La maladie de Lyme

MALADIES TRANSMISES PAR LES TIQUES

Borrélioses (dont Maladie de Lyme)1

Les tests

Les Borrelia trouvées dans les tiques en Belgique, aux Pays-Bas et France, comprennent plusieurs espèces qui ne sont pas détectées par les tests sérologiques actuels (Borrelia bavariensis, Borrelia valaisiana, Borrelia turdi, Borrelia lusitaniae et Borrelia myamotoi). La détection des autres espèces courantes (Borrelia burgdorferi sensu stricto, Borrelia garinii, Borrelia afzelii, Borrelia spielmanii), varie selon le test employé et donc selon le laboratoire. Des espèces telles que Borrelia spielmanii n'ont été rajoutées dans les tests que récemment. Les symptômes semblent varier selon l'espèce. En Belgique, 10% des tiques sur chiens sont infectées, mais localement des taux de 45% d'infection ont été notés. 30% des tiques d'oiseaux collectées sont infectées. De ce fait, de nombreuses personnes testées ont reçu un résultat de test négatif à tort.


Une autre source d'erreur se situe dans le manque d'information au médecin. Les tests sérologiques pour la maladie de Lyme ne doivent pas être fait lors de la présence d'un érythème migrant car ils sont alors en majorité négatifs pendant plusieurs semaines. Les patients doivent être traités directement et les tests durant cette période ne sont pas valides et seront en majorité négatif même en cas d'infection



Conséquence pour les maladies chroniques

La maladie de Lyme ou plutôt les borrélioses peuvent présenter de nombreux symptômes qui varient d'un patient à l'autre mais également selon l'espèce de Borrélie présente dans la tique infectante. Ces symptômes peuvent mimer des maladies chroniques courantes. Si le test donne un faux négatif, le diagnostic différentiel est faussé et la maladie n'est pas traitée et peut évoluer vers la mort du patient. Par exemple, les symptômes de désorientation, perte de m émoire, agressivité, peuvent être confondu avec un Alzheimer; les fourmillements, problème visuel et plaques dans le cerveau peuvent être confondu avec une sclérose en plaques; les douleurs, sensation de brûlures, douleur migrante peuvent être confondue avec de la fibromyalgie; la fatigue constante est prise pour le syndrome de fatigue chronique; les manques d'attention, de concentration, nervosité chez l'enfant sont pris pour un syndrome d'hyperactivité.


Le nombre de personnes touchées

Un article scientifique paru dans Acta Clinia Belgica (Obsomer et al, Dutch border impervious to ticks or Lyme borreliosis underreporting in Belgium. Acta Clinica Belgica 2013. 68 (5): 390) estime à 15000 le nombre de nouveau cas de Borréliose par an dans notre pays en 2009. Au vu de l'augmentation du nombre de cas documentée aux Pays-Bas ( en Belgique pas de suivi efficace), nous devons probablement atteindre les 20000 cas en 2014. Bien que l'institut de santé publique et le ministère soit au courant de ces chiffres alarmants ( 10000 cas au moins confirmé par la ministre Onkelinx en réponse à la question du député Franco Séminara à la chambre (27/01/2014) question B145), l'institut publie chaque année les chiffres de surveillance en signalant 1000 cas détectés et en oubliant de mentionner qu'il y a au moins 15 fois plus de cas, et la ministre répond également de manière ambigüe aux interpellations de la sénatrice Nele Lijnen à la chambre ( question 5 -6023).


Les personnes non diagnostiquées ou inadéquatement prises en charge

Les personnes qui ne développent pas l'érythème: en Belgique, 37% des personnes atteintes de la maladie ne développent pas d'érythème migrant (la tache typique rouge qui s’agrandit) et ne sont diagnostiqués que plus tard lorsque des symptômes graves apparaissent ou plus difficilement s'ils présentent seulement des symptômes atypiques tels que fatigue chronique (Bigaignon et al 1997). Le manque d'efficacité des tests actuels est un réel problème pour la prise en charge de ces patients. Des nouvelles méthodes d'analyse basées sur les symptômes sont développées aux états-unis et en Allemagne et mise en pratique par un nombre croissant de médecins en France et en Belgique, mais malheureusement pas encore dans les centres hospitaliers.

