XIX ème siècle

Charles Nodier

Le Dictionnaire raisonné des onomatopées françaises

Le Dictionnaire raisonné des onomatopées françaises dont l'auteur est Charles Nodier a été édité à Paris, par les frères Delangle, éditeurs-libraires. La première édition de ce dictionnaire date de 1808, puis l'ouvrage a été republié en 1828. C'est un dictionnaire en un volume, contenant 403 pages et mesurant 23x15,5 cm.

Jean-Charles-Emmanuel Nodier ( 29 Avril 1780 – 27 Janvier 1844 ) est un écrivain, romancier et académicien français. On lui attribue une grande importance dans la naissance du mouvement romantique. Il s'est exercé dans des genres très divers : d'abord la poésie, puis le roman, la critique et la philologie, sans oublier les écrits historiques.

D'après Lise Sabourin, Charles Nodier entreprend ce dictionnaire des onomatopées, à partir de compilations de Nicot, Ménage, Antoine Court de Gébelin ( écrivain et érudit français ) et du président de Brosses.


A l'origine, David de Saint-Georges est un philologue et traducteur français ayant l'espoir de retrouver la filiation des langues depuis la naissance du genre humain. Après s'être familiarisé avec les différents dialectes asiatiques et européens qu'il analyse et compare entre eux, il s'occupe de mettre en ordre et de rédiger ses observations. Lorsqu'il meurt, Charles Nodier, son ami, à qui il avait légué son travail, continua ses recherches, et en donna le plan abrégé sous le titre de Prolégomènes de l'archéologie. Charles Nodier continue ensuite à écrire et s'intéresse aux particularités de la langue française, et plus particulièrement aux onomatopées. La première parution en 1808 du Dictionnaire raisonné des onomatopées manque de références, que Nodier rajoute dans la deuxième édition, qui comporte plus d'une centaine d'entrées supplémentaires. Il étend les onomatopées, au-delà de l'imitation des bruits élémentaires, humains, ruraux ( d'animaux, notamment d'oiseaux ), et mécaniques, vers celles sonores qui semblent concilier l'aspect d'un objet avec son parcours logico-sémantique ( liant par exemple le son de « cascade » au sens du latin cadere ).

Ce dictionnaire est à la croisée de la phonétique, la linguistique et de l'étymologie car il rattache les mots à leur origine première de sons et d'idéophones, c'est-à-dire un mot visant à rendre compte d'une sensation, comme une odeur, une couleur, une forme ou un son, voire un mouvement. La longue introduction de ce dictionnaire permet de préciser le sujet de son étude. Il ne s'intéresse pas aux onomatopées telles qu'on peut les définir aujourd'hui, c'est-à-dire « un processus permettant la création de mots dont le signifiant est étroitement lié à la perception acoustique des sons émis par des êtres animés ou des objets » (Larousse). Dans ce dictionnaire nous ne retrouverons donc ni Bang, ni Paf, ni Pschitt ni même aucun Cocorico. Il tente par ce dictionnaire de méditer sur les rapports entre bien dire et dire vrai.

Enfin, Charles Nodier définit les onomatopées comme étant : « La parole est le signe de la pensée. L'écriture est le signe de la parole. Pour faire passer une sensation dans l'esprit des autres, il a fallu représenter l'objet qui la produit soit par son bruit ou par sa figure. Il restera dans les langues une partie qu'on peut appeler la langue abstraite et dont l'origine ne se démontrera que par une longue suite d'analyses et de comparaisons ».

Napoléon Landais

Dictionnaire général et grammatical des dictionnaires français ( 1834 )

Napoléon Landais, grammairien, lexicographe et romancier français, a publié en 1834 au XIX e siècle le Dictionnaire général et grammatical des dictionnaires français chez l' éditeur au Bureau central (Paris) dans un format de deux volumes et de 1040 pages in-4. Ce dictionnaire est de type monographie imprimée. Napoléon Landais a surtout été connu pour cet ouvrage, de nombreuses fois réédité.

Le XIXème siècle est un siècle particulier pour les linguistes : « Le XIXe siècle a sollicité toute l’étendue de l’imaginaire linguistique [...]. Mais le XIXe siècle est aussi celui de la diffusion des connaissances sur les langues, que ce soit à travers les manuels de grammaire, les dictionnaires, les programmes scolaires ». C’est probablement par l’essor linguistique du XIXème siècle que Napoléon Landais fut inspiré pour écrire son Dictionnaire général et grammatical des dictionnaires français.

