no 21 à 27

21.    16 octobre 1903 — La Divine Volonté est la Lumière par laquelle nous sommes purifiés de nos défauts. Audio

Alors que j'étais dans mon état habituel, je me suis sentie pleine de péchés et d'amertume. Mon adorable Jésus apparut en moi comme un éclair. Dès que je l'ai vu, mes péchés disparurent. Tremblante, je lui ai dit: «Seigneur, comment se fait-il qu'en ta Présence, alors que je devrais être plus consciente de mes péchés, le contraire se produit?»

Il répondit: «Ma fille, ma Présence est une mer sans limite. Quiconque vient en ma Présence est comme une goutte d'eau venant dans la mer; comment peut-on dire si elle est boueuse ou claire quand elle a été diluée dans ma mer? Ma touche divine purifie tout, rend blanc ce qui est noir. Pourquoi donc es-tu effrayée? De plus, ma Volonté est lumière. Puisque tu fais toujours ma Volonté, tu vis dans cette lumière: elle transforme tes mortifications, tes privations et tes souffrances en nourriture de lumière pour ton âme. La seule nourriture substantielle qui donne la vraie vie est ma Volonté. Ne sais-tu pas que cette diète continuelle de lumière fait disparaître les défauts que l'âme acquiert?»

Ayant dit cela, il disparut.

22.    18 octobre 1903 —  Pour que l'homme soit ami avec Dieu, sa volonté doit être unie à celle de Dieu. Audio

Je poursuivais dans mon état habituel, ne voyant mon adorable Jésus que par brefs moments. Il me dit: «Ma fille, sais-tu ce qu'est le péché? C'est un acte de la volonté humaine fait en opposition avec la Volonté Divine. Imagine deux amis en discorde: même si leur discorde est mineure, on peut dire que leur amitié n'est pas aussi parfaite qu'elle devrait l'être. Comment peuvent-ils s'aimer et se contredire en même temps? Le véritable amour demande de vivre dans la volonté de l'autre, même au coût de sacrifices. Si la discorde est sérieuse, ce ne sont plus des amis mais des ennemis. Tel est le péché. S'opposer à la Volonté Divine, même dans les plus petites choses, c'est comme devenir ennemi de Dieu. C'est toujours la créature qui est la cause de tels conflits.»

23.    24 octobre 1903 — La nécessité pour Luisa de rester dans l'état de victime pour les besoins de l'Église. Audio

J'avais parlé à mon confesseur de mes craintes quant à savoir si, oui ou non, mon état de victime correspondait à la Volonté de Dieu et si, pour vérifier cela, je ne devais pas essayer de quitter cet état, pour voir si je pouvais réussir. Mon confesseur, sans ses difficultés habituelles, me dit: «Très bien, demain tu essaieras.»

Je me suis sentie comme libérée d'un fardeau. Le prêtre célébra la sainte messe. Ayant communié, j'ai vu mon adorable Jésus en moi. Les mains jointes, il me fixait du regard et suppliait pour de la pitié et de l'aide. À ce moment, j'ai quitté mon corps.

Je me suis trouvée dans une chambre où il y avait une femme noble et vénérable, gravement infirme et couchée dans un lit. La tête de son lit était si haute qu'elle touchait le plafond. J'étais forcée de rester au haut de cette tête de lit, soutenue par un prêtre, pour garder le lit stable et veiller sur la femme malade. Pendant que j'étais dans cette position, j'ai vu quelques religieux entourant le lit et préparant des traitements pour la patiente. Avec beaucoup d'amertume, ils se disaient entre eux: «Elle est très malade, tellement malade! Tout ce que ça prendrait, c'est une petite secousse du lit.»

Je me concentrais à tenir fermement la tête du lit de peur qu'un mouvement du lit puisse causer la mort de la dame. Voyant que l'épreuve se prolongeait, et ennuyée par mon inactivité, j'ai dit à celui qui me tenait: «Par pitié, laissez-moi descendre; je ne fais là rien de bien et je ne l'aide pas. À quoi ça sert que je reste comme cela? En bas, je pourrais au moins la servir et l'aider.»

