no 41 à 60

41.  16 février 1924 — Souffrances intenses et joies infinies vécues par le Cœur de Jésus. Celui qui, avec amour et soumission, participe à ses souffrances participe aussi à ses joies.

Je pensais aux souffrances du très saint Cœur de Jésus. Oh! combien nos souffrances s'estompent quand on les compare aux siennes. Mon toujours aimable Jésus me dit: «Ma fille, les souffrances de mon Cœur sont indescriptibles et inconcevables pour la créature humaine. Tu dois savoir que chaque battement de mon Cœur m'apportait une souffrance nouvelle et distincte des autres [les unes des autres]. La vie humaine est une continuelle palpitation [pulsation];  si les battements de cœur cessent, la vie cesse [s'arrête]. Imagine les torrents de souffrances que les battements de mon Cœur m'apportèrent [chaque battement de Mon Cœur m'a apporté], et cela, jusqu'au dernier moment de ma vie terrestre. À partir du moment de ma conception jusqu'à mon dernier souffle, mon Cœur ne m'a pas épargné, m'apportant sans cesse de nouvelles souffrances.

«Tu dois aussi savoir que ma Divinité, qui était inséparable de mon Humanité et veillait sur elle, non seulement laissait entrer dans mon Cœur une nouvelle souffrance à chacun de ses battements, mais y laissait aussi entrer de nouvelles joies, de nouveaux contentements, de nouvelles harmonies, de célestes secrets. Si j'étais riche en douleurs — mon Cœur enfermant d'immenses mers de souffrances —, j'étais aussi riche en bonheur, en joies infinies et en douceurs incomparables. Je serais mort de douleur à mon premier battement de cœur si la Divinité, aimant mon Cœur avec un amour infini, n'avait pas laissé chaque battement résonner en double à l'intérieur de moi: souffrance et joie, amertume et douceur, mort et vie, humiliation et gloire, abandon humain et réconfort divin.

«Oh! si tu pouvais voir dans mon Cœur, tu y verrais, concentrées, toutes les souffrances imaginables, desquelles les créatures ressuscitent à une vie nouvelle, ainsi que tous les contentements et toutes les richesses divines qui coulent en lui comme des fleuves et qui sont répandus pour le bien de toute la famille humaine. [Oh, si tu pouvais voir dans mon Cœur, tu verrais, centralisé en Moi: — toutes les douleurs possibles et imaginables, à partir desquelles les créatures s'élèvent vers une nouvelle vie, et — tous les contentements et richesses divins qui, comme autant de mers, débordent de mon Coeur et se diffusent pour le bien de toute la famille humaine.] Mais qui peut profiter le plus de ces immenses trésors de mon Cœur? Celui qui souffre davantage. Pour chaque souffrance de la créature, il y a dans mon Cœur une joie particulière accompagnant cette souffrance. La souffrance rend l'âme plus digne, plus aimable, plus sympathique. Mon Cœur attirait sur lui toutes les sympathies divines par la vertu des souffrances qu'il supportait et, quand je vois la souffrance dans un cœur — la souffrance étant une caractéristique particulière de mon Cœur — rempli d'amour, je verse sur ce cœur les joies et les contentements contenus dans mon Cœur.

«Cependant, quand mon Cœur veut laisser mes joies accompagner la douleur que j'envoie à une créature, mais ne trouve pas en elle l'amour de la souffrance et la véritable résignation comme celle que renfermait mon propre Cœur, mes joies ne trouvent pas la manière d'entrer dans ce cœur souffrant et, chagriné, je laisse ces joies revenir en moi. D'autre part, lorsque je trouve une âme résignée et amoureuse de la souffrance, elle devient comme régénérée dans mon Cœur et, oh! comme les souffrances et les joies, les amertumes et les douceurs alternent en elle! Je ne retiens rien de tous les biens que je peux verser en elle.»

42.  18 février 1924 — Le "Je t'aime" de Dieu — le Créateur— envers sa créature. Toutes les choses créées, proches ou éloignées, connues ou inconnues, n'ont qu'un seul son: "Je t'aime", et chacune a un amour distinct envers l'homme.

Je me fusionnais dans la Divine Volonté selon ma manière habituelle, dans le but de rejoindre toutes les choses créées pour donner à Dieu un retour d'amour en mon nom personnel et au nom de tous. Ce faisant, je réfléchissais ainsi: «Mon Jésus dit qu’il a tout créé par amour pour moi et pour chacun. Comment cela est-il possible puisqu'il y a beaucoup de choses créées que je ne connais même pas, tant de poissons qui se promènent dans la mer, tant d'oiseaux qui volent dans les airs, tant de plantes, tant de fleurs, une si grande variété de beautés dans tout l'univers? Qui connaît toutes ces choses? Donc, si je ne les connais pas, surtout moi qui est confinée au lit depuis tant d'années, comment peut-il dire que toutes les choses créées sont pour moi marquées du sceau de son "Je t'aime"?»

Pendant que je pensais ainsi, mon doux Jésus bougea en moi en tendant l'oreille comme pour m'écouter, et il me dit: «Ma fille, c'est vrai que chaque chose créée manifeste un amour distinct pour toi. C'est aussi vrai que tu ne les connais pas toutes, mais cela ne veut rien dire. Au contraire, cela te révèle encore plus mon amour et te dit en notes claires que mon "Je t'aime" est à la fois proche et éloigné, à la fois caché et visible. Je n'agis pas comme les créatures qui, lorsqu'elles sont proches, sont tout amour, et qui, dès qu'elles s'éloignent, deviennent froides et ne peuvent plus aimer. Mon amour est stable, il n'a qu'un seul son jamais interrompu: "Je t'aime".

«Tu connais bien la lumière du soleil et tu reçois sa lumière et sa chaleur autant que tu le désires; cependant beaucoup de lumière passe outre, au point qu'elle submerge toute la terre. Si tu désirais plus de lumière, le soleil te la donnerait: même toute sa lumière. Toute la lumière du soleil te dit mon "Je t'aime", tant celle qui est proche que celle qui est loin. Recouvrant toute la terre, elle joue pour toi la petite sonate de mon "Je t'aime". Cependant, tu ne connais ni les chemins qu'elle emprunte, ni les terres qu'elle illumine, ni les personnes qui jouissent de son influence bénéfique. Même si tu ne connais pas tout ce que fait la lumière du soleil, tu es dedans; et si tu ne la prends pas toute, c'est qu'il te manque la capacité de l'absorber totalement. En dépit de cela, tu ne peux pas affirmer que toute la lumière du soleil ne te dit pas "Je t'aime". Elle fait même un plus grand étalage d'amour puisque, en couvrant toute la terre, elle dit mon "Je t'aime"  à tous.

«C'est la même chose pour toutes les gouttes d'eau; tu ne peux pas toutes les boire et toutes les enfermer en toi mais, en dépit de cela, tu ne peux pas dire que toutes ne te disent pas mon "Je t'aime". Il en va ainsi pour toutes les choses créées  — qu’elles te soient connues ou inconnues —, elles ont toutes la marque de mon "Je t'aime", car toutes contribuent à l'harmonie de l'univers, à la magnificence de la Création, à la connaissance du savoir-faire de notre main créatrice.

«J'agis comme un père riche et tendre qui aime beaucoup son fils. Comme celui-ci doit quitter la maison paternelle pour prendre sa place dans la vie, le père lui prépare un palais somptueux avec d'innombrables chambres, chacune contenant un petit quelque chose pouvant être utile à son fils. Comme ces chambres sont très nombreuses, le fils ne peut pas les voir toutes simultanément; plus encore, il ne les connaît pas toutes, car aucune raison de les visiter ne s'est présentée. En dépit de cela, on ne peut nier que chaque chambre manifeste un amour paternel particulier envers le fils, la bonté paternelle ayant prévu toutes sortes de choses pour le fils, qu'elles lui servent ou non. C'est ainsi que je fais. Ce fils est sorti de mon sein et je voulais qu'il ne lui manque rien; plus encore, j'ai créé une grande variété de choses, les unes ayant tel goût, d'autres tel autre; mais toutes ont un son unique: "Je t'aime".

43.  20 février 1924 — Si, avant Luisa, il y avait eu dans l'Église une autre âme vivant dans la Divine Volonté, Jésus aurait utilisé son pouvoir pour que le chemin sublime de vivre dans sa Volonté soit révélé par cette âme. Vivre dans la Divine Volonté signifie que les joies pures escomptées lors de la Création sont vécues par Dieu.

À la suite de tout ce que mon doux Jésus m'avait dit au sujet de sa Très Sainte Volonté, je pensais: «Comment est-ce possible qu'il n'y ait pas eu une seule âme qui ait vécu dans la Divine Volonté avant aujourd'hui et que je sois la première? Qui pourrait dire combien d'autres personnes ont vécu avant moi d'une manière bien plus parfaite et plus active que moi?» Pendant que je réfléchissais ainsi, mon toujours aimable Jésus bougea en moi et il me dit:

«Ma fille, pourquoi ne veux-tu pas reconnaître la grâce que je t'ai faite en t'appelant d'une façon toute particulière et nouvelle à vivre dans ma Volonté? Puisque vivre dans ma Volonté est la chose la plus importante, celle dont je me préoccupe le plus, s'il y avait eu avant toi une autre âme ayant eu la chance de vivre dans ma Volonté, elle aurait eu les connaissances concernant cette vie, vécu ses attirances et connu ses bienfaits. Alors j'aurais utilisé mon pouvoir pour faire briller à travers elle la voie sublime de la vie dans ma Volonté; j'aurais tenu cette âme tellement coincée qu'elle n'aurait pas pu résister à manifester aux autres tout ce que j'aurais voulu. Tout comme il y a des maximes et des enseignements au sujet de la résignation, de la patience, de l'obéissance, etc., il y en aurait aussi eu concernant la vie dans ma Volonté.

«Il aurait été bien étrange que je garde cachée la chose qui me tient le plus à cœur. Plus une personne aime quelque chose, plus elle veut la faire connaître. Plus une manière de vivre m'apporte de satisfaction et de gloire, plus je veux qu'elle soit connue. Ce n'est pas dans la nature de l'amour véritable de cacher ce qui peut rendre les autres heureux et riches. Si tu savais combien j'ai désiré ce temps où ma nouvelle-née de ma Volonté verrait le jour, quel cortège de grâces j'ai préparé afin d'atteindre le but, tu serais stupéfiée et plus reconnaissante et attentive.

«Ah! tu ne sais pas ce que signifie vivre dans ma Volonté. Cela signifie que les pures joies escomptées lors de la création de l'homme m'arrivent; cela signifie la disparition de toute l'amertume que l'homme perfide me donne depuis presque l'aube de la Création; cela signifie un échange continuel entre la volonté humaine et la Volonté Divine pendant que l'âme, craignant sa volonté, vit de la mienne et que la mienne la remplit de joies, d'amour et de biens infinis. Oh! comme je me sens heureux de pouvoir donner tout ce que je désire à cette âme. Il n'y a plus de division entre elle et moi, mais une union stable dans l'action, la pensée et l'amour, car ma Volonté fait le nécessaire pour tout. Ainsi, nous vivons dans un parfait accord et en communion de biens.

«C'était le but visé en créant l'homme: qu'il vive comme notre propre enfant et que tous nos biens soient partagés avec lui afin qu'il soit pleinement heureux et que nous nous réjouissions de son bonheur. La vie dans ma Volonté est ce qui était escompté lors de la Création, avec son flot de joies et de fêtes continuelles. Et toi, tu dis que j'aurais dû [pu] garder cela caché dans mon Église? J'aurais mis ciel et terre sens dessus dessous, j'aurais comblé les cœurs avec une force irrésistible pour que soit connu ce qu'est le véritable accomplissement de la Création.

«Vois-tu combien je me soucie de la vie dans ma Volonté? Elle place mon sceau sur toutes mes œuvres afin que toutes soient complétées. Cela te semble peut-être n'être rien ou qu'il existe des choses semblables dans mon Église? Non, non! Pour moi, cela est le tout de mes œuvres et tu dois l'apprécier comme tel et être plus attentive à accomplir la mission que je t'ai confiée.»

44.  22 février 1924 — Dieu a joui des pures joies de la Création jusqu'à ce que l'homme ait péché, puis il en a joui lorsque la Très Sainte Vierge est apparue et plus tard, lorsque le Verbe (la Parole, Jésus) est venu sur terre. Il en jouira à nouveau et de façon continue lorsque les âmes vivront dans la Divine Volonté. Dans ce but, il a choisi Luisa comme principe et modèle, déposant en elle cette nouvelle Loi Céleste et Divine.

Je pensais à ce que j'ai écrit plus haut et je me disais: «Comment est-ce possible que le Seigneur béni, après tant de siècles, n'ait pas goûté les joies pures de la Création et qu'il attende que s'instaure sur la terre la vie dans la Divine Volonté pour connaître de nouveau ces joies et la gloire correspondante. Quand sera atteint le but pour lequel tout a été créé?»

Pendant que je pensais à cela et à d'autres choses, mon doux Jésus se montra en moi et, à travers une lumière qu'il envoyait dans mon intellect, il me dit: «Ma fille, les joies pures de la Création, mes plaisirs innocents avec les créatures, je les ai goûtés, mais par intervalles, pas de façon continue. Quand, chez une personne, de grandes joies ne sont pas continues, cela provoque de la souffrance, fait languir après le retour de ces joies et rend prêt à faire n'importe quel sacrifice pour qu'elles deviennent permanentes.

«Nous avons goûté les joies pures de la Création quand, après avoir tout créé, nous avons créé l'homme et cela, jusqu'à ce qu'il pèche. Entre lui et nous, il y avait une parfaite entente, des joies communes, des réjouissances innocentes. Nos bras étaient toujours ouverts pour l'embrasser, lui donner de nouvelles joies et de nouvelles grâces; c'était une fête continuelle pour nous et pour lui. Donner est pour nous joie, bonheur et réjouissance. Mais quand, en péchant, l'homme rompit l'union de sa volonté avec la nôtre, ces joies cessèrent, car la plénitude de notre Volonté n'était plus en lui, la possibilité de lui donner sans cesse avait disparu.

