La production de méthane par les ruminants comme facteur aggravant du réchauffement climatique
Que ce soit pour consommer du lait ou de la viande nous avons besoin de ruminants (bovins, ovins, caprins). Ces derniers ont pour spécificité de pouvoir digérer l'herbe. Ce faisant ils produisent du méthane qui est émis par éructation (via la fermentation entérique). Or, le méthane est un puissant gaz à effet de serre avec un impact sur l'environnement 28 fois plus élevé que celui du CO2. Conséquence indirecte de notre alimentation, le "rot" des vaches est un facteur aggravant non négligeable du réchauffement climatique, que nous avons choisis d'explorer dans cette page.
Répartition des émissions
Avant d'entrer dans le vif du sujet, il est important de prendre du recul est de regarder dans son ensemble la production de méthane. Si l'on regarde les émissions liées aux activités humaine en 2017, on peut observer trois catégories :
Les décharges et autres (19.5%). En effet le tassement des déchets mis en décharge provoque la fermentation des biodéchets dans un milieu sans oxygène, créant ainsi des conditions favorables à l’émission de méthane dans l’atmosphère.
La production d'énergie (37.7%). Les combustibles fossiles gaz et pétrole sont également responsables d’émissions de méthane.
En tête l'agriculture avec 42.7% avec comme nous le verrons ensuite, un principal acteur de ce phénomène : l’élevage des ruminants.
Sur cette histogramme nous pouvons voir la répartition (en bleu) des émissions de méthane ainsi que la quantité brute en gigagramme (chiffre en blanc) liée à l'agriculture pour 2017. La première source d’émission avec 40% (soit >200 000 gigagrammes) est comme nous l’avons vu, l’élevage des ruminants. Vient ensuite l’application d’engrais de synthèse représentant 16 % des émissions agricoles. Ces chiffres permettent de mettre en évidence l'importance de cette fermentation entérique comme facteur aggravant du réchauffement climatique.
Ce problème est d'autant plus grave, si on regarde les courbes d'évolutions de ces émissions de méthane dans le monde au cours du temps. Les enregistrements réalisés par les équipes européennes (EDGAR) ou américaines (FAOSTAT) montrent les mêmes tendances à savoir que ces émissions sont en constante augmentation depuis les années 1960 (65000 gigagrammes), jusqu'à 2017 (100000 gigagrammes) soit un delta de +35%. S'il y a eu un ralentissement de cette augmentation entre 1990 et 2000, la régression (en vert) montre que depuis ces émissions repartent fortement à la hausse.
Pour aller plus loin dans l'augmentation des émissions liées à la fermentation entérique vu précédemment, nous avons regardé la part liée à chaque continent. Sans surprise la tendance générale est à la hausse, mais nous pouvons quand même voir des différences entre les continents. L'Asie (en vert), l'Afrique (en bleu) et l'Amérique (en rouge), sont les continents qui montrent une augmentation constante (entre 1961 et 2017) des émissions avec +79%, +67% et +62% respectivement. A l'opposé l'Europe (en violet) affiche une diminution importante (-80%) de ces émissions. En dehors de ces variations, l'Océanie affiche un delta nul avec une évolution constante de ces émissions.
Une piste pour expliquer ces augmentations est une hausse de la consommation de la viande et donc du nombre de bovins en particulier dans les pays en voie de développement. Qui peut s'expliquer notamment une hausse du revenu, une urbanisation croissante, et un changement du mode vie, cela allant de pair avec l'émergence de la classe moyenne.
Cette carte interactive montre l'évolution du nombre de bovin au cours des années pour le continent d'Asie. Cela permet d'observer que l'Inde et la Chine sont historiquement des pays possédant un grand nombre de bovins (la chine étant le 4ième producteur mondial de viande bovine). Nous pouvons également observer plus récemment une augmentation du nombre de bovins de la part des autres pays d'Asie et particulièrement le Pakistan, qui enregistre une augmentation importante de +70% entre 1961 et 2017. Tout ceci permet de mettre en évidence que le continent asiatique participe fortement à l'émission de méthane et donc influence le paysage agricole de la planète.
Nous avons pu voir à travers cette étude que ces émissions de méthanes liées à la fermentation entérique sont inquiétantes car en constante augmentation et que c'est un facteur aggravant du réchauffement climatique. Pour éclaircir le tableau, différentes solutions sont avancées par les scientifiques pour limiter ces émissions, comme nourrir le bétail, en partie, avec des graines de lin qui feraient chuter la production de ce gaz lors de la rumination. D’autres travaillent à la création d’une herbe moins grasse, qui faciliterait la digestion des vaches et limiterait leur production de méthane. Une autre solution qui est applicable immédiatement et qui est beaucoup plus simple c'est réduire notre consommation de viande, bovine en particulier.