Des parcours et visites sont l’occasion, pour les équipes pédagogiques et la ville de Bry-sur-Marne, de saisir tous les enjeux de transformation des cours d'école en les replaçant dans leur contexte urbain et paysager, et en visitant une cour Oasis déjà réalisée :
Mercredi 8 septembre 2021
Ce premier atelier a pour objectif d'apporter une vision et une connaissance partagée des enjeux liés au projet "Cours Oasis", en les remettant en perspective à l'échelle de la ville et vis-à-vis de l'évolution des pratiques d'aménagement des territoires.
Une itinérance en ville sera notre support pour aborder les différentes thématiques d'enjeux. L'ensemble des usagers des cours E. de Silhouette étaient conviés : élus, services éducation et techniques, directrices des écoles, équipes enseignante et pédagogique.
Nous nous retrouvons devant l'école élémentaire pour commencer cette itinérance et présenter les trois thématiques qui seront le fil conducteur de nos échanges en lien avec les enjeux des Cours Oasis : les sols, l'eau et le végétal en ville :
Les sols : évolution des sols urbains et enjeux de leurs désimperméabilisation
Notre déambulation dans les rues pavillonnaires de Bry-sur-Marne nous permet de retracé l'historique de l'occupation des sols de la ville : d'un petit village rural en pied du domaine seigneurial, dominé par les champs, les vignes et les près jusqu'au XIXe siècle. La spéculation foncière du XXe s n'épargne pas les villes périphériques de Paris. Beaucoup de parcelles se construisent. Les modes de déplacement évoluent, notamment par l'usage de la voiture. Les sols et la répartition des usages dans l'espace public s'y adaptent : routes en goudron puis en asphalte, trottoirs piétons, ... .
En ce sens, notre rapport aux sols s'est modifié en passant d'un sol vivant-ressources à un sol technique-artificiel (enrobé en surface, couches de fondations et de stabilisation).
L'imperméabilisation des sols, initiée par la forte dynamique d'urbanisation du XXe siècle, laisse place, aujourd'hui, à de nouvelles initiatives reposant sur la désimperméabilisation des sols : lutte contre les îlots de chaleur urbains, tampon face aux risques d'inondations, gestion alternative des eaux pluviales et améliorer le bien-être en ville.
L'eau en ville :
Toute la partie Ouest de Bry-sur-Marne repose sur la plaine alluviale de la Marne. Jusqu'au début du XIXe, les crues hivernales étaient courantes et permettaient le dépôt d'alluvions dans la plaine, véritable alliés pour la fertilisation des terres agricoles.
Le phénomène d'urbanisation, corrélé à la crue majeure de 1910, a profondément modifié le rapport de nos villes à l'eau : il est un élément bénéfique à notre cadre de vie et en même temps une source de risque (crues, inondations, que ce soit par remontée des nappes souterraines ou par débordement de nos égouts qui sont saturés en période de forte pluie).
L'évolution des pratiques tendra à contrôler la problématique "eau", que ce soit en construisant des digues le long des rivières ou enfouir dans des réseaux souterrains tous les systèmes de régulation et de traitement des eaux usées et pluviales.
Plus récemment, les pratiques de gestion des eaux pluviales ont évolué : séparer les eaux pluviales des eaux usées pour décharger les stations d’épuration et limiter les pollutions du milieu naturel lors de forts épisodes pluvieux.
Mais la gestion alternative des eaux pluviales permet également de participer à recréer des écosystèmes : on essaye de temporiser le rejet des eaux pluviales dans les réseaux par l’infiltration et le stockage de ces eaux dans l’espace public. Au lieu de la canaliser et l’enterrer, elle retrouve sa capacité à infiltrer les sols, à alimenter les végétaux des zones désimperméabilisées et parfois même à recréer des zones humides riches en biodiversité.
L’idée n’est plus de capter l’eau à la source pour l’évacuer le plus vite possible, mais bien de la revaloriser, dans le souci d'une meilleure gestion des ressources naturelles. Les eaux pluviales redeviennent une richesse plutôt qu’un déchet.
La place du végétal en milieu urbain
Pour retrouver des milieux urbains vivants et résilients, ce dyptique sol / eau ne peut fonctionner correctement que si on ajoute un troisième ingrédient : le végétal.
Le végétal en ville s'est largement développé au XIXe s pour son rôle ornemental et d'agrément de nos lieux de vie, mais également pour son rôle "hygiéniste" ( parcs et allées plantées Haussmaniennes à Paris).