«Nous avons goûté de nouveau les joies pures de la Création lorsque, après plusieurs siècles, la Vierge Immaculée vit le jour. Vu qu'elle était préservée de l'ombre même du péché, qu'elle possédait la plénitude de notre Volonté et, qu'entre sa volonté et la nôtre, il n'existait aucune ombre de division, nos joies et nos réjouissances innocentes nous revinrent. Elle nous ramena tous les festins de la Création. Nous l'enrichissions à chaque instant de nouvelles grâces, de nouveaux contentements et de nouvelles beautés, au point qu'elle ne pouvait en prendre davantage. Mais cette créature impératrice ne resta pas longtemps sur la terre. Quand elle passa au Ciel, il ne se trouva plus ici-bas de créatures perpétuant nos joies de la Création.

«Pendant le séjour sur la terre de ma Maman bien-aimée, la Divinité, débordante d'amour pour cette créature si sainte, lui donna la fécondité divine et me conçut dans son sein virginal afin que je puisse accomplir la grande œuvre de la Rédemption. Ma vie sur la terre fut pour nous un autre motif de goûter les joies de la Création. Si ce n'eut été de cette Vierge merveilleuse, qui vécut une vie si parfaite dans ma Volonté, le Verbe Éternel ne serait jamais venu sur la terre pour réaliser la Rédemption de l'humanité.

«Comprends donc que la chose la plus grande, la plus importante, la plus plaisante et celle qui attire Dieu le plus, c'est la vie dans ma Volonté, et que celui qui vit dans cette Volonté conquiert Dieu et l'amène à faire des dons si grands qu'ils étonnent le Ciel et la terre — dons qui, pendant des siècles, n'ont pu être faits. Oh! comme mon Humanité, qui contenait la vie même de la Suprême Volonté — en fait, celle-ci était inséparable de moi — apportait à la Divinité, d'une façon parfaite, toutes les joies, la gloire, le retour d'amour de toute la Création. La Divinité était si ravie qu'elle me donna la primauté sur toutes choses ainsi que le droit de juger toutes les créatures.

«Oh! quel bien ce fut pour les créatures, vu qu'un des leurs, qui les aimait tellement et qui avait souffert afin de les placer en sécurité, devait être leur juge! En voyant en moi la réalisation complète de la Création, la Divinité, comme si elle renonçait à tous ses droits, me concéda tous droits sur toutes les créatures. Mais quand mon Humanité passa au Ciel, il n'y avait plus personne sur la terre pour y perpétuer la pleine vie dans la Divine Volonté, c'est-à-dire quelqu'un qui, élevé au-dessus de tous et de tout dans notre Volonté, nous apporte les joies pures de la Création et nous laisse continuer nos amusements innocents avec une créature terrestre. Ainsi, nos joies furent interrompues, nos divertissements brisés sur la surface de la terre.»

En entendant cela, j'ai dit: «Mon Jésus, comment cela est-il possible? C'est vrai que notre Maman et ton Humanité sont passés au Ciel, mais n'as-tu pas emmené les joies avec toi, afin de continuer tes divertissements innocents dans le Ciel avec ton Père Céleste?» Jésus me répondit: «Les joies du Ciel nous sont propres et personne ne peut nous les enlever ou les diminuer, mais celles qui nous viennent de la terre, nous sommes dans l'acte de les acquérir, ce qui nous place devant la possibilité d'une victoire ou d'une défaite. C'est ainsi que se forment les joies de l'acquisition. Et, s'il y a défaite, des souffrances s'ensuivent.

«Venons-en maintenant à nous, ma fille. Quand je suis venu sur la terre, l'homme était si englouti dans le mal et si rempli de sa volonté humaine que la vie dans ma Volonté ne pouvait trouver place en lui. Aussi, dans ma Rédemption, j'implorai d'abord pour que l'homme ait la grâce de la résignation à ma Volonté car, dans l'état où il se trouvait, il était incapable de recevoir le plus grand des cadeaux: celui de la vie dans ma Volonté. J'implorai ensuite pour lui la plus grande de toutes les grâces, le couronnement et l'accomplissement de toutes les grâces: la grâce de la vie dans ma Volonté, afin que nos joies pures de la Création et nos amusements innocents reprennent leur cours sur la surface de la terre.

«Près de vingt siècles ont passé depuis que les vraies et pures joies de la Création ont été interrompues pour nous, puisque nous n'avons pas trouvé le potentiel voulu, le dépouillement total de la volonté humaine, pour pouvoir déposer la vie dans notre Volonté. Afin d'arriver à cela, nous devions choisir une créature qui soit toute proche des générations humaines. Si j'avais choisi ma Maman comme exemple, les gens se seraient sentis bien distants d'elle et auraient dit: "Comment pouvait-elle ne pas vivre dans la Divine Volonté, puisqu'elle était exempte de toute tache, même de la tache originelle?" Alors, on aurait haussé les épaules et tout mis de côté. Et si j'avais pris mon Humanité comme exemple, les gens auraient été encore plus effrayés et auraient dit: "Il était Dieu et homme, et puisque la Divine Volonté était sa propre vie, ce n'est pas surprenant qu'il ait vécu dans la Suprême Volonté."

«Ainsi, pour que cette Divine Volonté ait vie dans mon Église, je devais descendre plus bas et choisir une créature parmi eux. Lui donnant suffisamment de grâces et faisant mon chemin en son âme, je devais la vider de tout, lui faire comprendre le grand mal de la volonté humaine afin qu'elle l'ait en horreur, au point d'être prête à mourir plutôt que de faire sa propre volonté. Alors, prenant l'attitude d'un professeur, je lui fis comprendre toute la beauté, le pouvoir, les effets et la valeur de la vie dans mon Éternelle Volonté, ainsi que la manière d'y vivre. J'ai déposé en elle la loi de ma Volonté. J'ai agi comme dans une seconde Rédemption dans laquelle j'ai établi un Évangile, des sacrements et des enseignements comme départ afin de pouvoir effectuer cette Rédemption.

«Si je n'avais rien placé comme fondations, à quoi les créatures auraient-elles pu s'accrocher? Comment savoir ce qu'il fallait faire? C'est ainsi que j'ai fait avec toi. Combien d'enseignements ne t'ai-je pas donnés? Combien de fois ne t'ai-je pas conduite par la main dans des envols dans ma Volonté? Et toi, planant au-dessus de toute la Création, tu apportais ses pures joies aux pieds de la Divinité, et nous nous amusions avec toi.

«Parce que nous avons choisi une créature apparemment non différente des autres, ces dernières prendront courage. Et voyant les enseignements, la voie, et le grand bien que comporte la vie dans ma Volonté, elles se mettront à la tâche. Alors, les pures joies de la Création et nos divertissements innocents ne seront plus interrompus sur la surface de la terre. Et même s'il n'y avait qu'une personne à chaque génération qui vive dans notre Volonté, ce serait toujours fête pour nous. Quand il y a fête, il y a toujours plus de manifestations et on donne plus généreusement. Oh! que de biens ces personnes obtiendront pour la terre pendant que leur Créateur se délectera dans ses domaines!

«Donc, ma chère fille, sois attentive à mes enseignements, car tout revient à me laisser former une loi — non pas une loi terrestre, mais une Loi céleste, non pas une loi de simple sainteté, mais une Loi divinequi ne permettra plus de distinguer les citoyens terrestres de ceux du Ciel, une loi d'Amour qui, détruisant tout ce qui pourrait empêcher l'union des créatures avec leur Créateur, permettra le partage de tous les biens de ma Volonté avec les créatures, enlevant d'elles toutes les faiblesses et les misères découlant du péché originel. La loi de ma Volonté mettra dans les âmes tellement de force qu'elle sera pour elles un doux enchantement et plongera dans le sommeil les faiblesses de leur nature en les remplaçant par les doux enchantements des biens divins.

«Rappelle-toi toutes les fois que tu m'as vu écrire au fond de ton âme: c'était la nouvelle Loi de la vie dans ma Volonté. En premier, je prenais plaisir en l'écrivant pour augmenter ta capacité, puis j'ai pris l'attitude d'un enseignant pour te l'expliquer. Combien de fois ne m'as-tu pas vu taciturne et pensif dans la profondeur de ton âme? C'était le grand art de ma Volonté que je formais en toi; et toi, ne me voyant pas parler, tu te plaignais que je ne t'aimais plus. Ah! c'était précisément à ce moment que, se déversant en toi, ma Volonté augmentait tes capacités, te confirmait en elle et t'aimait le plus. Donc, n'examine rien de ce que je fais en toi, mais demeure paisible, toujours dans ma Volonté.»

45.  24 février 1924 — Jésus a déposé dans le Cœur de sa Très Sainte Mère les biens et la loi de la Rédemption; de même il met en Luisa la loi éternelle de la Divine Volonté et les enseignements pour la comprendre. Les biens immenses d'un seul acte accompli dans la Divine Volonté.

Me sentant immergée dans la Divine Volonté, je me disais: «Combien d'autres choses mon doux Jésus ne doit-il pas dire à d'autres âmes sur sa Volonté! Si, à moi qui suis si indigne et incapable, il a dit tant de choses, combien ne doit-il pas en dire à d'autres bien meilleurs que moi?»

Bougeant en moi, mon aimable Jésus me dit: «Ma fille, les fondements et tous les biens de la Rédemption ont été déposés par moi dans le cœur de ma chère Maman. En effet, puisqu'elle fut la première à vivre dans ma Volonté et, conséquemment, celle en qui je fus conçu, il était juste qu'elle soit la dépositaire de tous les biens de la Rédemption. Et lorsque je me suis engagé dans ma vie publique, je n'ai pas eu à ajouter une seule virgule à ce que ma mère possédait déjà. De même, les apôtres et toute l'Église n'ont rien eu à ajouter à ce que j'ai dit et fait lorsque j'étais sur la terre. L'Église n'a ajouté aucun autre Évangile et n'a institué aucun autre sacrement. Elle n'a toujours enseigné que ce que j'ai fait et dit.

«Il est nécessaire que celui qui est appelé à être le premier reçoive tous les fondements et tous les enseignements à être transmis par la suite à toutes les générations. C'est vrai que l'Église a commenté les Évangiles et a beaucoup écrit sur tout ce que j'ai fait et dit, mais elle ne s'est jamais éloignée de la source, de mes enseignements originaux. Ce sera la même chose en ce qui concerne ma Volonté: je placerai en toi tous les fondements et les enseignements nécessaires pour que la loi éternelle de ma Volonté soit bien comprise. Et quand l'Église se chargera de donner des explications et des commentaires sur cette loi, elle ne s'éloignera jamais de la source première formée par moi. Et si quelqu'un voulait s'écarter de cela, il serait sans lumière, dans une profonde noirceur; et s'il désirait de la lumière, il serait forcé de retourner à la source de mes enseignements déposés en toi.»

En entendant cela, je lui dis: «Mon doux Amour, lorsque des rois font des lois, ils appellent leurs ministres comme témoins de ces lois, lesquelles ils déposent entre leurs mains pour qu'ils les publient afin que les gens puissent en prendre connaissance et les observer. Moi, je ne suis pas un ministre, je suis toute petite et bonne à rienJésus reprit: «Je ne suis pas comme les rois de la terre qui négocient avec les grands. J'aime mieux traiter avec les tout-petits parce qu'ils sont plus dociles, ne s'attribuent rien à eux-mêmes et ne s'en remettent qu'à ma bonté.

«J'ai quand même choisi l'un de mes ministres pour t'accompagner dans ta condition actuelle et, même si tu m'as beaucoup prié de te libérer de ses visites quotidiennes, je ne t'ai pas écoutée. Et même si tu n'étais plus assujettie à tomber dans cet état, je ne permettrai pas que tu sois privée de son aide. La raison pour qu'un de mes ministres t'accompagne est qu'il soit pleinement informé de la loi de ma Volonté, qu'il en soit le témoin et le dépositaire et, qu'en tant que fidèle ministre de mon Église, il fasse connaître ce si grand bien.»

À la suite de cette conversation, je fus tellement immergée dans la Divine Volonté que je me sentais comme dans une immense mer; mon esprit y nageait et je prenais une goutte de Divine Volonté par ci, une autre par là. Les connaissances à son sujet se déversaient tellement en moi que je n'avais pas la capacité de toutes les recevoir. Je me suis dit: «Combien profonde, haute, immense et sainte est ta Volonté, ô mon Jésus! Tu veux réunir tout ce qui la concerne, et moi, toute petite, je m'y noie. Par conséquent, si tu veux que je comprenne ce que tu désires me faire comprendre, infuse-le en moi petit à petit; de cette manière, je serai capable de communiquer ces connaissances à ceux que tu voudras.»

Jésus reprit: «Ma fille, ma Volonté est en effet immense, elle contient tout de l'Éternité. Si tu savais le bien que peut contenir un simple mot à son sujet ou une seule action faite en elle, tu serais étonnée. Par une simple action faite dans ma Volonté, la créature tient le Ciel et la terre comme en son pouvoir. ❤️ Ma Volonté est la vie de tout et coule partout; elle circule dans chaque affection, chaque battement de cœur, chaque pensée, dans tout ce que font les créatures. Elle coule dans chaque acte du Créateur, dans chaque bien que je fais, dans la lumière que j'envoie à l'intelligence, dans le pardon que j'accorde, dans l'amour que je donne, dans les âmes que j'enflamme, dans les bienheureux que je béatifie: en tout. Il n'est aucun bien émanant de moi ni aucun point d'éternité où ma Volonté n'occupe pas au moins une petite place. ☀️ Oh! comme ma Volonté m'est précieuse, comme je la ressens inséparable de moi! Par conséquent, vogue en elle et tu toucheras de tes propres mains à ce que je te dis.»

Pendant qu'il disait cela, je plongeai dans l'immense mer de sa Volonté, et j'y voguai, voguai ... Mais qui peut tout dire? J'ai vogué partout et j'ai pu toucher de mes propres mains ce que Jésus me disait, mais je suis incapable de l'écrire. Si Jésus veut que je le fasse, il me donnera plus de capacités. Pour l'instant, je m'arrête ici.

