L'apport du LiDaR

Rendre visible l'invisible

Depuis une trentaine d’années maintenant, la technologie LiDaR est incontournable pour documenter à la fois l’état sanitaire des forêts et le potentiel archéologique qu’elles renferment. L’envoi d’un faisceau laser à haute densité depuis une plateforme aéroportée en direction du sol permet un balayage complet du paysage générant de très volumineux nuages de points. La classification des échos enregistrés (végétation haute, moyenne et basse, bâtiments, sol) permet d’extraire un Modèle Numérique du Terrain (MNT) après filtrage des points-sols et suppression virtuelle de la végétation. Ce Modèle Numérique de Terrain, qui représente le sol nu, peut être l’objet de différentes techniques de visualisation permettant de mettre en lumière les micro-reliefs les plus discrets (qu’ils soient positifs ou négatifs). Cette technique a permis de documenter de vastes zones boisées et de révéler ainsi leur potentiel archéologique. Là où les travaux de terrain comme les prospections et relevés effectués manuellement depuis le sol n’avaient permis que de documenter des surfaces relativement réduites, et avec une précision topographique faible en raison des difficultés inhérentes au milieu forestier, les données Lidar fournissent une forme de continuité spatiale de l’information propice à la mise en évidence d’aménagements de l’espace sur de vastes superficies, comme des parcellaires, des voies de circulation, des zones d’exploitation minière ou charbonnière.

Le projet d’une acquisition de données Lidar sur tout ou partie de ces massifs forestiers s’est imposé assez vite entre tous les participants. En effet, une telle couverture tridimensionnelle apparaît comme une couche d’information utile à toutes les thématiques de recherche envisagées. Si les activités artisanales en milieu forestier peuvent être renseignées en partie par le recours à la documentation d’archive médiévale et moderne, celle-ci ne permet que rarement de localiser précisément, d’inventorier exhaustivement ou de mesurer l’emprise de ces dernières. Le Lidar apporte la continuité spatiale qui manque à la documentation écrite. L’état de l’art en matière d’interprétation de données Lidar est aujourd’hui assez mûr pour proposer des typologies d’anomalies micro-topographiques que l’on peut relier à des structures archéologiques interprétables (charbonnières, fours à chaux, mines, etc.). De même, la détection et la caractérisation d’états du paysage antérieurs à l’implantation forestière (parcellaires agricoles, réseaux viaires, habitats) ne peut être assurée que par le recours à ce type d’information, compte-tenu des vastes surfaces prises en compte au regard de la lenteur d’éventuelles opération de terrain. Une telle couverture Lidar constitue donc un document de base pour l’inventaire du patrimoine archéologique.

D’autre part, ces données sont utiles aux opérateurs responsables de la gestion forestière actuelle dans la mesure où il permet le calcul automatisé de la hauteur de la canopée, la position précise du réseau hydrographique, ou encore la desserte des parcelles forestières.