Voilà déjà quelques années les membres du Centre Archéologique des Pays Albigeois(CAPA) s’intéressent à la forêt de Grésigne. Parmi les nombreux patrimoines qu’elle recèle, il y a un mur de pierres sèches qui attire la curiosité des promeneurs. Au détour d’un chemin, au bord d’une pelouse sèche, il apparaît. Beaucoup ignorent l’enjeu qu’il constitua durant des siècles. C’est à ce titre, qu’un travail de recherche est en cours. Il va s’appuyer sur les archives et sur un travail de terrain dont nous dressons ici un premier aperçu. Il va de soi que la couverture LIDAR de la forêt va permettre des avancées en la matière.
Depuis mai 2019, les monuments en pierres sèches sont reconnus par la Convention européenne des paysages. En tant que savoir-faire, ils étaient déjà sur la liste de l’UNESCO comme patrimoine immatériel en 2018. Cette prise en considération récente nous incite à beaucoup de vigilance quant à la conservation du mur dit “de Froidour”. Entièrement en grès, il constitue une rareté au sein du patrimoine forestier. Rareté qu’il convient de souligner, car les murs encore debout se comptent sur les doigts d’une main à l’échelle de la France. Celui du château de Chambord a d’ailleurs récemment été l’objet d’une réfection complète. Preuve, là encore, d’une prise de conscience.
Si des portions souffrent de dégradations irréversibles, d’autres sont moins atteintes. L’objectif est de ralentir autant que possible le démantèlement dans certains endroits. Sur quelques portions, après une réflexion collective et en concertation avec les services de l’État, une campagne de restauration est à encourager. Elle impliquerait les partenaires institutionnels mais aussi, bien sûr, les communes concernées.
Depuis longtemps le mur de Froidour ne fait plus l’enjeu de polémiques. Aux yeux des promeneurs, il est même devenu un élément emblématique de la Grésigne. Par ailleurs, d’un avis partagé, son effet paysager est du meilleur effet. Quant à son histoire, nous tenterons – s’il est possible – de lever un voile sur ses origines et ses déboires au cours du temps.
Située dans Montagne Noire Occidentale et la commune d’Arfons (81), la forêt de Ramondens nous offre un parfait exemple d’occupation sur le temps long. Les 1700 hectares qui la composent aujourd’hui ont été regroupés dès la fin du XIIIe siècle par les Moniales de Prouilhe après diverses donations et achats entre 1256 et 1298.
L’évolution des limites de cette forêt a très peu changé depuis cette période-là. Le monastère en fut dépossédé au début du XVIIIème siècle lors de la nationalisation des biens du clergé. Les propriétaires ont changé, la dernière prieure de Prouilhe fût expulsée avec ses sœurs le 1er octobre 1792 les biens du monastère ayant été nationalisés en 1791. L’Administration des forêts de l’Etat va conserver pour elle tant les forêts que les métairies qui s’y trouvent.
Plans modernes (1669) de la forêt de Ramondens