Les personnes qui développent un érythème et reçoivent un traitement inadéquat: les recommandations internationales (Stanek 2010) sont de traiter les érythèmes migrants le plus vite possible ( car c'est une phase de dissémination de la maladie) avec des antibiotiques pendant un certain temps ( varie selon les recommandations). Une partie des médecins belges ne traitent pas les érythèmes migrants ( ne donnent aucun antibiotique), d'autres donnent un traitement trop court ou avec des médicaments inefficaces. Parfois un test sérologique est demandé et revient négatif ( il est normalement négatif plusieurs semaines après la morsures et ne devient positif qu'après), et le traitement est alors arrêté trop tôt. L'érythème disparaît à terme en général même sans traitement mais la maladie évolue alors vers d'autres formes de symptômes.

Les personnes qui ont une tâche mais ne pensent pas que c'est un érythème: principalement pour deux raisons: 1) Ils ne savent pas qu'ils ont été mordu par une tique et ne relient donc par l'apparition de la tâche à un diagnostic d'érythème ( souvent ne consultent même pas le médecin), 2) ils ont retiré la tique dans les 12h00 et pensent donc être à l'abri de la Borréliose. Néanmoins:

1) On sait que la moitié des tiques transmettent l'infection dans les 18h00 mais on ne sait pas vraiment à partir de quelle heure cela commence

2) En France, le consensus pour la Borréliose de Lyme parle d'infection après 8h00

3) Lorsque la tique est infectée par un grand nombre de borrélies, elles sont déjà présentes dans les pièces buccales de la tique et donc transmises à la morsure

4) Si la méthode de retrait de la tique est inadaptée ( presser sur le ventre, mettre un produit sur la tique) alors elle régurgite dans la plaie et transmet directement l'infection

Les personnes mordues par des tiques sans s'en rendre compte

Des résultats préliminaires de l'enquête il ressort que 40% des personnes ne savent pas que les tiques se déplacent sur et sous les vêtements avant de choisir un endroit de morsures, 38% des morsures sont signalées dans des jardins personnels ou d'amis chez qui on est en visite, 35% des lieux de morsures sur le corps sont des zones difficiles à explorer (cheveux, arrières des oreilles, ligne de la nuque, dos, arrière du genou, entre les doigts de pieds, et surtout sur les parties intimes

Les personnes qui ont reçu l'infection in utero

Le Professeur Francis Zech, doyen actuel de la faculté de médecine de l'université catholique de Louvain a publié dans Louvain médical les informations suivantes sur la transmission in utero (Louvain Med, 119: 28-41, 2000)

POINT DE VUE MATERNEL: La maladie de Lyme n’est ni plus fréquente, ni plus sévère, en cas de grossesse.

POINT DE VUE FOETAL: Une maladie de Lyme qui se déroule pendant une grossesse est dangereuse pour le foetus. Comme pour la toxoplasmose, le germe passe mieux en fin de grossesse, mais les dégâts sont beaucoup plus graves si le germe passe en début de grossesse.

La maladie de Lyme est responsable d’avortements spontanés, de mortinatalité, de naissances d’enfants porteurs de séquelles graves de l’infection in utero, et de naissances d’enfants en cours d’infection active. Les séquelles peuvent être lourdes: on a déjà identifié des malformations cardiaques (communication interventriculaire, coarctation de l’aorte), et des malformations du squelette (syndactylie). Quant à l’infection néonatale active, elle peut entraîner la mort de l’enfant, dans un tableau comparable à l’infection produite au même âge par Toxoplasma ou par le cytomégalovirus. Comme avec ces autres infections, les enfants qui guérissent ont parfois des séquelles neurologiques, par exemple de la spasticité, ou un retard mental. Ajoutons qu’une myocardite est fréquente, et est parfois responsable de mort subite du nourrisson. Il faut absolument dépister la maladie de Lyme et, au besoin, la traiter. On a pu établir que la fréquence des événements cliniquement significatifs chez l’enfant passe de 75%, en l’absence de traitement chez la mère, à 25%, si la mère est traitée.