46.  28 février 1924 — Tous les biens que Dieu a préparés et établis dans la Création pour les créatures sont suspendus dans sa Volonté; il attend pour les donner, des âmes qui, revenant à leur ordre originel, vivront dans Sa Volonté. C'est ce qu'il fait en Luisa en premier.

Pendant que je priais, je sentais mon aimable Jésus en moi, priant à un moment, souffrant à un autre et travaillant à un autre. Il m'appelait souvent par mon nom et je lui disais: «Jésus, que veux-tu? Que fais-tu? Tu me parais très occupé et très souffrant. Et quand tu m'appelles, accaparé par tes préoccupations, tu oublies que tu m'as appelée et tu ne me dis rien.»

Jésus me répondit: «Ma fille, je suis très occupé, car j'apporte toutes les données de la vie dans ma Volonté; c'est nécessaire que je fasse cela d'abord en toi. Et pendant que je le fais, j'illumine tout ton intérieur de la lumière infinie de ma Volonté, afin que ta petite volonté humaine soit pleinement unie à la mienne et en reçoive tous les biens qu'elle veut donner à la volonté humaine. Tu dois savoir que, lorsque la Divinité créa l'humanité, elle déploya tout ce qu'elle allait donner à l'homme: ses dons, ses grâces, ses caresses, ses baisers et l'amour qu'elle allait lui manifester. De la même façon qu'elle lui avait livré le soleil, les étoiles, l'azur des cieux et toutes les autres choses, elle avait aussi rangé tous les dons avec lesquels elle devait enrichir son âme.

«Quand l'homme se retira de la Volonté Suprême, il rejeta tous ces dons, mais la Divinité n'effaça pas ceux-ci totalement, elle les laissa en suspens dans la Divine Volonté en attendant que la volonté humaine revienne à l'ordre original en se rattachant de nouveau à la Volonté de Dieu. C'est ainsi que sont en suspens dans ma Volonté l'amour raffiné, les baisers, les caresses, les dons, les communications et mes plaisirs innocents que j'aurais vécus avec Adam s'il n'avait pas péché.

En rétablissant la loi de la vie dans ma Volonté, ma Volonté veut livrer tous ces biens qu'elle a décrétés de donner aux créatures et qui sont en suspens entre le Créateur et les créatures. C'est pourquoi je travaille en toi pour relier ta volonté humaine à la Volonté Divine. Je prends tellement à coeur ce rétablissement de l'harmonie entre la volonté humaine et la Volonté Divine que, jusqu'à ce que je l'obtienne, je me sens comme si ma Création n'avait pas du tout correspondu à mon dessein premier.

«Sache que si j'ai accompli la Création, ce n'était pas parce que j'avais besoin d'elle: j’étais suffisamment heureux en moi-même. Si je l'ai réalisée, c'est parce qu'en plus de tout le bien contenu en nous, nous voulions un plaisir provenant de l'extérieur de nous. C'est pourquoi tout fut créé. Dans une immense effusion de notre amour très pur, nous avons conçu la créature de notre souffle tout-puissant, afin que nous puissions nous réjouir avec elle et qu'elle soit heureuse avec nous et avec toutes les choses que nous avons créées par amour pour elle.

«En se retirant de notre Volonté, l'homme, qui devait nous permettre de nous réjouir avec lui, nous donna de l'amertume car, au lieu de s'amuser avec nous, il s'amusa égoïstement avec les choses créées par nous et avec ses propres passions, nous mettant ainsi de côté. Cela n'était-il pas mettre la Création sans dessus dessous en entravant notre objectif premier? Vois donc combien il est nécessaire que nous restaurions nos droits et que la créature réintègre notre sein. L'homme doit faire marche arrière en se liant de nouveau à notre Volonté par un lien indissoluble. Il doit renoncer à sa volonté pour vivre de la nôtre. C'est pourquoi je travaille dans ton âme. Quant à toi, conforme-toi au travail de ton Jésus qui désire tant ramener sur terre les dons et les grâces en suspens dans sa Volonté.»

47.  2 mars 1924 — En vertu de la Lumière de sa Volonté, Jésus s'est étendu à tous et à toutes choses. Les âmes qui feront la Volonté de Dieu éclaireront dans Sa Lumière et seront comme les premières créées par Dieu. Elles seront les véritables enfants légitimes qui donneront à Dieu "gloire et honneur",  préservant en elles le but intégral de la Création.

Je m'interrogeais sur la manière dont les pensées, les paroles et les actes de Jésus peuvent se prolonger en celles des créatures. Bougeant en moi, mon Jésus bien-aimé me dit: «Rien de cela ne devrait te surprendre. En moi, il y a la Divinité avec la lumière infinie de mon Éternelle Volonté par laquelle je peux voir très facilement chaque pensée, chaque mot, chaque battement de cœur, chaque acte des créatures. Quand je pense, par ma lumière, ma pensée rejoint les pensées des créatures, et il en va ainsi pour mes paroles et tout ce que je fais et souffre.

«Le soleil a lui aussi cette propriété: sa lumière est unique et, cependant, combien sont inondés par elle [ceux qui sont dans l'ombre ne le sont pas quoiqu'ils profitent tout de même d'un peu de chaleur et de lumière]? Par sa lumière, le soleil peut faire cela de là-haut sans avoir à descendre ici-bas pour éclairer et réchauffer chacun — lui qui, cependant, ne possède que l'ombre de ma lumière je peux faire cela beaucoup plus, moi qui possède la Lumière infinie. Parce que ma Volonté en a le pouvoir, quand l'âme entre en elle, elle ouvre en cette âme le courant de sa lumière par laquelle chacune des pensées de cette âme, chacun de ses mots et chacun de ses actes s'étendent à tous. [Ma Divine Volonté qui contient cette vertu "la Lumière", à mesure que l'âme entre dans ma Volonté, ma Volonté ouvre le courant de la Lumière qu'elle contient, en cette âme. Cette Lumière, envahissant tout, apporte à tous — les pensées, les paroles, les actes — "de l'âme", qui sont entrés dans le courant de la Lumière Divine.]

Il n'y a rien de plus sublime, de plus grand, de plus divin, de plus saint que de vivre dans ma Volonté; [les générations de ses actes sont incalculables]. Quand l'âme n'est pas unie à ma Volonté et n'y entre pas, elle ne fait pas ses petites rondes et elle n'ouvre pas le courant de la Lumière infinie de ma Volonté. Par conséquent, tout ce qu'elle fait lui est personnel, le bien qu'elle fait et ses prières sont comme les petites lumières qu'on utilise dans les chambres, incapables d'éclairer toutes les salles de la maison et encore moins de rayonner à l'extérieur. Et si l'huile manque à l'âme, c'est-à-dire si elle cesse de produire des actes, sa petite lumière s'éteint et tombe dans le noir.»

Après ces propos de Jésus, je me fusionnai dans l'Éternelle et Divine Volonté, me plaçant à la tête de toutes les créatures pour apporter à la Divine Majesté le retour pour tout, l'amour de chacune. Pendant que je faisais cela, je me disais: «Comment est-ce possible que je puisse marcher à la tête de toutes les créatures alors que je suis née après tant de générations? Tout au plus, je devrais me placer au milieu, entre les générations passées et les générations futures, ou plutôt, à cause de mon insignifiance, derrière tout le monde

Bougeant en moi, mon aimable Jésus me dit: «Ma fille, la création tout entière a été faite pour que tous accomplissent ma Volonté. La vie des créatures devait couler dans ma Volonté comme le sang coule dans les veines. Les créatures devaient vivre dans ma Volonté comme mes propres enfants; rien ne devait leur être étranger de ce qui est mien; je devais être leur Père tendre et aimant et ils devaient être mes enfants tendres et aimants. Tel était le but de la Création. Mais, comme les générations précédentes ont dévié de ce but, elles seront placées derrière et ma Volonté placera en premier les créatures qui seront et demeureront fidèles au but pour lequel elles ont été créées.

«Ces âmes, qu'elles soient venues avant ou après, occuperont la première place auprès de la Divinité. En ayant répondu au but de la Création, elles seront distinguées parmi toutes et marquées du halo de notre Volonté comme par une pierre précieuse éclatante, et tous les laisseront passer pour qu'elles occupent les premières places d'honneur.

«Il n'y a là rien de surprenant: la même chose arrive aussi en ce bas monde. Imagine un roi au milieu de sa cour, de ses ministres, de ses députés et de son armée et que son petit enfant prince s'amène; même si tous ces personnages sont grands, qui ne donnerait pas libre accès au petit prince pour qu'il puisse occuper sa place d'honneur aux côtés du roi son père? Qui oserait se comporter avec le roi avec la familiarité que peut se permettre cet enfant? Qui blâmerait ce roi et son fils du fait que, même si ce dernier est le plus petit de tous, il passe au-dessus de tous et prenne sa place première et légitime auprès du roi son père? Certainement personne. Tout au contraire, tous respecteront les droits du petit prince.

«Descendons encore plus bas. Imaginons une famille: un fils y est né en premier, mais ne veut pas se prêter à faire la volonté de son père et ne veut pas non plus étudier ou travailler. Médiocre et fainéant, il est la consternation de son père. Un autre fils voit le jour. Bien que plus petit, il fait la volonté de son père, est studieux et arrive à devenir un professeur haut gradé. Qui sera le premier dans cette famille et recevra la place d'honneur auprès du père? N'est-ce pas celui qui est venu en dernier?

«Aussi, ma fille, seulement ceux qui auront su répondre parfaitement au but de la Création seront considérés comme mes vrais fils légitimes. En faisant ma Volonté, ils auront préservé en eux le Sang pur de leur Père du Ciel qui leur aura conféré tous les attributs de sa ressemblance. Par conséquent, ils seront très facilement reconnaissables comme nos enfants légitimes et notre Volonté veillera à ce qu'ils conservent leur noblesse, leur pureté, leur fraîcheur ainsi que tout l'amour de celui qui les a créés.

«En tant que nos enfants qui auront toujours été dans notre Volonté et n'auront jamais donné vie à leur propre volonté, ils seront comme s'ils étaient les premiers à avoir été créés par nous, nous donnant la gloire et les honneurs correspondant aux fins pour lesquelles toutes choses ont été créées.

«Voilà pourquoi le monde ne peut pas prendre fin maintenant: nous attendons la génération de nos enfants qui, en vivant dans notre Volonté, nous donneront la gloire de nos oeuvres. Ces personnes n'auront que notre Volonté comme vie. Il leur sera tout naturel d'accomplir la Divine Volonté spontanément, sans effort, tout comme sont naturels les battements du coeur, la respiration, la circulation du sang. Ils ne regarderont pas cela comme une loi à observer — les lois étant pour les rebelles —, mais comme étant leur vie, un honneur, le commencement et la fin. Puisses-tu, ma fille, n'avoir à coeur que ma Volonté, ne te sentir concernée par rien d'autre, afin que ton Jésus réalise en toi le but de toute la Création.»

48.  13 mars 1924 — Comme la volonté de Luisa se fond dans la Volonté Divine, la Lumière Divine opère en elle comme dans l'Humanité de Jésus, ce qui lui apporte des souffrances. La créature qui vit dans la Volonté absorbe en elle la ressemblance de son Créateur, de sorte qu'elle s'embellit, s'enrichit et s'agrandit. Elle reçoit les radiations de Dieu. Recevant tout de Lui,  elle trouve tout et apporte toute la création aux pieds de la Majesté Éternelle.  Dans sa Volonté, elle monte au Ciel et revient sur terre, encore et encore afin de Lui apporter toutes les générations, de l'aimer pour tous, et de le faire aimer de tous.

Je me sentais mourir à cause de l'absence de mon doux Jésus. Après beaucoup de luttes de ma part, il bougea en moi et me partagea ses souffrances au point que je suffoquais et ressentais les transes de l'agonie. J'étais incapable d'identifier la cause de ces souffrances si ce n'est que je me sentais comme baignée dans une immense lumière qui se changeait en souffrances pour moi. Après cela, mon aimable Jésus me dit: «Ma fille, ma fidèle et inséparable amie, voici pourquoi je ne venais pas: mes souffrances étaient si grandes que je craignais que ma venue m'amène à te faire partager ces souffrances et d'avoir à souffrir de te voir souffrir à cause de moi.»

Je lui dis: «Ah! mon Jésus, comme tu as changé. Ce que tu me dis me démontre que tu ne veux plus souffrir avec moi, que tu désires le faire tout seul. Alors, si je ne suis plus digne de souffrir avec toi, ne te cache pas mais viens plutôt sans me faire souffrir. Il est vrai que de ne plus avoir part à tes souffrances sera pour moi un clou pénétrant, mais ce sera moins douloureux que d'être privée de toi.»

Il reprit: «Ma fille, tu parles ainsi parce que tu ne connais pas la nature de l'amour véritable. L'amour véritable ne cache rien au bien-aimé, ni ses joies ni ses souffrances. Pour une seule pensée triste, une seule fibre du cœur qu'il garde cachée et ne verse pas dans le bien-aimé, il se sent comme séparé de lui, mécontent, troublé. Et jusqu'à ce qu'il déverse tout son cœur dans celui qu'il aime, il ne peut trouver le repos. Alors, venir te voir et ne pas verser en toi tout mon cœur, mes peines, mes joies et l'ingratitude des hommes serait trop difficile pour moi. Je me contenterais de rester caché dans les profondeurs de ton âme plutôt que de venir et de ne pas partager avec toi mes souffrances et mes secrets les plus intimes. Par conséquent, je vais m'accommoder de souffrir en te regardant souffrir plutôt que de ne pas verser tout mon cœur en toi.»