Le prêtre répondit: «N'as-tu pas entendu que le plus léger mouvement du lit peut lourdement aggraver sa condition? Si je te laisse descendre, il n'y aura personne pour stabiliser le lit et elle mourra.» Je repris: «Est-ce possible qu'en ne faisant que cela je puisse empêcher sa mort? Par le ciel, pose-moi par terre!»

Après que j'eus répété ces paroles plusieurs fois, il me posa sur le plancher sans que plus personne ne me tienne. Je me suis approchée de la malade et, à ma grande surprise et mon grand regret, j'ai vu que le lit bougeait. Sa face devint livide. Elle trembla et fit entendre les râlements de la mort. Les quelques religieux présents commencèrent à pleurer en disant: «Il est trop tard, elle en est à ses dernières respirations.»

Puis des ennemis, des soldats et des officiers entrèrent dans la chambre pour battre la malade. Quoique si gravement malade, elle se leva et, avec beaucoup d'intrépidité et de dignité, s'offrit pour être battue et blessée. Voyant cela, j'ai commencé à trembler comme une feuille et je me suis dit en moi-même: «Je suis la cause de tout cela; à cause de moi, ce mal arrive.»

J'ai compris que cette femme symbolisait l'Église, infirme dans ses membres et en bien d'autres choses (que je n'ai pas besoin de mentionner, puisque la signification est claire par ce que j'ai écrit). Puis, à l'intérieur de moi, Jésus dit: «Si je te suspends en permanence, mes ennemis commenceront à verser le sang de mon Église.» Je répondis: «Seigneur, ce n'est pas que je ne veux pas rester dans cet état. Que le Ciel ne permette pas que je me retire de ta Volonté, même pour un instant. Si tu veux que je reste, je resterai; sinon, je quitterai.»

Jésus reprit: «Ma fille, si ton confesseur te dégage en disant: "Très bien, demain tu essaieras.", ton rôle de victime cessera. C'est seulement à travers l'obéissance qu'on devient une âme victime. Si c'est nécessaire, je ferai un miracle de ma Toute-Puissance pour éclairer celui qui te dirige. J'ai souffert volontairement, mais c'était l'obéissance à mon cher Père qui fit de Moi une victime. Il voulait que toutes mes Actions soient marquées du sceau de l'obéissance

Revenant dans mon corps, j'étais effrayée de quitter mon état de victime, mais je me suis empressée de dire: «Celui qui me dirige par l'obéissance doit y penser. Si le Seigneur me veut, moi je suis prête.»

24.    25 octobre 1903 — La beauté d'une âme en état de grâce. Luisa comprend mieux sa vision sur l'Église. Audio


J'étais dans mon état habituel. J'ai pensé que si le Seigneur ne venait pas, j'aurais à m'essayer et à me forcer pour voir si, au moins, je pouvais réussir. Mon adorable Jésus vint. Il me laissa voir que du moment que je veux rester dans l'état de victime, il m'attire à Lui de telle manière que je ne peux pas m'éloigner. Et si je veux quitter cet état, il se retire et il me laisse libre de le faire. Quant à moi, je n'étais pas sûre de ce que je devais faire et je me suis dit en moi-même: «Comme j'aimerais voir mon confesseur et lui demander ce que je dois faire.»

Un peu plus tard, je vis Notre-Seigneur avec mon confesseur. J'ai dit à ce dernier: «Dis-moi si je dois rester, oui ou non.» Comme je disais cela, j'ai cru comprendre que mon confesseur avait retiré l'ordre qu'il m'avait donné le jour précédent. Aussitôt, j'ai décidé de rester, en pensant que si c'était vrai qu'il avait retiré son ordre, c'était bien ainsi; et si j'avais seulement imaginé qu'il l'avait retiré, ma conclusion était fausse. Aussi, quand mon confesseur vint et me dit d'essayer cela un autre jour, je me suis calmée.

