Axe 2 : Activités artisanales

Artisanat verrier 

(I. Commandré, S. Burri, N. David)

En termes d’artisanat verrier, le Tarn et ses vastes domaines forestiers demeure un territoire riche et largement favorable à l’établissement de ce type de proto-industrie, mais la documentation, historique comme archéologique, y est encore très inégalement exploitée. 

En Montagne Noire, les travaux menés jusqu'à présent soulignent l’importance de l’artisanat verrier forestier en Montagne Noire, dont les premiers témoignages remontent désormais au premier quart du XIVe siècle. Cette industrie semble toutefois prendre de l’importance seulement à partir du dernier quart du XVe s. et atteint son acmé au XVIIe siècle, puis s’étiole ensuite lentement avant d’éteindre ses derniers feux à la fin du XIXe siècle. 

Les ateliers de la Grésigne semblent fonctionner entre le milieu du XVe siècle et le milieu du XIXe siècle. Comme pour la Montagne Noire, l’apogée de l’artisanat verrier semble se concentrer entre le XVIIe et la première moitié du XVIIIe siècle, période où bon nombre d’officines s’implantent en lisière de la grande forêt. Selon les auteurs, le nombre d’établissement varie entre une quinzaine et une vingtaine au cœur ou aux abords immédiats de la forêt.

Bouteille en verre du XVIIe siècle provenant de la verrerie des Pradels à Arfons dirigée par les de Robert (Collection du Musée du Verre de Sorèze)

Métallurgie ancienne 

(M.-P. Coustures & A. Filippini)

En Montagne Noire, où la métallurgie ancienne est bien connue, qu’attendre de la réalisation d’une couverture Lidar sur ce territoire ? D’abord sans doute des retombées méthodologiques. En effet, la présence d’un nombre important d’amas de scories de fer déjà repérés sur ce terrain permettra de mieux reconnaître ceux qui devront l’être à l’avenir. Ensuite, nous pouvons compter sur des compléments d’information sur cette même sidérurgie romaine. Si nombre de lieux de production du fer ont été recensés, l’emplacement des activités de charbonnage n’est pas connu. De la même façon, des ateliers ont nécessairement échappé au repérage en prospection pédestre, ne serait-ce que dans les zones inaccessibles du fait d’un couvert végétal trop dense.

On ne connaît à ce jour rien, ou presque rien, de la métallurgie en forêt de Grésigne. Un minerai de fer potentiel, mentionné comme inexploitable par nos contemporains sur la carte des gîtes minéraux, semble bien avoir fait l’objet, à plusieurs endroits sur les communes de Larroque et de Puycelsi d’opérations d’extraction. Si un tel type de gisement, des pisolithes contenues dans une gangue argileuse, ne peut avoir donné lieu à une production sidérurgique de grande ampleur, on peut en revanche envisager son utilisation pour répondre à des besoins locaux, auquel cas, les vestiges de telles activités restent à découvrir.

Le grand ferrier du domaine des Forges en 1935, vu de l’est (Domergue dir., 1993, fig. 5, p. 22)

Charbonnage 

(S. Burri, V. Py-Saragaglia, N. Poirier)

Le charbon de bois était le principal combustible de l’artisanat et/ou industrie métallurgique qu’elle soit primaire (réduction du minerai) ou secondaire (forge villageoise) au Moyen Âge et durant l’ancien régime, jusqu’à l’avènement de la métallurgie au charbon de terre (houille). L’approvisionnement régulier et en grande quantité en charbon de bois des forges nécessitait la mise en place de stratégie durable de gestion forestière.

Depuis les années 2000, les recherches multi-disciplinaires sur le charbonnage historique sont en plein développement en France comme dans le reste de l’Europe. Les charbons issus des plateformes de charbonnage sont devenus un proxy de premier ordre pour la restitution des peuplements forestiers charbonnés (composition, mode de gestion), en lien avec les activités humaines et en particulier avec la métallurgie, et leur évolution au cours du temp. Les recherches se sont démultipliées ces dernières années avec l’usage accru du LiDAR en milieu forestier qui permet une reconnaissance exhaustive des replats de charbonnage. Le dépouillement et la vectorisation systématique des anomalies visibles sur environ 25 % des dalles Lidar documentant la Grésigne a déjà permis d’identifier près de 4200 traces de plateformes de charbonnage. Il semble que le contexte topographique accidenté de la Grésigne soit propice à la détection de ces vestiges.