Je lui répondis: «Mon Jésus, pardonne-moi; j'ai parlé ainsi parce que tu disais que tu souffrirais en me voyant souffrir. En fait, qu'il n'y ait jamais rien qui nous sépare. Que vienne n'importe quelle souffrance, mais d'être séparés, jamais!» Jésus reprit: «Ne crains pas, ma fille, partout où se trouve ma Volonté, il ne peut y avoir de séparation en amour. En réalité, je ne t'ai rien fait : c'est la lumière de ma Volonté qui te faisait souffrir. Te pénétrant comme une lumière très pure, ma Volonté apportait mes souffrances dans les fibres les plus intimes de ton cœur. Ma Volonté est plus pénétrante que n'importe quel dard, plus que des clous, des épines ou des coups de fouet. Étant une lumière très pure, dans son immensité, elle voit tout et renferme tout; donc, elle comporte la capacité de toutes souffrances. En faisant pénétrer sa lumière dans l'âme, elle lui apporte les souffrances qu'elle veut.

«Ainsi, puisque ta volonté et la mienne ne font qu'un, sa lumière t'apportait mes souffrances. C'est ainsi qu'opérait ma Divine Volonté dans mon Humanité: sa lumière très pure m'apportait des souffrances à chaque respiration, à chaque battement de cœur, à chaque mouvement, dans tout mon être. Rien n'était caché à ma Volonté: ni les offenses des créatures, ni ce qui était nécessaire afin de restaurer la gloire du Père en leur nom, ni ce qui était nécessaire pour les sauver. Par conséquent, ma Volonté ne m'épargnait rien: sa lumière très pure crucifiait mes fibres les plus intimes, mes battements de cœur enflammés; elle me crucifiait continuellement dans tout mon être.

«Ah! si les créatures savaient ce que ma Divine Volonté faisait endurer à mon Humanité par amour pour elles, elles seraient attirées à m'aimer comme par un puissant aimant. Mais, pour l'instant, cela n'est pas possible parce que leur goût est grossier et profané par la volonté humaine; elles ne peuvent jouir des doux fruits des souffrances de ma Divine Volonté. Vivant au niveau terre à terre de la volonté humaine, elles ne comprennent pas la hauteur, la puissance et les biens que contient la Divine Volonté.

«Mais le temps vient où, faisant son chemin au milieu des créatures et se faisant mieux comprendre, la Volonté Suprême manifestera les grandes souffrances que ma Volonté Éternelle a fait subir à mon Humanité. Par conséquent, laisse-toi pénétrer par la lumière de ma Volonté afin qu'elle puisse opérer en toi parfaitement et complètement. Et si tu ne me vois pas souvent, ne t'afflige pas: de nouveaux événements et des choses imprévues se préparent pour la pauvre humanité. Cependant, la lumière de ma Volonté ne te manquera jamais.»

Après cela, mon aimable Jésus disparut et je me sentis tout immergée dans sa Volonté. Je ressentais ma pauvre petitesse en face de l'immensité divine, ma misère en face des richesses divines, ma laideur en face de la beauté éternelle. Dans sa Volonté, je ressentais les radiations de Dieu et, pendant que je recevais tout de lui, je trouvais tout et j'apportais toute la création comme sur mes genoux aux pieds de la Majesté Éternelle. Il me semblait que, dans sa Volonté, je ne faisais que monter au Ciel et revenir sur terre, puis remonter encore afin de lui apporter toutes les générations, de l'aimer pour tous, et de le faire aimer de tous.

Pendant que je faisais ainsi, mon Jésus se montra de nouveau et il me dit: «Ma fille, comme c'est ravissant de voir la créature vivre dans notre Volonté! Elle vit dans notre rayonnement par lequel elle acquiert la ressemblance avec son Créateur. Elle devient tellement embellie et remplie de nous qu'elle devient capable de prendre tout le monde et toutes les choses et de nous les apporter; elle tire tellement d'amour de nous qu'elle devient capable de nous aimer pour tous. Nous trouvons tout en elle: notre amour répandu dans toute la Création, notre contentement et le retour pour nos œuvres.

«Notre amour pour l'âme qui vit dans notre Volonté est tellement grand que ce que nous sommes par nature, l'âme le devient par la vertu de notre Volonté. Nous versons tout en elle. aucune de ses fibres n'est laissée sans que s'y trouve quelque chose de nous. Nous la comblons au point de débordement, formant des rivières et des mers divines autour d'elle, où nous descendons pour nous y amuser. En elle, nous admirons amoureusement nos œuvres en nous sentant pleinement glorifiés.

«Par conséquent, ma fille, vit dans la très pure lumière de ma Volonté si tu veux que ton Jésus répète pour toi cette parole qu'il a dite en créant l'homme: "Par la vertu de notre Volonté, faisons cette âme à notre image et à notre ressemblance."»

49.  19 mars 1924 — La Lumière de la Divine Volonté est le passeport permettant de pénétrer partout. L'amour et les actions faites dans la Divine Volonté multiplient la Vie de Jésus.

Pendant que je m'immergeais dans l'immense mer de la Divine Volonté, mon doux Jésus sortit de mon intérieur en me bénissant. Après m'avoir bénie, il entoura mon cou de ses bras et il me dit: ❤️ «Ma fille, je bénis ton cœur, tes battements de cœur, tes affections, tes paroles, tes pensées et même tes plus petits mouvements afin que tout en toi soit investi d'une Vertu divine. Ainsi, dans ma Volonté et en vertu [en raison] de cette bénédiction, tout en toi pourra diffuser cette divine vertu et me multiplier en chacune des créatures, de manière à me donner l'amour et la gloire comme si tous avaient ma vie en eux. ☀️ [«Ma fille, je bénis ton cœur, tes battements de cœur, tes affections, tes paroles, tes pensées, jusqu'à ton moindre mouvement, pour que chacun, avec ma bénédiction, reste investi d'une vertu divine, de telle manière qu'en entrant dans ma Volonté, ils apportent avec eux, en vertu de ma bénédiction, cette vertu divine qui les rend capables de se répandre en chacun, de se donner à chacun, de Me multiplier pour chacun, de Me donner de l'amour, de la gloire, comme si chacun avait ma Vie en eux.]

❤️ «Par conséquent, entre dans ma Volonté, promène-toi entre le Ciel et la terre et visite chacun. Ma Volonté est une lumière très pure possédant l'omniscience, laquelle est comme un passeport permettant d'entrer dans les endroits les plus cachés, ☀️ les fibres les plus secrètes, les abîmes les plus profonds, les espaces les plus élevés. Ce passeport n'a besoin d'aucune signature pour être valide, il l'est par lui-même. Et comme il est la lumière qui descend d'en haut, personne ne peut empêcher sa marche ou bloquer son entrée. Il est roi de toutes choses et a autorité partout.

❤️ «Donc, place tes pensées, tes paroles, tes battements de cœur, tes souffrances et tout ton être en circulation dans ma Volonté. Ne laisse rien en toi afin que, par le passeport de la lumière de ma Volonté et par ma divine vertu, tu puisses entrer dans chaque action des créatures et multiplier ma Vie en chacune. ☀️ Oh! comme je serai heureux de voir que, par la vertu de ma Volonté, les créatures empliront le Ciel et la terre avec autant de mes vies qu'il y a de créatures!»

Après ces paroles de Jésus, je m'abandonnai dans la Volonté Suprême. 🙏 Circulant en elle, je fis couler mes pensées, mes paroles, mes réparations, etc., dans chaque intelligence créée et dans tous les travaux humains. Pendant que je faisais ainsi, Jésus était formé. Oh! comme il était ravissant de voir beaucoup de Jésus partout où le passeport de la lumière de la Volonté Éternelle passait!🔥

Après cela, je réintégrai mon corps et trouvai Jésus accroché à mon cou. M'enlaçant complètement, il semblait faire la fête comme si j'étais la cause de la multiplication de sa vie, ce qui lui donnait l'honneur et la gloire d'autant de vies divines. Alors je lui dis: «Mon amour, ça ne me semble pas possible que j'aie pu multiplier ta vie pour te donner le grand honneur de tant de vies divines. Tu es présent partout et c'est par ta propre vertu que cette vie se manifeste en chacun, non à cause de moi. Je suis toujours la petite enfant bonne à rien.»

Il me répondit: «Ma fille, ce que tu dis est vrai: je suis présent partout et c'est ma puissance, mon immensité et mon omniscience qui me permettent de me trouver partout, ce ne sont pas l'amour ou les actions des créatures dans ma Volonté qui font que je suis partout et que je me multiplie. Mais, quand l'âme entre dans ma Volonté, c'est son amour, ce sont ses actions remplies de la vertu divine qui font que ma vie s'élève et cela, suivant la manière plus ou moins parfaite dont ses actions sont accomplies.

«La raison pour laquelle je suis en fête est que tu as pris ce qui est mien et tu m'as redonné mon amour, ma gloire, et même ma propre vie. Ma satisfaction est si grande que la créature ne peut le comprendre pendant qu'elle vit en exil; elle le comprendra dans la Patrie céleste, quand elle se verra récompensée d'autant de vies divines qu'elle en aura formées sur la terre.»

50.  22 mars 1924 — Luisa doit "tout écrire" pour attirer les âmes de toutes les manières possibles et ne pas s'inquiéter du fait que rien ne  semble changer dans le monde. La Mère du Ciel possédait aussi la Volonté mais elle ne fit pas de miracle; pourtant par sa «vie continuelle dans la Divine Volonté, elle forma en elle l'espace pour y recevoir le Verbe sur la terre». De même, la vie cachée de Jésus, apparemment insignifiante était le levain, la préparation de la Rédemption. Pareillement pour Luisa, Jésus dépose en elle le levain de sa Volonté et pose les fondations afin qu'il y ait un total accord entre elle et Lui afin que le Ciel ouvre de nouveaux courants de grâces pour que «sa Volonté soit connue sur la terre et y exerce sa pleine domination».  Seule cette Doctrine mettra un terme à la voie de perdition du monde et permettra à Jésus de compléter ses travaux, donnant le dernier coup de pinceau à toute la Création.

Après avoir exposé au confesseur ce qui est écrit plus haut, celui-ci me dit qu'il n'était pas convaincu que ces choses étaient vraies et que, si c'était le cas, quelqu'un aurait dû voir le monde changer, du moins en partie, ce matin-là. Ainsi, je restai hésitante à écrire ou dire quelque chose de plus. Quand Jésus arriva, je m'abandonnai dans ses bras et déversai mon cœur en lui. Je lui dis ce que mon confesseur pensait et que, pour croire, les gens voudront voir des choses prodigieuses, des miracles. Me serrant contre lui, mon Jésus bien-aimé, comme pour dissiper mes doutes, me dit:

«Ma fille, courage, ne perds pas cœur! Si ce n'était pas nécessaire que tu écrives, je ne t'aurais pas astreinte à ce sacrifice. Tu dois savoir que les vérités que je te fais connaître au sujet de ma Volonté et des choses que les créatures doivent faire pour y vivre sont comme divers aimants, saveurs, attraits, mets, harmonies, parfums, lumières. Chaque chose dont je te parle renferme sa particularité propre. Par conséquent, en ne faisant pas connaître tous les biens qui sont dans ma Volonté, ou jusqu'où l'âme peut atteindre en vivant en elle, tu seras la cause de l'absence soit d'un appât afin de capturer les âmes, soit d'un aimant pour les attirer, soit d'une nourriture pour les rassasier. Alors la parfaite harmonie de la vie dans ma Volonté, le plaisir de ses parfums et sa lumière pour guider les âmes ne seront pas connus et, ne connaissant pas tous ses biens, les âmes n'auront pas le désir ardent de s'élever au-dessus de tout pour vivre dans ma Volonté.

«D'autre part, ne t'inquiète pas au sujet de ce qu'on t'a dit. Ma Maman aussi possédait ma Volonté comme vie, ce qui n'empêcha pas le monde de continuer sa course dans le mal: rien ne semblait avoir changé, aucun miracle extérieur n'était perçu la concernant. Cependant, ce qu'elle ne faisait pas ici-bas, elle le faisait dans le Ciel avec son Créateur. Par sa vie continuelle dans la Divine Volonté, elle forma en elle l'espace pour y recevoir le Verbe sur la terre; elle changea le destin de l'humanité et réalisa le plus grand des miracles qu'aucun autre n'avait fait ou ne fera jamais: celui d'amener le Ciel sur la terre. Quelqu'un qui accomplit ce qu'il y a de plus grand n'a pas à faire ce qui est moindre.

«Cependant, qui avait connaissance de ce que ma Maman accomplissait, de ce qu'elle faisait avec l'Éternel afin d'obtenir le grand prodige de la descente du Verbe au milieu des créatures? Cela n'était connu que par quelques-uns lors de ma conception et par un peu plus lorsque je rendis mon dernier souffle sur la Croix.

«Ma fille, plus le bien que je veux faire à une âme est grand — un bien devant se réaliser au profit des générations humaines et m'apporter une gloire complète —, plus j'attire cette âme à moi et fais en sorte que ce bien mûrisse entre elle et moi. Je l'isole et vois à ce qu'elle soit ignorée et, quand ma Volonté désire qu'elle soit auprès d'une créature, cela prend tout mon pouvoir afin qu'elle se soumette à ce sacrifice. Par conséquent, laisse faire ton Jésus, et calme-toi.»

Je lui dis: «Jésus, ils ont raison! Ils disent qu'ils ne voient aucune évidence, aucun bien positif, que ce ne sont que des mots. Quant à moi, je ne désire réellement rien; tout ce que je désire, c'est de faire comme toi tu veux: accomplir ta Très Sainte Volonté et que ce qui se passe entre toi et moi demeure dans le secret de nos cœurs.»

Jésus reprit: «Ah! ma fille, aurais-tu aimé que j’aie travaillé à ma Rédemption en secret avec le Père Céleste et avec ma Maman très chère qui devait me concevoir, et que personne d'autre n'ait su que j'étais descendu sur la terre? Aussi grand qu'un bien puisse être, s'il n'est pas connu, il ne produit pas la vie, ne multiplie pas, n'est pas aimé ni imité. Alors ma Rédemption aurait été sans effet pour les créatures.