M'apparaissant de nouveau un peu plus tard, Jésus béni me dit: «Ma fille, la beauté d'une âme en état de grâce est si grande que Dieu lui-même en est captivé; les anges et les saints sont abasourdis à la vue de cette grande merveille. Ils courent vers cette âme qui vit encore dans le monde mais qui possède la grâce. Attirés par son parfum céleste et pour leur plus grand plaisir, ils trouvent dans cette âme le même Jésus qui les a béatifiés au Paradis, si bien qu'il leur plaît tout autant de rester auprès de cette âme que de vivre dans le Ciel.

«Ce qui maintient ce miracle accordé continuellement à l'âme, avec de nouvelles nuances de beauté, c'est la vie dans ma Volonté. Qu'est-ce qui enlève de l'âme les taches d'imperfection et lui donne la connaissance de l'objet qu'elle possède? Ma Volonté. Qu'est-ce qui renforce et stabilise l'âme, la gardant confirmée dans la grâce? Ma Volonté.

«Vivre dans ma Volonté est le sommet de la sainteté et entraîne une évolution continuelle dans la grâce. Cependant, celui qui fait ma Volonté aujourd'hui et la sienne demain ne peut être confirmé en grâce: il progresse et il recule. Cela cause beaucoup de mal à son âme et prive Dieu et son âme de beaucoup de gloire. C'est comme quelqu'un qui un jour est riche et qui un autre jour est pauvre. II n'est confirmé ni dans la richesse ni dans la pauvreté et personne ne peut dire comment il finira.» Ensuite, il disparut. Un peu plus tard mon confesseur vint. Je lui ai dit ce que j'avais écrit et il m'assura que vraiment il avait retiré l'ordre qu'il m'avait donné.

Par obéissance à mon confesseur, je vais maintenant continuer à parler des choses que j'ai comprises le 24 octobre. La femme symbolisait l'Église. Elle est infirme non pas par elle-même mais dans ses membres. Même si elle est prostrée, abusée par ses ennemis et infirme dans ses membres, elle ne perd jamais sa dignité et sa condition vénérable. J'ai compris que le fait que la femme était couchée dans un lit signifiait que, même si elle est oppressée, infirme et attaquée par ses ennemis, l'Église repose d'un perpétuel repos dans la paix et la sécurité dans le Sein paternel de Dieu, comme un bébé dans le sein de sa mère.

J'ai aussi compris que la tête du lit qui atteignait le plafond symbolisait la protection divine qui toujours soutient l'Église. Tout ce que comporte l'Église lui vient du Ciel: les sacrements, la doctrine et tout le reste. Tout y est céleste, saint et pur. Il y a une communication continuelle entre le Ciel et l'Église.

Pour ce qui est des quelques religieux qui assistaient la femme, j'ai compris qu'ils représentaient ces quelques personnes qui, au risque de leur vie, défendent l'Église, souffrant les maux qu'elle reçoit comme s'ils étaient les leurs. La chambre où la dame habitait, faite de pierres, représentait la force de l'Église et son endurance à n'abandonner aucun de ses droits.

La femme mourante acceptant hardiment d'être battue par ses ennemis illustre le fait que l'Église, même si elle semble mourante, se comporte avec une grande intrépidité. Ses souffrances et son sang versé traduisent son véritable esprit: elle est toujours prête à la mortification, comme Jésus-Christ.