C'est un dictionnaire qui étudie le mot sous toutes ses formes, c'est-à-dire son histoire, son usage et sa forme grammaticale. Le dictionnaire original de 1834 est conservé à la Bibliothèque nationale de France et accessible en ligne. Il est possible d’affirmer que Napoléon Landais s’inscrit dès le milieu du XIXème siècle dans une démarche qui sera prédominante à la fin du XIXème siècle, celles des néo-grammairiens : “La fin du XIXe siècle voit l’apparition d’un courant formé à Leipzig par de jeunes linguistes sous le nom de néo-grammairiens [...]. Ils se coupent définitivement des théories darwiniennes et de l’influence romantique qui prédomine en Allemagne dans la première moitié du siècle, en rejetant toute démarche spéculative (recherche d’une langue originelle) et en préférant travailler exclusivement à partir de données.” Napoléon Landais, dès la page introductive de son dictionnaire, indique déjà qu’il préfère travailler uniquement sur les données linguistiques dans l’ objectif, repris plus tard par des néo-grammairiens, d' étudier et de simplifier l’usage de la langue : il s' agit pour lui d' « aider l’intelligence de la langue et en aplanir les difficultés”




Dictionnaires de l’Académie française, sixième édition


Les dictionnaires de l’Académie française existent depuis 1694 et il en existe à l’heure actuelle 9. Il y a eu une version au 17ème siècle, quatre versions différentes au 18ème siècle, deux au 19ème siècle, une au 20ème siècle et la version actuelle.

Celle qui nous intéresse ici, est la 6ème version parue en 1835. Cette version a été éditée à Paris par la librairie des frères FIRMIN DIDOT. Cette version est constituée de deux tomes d’environ 900 pages. Les gravures sont différentes pour les deux tomes. Sur la couverture du tome 1 est représenté l’Institut de France, sur le tome 2 c’est la bibliothèque de l’Institut qui est gravée.

Les dictionnaires de l’Académie française ont pour but de « donner des règles à notre langue et la rendre pure, éloquente et capable de traiter les arts et les sciences ». Leur mission est de mettre en valeur la langue française tout en fixant certaines règles de grammaire.

Cet 6ème édition en particulier débute comme beaucoup d’œuvres, avec une préface. La préface n’est pas signée, cependant elle a été attribuée à Abel-François VILLEMAIN ( écrivain de l’académie et homme politique). Dans sa préface, l’auteur décrit sa vision de la langue française et de ce qu’elle représente : « idiome principal de la civilisation qui réunit le monde moderne… Forme apparente et visible de l’esprit d’un peuple ».


Cette édition se distingue des autres pour différentes raisons. Tout d’abord, elle instaure une réforme de l’orthographe ( ex : passage de l’écrit oi, prononcé é à ai). Il y a aussi les lettres grecques th, rh qui sont ajoutées à certains mots. Enfin, il y a l’arrivée des lettres ramistes c'est-à-dire la distinction entre les lettres I/J et U/V. Dans cette version, on trouve des différences par rapport aux anciennes éditions. Dans la 6ème édition, des exemples suivent les définitions ce qui permet de les illustrer pour une meilleure compréhension. Évidemment ce dictionnaire, comme tous, fait face à des critiques comme celle de Ferdinand BRUNO qui juge le dictionnaire de « bon usage, car il admet des mots et des expressions vulgaires, populaires, triviales. ». Une critique qui peut être qualifiée de positive puisqu’il juge que le dictionnaire reflète la langue réelle.


Ci-contre, est présenté un extrait du dictionnaire de la 6ème édition de l’académie française. Ce passage du dictionnaire donne les définitions des mots débutants en EXT. Plus généralement, le haut de la page indique le début des mots définis sur cette page ce qui permet chercher plus facilement des mots. Les mots définis sont écrits en gras et avec un alinéa. Les définitions sont détaillées et complètes.

Nous allons nous concentrer sur le mot extraordinaire. Juste après le mot est précisée sa nature, ici un adjectif (« adj »). Suit sa définition, puis un exemple. Il est facile de distinguer la définition de l’exemple puisque l’exemple est mis en italique. Beaucoup d’exemples sont donnés dans cette définition, ils sont parfois suivis d ‘une nouvelle explication du mot.

Pour ce mot en particulier, on remarque plusieurs exemples, la plupart du temps pour montrer des expressions ou termes couramment utilisées avec ce mot. Si on regarde les autres définitions données dans cet extrait, elles sont assez identiques. La nature du mot est donnée, suivie de sa définition et des exemples en italiques.

Contrairement à d’autres dictionnaires, l’origine du mot n’est pas donnée et les définitions sont très courtes. Cependant, cette version donne beaucoup d’exemples, notamment d’expressions contenant le mot défini.

