XX ème siècle

Dictionnaire Argot-Français, Paris, 1907, Hayard Napoléon.

42 pages, in-8. Ce dictionnaire contient dans ses premières pages une notice biographique sous forme de lettre adressée à la femme de Napoléon Hayard écrite par une personne dont les initiales sont L.C. illustrant un exemple de texte mêlant un ton familier et argotique avec un langage plus soutenu, ainsi qu'une notice sur Hayard écrite par son collaborateur Marius Rety. Le Dictionnaire Argot-Français, par Napoléon Hayard, aussi surnommé Léon, liste les mots argotiques employés dans un langage familier durant le XIXème siècle et le début du XXème siècle.

L'ouvrage a été publié par l'éditeur en 1907, 4 ans après la mort de Napoléon Hayard. Le contexte de création du dictionnaire s'est déroulé en 1870, durant le siège de Paris pendant la guerre francoallemande. Napoléon Hayard, surnommé à cette époque « L'Empereur des Camelots », avait l'habitude d'écouter les conversations des gens qu'il côtoyait quotidiennement, et de noter les mots issus d'un langage très familier qu'il entendait, constituant le dialecte de l'argot classique et de l'argot moderne. Après avoir listé tout les mots qu'il a recueillis, classé en ordre et mis en page, il a alors décidé d'en faire un dictionnaire à faire publier.


Voici quelques exemples de mots argotiques qui se trouvent dans ce dictionnaire et leur signification.

Artif : Pain

Baffrer : Manger goulûment

Bagnole : Vieille voiture

Bidoche : Viande

Boulotage : Nourriture

Cabot : Chien

Canard : Journal, fausse nouvelle

Canasson : Mauvais cheval

Ainsi la phrase « Tout les matins je mangeais du pain en lisant le journal, ensuite je me rendais au travail en voiture. Je ne partais jamais à cheval, car il marchait trop lentement. Le soir venu, avec mes amis, nous riions ensembles et nous mangions de la viande, pendant que le chien mangeait sa part. Cela me rappelle d'anciens souvenirs, c'est une sensation agréable. » se disait en argot : « Tout les matins je boulottais de l'artif en lisant le canard, puis je partais au boulot en bagnole. Je prenais jamais le canasson car il était trop traînard. Puis le soir avec les potes on se marrait et on se baffrait de bidoche, pendant que le cabot il boulottait son morceau de son côté. Ah ! Ces vieux souvenirs que ça me ravive. Ça fait plaisir je te jure. » Dans la seconde phrase écrite en argot, il peut être observé un ton très frais et comique. L’intérêt premier du langage argotique est d'avoir un moyen de communiquer de façon joviale, essentiellement entre amis, permettant de garder le sourire. Cela peut même donner un ton d'ironie, principalement en évoquant quelque-chose de douloureux. Par exemple « J'ai failli mourir » se disant « J'étais à deux doigts de clamser ». Cette ironie est un moyen de se rassurer, permettant de surmonter les épreuves dues à des expériences négatives. La force principale de ce dictionnaire, qui le rend unique et différent de tout autre, est son caractère ludique. L'ouvrage est aussi drôle qu'instructif, et il permet d'apprendre tout en se divertissant, ce qui est une force de vie majeure. Le dictionnaire ne fait que 42 pages, ce qui est plus petit que la taille habituelle des dictionnaires de l'époque. De ce fait, il est même possible de le lire en entier et de noter ses mots favoris.