25.    27 octobre 1903 — Seul l'Amour fait agir la créature à la manière divine. Audio

J'étais dans mon état habituel et j'ai vu mon adorable Jésus pendant quelque temps. Il m'a dit: «Ma fille, il est bon et louable d'accepter les mortifications et les souffrances comme pénitence et comme punition, mais ce n'est pas là la manière divine d'agir. J'ai beaucoup fait et beaucoup souffert mais mon seul motif était l'Amour de mon Père et celui des hommes. Il est facile de voir si une créature agit et souffre à la manière divine: seul l'amour est derrière ses actions et ses souffrances. S'il y a d'autres motifs, même bons, c'est qu'elle agit au niveau des créatures. Le mérite qu'elle reçoit alors est seulement celui qu'une créature peut acquérir et non pas le mérite divin. Si elle adopte ma façon d'agir, le feu de l'Amour détruira en elle toutes les disparités et les inégalités et fondra en un seul travail celui de la créature et le mien.

26.    29 octobre 1903 —  Dieu a un Amour immense pour l'âme qui s'ajuste aux buts de la Création. Audio

Ce matin, mon adorable Jésus m'est apparu en mon intérieur comme incarné. Me regardant, il m'a dit: «Ma fille, quand je vois qu'une âme est ajustée aux buts de ma Création, je suis satisfait parce que je vois en elle que mon travail a atteint son but. Je me sens obligé envers elle.»

Il ajouta: «Mon obligation envers elle est celle d'un Amour plus intense lui permettant d'avoir un avant-goût du bonheur du Ciel. En d'autres mots, je nourris son intelligence de la connaissance des vérités éternelles, je rafraîchis son regard de ma beauté, je caresse ses oreilles par la douceur de ma voix, je couvre sa bouche de mes baisers et j'embrasse son coeur de toute mon affection. Tout cela correspond au but pour lequel je l'ai créée: me connaître, m'aimer et me servir.»

Il disparut puis, laissant mon corps, j'ai vu mon confesseur; je lui ai dit ce que Jésus m'avait dit et lui ai demandé si j'étais sur le chemin de la Vérité. Il me répondit: «Oui, tu connais bien la manière de parler de Dieu car, lorsque Dieu parle et que l'âme écoute, non seulement elle perçoit la véracité des paroles entendues, mais elle est si émue intérieurement que seulement l'Esprit de Dieu peut être l'auteur de ces paroles.»

27.    30 octobre 1903 —  Un signe certain que nous appartenons à Dieu est l'union de notre volonté avec la sienne et la paix de notre âme face à l'adversité. Audio

Ce matin, mon adorable Jésus n'est pas venu et j'ai commencé à me dire: «Qui peut dire si c'est Notre-Seigneur qui vient ou plutôt l'ennemi qui veut me duper. Comment Jésus-Christ peut-il m'abandonner si cruellement?»

Pendant que je pensais ainsi, il se manifesta à moi pendant quelques instants. Levant sa main droite et pressant son pouce sur ma bouche, il me dit: «Calme- toi, calme-toi! Serait-il juste pour quelqu'un qui a vu le soleil de dire que ce n'était pas le soleil juste parce qu'en ce moment particulier il ne le voit pas? Serait-il plus juste et raisonnable qu'il dise simplement que le soleil est caché?»

Puis il disparut, mais, même si je ne le voyais pas, je pouvais sentir ses mains me toucher, toucher encore et encore ma bouche, mon esprit et mon coeur. Il me fit devenir lumineuse mais, comme je ne pouvais pas le voir, j'ai commencé à avoir des doutes. Il m'apparut de nouveau et ajouta: «Tu n'es pas encore satisfaite? Tu risques de ruiner mon travail en toi parce qu'en doutant tu manques de paix. Puisque je suis la source de la paix, quiconque s'apercevant que tu manques de paix doutera que c'est Moi, le Roi de la Paix, qui te guide et habite en toi. Ah ! ne veux-tu pas être raisonnable? Tout comme il est vrai que je fais tout dans l'âme et que, sans Moi, elle n'arrive à rien, il est aussi vrai que je laisse toujours un filon de volonté libre dans l'âme. En étant troublée, tu interromps ton union avec Moi. Je dois alors me croiser les bras, étant empêché de faire quoi que ce soit en toi; je dois attendre que tu sois de nouveau en paix et que ta volonté soit en union avec la mienne.»