Aujourd’hui, la place du végétal en ville a évolué : réarticuler nos espaces urbains avec des écosystèmes vivants pour permettre d’atténuer les îlots de chaleur, d’améliorer le bien-être en ville, de ménager des lieux communs et des usages au contact de la nature (jardins partagés, jardins d’eau, promenades ombragées, cours oasis, ...) .
Le végétal est alors de plus en plus envisagé sous l'angle d'un écosystème : on réarticule ses différentes strates (herbacé, arbustive, arboré), on plante des essences locales et on reconsidère son cortège faunistique.
Le bon fonctionnement de ces petits bouts de nature va de pair avec la place qu’on lui laisse : capacité de développement des réseaux racinaire, surface lui permettant de capter les eaux pluviales, surface de décomposition de l’humus qui va nourrir le sol, place aux micro-organismes qui fabrique l’équilibre des sols, etc = sols désimperméabilisés.
En ce sens, nous sommes amenés à imaginer de nouvelles interactions entre nos activités et ces espaces de "nature". Les cours Oasis en sont des exemples.
Mercredi 29 septembre 2021
Ce second atelier a pour objectifs de découvrir un exemple de Cour Oasis réalisée à Paris et d'échanger autour du retour d'expérience des différents acteurs sur ce projet d’aménagement.
Cette visite doit permettre aux différents usagers et gestionnaires des écoles E.de Silhouette de se rendre compte, de manière plus concrète, ce qu'est et implique une cours Oasis au quotidien.
Les cours Oasis du groupe scolaire Maryse Hilsz ont été réalisées en partenariat avec la ville de Paris et le CAUE75. Un processus de sensibilisation et co-conception a été mené avec les élèves et les équipes pédagogiques à la rentrée de septembre 2019. Les travaux ont été réalisés à l'été 2020.
Nous avons choisi de visiter l'école Maryse Hilsz du fait de ses similitudes aux écoles E.de Silhouette : des cours maternelle et élémentaire attenante, des superficies de cours et nombre d'élèves se rapprochant.
Pour effectuer cette visite, nous sommes accompagnés du directeur de l'école élémentaire pour répondre aux nombreuses questions des équipes !
La plan d'aménagement réalisé par le CAUE75 suite au processus de concertation et de co-conception
La grande butte centrale en élémentaire qui réinterroge la notion de risque dans les cours d'école permettant d'imaginer de nouveaux dispositifs de motricité
Dans la cour maternelle, la butte est adaptée à la taille des élèves.
Sa végétalisation nécessite une mise en défend pour limiter le piétinement des élèves (crédit photo : CAUE75)
Dissocier zones actives et zones calmes permet de reconquérir les périphéries de la cour en la renaturant et en installant des dispositifs diversifiés : estrades, cabanes tressées, tableaux de craie, ...
Le grillage initial séparant les deux cours a été supprimé pour laisser place à une limite plus qualitative et ludique : une rivière pédagogique alimentée par les eaux de pluie. Cela a nécessité d'instaurer des règles collectives entre élèves maternelle et élémentaire (crédit photo : CAUE75)
La diversité des sols : enjeux de désimperméabilisation, de régulation des températures, de gestion alternative des eaux pluviales et de ressources ludique et pédagogique pour les élèves (transvaser, trier, ... mais aussi remettre en place après son utilisation) :
Copeaux de bois et sable en pied des structures de jeux.
Béton clair pour les zones sportives et d'accès carrossables
Pleine terre et mise en défend par des ganivelles châtaigniers pour les zones végétalisées
Sol hybride : perméabilité, jeux de motricité, souplesse du sol pour ne pas se faire mal
(crédit photo : CAUE75)
Extrait du retour d'expérience du directeur :
Les mobiliers et structures de jeux sont protéiformes et multifonctionnels. Ils favorisent ainsi leur appropriation par l'enfant et les équipes pédagogiques ;
L'entretien des cours ne nécessite pas une charge de travail supplémentaire. À l'origine, les souffleuses devaient passer sur 2500 m2 d'asphalte, aujourd'hui ça se restreint aux chemins bétonnés ;
Les enfants font partie intégrante du processus d'entretien : ils sont dotés d'outils pour ramasser les copeaux de bois, ils se tapent les pieds sur la zone tampon en béton et sur les grands paillassons aux entrées des bâtiments ;
Un équilibre a dû être trouvé entre surfaces laissées en dur, notamment pour les activités sportives, et surfaces désimperméabilisées ;
Les participants remarquent que les enfants ne courent pas partout, ils sont occupés à leurs activités et se répartissent intuitivement dans différentes zones.