UN JOLI COIN DU MAROC EN PAYS DISSIDENT (source, LA NATURE - N° 2420 - 21 AOÛT 1920)(La Nature. Revue des sciences et de leurs applications aux arts et à l’industrie. Journal hebdomadaire illustré. Suivi de : Bulletin météorologique de La Nature, Boîte aux lettres, Nouvelles scientifiques)(https:/cnum.cnam.fr/)(reconnaissance OCR avec corrections manuelles et respect de l’orthographe des noms propres)
Parmi les régions les plus curieuses du Maroc, et dont l’avenir sera une véritable révélation, il convient de citer la région de Beni-Mellal dans le Tadla-Zaïan. Qui connaît cette région ? À part les artisans obscurs de sa pacification, assurément peu de gens ont pu se rendre à Beni-Mellal, poste avancé en pays dissident où l’on ne parvient encore qu’à l’aide d’escortes. Pourtant c’est l’un des plus jolis coins du Maroc, et les détracteurs du Moghreb qui ne connaissent que le désert de Doum (palmier-nain) qui borde l’Océan feront bien d’y aller faire un tour : En partant de Casablanca par le train-joujou (1) à 9 h 15 on arrive à 16 h 25 au terminus actuel d’Oued Zem après un parcours de 177 kilomètres coupé par un arrêt de 45 minutes au coquet buffet de Ben Ahmed. D’Oued Zem à Tadla par Boujad, en 2 heures d’auto, on parcourt de bonnes routes dans des régions fertiles, mais il faut avoir traversé cette plaine des Brachoua l’été, après que la moisson est faite, par un jour de sirocco ; dans l’air embrasé par les incendies des chaumés, pour apprécier davantage toute la beauté de la végétation de Beni-Mellal. De Tadla au poste avancé, il faut 1h 1/2 d’auto, car la route n’est pas encore aménagée. En partant de grand matin de Kasbah-Tadla [Kasbach-Tadla dans le texte ; note de Q.T.], il faut jeter un coup d’œil en arrière vers la citadelle après avoir traversé l’Oum er Rebia, le paysage impressionnant vous retiendra au détour de la piste. Sur la rive droite de l’oued Oum-er-Rebia qui gronde tout embrumé, l’à-pic rocheux est couronné par la Kasbah, farouche citadelle hérissée de créneaux d’où fuse sur le fond rose du Levant la silhouette svelte de ses deux minarets. En bas, dans l’ombre mauve des derniers limbes de la nuit monte la poussière d'un troupeau bêlant, cependant que le grondement de l’oued est dominé par les notes aiguës de l’invocation du muezzin qui appelle les fidèles à la prière. Sur le fond blanc de l’écume des rapides du fleuve se découpent en bas, au premier plan, les dix arches du vieux pont qui le barre. Je vais fermer les yeux pour emporter cette vision merveilleuse, mais l’allure guerrière de nos cavaliers d’escorte, qui galopent à franc étrier autour de l’auto, accapare l'attention. On dirait des preux, ces chevaliers fiers aux nouaders* flottants sortis du château féodal qu’est la Kasbah crénelée qui disparaît maintenant là-bas derrière nous dans la poussière dorée. Devant nous le spectacle est grandiose, l’atmosphère est si limpide que la plaine nue, sans point de repère, semble raccourcir la distance qui nous sépare de la montagne. On croirait pouvoir toucher cet écran merveilleux formé par la chaîne de l'Atlas ; elle est là tout près dans le mirage, avec ses cimes hardiment découpées, ses grands à-pics, ses gorges sombres, ses « foums » troublants. Quand pourra-t-on en déchiffrer l’énigme? Et pourquoi ce beau décor cache t-il dans chacun de ses ravins des fusils prêts à partir ? Sur un contrefort qui émerge d’une oliveraie se dresse une maison blanche comme une Koubba, c’est le poste de Beni-Mellal, toute petite sentinelle placée au pied de la grande montagne berbère. Est-il possible qu'elle puisse renfermer des armes et de la mitraille ! Il paraît qu’elle est armée pour la défense, mais, selon les directives du grand chef, la coquette forteresse, sentinelle avancée de notre civilisation, fait parler la diplomatie plutôt que la poudre. Après avoir traversé l’oued Derna, dont l’eau claire bruit sur des galets jolis, c’en est fait, nous avons quitté la