«Ma fille, laisse-les parler et laisse-moi faire. Ne te sens pas concernée et fais comme je faisais intérieurement et extérieurement quand j'étais sur la terre, spécialement durant ma vie cachée. Les créatures ne savaient presque rien de ce que je faisais; cependant, devant mon Divin Père, je préparais et faisais mûrir les fruits de la Rédemption. J'étais extérieurement ignoré, pauvre, misérable et méprisé, mais, devant mon Père, mon intérieur travaillait à ouvrir des mers de lumière, de grâces, de paix et de pardons entre le Ciel et la terre. Mon objectif était d'ouvrir les portes du Ciel, fermées depuis plusieurs siècles, pour le bien de la terre et pour que mon Père regarde les créatures avec amour. Le reste devait venir par soi-même. N'était-ce pas là un grand bien? C'était la levure, la préparation, les fondations de la Rédemption.

«Il en va ainsi pour toi. Il est nécessaire que je dépose en toi la levure de ma Volonté, que j'active la préparation, que je pose les fondations, qu'il y ait un total accord entre toi et moi, entre mes actes intérieurs et les tiens, de manière à ce que le Ciel s'ouvre à de nouvelles grâces, à de nouveaux courants, et que la Suprême Majesté daigne concéder la plus grande des grâces: que sa Volonté soit connue sur la terre et y exerce sa pleine domination comme cela se passe au Ciel.

«Et pendant que tu t'occupes ainsi, penses-tu que la terre ne reçoit aucun bien? Ah! tu as tort! Les générations se précipitent vertigineusement vers le mal et qui donc les soutient? Qui, dans leur course vertigineuse, les empêche d'être submergées au point de disparaître de la surface de la terre? Souviens-toi qu'il n'y a pas si longtemps, la mer rompait ses frontières au-dessous de la terre, menaçant d'avaler des cités entières, y compris ta propre ville. Qui arrêta ce fléau? Qui fit que les eaux s'arrêtèrent et demeurèrent à l'intérieur de leurs frontières?

«C'est le grand fléau qui se prépare à cause de la regrettable course vertigineuse des créatures. La nature est outrée de tant de mal et voudrait venger les droits du Créateur. Toutes les choses naturelles veulent se dresser contre l'homme: la mer, le feu, le vent et la terres sont sur le point de sortir de leurs frontières pour décimer les générations.

«Trouves-tu banal que pendant que la race humaine est immergée de maux irréparables, je t'appelle et que, t'élevant entre le Ciel et la terre et t'identifiant avec mes propres actes, je te fasse courir à l'intérieur de ma Volonté pour effectuer les actes contraires à tant de perversité [aux nombreux maux qui inondent la terre, préparant le bien]? Trouves-tu banal que je te convoque à coopérer à conquérir l'homme par mon amour de manière à ce qu'il arrête sa course vertigineuse en lui montrant la plus grande chose, celle de la lumière de ma Volonté, pour qu'en la connaissant, il puisse la prendre pour nourriture afin de restaurer ses forces et, qu'ainsi fortifié, il puisse mettre un terme à son insouciance et reprendre son pas ferme pour ne plus tomber dans le mal?»

Ensuite, mon Jésus disparut et je me trouvai encore plus amère en pensant à la vilaine course vertigineuse des créatures et aux troubles que la nature leur causera. Comme je m'étais remise en prière, mon Jésus me revint dans un lamentable état: il semblait agité et gémissant. Il s'étendit en moi, se tournait tantôt à droite, tantôt à gauche. Je lui demandai: «Jésus, mon amour, qu'y a-t-il? Oh! tu souffres beaucoup! S'il te plaît, partageons tes souffrances, ne reste pas seul! Ne vois-tu pas à quel point tu souffres et que tu ne peux plus en prendre?»

Pendant que je m'exprimais ainsi, je me trouvai hors de mon corps dans les bras d'un prêtre. Bien que la personne semblait être un prêtre, il me sembla que sa voix était celle de Jésus. Il me dit: «Nous allons parcourir un très long chemin, sois attentive à ce que tu verras.» Nous marchions sans toucher le sol. Au début, je le transportais dans mes bras. Mais, comme un chien me poursuivait en essayant de me mordre, j'eus peur. Afin que je sois libérée de cette peur, les rôles furent inversés: c'est lui qui me porta. Je lui dis: «Pourquoi ne l'as-tu pas fait avant? J'avais peur, mais je ne disais rien parce que je croyais qu'il était nécessaire que je te porte. Maintenant je suis satisfaite parce que, puisque tu me portes dans tes bras, il ne pourra plus rien me faire.» J'ajoutai: «Jésus me porte dans ses bras!» Il répliqua [Et il répétait]: «Je porte Jésus dans mes bras!»

Le chien nous suivit durant tout notre parcours; il tenait un de mes pieds dans sa bouche, sans le mordre. Le trajet était long et je demandai: «Combien en reste-t-il?» Il répondit: «Encore cent milles (160 km).» Puis, comme je demandai cela de nouveau, il dit: «Encore 30 (48).» Et ainsi de suite jusqu'à ce que nous arrivions à la cité.

Et que dire de ce qu'on pouvait voir le long du chemin? À certains endroits, des villes réduites à un amas de pierres; ailleurs, des terres inondées et des villes ensevelies sous l'eau; ou encore des rivières ou des mers sorties de leur lit; à d'autres endroits, des gouffres béants remplis de feu. Il me semblait que tous les éléments s'étaient mis d'accord pour s'attaquer aux générations humaines en façonnant des tombeaux pour les y placer.

Ce qui était le plus horrifiant, c'était l'esprit malfaisant des créatures. Tout ce qui provenait d'elles était une épaisse noirceur dans un environnement putréfié et toxique. La noirceur était telle que, parfois, je ne pouvais discerner où nous nous trouvions. Tout semblait fausseté et duplicité, des pièges insidieux étaient tendus et, si quelque bien se manifestait, ce n'était qu'apparent: ce bien camouflait les vices les plus laids. Cela déplaisait plus au Seigneur que si on avait fait le mal ouvertement. Toutes les classes de la société étaient impliquées. C'était comme un ver rongeur s'attaquant à la racine même du bien. À certains endroits, on pouvait voir des révolutions ou des meurtres perpétrés par ruse, etc. Qui pourrait dire tout ce qu'on voyait? Fatiguée de voir tant de mal, j'ai répété plusieurs fois: «Quand allons-nous terminer ce long voyage?» Tout pensif, celui qui me portait répondait: «Encore un peu plus, tu n'as pas encore tout vu.»

Finalement, après une très longue lutte, je me retrouvai dans mon corps et dans mon lit. Mon doux Jésus, qui souffrait beaucoup, continuait de gémir. Il allongea ses bras vers moi et me dit: «Ma fille, donne-moi un peu de repos, car je n'en peux plus.» Appuyant sa tête sur ma poitrine, il sembla vouloir dormir. Cependant, son sommeil n'était pas paisible.

Quant à moi, ne sachant pas quoi faire, je me suis souvenue que, dans la Très Sainte Volonté, il y a le parfait repos. Je lui ai dit: 🙏 «Mon Amour, à travers ta Volonté, je place mon intelligence dans ton intelligence incréée afin de pouvoir ainsi rejoindre toutes les intelligences créées et y placer ton ombre, afin que ta sainte intelligence puisse se reposer. Je place ma voix dans ton Fiat pour pouvoir placer l'ombre de ton Fiat omnipotent dans chacune des voix humaines, afin que ta respiration et ta bouche puissent se reposer. Je place mes travaux dans les tiens pour pouvoir placer l'ombre et la sainteté de tes travaux dans les travaux des créatures de manière à donner du repos à tes mains. Je place mon petit amour dans ta Volonté pour pouvoir le placer dans ton immense amour afin de pouvoir placer l'ombre de ton amour dans tous les cœurs pour donner du repos à ton cœur fatigué.» 🔥

Pendant que je m'exprimais ainsi, mon Jésus se calma et tomba dans un doux sommeil. Après quelque temps, il se réveilla apaisé. Me serrant contre lui, il me dit: «Ma fille, j'ai pu me reposer car tu m'as entouré avec  — les ombres de mes travaux, de mon Fiat et de mon Amour. Il s'agit du repos que je devais vivre après avoir créé toutes choses. Comme l'homme fut le dernier à être créé, je voulais me reposer en lui, c'est-à-dire que, par la vertu de ma Volonté formant mon ombre en lui, je devais trouver en lui mon repos et le couronnement de tous mes travaux. Mais cela me fut refusé puisque l'homme ne voulut pas faire ma Volonté.

«Je ne pourrai me reposer que lorsque j'aurai trouvé quelqu'un voulant vivre dans ma Volonté, acceptant de placer l'ombre de mon image dans son âme. Ne trouvant pas mon ombre, je ne peux pas me reposer, car je ne peux pas compléter mes travaux et donner le dernier coup de pinceau divin à toute la Création. C'est pourquoi la terre doit être purifiée et renouvelée, et cela, par des purges puissantes telles que plusieurs perdront la vie. Et toi, sois patiente, et marche toujours dans ma Volonté.»

51.  8 avril 1924 — Le poids écrasant des offenses des créatures. Si Jésus dort, malheur au monde; mais pour Luisa, c'est nécessaire pour ne pas succomber complètement. Même dormir dans la Volonté Divine est un barrage à la Justice Divine.

Les absences de mon doux Jésus se poursuivent et mes jours se passent dans un vif purgatoire. Je me sens mourir, mais sans mourir. Je l'appelle, je délire, mais en vain. Ce que je ressens en moi est si tragique que si cela paraissait à l'extérieur, même les pierres seraient émues de pitié et fondraient en larmes. Mais, hélas, personne n'est ému de pitié pour moi, même pas Jésus, lui qui a coutume de me dire qu'il m'aime tant.

«Comme j'étais au comble de mes souffrances, mon bien-aimé Jésus, ma Vie, mon Tout, bougea en moi et, formant un berceau avec ses bras, il m'y berçait en me disant: «Fais dodo, ma fille, dors dans les bras de ton Jésus. Fais dodo, ma petite.» Et voyant qu'une fois endormie je me réveillais de nouveau, il répétait: «Fais dodo, ma filleAlors, incapable de résister, à contrecœur et en pleurant, je tombai dans un profond sommeil. Puis, après des heures et des heures de sommeil sans que je puisse me réveiller, mon doux Jésus s'appuya sur mon cœur en exerçant une énorme pression. Malgré cela, je ne pouvais me réveiller. Oh! combien de choses j'aurais voulu lui dire, mais le sommeil m'en empêchait!

Puis, après avoir beaucoup lutté contre le sommeil, je vis que mon bon Jésus souffrait beaucoup, à tel point qu'il semblait suffoquer. Je lui dis: «Mon Amour, tu souffres beaucoup, au point de suffoquer et, pendant ce temps, tu me fais dormir? Pourquoi ne me laisses-tu pas souffrir avec toi? Et si tu veux que je dorme, pourquoi ne dors-tu pas avec moi?» Tout affligé, il me répondit: «Ma fille, les offenses dont ils m'affligent sont si nombreuses que j'ai le sentiment de me noyer en elles, et si je voulais partager mes souffrances avec toi, tu ne pourrais pas les subir en restant en vie. Ne ressens-tu pas le poids dont ils m'affligent au point de m'écraser? Puisque je suis en toi, il m'est inévitable de partager cela avec toi.

«Et si je voulais dormir avec toi, ma justice se déverserait sans contrainte sur l'homme et le monde dégringolerait.» Pendant qu'il disait cela, Jésus ferma ses yeux et il sembla que le monde dégringolait et que toutes les choses créées quittaient l'ordre de la création: l'eau, le feu, la terre, les montagnes, etc., s'emmêlaient et devenaient dévastateurs pour l'homme. Qui pourrait dire les grands malheurs qui arrivaient?

Effrayée, je m'écriai: «Jésus, ouvre les yeux, ne dors pas! Ne vois-tu pas comment toutes les choses tombent dans le désordre?» Jésus me dit: «As-tu vu, ma fille? Je ne peux me permettre de dormir. J'ai simplement fermé les yeux et... Si tu savais combien de malheurs sont survenus! Pour toi, il est nécessaire que tu dormes afin que tu ne succombes pas complètement. Cependant, sache que je te place au centre de ma Volonté de telle manière que ton sommeil aussi soit un rempart contre ma justice qui, avec raison, veut se déverser contre les hommes.»

52.  11 avril 1924 — Dans l'état du monde, menacé de châtiments et de destruction, l'état de Luisa est un grand rempart, même lorsqu'elle dort. Jésus ne force personne; il passe outre l'âme lorsqu'elle n'est pas prête à le laisser entrer, tout comme il l'a fait avec les gens de Bethléem à sa naissance.

Je continuais à me sentir étourdie et somnolente. Mes facultés ne me permettaient pas de comprendre quoi que ce soit et si, à un moment de répit, je comprenais quelque chose, alors je me sentais envahie d'une ombre qui, pénétrant dans le plus profond de mes fibres, me faisait languir ardemment après la Sainte Volonté de Dieu. Oh! comme j'avais peur de sortir de sa Très Sainte Volonté !

Grandement troublée par les châtiments dont Jésus m'avait parlé et par la vue des bouleversements des choses créées, j'avais aussi entendu parler de grands malheurs s'étant abattus ces derniers jours dans différentes parties du monde, allant jusqu'à la destruction de régions entières. Comme je prêtais attention à tout cela, bougeant en moi, mon Jésus me dit: «Ma fille, cela n'est encore rien! Nous irons plus loin afin de purifier la face de la terre. Je suis tellement dégoûté par tout ce qui se passe que je ne peux en supporter la vue.»

À ces mots, je devins encore plus oppressée et l'horrible tableau des perturbations de la nature que j'avais vu ces derniers jours revint à mon esprit. Alors, revenant à la prière comme à l'accoutumée, je dis à mon aimable Jésus: «Puisque tu es déterminé à étendre ta main pour châtier le monde et que, désormais, je ne peux plus rien faire — ni souffrir, ni obtenir que tu renonces aux maux que les gens méritent —, ne pourrais-tu pas me libérer de cet état de victime ou me suspendre pendant quelque temps? Au moins, j'éviterais à certains de se trouver dans l'embarras.»

