De Samnaga à Anderitum, 1er siècle après J. C.
Un envoyé de l’empereur s’invite chez un riche gallo-romain, à Anderitum.
Quel dessein le mène dans cette capitale isolée ? Pourquoi veut-il boire le vin de Samnaga lors du banquet donné en son honneur ?
De Montpellier à Javols, 21ème siècle
Des étudiants préparent un dossier pour leurs études d’archéologie, leurs recherches vont les mener jusqu’à Javols, l’ancienne Anderitum. Des objets oubliés pendant des siècles au fond d’un puits resurgissent et suscitent leurs interrogations.
Le passé se mêle au présent, le présent suit les traces du passé… et nous transportent le long des voies romaines, dans une aventure au fil de l’Histoire, entre road movie et clin d’œil à Agatha Christie.
"Le vin est aussi une matière à merveille."
Pline l'Ancien - Histoire naturelle - livre XIV - chapitre 22
Magie d'amphore se déroule entre Antiquité et époque actuelle, entre Anderitum (Javols) et Samnaga (Murviel-lès-Montpellier).
L'objet à l'origine de ce roman est une amphore gauloise que j'ai étudiée lors de mes études d'archéologie.
Photos
de
Philippe Hasard
Aquarelles de
Jean-Claude Golvin
Anderitum
Samnaga
L'arrivée à Condatomagus
La voie romaine dévala la pente pour atteindre Condatomagus, grand marché économique du territoire des Rutènes, plaque tournante du commerce des métaux, de la poix, du bois et haut lieu de la production industrielle de la céramique sigillée.
L’animation y était intense malgré la chaleur étouffante de l’été. A l’entrée de Condatomagus, les trois hommes laissèrent leur chargement au relais de poste et continuèrent à pied en longeant le canal à ciel ouvert. Leur attention fut attirée par l’animation qui régnait devant le grand nymphée hémisphérique d’où jaillissait l’eau. Des femmes s’interpellaient en remplissant de grands récipients, d’autres plongeaient leurs bras dans l’eau fraiche et effectuaient de grandes ablutions dans le bassin, des enfants jouaient à s’éclabousser et à courir entre les robes de leur mère. Celsus et Bobus en profitèrent pour se rafraichir et apprécier l’ombre sous la galerie du nymphée monumental tandis qu’Orvalis se recueillait devant une grande niche en forme de grotte consacrée aux trois gracieuses divinités des sources. Celsus l’observait discrètement, il le vit d’abord psalmodier un moment en frottant un petit objet en métal entre ses doigts puis, il se tut et s’inclina sur le rebord du bassin devant lui. L’homme semblait écouter l’eau de la source qui ruisselait au pied des divinités statufiées. Soudain, Orvalis jeta le petit objet en métal dans le bassin en marmonnant encore quelque chose. L’air soucieux, il rejoignit ses compagnons de route.
— Qu’est-ce qu’il y a ? demanda Celsus. Les Caunonnas t’ont susurré au creux de l’oreille des prédictions aux effets néfastes ?
— Il y a des signes qui ne trompent pas, déclara Orvalis d’un ton laconique. Prions les dieux, qu’ils nous protègent.
Des objets rencontrés dans le musée archéologique de Javols, sur les sites archéologiques vont nourrir l'intrigue du roman.
Une bague
une amphore
Un couteau
Une statue
Je vous propose ici la lecture de quelques chapitres.
Et un passage des Géorgiques de Virgile, pour la partie "romaine" du roman !
J’ai chanté les guérets et le cours des saisons ;
Soyez à votre tour l’objet de mes leçons,
Beaux vergers, sombres bois, et vous, riches vendanges.
Viens ! Tout répète ici ton nom et tes louanges ;
Viens, Bacchus ! De tes dons ces coteaux sont couverts ;
L’automne a sur son front tressé tes pampres verts ;
Et déjà sur les bords de la cuve fumante
S’élève en bouillonnant la vendange écumante :
Descends de tes coteaux, mets bas ton brodequin,
Et rougissons nos pieds dans des ruisseaux de vin.
Je serai le 11 septembre à Beaucaire au Mas des Tourelles pour présenter "Magie d'amphore" lors des vendanges romaines.
Un avant-goût avec un extrait du roman.
Chapitre IV - page 17 :
Celsus traversa en claudiquant la grande cour du domaine viticole, il entra dans le chai. Des éclats de voix provenant du fond l’alertèrent. Celsus s’avança discrètement sans s’appuyer sur sa canne et se posta au seuil de l’entrée, il pouvait ainsi entrevoir les esclaves fouler le raisin des vendanges en se tenant à des cordes suspendues au-dessus d’eux pour ne pas perdre l’équilibre.
— Tu me marches encore une fois sur le pied, tu prends ma main dans ta gueule ! menaça le plus grand.
— Ferme-la ! Quand tu l’ouvres, c’est une véritable puanteur, une porcherie à ciel ouvert.
Les autres esclaves ricanèrent en piétinant les grappes de raisin dans la grande cuve en pierre.
— Tout le monde ne fait pas comme toi à se parfumer comme une romaine.
— Ah ouais ? Comme une romaine ? Ce n’est pourtant pas moi qui suce la bite de l’intendant !
Les deux hommes s’arrêtèrent de fouler le raisin et se firent face, prêts à en découdre.
— Où vous croyez-vous, tous les deux ? intervint Celsus. Vous voulez des coups ? C’est ça ? Je vais vous en donner, moi.
L’intendant allia le geste à la parole en fouettant violemment l’air avec sa canne. Le claquement retentit dans un silence de mort, les esclaves savaient que Celsus ne prononçait jamais de telles paroles en l’air.
— Finissez-moi d’abord le foulage de cette cuve et je m’occuperai de vous après.
Celsus se tourna d’un air menaçant vers les autres.
— Et vous, qu’est-ce que vous attendez pour reprendre le travail ? Le chant du coucou ? Non ? Alors, accélérez la cadence ou vous allez gouter aussi de mon fouet.
Les ouvriers se remirent aussitôt au travail, on entendit de nouveau leur piétinement dans le fouloir, le jus jaillit des baies, rougissant leurs pieds sous la vigilance de l’intendant.
Vendanges romaines au Mas des Tourelles Le calendrier rustique - Mosaïque de Saint Romain en Gal
XXIe siècle IIIe siècle Le Calendrier rustique