MOT DE L’ AUTEURE

Cet ouvrage est celui qui m’émeut le plus. Il est, je le veux et je le crois, universel en ce qu’il s’appuie sur les étonnements de trois enfants dont moi face à la vie des adultes.

Trois enfants et leurs aventures interpellant tous les enfants du monde y compris, ceux que tous les adultes ont déjà été.

Ces trois enfants, ce sont mon frère Berthold junior, ma soeur Carole ainsi que moi-même qui nous étonnons encore d’avoir eu l’enfance décrite dans mon ouvrage: une vie dans la forêt, des parents gérant une pourvoirie de Loisir, chasse et pêche, une maman faisant la cuisine, un papa s’occupant des activités des touristes, une vie devant le lac Sacacomie, à Saint-Alexis-des-Monts en Mauricie. Une vie sans eau autre que celle du lac, sans électricité, dans des chalets éclairés aux fanaux à gaz où le soir, ça chante, ça joue aux cartes. Une vie avec les animaux sauvages: ours, orignaux, chevreuils, castors, hérons, aigles… et plus particulièrement avec les truites, rouges, grises, ouananiches, barbottes, etc.

Nous les enfants… est le premier d’une série qui va raconter le mode de vie d’adultes et d’enfants vivant plus de six mois par année dans les bois. La famille Julien-Mc Murray, mélange d’irlandais-écossais-français-amérindien, passait ainsi de la civilisation du village de Saint-Alexis-des-Monts à une poésie forestière, brute, primitive.

C’est le sang poète de cette nature qui coule dans mes veines ouvertes sur des pages et des pages remplies de la mémoire de mon Paradis sur terre. D’ailleurs, la pourvoirie familiale s’appelait « Au Paradis du Pêcheur ». Et c’était le cas.

Toutes les aventures décrites dans la Série Nous, les enfants… sont entièrement vraies quoique certaines semblent improbables. C’est pourquoi l’ouvrage est souvent qualifié de « conte » par les européens incapables d’imaginer ce qu’est la vraie vie dans la forêt sauvage alors qu’au Québec, il appartient au livre-réalité et est classé par les libraires parmi le « Documentaire ». Pourtant, toutes les aventures décrites sont vraies mais romancées : il s'agit bien de Récits littéraires.


Éditions Liber, 2004, 167 pages.

NOUS LES ENFANTS… S’EST MÉRITÉ

LE PRIX 2005

DES ABONNÉS DES BIBLIOTHÈQUES PUBLIQUES MAURICIE-CENTRE-SUD

SECTION: DOCUMENTAIRE

CONTENU

Chaque ouvrage de la Série Nous les enfants… comprend plus d’une vingtaine de chapitres, portant le titre d’une « aventure » mise ainsi en relief et décrite du point de vue de la petite fille que j’ai été, avec sa « grammaire », ses « tournures de phrases » et ses néologismes.

Le premier de la série s’intitule: Nous les enfants/Récits de quand j’étais petite, près du lac, dans la nature (Liber, 2004)

Le second: Sacacomie (Québec-Amérique, 2010)

Le troisième est en préparation.

EXTRAITS

« Il y avait pourtant de ces matins où on avait l’impression que le mot sérénité avait été inventé sur notre plage. Le lac se réveillait doucement en évaporant son trop-plein d’énergie. Les oiseaux attendaient un signe du soleil pour s’éclater. Même notre chien s’étirait encore. Et nous, les enfants, on bâillait en comptant les traces des chats sauvages venus prendre un bain de minuit… Le Sacacomie, avec sa bruine cristalline, versait des larmes au firmament. Les montagnes à l’envers tentaient de le consoler. Le soleil levant consacrait leur amour. Nous étions, nous aussi, chavirés. » (p. 53)

« Ce n’est pas tous les jours qu’une apparition vous apparaît de près…. Je le regardais à n’en pas croire mes yeux, même grands ouverts. Et pourtant, l’une des aides cuisinières de ma mère l’avait confirmé: « C’est Guy Sanche. Tu sais: Bobino ! » Je me postai donc près de l’individu suspect avec l’intention de soulager ma tête, mon front, mes oreilles, mon corps en déliant ma langue. Je touchai son grand imperméable vert en pensant que ce geste le transformerait en ombre humaine, comme celle que l’on voit dessinées au-dessus des feux de camp, par une fumée qui vous brûle les yeux… Il me regarda du haut de son altitude d’adulte. » (p. 134)