Grâce à cet extrait, il est possible de voir que le but de ce dictionnaire est de donner une définition précise du mot grâce de nombreux exemples mis en valeurs (grâce à l’italique). Cette édition met en valeur le mot, sa nature et toutes les formes sous lesquelles il peut être utilisé.


Larousse Pierre

Le Grand Dictionnaire universel du XIX° siècle

Ce dictionnaire écrit sous forme d’encyclopédie est tout d’abord publié en 1863 sous forme de fascicules intitulés Grand Dictionnaire géographique, mythologique, bibliographique, littéraire, artistique, scientifique du XIXe siècle. Puis, il se transforme en Grand Dictionnaire universel du XIXe siècle. Ce dernier compte quinze volumes publiés entre 1866 et 1876, auxquels sont ajoutés deux autres volumes entre 1878 et 1888, donc environ vingt mille pages. Il a été édité par l’Administration du grand Dictionnaire universel à Paris.

Dans sa préface, l’auteur expose ses idées et le plan de création du dictionnaire, en commençant par retracer l’histoire des dictionnaires et des encyclopédies français et étrangers. Il analyse et critique chaque œuvre de ce type depuis le tout premier ouvrage. De plus, il explique le but de la création de l’œuvre, à savoir résumer toutes les connaissances humaines acquises jusqu’à son époque, et les rendre accessible à tous. Cette encyclopédie possède un but pédagogique, afin d’instruire le monde, pas seulement les élites même le peuple, dans tous les domaines. Pour cela, il sépare l’ouvrage en six parties. Tout d’abord, l’aspect lexical du dictionnaire, ensuite, la partie étymologique comprenant la linguistique, la grammaire comparée et une science dérivée de la linguistique. La troisième partie est dédiée à l’Histoire et à la géographie du monde, puis, les sciences comprenant les mathématiques, la physique, la chimie, l’astronomie, la médecine, les sciences naturelles et l’art vétérinaire. Par la suite, l’encyclopédie comprend l’économie, la philosophie, la politique et la religion, de façon objective sans influence ; enfin la dernière partie est consacrée à l’Histoire de l’art ainsi qu’aux héros littéraires, historiques et mythologiques.

L’aspect singulier de ce dictionnaire est son universalité. En effet, il est destiné à tout être humain voulant s’instruire peu importe sa classe sociale.

Le dictionnaire original est accessible en ligne.

Exemple d'article:

Amphide adj. (an-fi-de – du gr. Amphi, de part et d’autre). Chim. Nom donné par Berzélius aux sels qui résultent de la combinaison d’un acide avec une base, c’est-à-dire d’un oxacide avec une oxybase, d’un sulfide avec un sulfure, etc., parce qu’ils sont dus à la combinaison de composés produits par des corps que ce chimiste appelait amphigènes.

L’abréviation « adj », qui signifie adjectif, indique dans quelle classe de mot il se situe. Ensuite, l’origine du mot est donnée grâce à l’abréviation « gr » qui signifie grec, nous indiquant que la base du mot « amphi » signifie en grec « de part et d’autre » .

Puis, le domaine de définition du mot est indiqué grâce à l’abréviation « Chim » qui signifie chimie. Cela permet d’inscrire l’utilisation de cet adjectif dans un domaine particulier. Cette définition explique l’origine du mot, en nommant son inventeur et son origine étymologique, ainsi que sa catégorie de mot à savoir adjectif, sa prononciation grâce à une sorte d’écriture phonétique et enfin, elle explique le phénomène chimique et son origine.

C’est une définition logique car elle part du général, puis grâce au connecteur logique « c’est-à-dire », donne des exemples pour illustrer et faciliter la compréhension de la définition, puis l’explication du phénomène, son origine.

Enfin, l’auteur rattache l’explication de la réaction chimique représentant le mot à un autre mot qui est construit avec la même base.


Marcellin Berthelot, Ferdinand-Camille Dreyfus (dir.)

La Grande Encyclopédie (1886-1902), inventaire raisonné des sciences, des lettres, et des arts, par une société de savants et de gens de lettres.


L'éditeur d'origine est H. LAMIRAULT et Cie (maison d'édition “Société anonyme de La grande encyclopédie”) à Paris, puis par la librairie Larousse à Paris (Bibliothèque National de France).

Il y a environ 1200 pages dans chacun des 31 tomes au format 21 x 30 cm. L’œuvre comporte environ 15000 illustrations et 200 cartes. Ainsi que des tableaux qui font des synthèses de données démographiques, économiques, chimiques, zoologiques,... avec des types de classification différentes tels que chronologiques, statistiques,...