Jésus me dit: «Ma fille, je ne veux pas te déplaire: si tu désires que je te suspende, je le ferai.» Craignant que cela soit l'accomplissement de ma propre volonté, j’ajoutai immédiatement: «Non, non, mon Amour, tu ne dois pas me dire "si tu le désires", mais plutôt " c'est moi-même qui veux te suspendre de cet état"; cela ne doit pas venir de ma volonté, mais de la tienne; alors seulement j'accepterai, non pas pour me satisfaire, mais pour que ta Volonté soit faite en moi.»

Jésus reprit: «Je ne veux pas te déplaire, je veux te contenter. Si tu désires que je te suspende, je le ferai. Cependant, sache que ma justice veut suivre son cours; toi et moi devons faire notre part de concessions. Il y a certains droits de la justice auxquels on ne peut contrevenir. Mais puisque, dans ton état de victime, je t'ai placée au centre de ma Volonté, même si tu dois dormir à un moment, souffrir à un autre, prier à un autre, c'est toujours un rempart contre ma justice pour empêcher la destruction presque totale des choses. En fait, il ne s'agit pas seulement de châtiments mais de destruction.

«D'un autre côté, sache que je ne veux pas te forcer. Je n'ai jamais aimé la force, à tel point que lorsque je suis venu sur la terre et que j'ai voulu naître à Bethléem, je m'y suis rendu, oui, mais en frappant de porte à porte afin de trouver une place où naître, mais je n'ai forcé personne. Avec mon pouvoir, j'aurais pu utiliser la force pour avoir un endroit moins inconfortable, mais je ne l'ai pas voulu; je me suis contenté de frapper aux portes et de demander refuge, sans insister. Et puisque personne ne voulut me recevoir, je me suis contenté de naître dans une grotte où les animaux m'ont donné libre accès et ont été les premiers à adorer leur Créateur, plutôt que de forcer qui que ce soit à m'accueillir.

«Cependant, ce refus coûta beaucoup aux gens de Bethléem, car ils ont été privés des bienfaits que mes semelles posées sur leurs terres leur auraient donnés ou du privilège de me revoir de nouveau parmi eux. J'aime les choses spontanées, pas les choses forcées; j'aime faire pour l'âme ce qu'elle accepte comme étant sien, comme si ce que je lui donnais provenait d'elle et non de moi, afin de recevoir d'elle ce que je désire et qu'elle me le donne amoureusement. La force est pour les esclaves, les serviteurs et ceux qui n'aiment pas. C'est pourquoi, tout comme pour les habitants de Bethléem, je m'éloigne de ces âmes qui ne sont pas prêtes à me laisser entrer en elles et à m'accorder toute liberté d'y accomplir tout ce que je veux.»

En entendant cela, je dis: «Mon Amour, Jésus, non, je ne veux pas être forcée, mais, librement, je veux demeurer dans cet état, même au prix de souffrances mortelles. Et toi, ne me laisse jamais et donne-moi la grâce de toujours faire ta Volonté.»

53.  23 avril 1924 — L'état de profond sommeil de Luisa se poursuit: au côté de Jésus, elle souffre sous le poids écrasant du monde. Comment savoir quand Jésus opère et quand l'ennemi infernal agit dans l'âme.

Je vis mes jours dans l'amertume, privée de mon doux Jésus, en plus d'être accablée d'un profond sommeil tel que je ne sais pas où je suis et ce que je fais. Je ressens autour de moi l'ombre de mon Jésus qui me place comme dans une armure de fer qui m'immobilise, m'enlève la vie et m'abasourdit, et je ne comprends plus rien. Quel pénible changement en moi, moi qui ne savais pas ce que c'était que de dormir. Et même quand un léger sommeil me surprenait, je ne perdais pas la conscience de mon intérieur. J'avais conscience des fibres de mon coeur, de mes pensées, pour pouvoir les redonner à Jésus qui m'aime tant, afin de l'accompagner dans toutes les heures de sa Passion, ou me promener dans l'immensité de sa Volonté pour tout lui redonner et lui présenter les actes qu'il veut de la part de toutes les créatures.

Maintenant, tout est terminé! «Mon Jésus, dans quelles amères douleurs, dans quelle mer de chagrin tu désires que ma pauvre âme navigue! Oh! s'il te plaît, donne-moi la force, ne me quitte pas, ne m’abandonne pas. Souviens-toi que toi-même tu me disais que je suis petite, ou plutôt, la plus petite de toutes, tout nouvellement née; et si tu me laisses, si tu ne m'aides pas, si tu ne me donnes plus la force, la nouvelle-née va certainement mourir!»

Pendant que j'étais dans cet état, je me disais: «Qui sait, c'est peut-être le diable qui forme cette ombre sur moi et me met dans cet état d'immobilité?» Alors je me sentie écrasée plus que jamais sous un énorme poids. Se montrant, mon aimable Jésus plaça sur moi le rebord d'une roue qu'il portait. Tout affligé, il me dit: «Ma fille, patience, c'est le poids du monde qui nous écrase. Cependant, un seul côté appuyé sur toi m'empêche d’en finir avec le monde entier. Ah! si tu savais combien de fautes sont commises et combien de machinations secrètes ils complotent pour ruiner encore plus de gens! Tout cela augmente encore plus le poids sur mes épaules, au point de faire déborder la coupe de la justice divine. C'est pourquoi de grands fléaux viennent sur toute la terre.

«De plus, pourquoi crains-tu que ce soit l'Ennemi qui te place dans cet état? Quand c'est l'Ennemi qui fait souffrir quelqu'un, il sème le désespoir, l'impatience, le trouble. Par contre, lorsque c'est moi, j'infuse l'amour, la patience et la paix, la lumière et la vérité. Ressentirais-tu par hasard de l'impatience et du désespoir qui pourraient te faire craindre que ce soit l'Ennemi?» Je lui répondis: «Non, mon Jésus. Au contraire, je me sens comme immergée dans une mer immense et profonde: ta Volonté. Et ma seule crainte est que je puisse sortir de l'abîme de cette mer. Mais, pendant que je crains, je sens ses vagues s'élever plus puissamment au-dessus de moi et m'immerger plus profondément.»

Jésus reprit: «C'est pourquoi l'Ennemi ne peut s'approcher, parce que les vagues de la mer de ma Volonté, en te plongeant dans ses abîmes, font la garde et maintiennent même l'ombre de l'Ennemi au loin. En fait, il ne sait rien de ce que l'âme fait et souffre dans ma Volonté; il n'a ni les moyens, ni les chemins ou les portes afin de pouvoir entrer en elle; au contraire, ma Volonté est la chose qu'il a le plus en horreur. Et si, parfois, ma Sagesse manifeste quelque chose de ce que l'âme fait dans ma Volonté, l'Ennemi ressent une telle rage que ses supplices infernaux se multiplient. Car, lorsque ma Volonté remplit l'âme et est aimée par elle, cela forme le paradis, tandis que, lorsqu'elle est absente de l'âme et n'est pas aimée par elle, cela forme l'enfer. Par conséquent, si tu désires être à l'abri de tout piège diabolique, prends à coeur ma Volonté et vis continuellement en elle.»

54.  9 mai 1924 — Les châtiments purifieront la terre afin que la Divine Volonté puisse y régner. Dans l'âme qui vit dans la Divine Volonté, Jésus trouve les honneurs qu'il trouvait dans son Humanité lorsqu'il était sur la terre et en est apaisé.

Je passais mes journées dans une très profonde amertume, subissant un lourd silence de la part de Jésus avec la presque totale privation de son aimable Présence. Ce sont là des souffrances terribles, et je crois qu'il est pour moi préférable de les passer sous silence pour ne pas ajouter à mon douloureux martyre.

Ce matin, après beaucoup de luttes de ma part, mon Jésus béni s'est fait voir en moi comme s'il me remplissait complètement de lui-même. Et moi, surprise par sa présence inattendue, je voulus me plaindre au sujet de son absence, mais il ne m'en laissa pas le temps. Tout affligé, il me dit: «Ma fille, comme je me sens amer! Les créatures m'ont transpercé de trois clous, non pas dans mes mains, mais dans mon Cœur et ma poitrine, ce qui me donne les souffrances de la mort. Elles préparent trois conspirations, chacune plus laide que les autres et, dans ces conspirations, elles visent mon Église. L'homme ne veut pas renoncer au mal; au contraire, il s'y précipite davantage.»

En disant cela, il me montra des réunions secrètes dans lesquelles on complotait sur la manière d'attaquer l'Église, de causer de nouvelles guerres ou de nouvelles révolutions. Combien de maux horrifiants pouvaient être vus! Mon doux Jésus reprit la parole: «Ma fille, n'est-il pas juste que ma justice frappe l'homme et détruise presque totalement ceux qui souillent la terre en faisant disparaître avec eux des régions entières, afin que la terre soit purifiée de tant de vies pestilentielles et de tant de démons incarnés qui, sous l'apparence du bien, complotent la ruine de l'Église et de la société?

«Crois-tu que mon absence auprès de toi est pour des futilités? Non et non! Au contraire, plus mon absence est prolongée, plus graves seront les châtiments. Souviens-toi de tout ce que je t'ai dit au sujet de ma Volonté. Aussi, les fléaux et les destructions serviront à atteindre ce que je t'ai dit: que ma Volonté en vienne à régner sur la terre. Mais elle [ma Volonté] doit trouver la terre purifiée et, pour qu'elle le soit, les destructions sont nécessaires. Par conséquent, patience, ma fille, et ne quitte jamais ma Volonté, parce que tout ce qui prend place à l'intérieur de toi servira à faire en sorte que ma Volonté vienne triomphalement régner chez les hommes.» À la suite de ces propos de Jésus, je me résignai, oui, mais dans une grande affliction. La pensée du grand mal régnant dans le monde et mes privations de Jésus étaient comme un couteau à deux tranchants qui me tuait et qui ajoutait à mon tourment, sans me faire mourir.

Le lendemain matin, mon doux Jésus se montra tout blotti à l'intérieur de moi. Il me dit: «Ma fille, je suis posté en toi et, de ton intérieur, je regarde ce que le monde fait. En toi je trouve l'air de ma Volonté et je ressens que je peux y trouver tout le décorum qui convient à ma Personne. Il est vrai que ma Volonté est partout; cependant, oh! que c'est différent quand ma Volonté est la vie de la créature et que celle-ci vit en ma Volonté! Dans le cas contraire, ma Volonté se trouve isolée, offensée et incapable de déverser les biens qu'elle contient et de former des vies totalement issues d'elle et pour elle.

«D'un autre côté, quand je trouve une créature qui ne veut aucune autre vie que ma Volonté, ma Volonté trouve en cette âme de la compagnie, est aimée d'elle et prend plaisir à partager ses biens avec elle, formant ainsi en elle une vie provenant de ma Volonté et pour ma Volonté. En trouvant mes propres choses dans cette âme — ma Sainteté, ma lumière et ma propre Volonté agissant en elle —, j'y trouve les honneurs et le décorum que je trouvais dans ma propre Humanité lorsque j'étais sur la terre, où ma Divinité était comme ornée de mon Humanité.

«De la même manière, je suis orné de l'âme qui fait ma Volonté; je vis caché en elle comme en mon propre centre et, de son intérieur, je regarde la méchanceté des créatures et je pleure et prie pour elles. En voyant quelqu'un parmi les créatures qui a ma Volonté pour vie sur la terre, combien de maux et de châtiments je retiens par égard pour cette âme! Combien de fois ne suis-je pas sur le point de détruire les créatures et d'en finir avec elles à cause des grands maux qu'elles commettent, mais simplement en te regardant et en regardant la citadelle de ma Volonté en toi, je me blotti de nouveau en toi et je m'abstiens de le faire. Donc, ma fille, patience, et laisse toujours ma Volonté avoir totalement vie en toi.»

55.  13 mai 1924 — La véritable adoration consiste dans l'accord de la volonté humaine avec la volonté divine. Le véritable modèle d'adoration est la Sainte Trinité. Luisa, par l'absence de Jésus, ressens des "vides d'amour": un envol de l'âme dans la Divine Volonté est suffisant pour que Jésus comble ces manques d'amour, pour le plus grand bien des créatures.

Je priais comme à l'accoutumé et, en m'abandonnant dans les bras de la Volonté Suprême, je me proposais d'adorer en elle la Divine Majesté. Bougeant en moi, mon ❤️ Jésus prit ma pauvre âme dans ses mains l'élevant entre ciel et terre, il adora l'Être Suprême avec moi ☀️ et il me dit:

«Ma fille, la véritable et parfaite adoration consiste à consentir totalement à l'union de son âme avec la Divine Volonté. Plus l'âme unit sa volonté à celle de son Créateur, plus complète et parfaite est son adoration. Par contre, si la volonté humaine n'est pas unie à la Divine Volonté — encore plus, si elle en est très éloignée —, cela ne peux pas être appelé adoration, mais obscurité, ombre incolore ne laissant aucune trace. Si la volonté humaine n'est pas disposée à recevoir le baiser de la Volonté Suprême, cela peut être insulte ou mépris plutôt qu'adoration. Adorer est en premier lieu reconnaître la Volonté du Créateur dans le but de s'y conformer. Si cela n'est pas, l'âme adore en paroles mais, en fait, elle insulte et offense. Si tu désires connaître le véritable et parfait modèle d'adoration, viens avec moi au milieu des trois Personnes divines.»

Alors, je ne sais comment, Jésus me serra plus fermement et m'éleva plus haut que d'habitude, au milieu d'une lumière infinie. Je me suis sentie anéantie, mais mon annihilation était surclassée par une vie divine libérant divers reflets de beauté, de sainteté, de lumière, de bonté, de paix, d'amour, etc., de telle manière que, transformée par ces nuances divines, mon néant n'était plus reconnaissable et était amoureux de celui qui l'avait tant embelli. Mon doux Jésus reprit la parole:

«Vois, ma fille, l'acte premier des divines Personnes est le parfait accord entre leurs Volontés. Nos Volontés sont si unies que la Volonté de l'un ne peut être distinguée de celle de l'autre. Même si nos Personnes sont distinctes — nous sommes trois — notre Volonté est une, et cette Volonté unique produit un acte d'adoration continuel et parfait entre les Personnes divines: chacune adore les autres. Cet accord entre nos Volontés produit une égalité de sainteté, de lumière, de bonté, de beauté, de puissance et d'amour; il fait régner en nous l'ordre et la paix et nous donne des joies et un bonheur immenses, des béatitudes infinies.