plaine aux gazelles, fertile en surprises avec ses ravins favorables aux guets-apens, pour faire connaissance avec l’oasis de Beni-Mellal. Beni-Mellal est un coin privilégié et je ne crois rien trahir en dévoilant que si certaines parties du Moghreb n’ont pas assez d’eau, celui-là est le plus riche de l’inventaire des ressources hydrauliques : une terre noire et fertile rappelant les « Tirs » avec de l’eau, c’est là tout l’artifice de sa belle parure verte. La frondaison est intense, les vignes étreignent le tronc noueux des oliviers, avec des aspects de forêt vierge et la végétation si curieuse des euphorbes pousse entre les rochers. Au pied des flancs abrupts, dans toutes les gorges, sous chaque rocher, sourd une nappe d’eau délicieusement fraîche qui cascade, qui rejaillit et qui chante. Tantôt l’eau tombe avec bruit, tantôt elle coule bien doucement pour refléter les roseaux et les fleurs dans son miroir limpide, puis, satisfaite, elle repart dans les jardins, folle et bondissante, pirouettant, écumant, faisant tourner la pierre des tout petits moulins arabes enfouis sous la verdure. Elle vient lécher les murs de la ville en contournant ses bastions, et elle s’engouffre en glougloutant joyeusement dans de curieuses amphores tenues par les femmes berbères dont le moindre mouvement rappelle le geste antique du temps de l’ancienne Rome. Chaque site est un éden peuplé d’oiseaux, chacune des scènes de la vie patriarcale est un sujet tentant pour le pinceau d’un artiste, chaque bruissement de l’eau est la chanson, toute la chanson de la Poésie elle-même !
1 : Chemin de fer de la voie de 0,60 mètre.
* : Dès le début les spahis marocains exigèrent de se singulariser des spahis algériens. Les Marocains avaient tous une mèche de cheveux, la Takiout, plusieurs d'entre eux avaient des Nouaders, importantes touffes de cheveux ébouriffés au-dessus de chaque oreille. La takiout était nattée et dissimulée sous le turban, les nouaders étaient visibles de part et d'autre du visage et contribuaient à donner au guerrier un air farouche, un peu inquiétant comme il sied à un guerrier. (source, LA KOUMIA, n°156, 1er trimestre 2000 – disponible sur Internet au format PDF) [note de Q.T.]
Henri Catherine
Commentaires : Article d’un lyrisme débridé. Éloge sans frein d’une région en lisière, à ce moment de l’Histoire, du pays dissident, hymne poétique à l’eau. Beni-Mellal, déjà future Californie marocaine. Vision onirique de Kasba-Tadla. L’auteur précise bien à quel moment de l’année, dans la touffeur de l’été, il faut venir au Tadla, pour en apprécier la beauté. 1920 le réchauffement climatique d’origine anthropique pas encore d’actualité, mais l’eau, déjà, un vaste sujet. On notera le temps du voyage entre Casablanca et Beni-Mellal : train, 7h10, voiture 3h30, soit 10 heures et 40 minutes de voyage ; l’été sans climatisation ...
© Copyleft Q.T. 21 mai 2025
par Bernard Fabri, Caroline Gross et la collaboration de Brigitte Béthencourt ; Les Éditions Arthaud, Paris 1980
(Document personnel scanné puis reconnaissance OCR avec corrections manuelles et respect de l’orthographe des noms propres)
Pages 145/146
BENI MELLAL
625 m d'altitude, 25 000 habitants, 194 km de Marrakech, Centre administratif.
Au pied de l'Atlas, s'étendent les riches vergers de Beni Mellal irrigués avec les eaux du barrage de Bin el Ouidane et de la source dite « du mulet » « Aïn Asserdoun ». Cette source jaillit de la montagne au milieu d’un jardin, à 5 km du centre-ville.
1. RENSEIGNEMENTS PRATIQUES
a) Transports
Cars : la gare routière se trouve avenue Mohammed-V.
Cars tous les jours sur Marrakech (3 h 30 : 18 DH); Fès (5h : 22 DH) ; Casablanca (5 h : 22 DH) ; Azilal (2h : 9 DH)
b) Change
B.M.C.E., 52, avenue Mohammed-V ; B.M.C.I., 23, bd Mohammed-V.
c) Poste : Indicatif téléphonique 048, avenue Mohammed-V.
d) Hébergement
Poste restante, téléphone automatique
Hôtel de Paris : 11 chambres, Tel 2245 (25 DH la chambre double).
