Cette nouvelle compréhension ostéopathique a commencé à voir le jour vers 1986, suite aux questions continues que se posait François-Michel DJABAKU sur l’ostéopathie face à ses propres limites et surtout sur la question du diagnostic.
Ses propositions ont fait que ma vision et ma manière de travailler l’ostéopathie prennent un autre regard par rapport à ce que propose l’ostéopathie classique.
LES PROBLÉMATIQUES :
· Est-il possible de rendre compte de la biomécanique que nous utilisons en ostéopathie sans être tributaire de l’ « anatomie appliquée à la médecine allopathique » et, par là même, tenir compte du corpus ostéopathique tel que transmis par les premiers ostéopathes ?
· Comment peut-on fonder cette biomécanique sans passer uniquement par une analyse segmentaire ?
· Si un des problèmes de l’ostéopathie concerne le diagnostic, est-il possible de fonder un système ou une méthode de diagnostic dont les résultats puissent être assez aisément reproductibles ?
Ceci implique de pouvoir disposer d’un modèle de lecture ostéopathique de l’organisme, à la fois compatible avec la plupart des visions ostéopathiques et, en même temps, capable d’explorer le champ propre de l’ostéopathie.
QUE NOUS FAUT-IL POUR CONSTRUIRE UN MODÈLE ?
Les travaux de C.P. BRUTER (« TOPOLOGIE ET PERCEPTION ») posent un certain nombre de critères qui nous seront essentiels :
· Tout bon modèle repose sur une assise géométrique solide.
· Toute régulation d’un objet s’accomplit transversalement à lui-même.
· La nature a tendance à stabiliser un objet instable en le dédoublant et à lier entre eux l’objet et sa réplique par un dispositif de régulation transverse à chaque objet.
Une question s’impose : le corps humain peut-il s’assimiler à une forme géométrique et, si oui, est-il possible, à partir de celle-ci, de reconstruire les grandes lignes de la forme et des structures du corps ?
La figure géométrique qui semble appropriée est le tore.
CE QU’IL FAUT SAVOIR :
Les éléments représentatifs du corps humain dans des conditions de positions et proportions faites sur l’embryon, peuvent se placer sur un cercle (face supérieure du tore) : ligne disco-vertébrale, base du crâne, ligne médiane antérieure du crâne et cou, sternum, ligne médiane blanche de l’abdomen, symphyse pubienne et le périnée.
Dans la nécessité de stabilisation énoncée auparavant, une des manières les plus simples de stabiliser une structure quelconque, est le trépied. Nous devons donc établir une relation entre un élément et deux autres. Travaillant sur un cercle, l’équilibre géométrique entre trois points est le triangle équilatéral inscrit dans le cercle.
Ces trois éléments vont donc se comporter comme une unité fonctionnelle et ceci implique que toute perturbation d’un des points pourra se voir équilibré par les autres composants de la triade.
De plus, en fonction des contraintes subies, si la préservation de l’équilibre est insuffisante, il peut y avoir un recrutement de l’élément diamétralement opposé à la structure initialement en dysfonction.
QUELLES CONSÉQUENCES ?
La dimension « biomécanique » de tous ces liens rend compte de la notion de globalité contenue dans les principes de l’ostéopathie. De plus on sait que la relation biomécanique comporte d’autres dimensions fonctionnelles et physiologiques.
L’exercice du modèle montre qu’il intègre les propositions des grands noms de l’ostéopathie : STILL, SUTHERLAND, MARTINDALE, McCONNELL, etc.
Si ce modèle propose des liens fonctionnels entre les structures, d’une part, et entre les structures et la physiologie, d’autre part, alors l’ostéopathe se trouve en situation de ne pas avoir à décider unilatéralement quelle dysfonction ajuster en première intention ni à quel moment se termine le traitement.
On s’ajuste ainsi au plus près de ce dont le corps a besoin.