«L'accord entre la volonté humaine et la Volonté Divine est le lien premier entre le Créateur et la créature par lequel, comme à travers un canal, les vertus divines descendent en la créature et produisent en elle la véritable adoration et le parfait amour pour son Créateur. Par ce même canal, la créature reçoit les divers reflets des qualités divines. À chaque fois que l'âme s'élève pour s'immerger dans la Volonté Éternelle, elle en est embellie et obtient encore plus de variétés de la divine beauté.

«C'est pourquoi je dis que l'âme qui fait ma Volonté fait mon amusement et mon contentement. Je garde le pinceau de ma Volonté à la main et lorsque l'âme plonge dans ma Volonté, je m'amuse à lui faire des retouches et à peindre en elle de nouvelles nuances de ma beauté, de mon amour, de ma sainteté et de toutes mes qualités. Pour moi, être en cette âme et être au Ciel, c'est la même chose. Je trouve en elle la même adoration que celle des Personnes divines, ainsi que ma Volonté et mon amour.

«Et comme il y a toujours quelque chose qui puisse être donné aux créatures, j'agis tantôt comme un peintre habile en peignant mon image en cette âme, tantôt comme enseignant en lui communiquant les doctrines les plus sublimes, tantôt comme un amoureux passionné en donnant et désirant de l'amour. En somme, j'use de tous mes arts pour m'amuser avec cette âme.

«Et quand, offensé par les créatures, mon Amour ne trouve aucune place où se réfugier pour échapper à ceux qui me poursuivent afin de me faire mourir, ou qui veulent me forcer à me retirer dans la voûte des cieux, je prends refuge dans l'âme qui possède ma Volonté et, là, je trouve ma puissance qui me défend, mon amour qui m'aime, ma paix qui me donne du repos, tout ce que je veux. Ma Volonté relie toutes choses — le Ciel, la terre et tous les biens — desquelles elle ne fait qu'un et d'où proviennent tous les biens imaginables possibles. Aussi, je peux dire que l'âme qui fait ma Volonté est tout pour moi et que je suis tout pour elle.»

Ensuite, mon aimable Jésus disparut en se retirant dans les profondeurs de mon coeur. Je demeurai réconfortée, fortifiée, oui, mais en proie à la douleur d'être sans lui et de ne pas lui avoir dit un seul mot au sujet de mon état difficile. Oh oui! quand l'âme est avec Jésus, elle se complet éperdument et ne ressent aucun besoin. Avec lui, tous les soucis disparaissent et tous les biens sont disponibles. Mais quand il se retire, les soucis reviennent et la douleur de son absence devient encore plus aiguë, déchirant le coeur sans pitié.

Mon Jésus réapparut et me dit que son Coeur était couvert de plaies comme si on lui avait donné mille coups de couteaux. Il me dit: «Ma fille, c'est toi qui m'as fait ces blessures au coeur: lorsque tu m'appelais, tu me blessais; lorsque tu me rappelais que tu étais sans moi, tu renouvelais les blessures; et lorsque tu souffrais à cause de mon absence, tu ajoutais encore plus de blessures.» En entendant cela, je lui dis: «Mon amour, si tu savais combien mon cœur saigne à cause de toi, et combien je me sens blessée et aigrie par mes privations de toi, au point de ne plus pouvoir en prendre! Ainsi, mon coeur est encore plus meurtri que le tien.» ll reprit: «Voyons donc qui a plus de blessures entre toi et moi.»

Alors, il visita l'intérieur de mon âme et fit la comparaison entre lui et moi, pour savoir qui avait le plus de blessures: lui ou moi. À ma surprise, je m'aperçus qu'il avait plus de blessures que moi, même si j'en avais pas mal. Il me dit: «As-tu vu comme je suis plus blessé que toi? Cependant, sache qu'il existe différents manques d'amour [vides d'amour] résultant de mon absence. Ne crains pas, j'assume l'engagement de les combler, car je sais que tu ne peux pas faire en mon absence ce que tu fais quand je suis avec toi. Comme ce n'est pas toi qui choisis d'avoir ces manques d'amour [donc, puisque ta volonté n'est pas de former ces vides d'amour],  ton Jésus va s'occuper de les combler. Un envol dans ma Volonté sera suffisant pour nous mettre à égalité en amour, de telle manière que, débordant à l'extérieur, cet amour se déverse pour le bien de nos frères. Donc, laisse moi agir, et aie confiance en moi.»

56.  19 mai 1924 — Tous les actes de celui qui vit dans la Divine Volonté, qu'ils soient petits ou grands, acquièrent la valeur d'actes éternels et divins.

Mon pauvre esprit errait dans l'immensité de la Suprême Volonté. Je me sentais comme à l'intérieur d'une mer et mon être tout entier avalait à grandes gorgées l'eau salutaire de l'Éternelle Volonté. Cette eau entrait en moi de toutes parts: par mes oreilles, ma bouche, mes yeux, mes narines, les pores de ma peau. Mon doux Jésus bougea en moi et me dit: «Ma fille, ma Volonté est éternelle et les actions de celui qui vit en elle, de la plus petite à la plus grande, étreignant l'éternité et animées par une Volonté éternelle, prennent la valeur, le mérite et la forme des actions divines et éternelles. La Divine Volonté vide les actions de cette personne de tout ce qui est humain, les fait siennes, place son sceau sur elles et les transforme en actions divines et éternelles

Sur ces mots, surprise, je lui dis: «Comment est-ce possible, ô mon céleste Bien, qu'à simplement vivre dans ta Volonté, la créature puisse recevoir ce grand bien: que ses actions deviennent divines et éternelles?» Jésus reprit: «Pourquoi es-tu surprise? C'est très simple: tout résulte du fait que ma Volonté est divine et éternelle et que tout ce qui provient d'elle, étant né d'une Volonté divine et éternelle, ne peut pas ne pas être divin et éternel, pour autant que la créature laisse sa volonté humaine de côté pour donner place à la mienne. Si elle fait ainsi, ses actions sont comme si elles étaient nôtres, les petites comme les grandes.

«La même chose s'est produite à la Création. Combien de choses grandes et petites n'ont-elles pas été créées, jusqu'à la petite semence, le petit insecte? On ne peut pas dire que mes grandes oeuvres ont été créées par la Suprême Volonté et sont ainsi des oeuvres divines, et que les petites n'ont pas été créées par une main divine. Et même si on peut observer que ce qui fut créé dans l'espace — les cieux, le soleil, les étoiles, etc. — est fixe et stable, alors que ce qui fut créé en bas sur la terre — les fleurs, les plantes, les oiseaux, etc. — est sujet à mourir et à revivre, cela ne veut rien dire. Au contraire, parce que ces dernières ont été créées par une Volonté divine et éternelle, la semence a la vertu de se multiplier, parce qu'en toutes choses, il y a ma vertu créatrice et préservatrice.

«Si toutes les choses créées, petites et grandes, peuvent être appelées oeuvres divines, ayant été créées par la vertu de mon "Fiat" omnipotent, beaucoup plus encore peut-on qualifier de divines et éternelles les actions que ma Volonté accomplit dans l'âme qui, plaçant sa volonté humaine aux pieds de ma Volonté, donne à celle-ci pleine liberté d'agir. Ah! si les créatures pouvaient voir l'âme qui laisse ma Volonté vivre en elle, elles verraient des choses étonnantes jamais vues auparavant: un Dieu opérant dans le petit cercle de la volonté humaine, ce qui est la plus grande chose qui puisse exister sur la terre et dans le Ciel. La Création elle-même reste loin derrière comparé aux prodiges que j'opère dans cette créature

57.  24 mai, 1924 — La doctrine de la Volonté divine est la plus pure, la plus claire et la plus éclatante, et en douter est la chose la plus absurde. Le premier mot que Dieu prononça dans la Création fut "FIAT". Il renferme tout, et avec lui Dieu a donné la première leçon sur Sa Volonté. Image divine et ressemblance en nous.

Je me sentais aigrie au plus haut point à cause de la privation de mon doux Jésus et aussi parce que j'étais hantée par le triste doute que tout ce que Jésus m'avait dit et avait fait en mon âme n'était qu'une de illusion, une ruse de l'infernal Ennemi. Je me disais: «Si cela m'était permis et si tous les écrits étaient entre mes mains, oh! comme je les brûlerais avec plaisir! Mais, hélas, ils ne sont pas en ma possession. Et, même si je le voulais, cela ne me serait pas concédé. Ah! Jésus, sauve au moins ma pauvre âme, ne me laisse pas périr! Et puisque tout est terminé — les relations entre toi et moi —, ne permets pas que j'aie le plus grand malheur: celui de ne pas accomplir, même légèrement, ta très sainte et adorable Volonté.»

Pendant que j'entretenais ces pensées, mon aimable Jésus bougea en moi et, par son adorable Présence, l'obscurité s'envola, les doutes disparurent et la lumière et la paix me revinrent. Il me dit: «Fille de ma Volonté, pourquoi doutes-tu de mon action en toi? Avoir des doutes au sujet de ma Suprême Volonté et de ce que je t'ai dit à son sujet est la chose la plus absurde qui puisse exister. La doctrine de ma Volonté est une eau plus claire que le cristal sortie de la source limpide de ma Divinité; elle est plus que le flamboyant soleil qui éclaire et réchauffe; elle est le plus clair des miroirs et tous ceux qui jouiront du grand bienfait de se mirer dans cette céleste et divine doctrine seront remués et ressentiront en eux le bienfait d'être purifiés de leurs souillures, de telle sorte qu'ils pourront boire à pleines gorgées de cette céleste doctrine et être ainsi embellis d'ornements divins.

«Tu dois savoir pourquoi, à la Création, la Sagesse Divine voulut prononcer le "Fiat". Elle aurait pu créer toutes choses sans prononcer un seul mot mais, comme elle voulait que sa Volonté plane au-dessus de toutes choses, que toutes choses reçoivent sa vertu et ses biens, elle prononça le "Fiat". En le prononçant, elle communiqua à la Création les prodiges de sa Volonté afin que toutes choses puissent avoir sa Volonté comme vie, comme régime, comme exemple et comme éducatrice. Grande, ma fille, fut la première parole de votre Dieu qui résonna dans la voûte des cieux: ce fut le "Fiat". Il n'a rien dit d'autre. Cela signifie que tout était dans ce "Fiat". Par lui, j'ai créé toutes choses, j'ai tout constitué, j'ai tout ordonné, j'ai tout inclus, j'ai consigné tous mes biens pour le bénéfice de tous ceux qui n'iraient pas hors de mon éternel "Fiat".

«Quand, après avoir créé toutes choses, je voulus créer l'homme, je n'ai rien fait d'autre que de répéter mon "Fiat".  Et comme si je voulais le pétrir avec ma propre Volonté, j'ajoutai: "Faisons l'homme à notre image et à notre ressemblance. Par la vertu de notre Volonté, il gardera notre ressemblance entière en son intérieur et il préservera notre image belle et intacte." Comme si elle était incapable de dire autre chose que le mot "Fiat", la Sagesse Incréée répéta ce mot si nécessaire et sublime pour tous.

«Et ce "Fiat" plane encore au-dessus de toute la Création comme le préservateur de mes œuvres et dans l'acte de descendre sur la terre pour investir l'homme, l'enclore de nouveau en lui, afin qu'il puisse retourner là d'où il vient: issu de ma Volonté, qu'il puisse revenir dans ma Volonté. C'est ma Volonté que toutes les choses créées me reviennent par le même chemin que celui emprunté pour les créer, de telle sorte qu'elles me reviennent toutes belles et comme portées en triomphe par ma Volonté.

«Tout ce que je t'ai dit concernant ma Volonté avait pour but ceci: que ma Volonté soit connue et en vienne à régner sur la terre. Je vais tout faire pour obtenir cela, mais tout doit me revenir par l'entremise de ce mot: "Fiat". Dieu a dit "Fiat" et l'homme doit dire "Fiat"; dans toutes ses choses, il n'aura rien d'autre que l'écho de mon "Fiat", la marque de mon "Fiat", les effets de mon "Fiat", ce qui me permettra de lui donner les biens que contient ma Volonté. C'est ainsi que j'atteindrai totalement les objectifs de la Création.

«Et c’est pourquoi j'ai entrepris de faire connaître les effets, la valeur, les biens et les choses sublimes de ma Volonté, et comment l'âme, empruntant le même chemin que mon "Fiat", deviendra si sublime, divinisée, sanctifiée, enrichie, que le Ciel et la terre seront étonnés à la vue des prodiges accomplis en elle par mon "Fiat". En fait, par la vertu de ma Volonté, de nouvelles grâces jamais données auparavant, une lumière plus brillante, des prodiges inouïs jamais vus auparavant sortiront de moi.

«J'agis comme un professeur qui enseigne les sciences à son disciple: s'il enseigne à son disciple, c'est parce qu'il veut en faire un enseignant comme lui. C'est ainsi que je fais avec toi: si cette sublime leçon porta sur mon premier mot "Fiat", si la prière que j'ai enseignée était "Fiat" sur la terre comme au Ciel, et [si] je me suis efforcé de te donner des leçons plus étendues, plus claires et plus sublimes au sujet de ma Volonté, c'est parce que je veux que mon élève n'acquière pas seulement la science de ma Volonté, mais devienne elle-même une enseignante pour la faire connaître aux autres; non seulement cela, je veux aussi qu'elle acquière mes biens, mes joies et mon propre bonheur. Sois donc attentive et fidèle à mes enseignements et ne t'éloigne jamais de ma Volonté.»