La préface au premier tome présente l'Encyclopédie, pourquoi elle a été créé, quel est son but : la préface annonce « Elle (l'Encyclopédie) se propose de constater l'état actuel de la science moderne, de dresser l'inventaire des connaissances humaines à notre époque » et traite l'origine de l'Encyclopédie, tout comme la façon de constituer cet encyclopédie. La préface fait le lien avec d'autres encyclopédies.

La Grande Encyclopédie est une œuvre réalisée par plusieurs personnes dont Ferdinand-Camille Dreyfus, journaliste et député, avec Marcellin Berthelot, scientifique reconnu, en particulier dans le domaine de la chimie et de la biologie. Ce projet avait pour but de reprendre l'Encyclopédie de Diderot et d'Alembert et de le mettre à jour.

Les tâches ont été divisées entre plusieurs personnes selon leur domaine de compétence :

MUNTZ supervise l’histoire de l’art,

LAURENT : les mathématiques,

MARION : la philosophie et la “pédagogie”,

DERENBOURG : les langues, la littérature et la civilisation orientales, GIRY : l’histoire de France,

GLASSON : la partie juridique et législative et

LEVASSEUR : la géographie, l’économie et les statistiques

Cette encyclopédie n'a pas duré longtemps, remplacée par le Nouveau Larousse Illustré qui est plus synthétique. La librairie Larousse a d’abord racheté le stock de LAMIRAULT pour le vendre sous son propre nom.

Après la publication des 31 tomes, il n'y a pas eu d'autres rééditions avant 1993. Cette année-là, les éditions Lacour-Ollé, situées à Nîmes, reprennent la réédition de La Grande Encyclopédie avec en haut de page de couverture le nom BERTHELOT.

Les différents volumes de l'Encyclopédie sont conservés à la Bibliothèque Nationale de France et accessibles en ligne sur Gallica.


CERFBERR DE MEDELSHEIM Gaston & RAMIN Marcel-Victor

Le Dictionnaire de la femme

Paris, Maison Didot, 1897

732 pages, 1 seul volume, format in-octavo. L’ouvrage est illustré de 487 gravures mêlées au texte. Un erratum est situé à la suite du tout dernier article pour rectifier celui de « l’Allemande (Cuisine) ». Une table méthodique des matières, suivant un classement idéologique, est placée à la fin du dictionnaire et vient compléter l’ouvrage.

Ce dictionnaire se définit comme une « encyclopédie-manuel des connaissances utiles à la femme ». Rédigé à la fin du XIXème siècle, ce dictionnaire est une parfaite illustration de la vision de l’époque de la femme et de sa position au sein de la société. Ce siècle exclut les femmes de toute vie politique. Elles sont enfermées dans le foyer, davantage qu’avant, et sont destinées à en être les responsables et à y rester. Cependant, beaucoup de revendications de leur part vont naître au cours de cette période afin d’obtenir un statut plus important et plus égal à celui de l’homme.

Aussi, sous la requête de la librairie Firmin-Didot, Cerfberr entreprend l’écriture de ce Dictionnaire de la femme en compagnie de Ramin. Les auteurs y répertorient alors toutes les notions liées à celle-ci, mais aussi toutes celles en lien avec sa condition de l’époque, c’est-à-dire à son rôle « d’épouse, de mère et de gardienne du foyer » 1 . Ainsi, des suggestions, telles que des recettes de cuisine ou de préparation antiseptique, viennent se mêler aux divers articles. Ces derniers traitent tous de thèmes comme l’habillement, les arts ou encore l’hygiène, et reflètent la société de l’époque. Outre le simple vocabulaire, on retrouve donc une multitude de conseils. La femme est également définie selon sa nationalité au travers de portraits stéréotypés présentant les Allemandes, les Japonaises, les Italiennes, ou encore les Russes. De plus, tout au long de l’ouvrage, la femme est montrée comme un « être de constitution faible » 2 , moins intelligente que l’homme, et destinée aux tâches domestiques. On pourra ainsi lire ceci :

“La tête de la femme a moins de volume : le diamètre transversal a moins d’étendue ; le front moins de largeur, moins d’élévation ; et voilà pourquoi, s’il faut en croire les phrénologistes, jamais femme n’a créé de religion, n’a fait de poème épique, ni de grandes découvertes”.

Le sport est donc également très peu abordé car considéré comme n’étant pas en adéquation avec le corps féminin. En ce qui concerne l’activité professionnelle, seules quelques professions parfois pratiquées par des femmes sont mentionnées. Enfin, les notions propres à la politique, la philosophie et à la sexualité ne sont pas développées dans cet ouvrage car n’étant pas considérées comme utiles à la femme. Ce dictionnaire est donc plus qu’un simple ouvrage linguistique, c’est aussi un témoignage important de la condition féminine au XIXème siècle.