionis

Rôle de vecteur non confirmé

Morsures dans les maisons avec présence saisonnière de chauve-souris en sous toiture

Argas vespertilionis parasite les chauves-souris. L'espèce reste l’année entière près des grottes ou autres abris des chauves-souris (dessous de toit de maison), que les chauves-souris soient présentes ou non. Les tiques mordent d’autres hôtes en l’absence de leurs hôtes préférentiels et mordent volontiers l’homme. Des personnes rapportent des morsures dans les grottes ou dans leur lit quand les chauves-souris sont sous leur toit. La larve s’attache à l’hôte 19 jours mais les nymphes et adultes se nourrissent en moins d’une heure. Elles font de nombreux petits repas sur des hôtes différents et peuvent donc accumuler de nombreux pathogènes. A. vespertilionis cause des morsures irritantes aux hommes, et des spécimens du pathogène de la fièvre Q (Coxiella burnetii) ont été isolés sur des tiques mortes depuis un an. Une étude de pathogènes sur des spécimens de musée a montré la présence de borréliose dans 84% des spécimens . Des borrélies ont été découvertes sur une chauve-souris moribonde parasitée par A. vespertilionis.

Autres espèces SUR PETITS MAMMIFÈRES

Les petits mammifères et notamment les rongeurs sont des réservoirs de nombreuses maladies. En plus des tiques Ixodes ricinus, Ixodes hexagonus et Dermacentor, ont trouve aussi les tiques suivantes sur ce type d’hôtes :

  • Ixodes canisuga est une espèce moins fréquente qu’I.hexagonus, qui se rencontre sur les carnivores: chien, blaireau, renard, putois, furet. On la trouve néanmoins sur la moitié des renards au nord de la France et jusqu’à 200 spécimens ont été rapportés sur le même chien. Au Royaume- Uni, elle constitue 11 % des tiques sur chiens, mais aucune en Belgique. Cette espèce nidicole est trouvée dans les terriers et nids et plus rarement dans les grottes. 30% des tiques sont infectées par la borrélioses en Espagne.
  • Ixodes trianguliceps se rencontre presque exclusivement sur musaraigne et rongeurs, exceptionnellement sur taupe, oiseau, chèvre et très rarement sur l’homme. C’est une espèce nidicole mais qui peut attendre ses hôtes près de la surface. Très commune dans les biotopes humides : landes, prairies, forêt de pins, feuillus dont bouleaux. En France les juvéniles sont trouvés sur le même rongeur que D. reticulatus, I. acuminatus, et I. ricinus.
  • Ixodes accuminatus est encore une tique de petits rongeurs, d’insectivores et de petits carnivores, parfois d’oiseaux. On la connaît surtout du Nord de la France, de l’Ouest, du Sud-Ouest et du Bassin méditerranéen. Elle mord rarement l’homme.

Autres espèces SUR OISEAUX

Les oiseaux transportent probablement des tiques dans la plupart des localisations géographiques. La présence de 6 espèces de borrélies pathogènes pour l’homme dans les tiques Ixodes frontalis et Ixodes arboricola en Belgique suggère un rôle potentiel dans le cycle de la borréliose. 30% des tiques collectées sur mésanges étaient infectées. Jusqu’à 50% des I. frontalis et également Ixodes lividus étaient infectés dans d’autres pays. Si ces tiques mordent rarement l’homme, elles contribuent sans doute à maintenir la borréliose dans la faune sauvage.

  • Ixodes frontalis est la tique la plus fréquente sur les oiseaux en Belgique. Elle est associée à une large variété d’oiseaux avec jusqu’à 30 spécimens par oiseau. Cette tique est également trouvée à l’affût sur la végétation.
  • Ixodes arboricola est nidicole et infeste les oiseaux et les chauve-souris. La mésange charbonnière est sans doute l’hôte principal mais des infestations sévères sont observées sur l’étourneau commun et le faucon pèlerin.
  • I. lividus se trouve principalement sur l’hirondelle des rivages et dans son nid. Quelques observations sont aussi recensées sur mésange et dans le nid d’une hirondelle des fenêtres au Japon.
  • Ixodes uriae se rencontre uniquement sur les oiseaux de mer et dans leurs nids. Elle peut s’attaquer a l’homme et héberger des virus et la borréliose.

Autres espèces TRÈS LOCALISÉES ou avec peu d'informations disponibles

  • Haemaphysalis punctata (sur de nombreux mammifères et oiseaux dans toute la France).
  • Haemaphysdiis concinna (sur bœuf, mouton, cerf et hérisson, plus rare).
  • Haemaphysalis inermis (sur cerf et petits rongeurs, assez rarement signalée en France).
  • Hyalomma aegyptium (régulièrement importée avec des tortues terrestres)
  • Ixodes vespertilionis (pas de pathogènes et que sur chauve-souris).