58.  29 mai, 1924 — Douleur des Apôtres lorsqu'ils voient Jésus monter au Ciel et le bien que cette douleur a produit. Leçons à Luisa sur la douleur de la privation de Jésus.

Je réfléchissais à la montée au Ciel de mon doux Jésus au jour de sa glorieuse Ascension ainsi qu'à la peine des apôtres qui furent ainsi privés d'un si grand bien. Bougeant en moi, mon doux Jésus me dit: «Ma fille, la plus grande peine de toute la vie de mes apôtres fut de demeurer sans leur Maître. Quand ils me virent monter au Ciel, leur coeur fut consumé par la douleur de la privation de ma Présence. Cette douleur fut d'autant plus aiguë et pénétrante qu'elle n'était pas une douleur humaine comme s'ils perdaient quelque chose de matériel, mais une douleur divine: c'était un Dieu qu'ils perdaient.

«Et même si je possédais toujours mon Humanité, par le fait qu'elle était ressuscitée, elle était spiritualisée et glorifiée et, par conséquent, leur principale douleur était dans leur âme. Cette douleur pénétrait tout leur être: ils étaient consumés par le chagrin au point de vivre le plus douloureux martyre. Mais tout cela était nécessaire pour eux: jusque-là ils n'étaient que de tendres bébés en ce qui concerne les vertus, la connaissance des choses divines et la connaissance de ma propre Personne. En somme, j'étais parmi eux, mais ils ne me connaissaient et ne m'aimaient pas vraiment.

«Mais quand ils m'ont vu monter au Ciel, la douleur de me perdre déchira le voile et ils me reconnurent comme le vrai Fils de Dieu, avec une telle certitude que l'intense douleur de ne plus me voir parmi eux leur insuffla la fermeté dans le bien et la force de tout souffrir pour l'amour de Celui qu'ils avaient perdu. Cela fit naître en eux la lumière de la science divine, leur enleva les langes de l'enfance et les transforma en hommes intrépides et courageux. Leur douleur les transforma et forma en eux le vrai caractère d'apôtres. Ce qu'ils ne purent obtenir en ma Présence, ils l'obtinrent par la souffrance de la privation de ma Présence.

«Maintenant, ma fille, une petite leçon pour toi. Ta vie peut être appelée une souffrance continuelle de me perdre et une joie continuelle de me retrouver [On peut dire que ta vie est une douleur continue de me perdre et une joie continue de me retrouver].  Mais, entre la souffrance de me perdre et la joie de me retrouver, combien de surprises ne t'ai-je pas données? Combien de choses ne t'ai-je pas dites? Ce fut le douloureux martyre de me perdre qui t'a disposée à entendre mes leçons sublimes sur ma Volonté. En fait, combien de fois il te sembla que tu m'avais perdu et, pendant que tu étais plongée dans ta cruelle douleur, je t'arrivais avec une de mes plus belles leçons sur ma Volonté et te faisais revivre la joie de me retrouver pour te disposer de nouveau à la douleur aiguë de mon absence?

«Je peux te dire que la souffrance d'être sans moi a donné naissance en toi à la connaissance de ma Volonté ainsi qu'à la connaissance de ses effets, de sa valeur et de ses fondements. C'était nécessaire que je procède de cette façon avec toi, c'est à-dire que je vienne très souvent et je te laisse ensuite en proie à la douleur d'être sans moi. Puisque j'ai choisi de te faire connaître d'une manière toute spéciale plusieurs choses au sujet de ma Volonté, je devais te laisser en proie à une souffrance divine continuelle, parce que ma Volonté est divine et que c'est seulement sur des souffrances divines qu'elle peut établir son trône et étendre son domaine. En assumant l'attitude d'un enseignant, je te communiquais la connaissance de ma Volonté autant que cela était possible pour une créature.

«Beaucoup seront émerveillés en entendant parler des visites continuelles que je t'ai faites — et que je n'ai pas faites aux autres — et de tes souffrances continuelles à cause de mon absence. Si tu ne m'avais pas vu de si nombreuses fois, tu ne m'aurais pas connu et aimé autant, parce que chacune de mes visites amène une nouvelle connaissance de moi et un nouvel amour, et que plus une âme me connaît et m'aime, plus sa souffrance augmente.

En venant, je provoquais ta souffrance plus intensément parce que je voulais que ma Volonté ne manque pas en toi, du noble cortège de la souffrance qui affermit l'âme, et aussi afin d'établir en toi ma demeure permanente et de te donner des leçons nouvelles et continuelles sur ma Volonté. Donc, Je te le répète, laisse-moi faire et aie confiance en moi.»

59.  1 juin 1924 — Le grand bien qu'apporte à l'âme le souvenir de tout ce que Jésus a fait, souffert et dit dans sa vie; non seulement il produit l'origine de tout bien dans la vie, mais aussi après la mort, il est à l'origine de la gloire.

Ce matin, je me suis retrouvée hors de mon corps et j'ai vu mon dernier confesseur décédé entouré de plusieurs personnes tout attentives et ravies de l'entendre. Il parlait et parlait, et il devint enflammé au point d'enflammer les autres. Je m'approchai pour écouter ce qu'il disait et, à ma grande surprise, je l'entendis raconter tout ce que Jésus m'a dit et comment il se comportait avec moi: ses finesses amoureuses, ses nombreuses condescendances. Et quand il parlait des stratagèmes amoureux de Jésus envers moi, il irradiait de la lumière au point d'être transmué en cette lumière; et pas seulement lui, mais aussi ceux qui l'écoutaient. Je fus surprise et je me suis dit: «Le confesseur a fait cela quand il vivait sur la terre — il parlait des choses de mon âme aux autres — et il le fait encore après sa mort, dans sa seconde vie.» Et j'attendais qu'il ait terminé de parler pour pouvoir m'approcher de lui et lui dire quelques-unes de mes difficultés, mais il ne termina pas et je me retrouvai dans mon corps.

Ensuite, comme à l'accoutumée, j'accompagnai mon bien-aimé Jésus dans sa Passion, compatissant avec lui, faisant réparation, et faisant miennes ses souffrances. Bougeant en moi, il me dit: «Ma fille, quel grand profit une âme tire quand elle se souvient de moi et de toutes les choses que j'ai accomplies, souffertes et dites durant ma vie! En compatissant avec moi, en partageant mes intentions et en se souvenant de mes souffrances, de mes travaux et de mes paroles, elle les convoque en elle et les place en ordre dans son âme, de façon à profiter des fruits de tout ce que j'ai fait, souffert et dit.

«Cela produit en cette âme une sorte de divine humidité que le soleil de ma grâce se délecte à transformer en une céleste rosée. Et cette rosée ne fait pas que merveilleusement embellir l'âme, elle a la vertu d'adoucir les rayons du soleil ardent de ma divine justice si l'âme est brûlée par le feu du péché et que ma justice est sur le point de la frapper, la brûler et la dessécher davantage. En adoucissant les rayons de ce soleil justicier, cette divine rosée met ces rayons à profit pour former une rosée bénéfique afin que la créature ne soit pas frappée; elle constitue elle-même une humidité vitale pour que l'âme ne se dessèche pas.

«Cela se passe comme dans la nature: lorsqu'après une journée de soleil brûlant, les plantes sont sur le point de se flétrir, une nuit humide suffit pour qu'elles se raffermissent. Ensuite, le soleil forme sa rosée et, au lieu de faire périr ces plantes, sa chaleur sert à les féconder et à mener leurs fruits à leur complète maturation. D'une façon encore plus merveilleuse, la même chose se produit dans l'ordre surnaturel. Se remémorer ce que j'ai fait, souffert et dit est le commencement d'un bien. Ces rappels forment de petites gorgées pour l'âme afin de lui redonner vie. Quand les [bonnes] choses sont oubliées, elles perdent leur vertu vitale pour l'âme, elles perdent leur attrait.

«Ces rappels sont non seulement à l'origine de biens dans la vie, mais après la mort ils sont une cause de gloire. N'as-tu pas vu combien ton confesseur décédé était dans la joie en parlant des grâces que je t'ai données? C'est parce que, durant sa vie, il s'y est intéressé, en a gardé mémoire et que son intérieur en fut rempli au point de déborder à l'extérieur. Et que de bien cela lui donne dans sa nouvelle vie! C'est pour lui comme une fontaine qui déborde pour le bien des autres.

«Par conséquent, plus l'âme se remémore mes grâces et mes leçons, plus la fontaine de mes biens se déverse en elle, au point qu'il y a débordement pour le bien des autres.»

60.  6 juin 1924 — Jésus veut enfermer sa Volonté en Luisa  en la faisant participer à tous les Actes qu'elle contient pour former sa Vie en elle et émerger comme d'une seconde Mère parmi les créatures [ Marie étant la première] . Par conséquent, tout comme Jésus l'a fait, Luisa doit couvrir tous les chemins de toutes les créatures et enclore tout ce que la Divine Volonté contient afin d'être le point de départ du "Fiat Voluntas Tua" sur la terre comme au Ciel. Celui qui doit tout donner doit tout enclore en lui.

Je vivais mon habituelle et pénible souffrance de son absence. Je me sentais comme suppliciée par une justice rigoureuse, sans même une ombre de pitié. Ô justice punitive de Dieu, comme tu es terrible ! Mais tu es encore plus terrible lorsque tu te tiens loin de celle qui t'aime. Tes flèches me seraient plus douces si, pendant que tu me punis et me déchires en pièces, mon Jésus était avec moi. Oh! comme je pleure sur mon sort! Je voudrais que tout le Ciel et la terre pleurent avec moi sur le sort de la pauvre exilée qui, non seulement vit loin de sa Patrie, mais est aussi abandonnée par son Jésus qui est son seul réconfort, son seul support dans son interminable exil.

Pendant que mon pauvre coeur était accablé par cette terrible amertume, mon adorable Jésus se fit voir en mon intérieur comme dominant toutes choses. Il tenait comme beaucoup de rênes dans ses mains, et chaque rêne était rattachée à un coeur humain. Il y avait autant de rênes qu'il existe de créatures. Il me dit: «Ma fille, le chemin est long et chaque vie de créatures est un chemin distinct. Par conséquent, il faut marcher beaucoup et dans beaucoup de chemins. Tu seras celle qui parcourra tous ces chemins car, étant donné que je dois enfermer ma Volonté en toi, tu dois enclore tout ce qu'elle contient. Avec ma Volonté, il t'est possible de couvrir tous les chemins ensemble: ceux de toutes les créatures. Par conséquent, dans ma Volonté, tu as beaucoup à faire et à souffrir.»

Sur ces mots, oppressée et fatiguée comme je l'étais, je lui dis: «Mon Jésus, c'est trop: qui peut faire cela? Je suis déjà assez fatiguée et, de plus, tu me laisses seule et, sans toi, je ne peux rien faire. Ah! si je t'avais toujours avec moi, je pourrais accomplir cela; mais, hélas, tu me laisses seule et je ne peux rien faire!» Jésus reprit: «Cependant, je suis dans ton cœur, guidant tout, et tous ces chemins ont été couverts par moi; j'englobe tout, je ne laisse pas un seul battement de coeur ou une seule souffrance d'une créature m'échapper.

«Et tu dois savoir que, puisque je dois placer ma Volonté en toi comme en son centre de vie, il est nécessaire qu'elle trouve en toi tous les chemins des créatures et tout ce que ton Jésus a fait, car ces choses sont inséparables de moi. Il suffit que tu rejettes une seule chose de ma Volonté pour l'empêcher de former son centre en toi, d'y avoir sa pleine suprématie, d'y avoir son point de départ afin d'être connue et de dominer sur tous. Vois donc combien il est nécessaire que tu englobes toutes les créatures et que tu couvres tous leurs chemins, prenant sur toi les épreuves, les douleurs et les actions de tous, si tu veux que la majesté de ma Volonté descende en toi pour y poursuivre son chemin.»

Surprise, je lui dis: «Mon Amour, qu'est-ce que tu dis? Tu sais combien je suis pauvre et dans quel état je me trouve. Comment puis-je englober en moi la totalité de ta Volonté? Au plus, avec ta grâce, je peux faire ta Volonté, je peux vivre en elle; mais l'englober, c'est impossible, je suis trop petite; il est impossible que je contienne une Volonté infinie.»

Il reprit: «Ma fille, cela montre que tu ne veux pas comprendre. Celui [Jésus] qui veut enfermer sa Volonté en toi te donnera la grâce et la capacité pour la contenir. N'ai-je pas enfermé tout mon être dans le sein de ma céleste Maman? Serait-ce que je n'aurais enfermé qu'une partie de moi-même en elle, laissant une partie au Ciel? Certainement pas. Ne fut-elle pas la première à prendre part à toutes les actions de son Créateur, à toutes ses souffrances, à s'identifier à lui afin de ne rien omettre de ce qu'il faisait? Ne fut-elle pas le point de départ du don de moi-même à toutes les créatures?

«Si j'ai fait cela avec mon inséparable Maman afin de descendre vers l'homme et d'accomplir ma Rédemption, ne puis-je pas le faire avec une autre créature en lui donnant la grâce et la capacité de contenir ma Volonté, en lui faisant prendre part à tous mes actes, en formant ma Vie en elle comme en une seconde Maman pour venir au milieu des créatures, pour me faire connaître d'elles et pour accomplir le "Fiat Voluntas Tua" sur la terre comme au Ciel? Ne veux-tu pas être le point de départ du règne de ma Volonté sur la terre?

«Mais, oh! comme il en a coûté à ma Reine Maman d'être le point de départ de ma venue au milieu des créatures! Ainsi, il t'en coûtera d'être le point de départ du règne de ma Volonté au milieu des créatures. Celui qui doit tout donner doit tout enclore en lui. On ne peut donner que ce que l'on a. Par conséquent, ma fille, ne prends pas à la légère ce qui concerne ma Volonté et ce qu'il convient que tu fasses pour qu'elle forme sa vie en toi. C'est la chose qui m'intéresse le plus et tu dois être attentive à mes enseignements.»

"Deo gratias" et que Celui qui est si bon pour la moindre de ses créatures soit toujours béni!

FIAT