Plusieurs petits hôtels-restaurants sur l'avenue qui traverse la ville.
2. LES ENVIRONS
a) Barrage de Bin el Ouidane : sur la route d'Azilal, à 62 km de Beni Mellal. Pour s’y rendre : prendre le car de Beni Mellal à Azilal (1 car par jour). Très belle étendue d'eau dans laquelle on peut se baigner ; possibilité de pratiquer la planche à voile. Nous vous recommandons le camping sauvage, à condition toutefois de trouver un endroit à peu près plat, sans cailloux ni épines. Vous verrez dans cette région de beaux massifs d'euphorbes couverts de fleurs jaunes en juin et juillet ; n'y touchez pas car la plante est piquante et la sève irritante. Restaurant sous le barrage : repas entre 15 et 20 DH (il y a de la bière).
b) Azilal : À 86 km de Beni Mellal, centre administratif. Pour s’y rendre : cars tous les jours depuis Beni Mellal (2h : 8 DH) et Marrakech (4 h : 15 DH). Petites gargotes à l'entrée du souk : 6 DH le tagine. Souk important le jeudi.
c) Les cascades d’Ouzoud : à 22 km d’Azilal. Pour s'y rendre : pas de cars ; taxis seulement. En voiture : sur la route de Marrakech, prendre à droite ; de là, 16 km jusqu’au site. Très belles chutes d’eau. Si vous campez, demandez au propriétaire l'autorisation de vous installer dans les jardins au-dessus des cascades, au bord de la rivière. Une piste continue après Ouzoud en direction de la plaine, en passant par les gorges de l’oued el Abid (23 km). À Moulay Idriss Bendriss, la route est à nouveau goudronnée.
Commentaires : rapide, sans fioriture sauf la mention de la bière – que serait un.e Globe-Trotteur.euse sans sa bière après une longue journée de car ? Et aujourd’hui que serait un.e touriste sans son smartphone, un.e handicapé.e ? J’ai souvent pris le car Beni Mellal – Azilal pour aller dans l’Atlas, au départ et aux arrêts, la bière était absente, seulement des gamins qui criaient « œuf dur ! œuf dur ! » ou « chewing-gum ! chewing-gum ! » parfois « raisins ! raisins ! » et aussi « cigarette ! cigarette ! » . On peut se passer quand on globe-trotte de la bière et du camembert quelques temps me semble-t-il.
On peut rajouter qu’aujourd’hui à l’intersection de la route Azilal-Tanant vers les Cascades d’Ouzoud, on peut se procurer du miel d’euphorbes, daghmouss ; dégusté à la petite cuillère ses vertus médicinales sont reconnues contre les affections respiratoires et les maux de gorges ; nous en avons toujours un pot à la maison.
Je reviendrai probablement sur ce guide. Admirez la couverture.
© Copyleft Q.T. 12 mars 2024
... il faut commencer par se décrasser de soi, sortir de toutes ses valeurs morales, prendre un très gros recul. Tant qu'on est prisonnier de son regard sur le monde, on n'arrive pas à comprendre les autres sociétés et encore moins en remontant dans le temps. Il faut aussi se noyer dans les objets qu'on a, dans leur milieu naturel. ... En fouillant sur place, je vois les associations d'objets, je me retrouve dans l'espace de vie quotidien de ces populations. Après plusieurs dizaines d'années, des logiques inconscientes se mettent en place qui font que j'arrive à comprendre des choses ... Ludovic Slimak, (Le Monde du 15 janvier 2022)
VACANCES PRATIQUES AU MAROC par Sylvie CHAMBADAL, 1989, Marabout, Alleur (Belgique) (document personnel photographié puis reconnaissance OCR avec corrections manuelles, respect de l'orthographe des noms propres)
Pour faciliter la lecture, je ferai les commentaires au fur et à mesure ; livre acheté 10 dirhams à Kasba-Tadla le 14 janvier 2022, alors qu'il était sur un trottoir avec d'autres livres, m'attendant probablement.
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Commentaires : à propos du ramadan, il est précisé, comme trop souvent, « Du lever au coucher du soleil, le musulman doit s'abstenir de manger, de boire, de fumer, ainsi que d'avoir des relations sexuelles » ; le jeûne commence à l'aube et non au lever du soleil, la différence est notable, d'autant plus que si l'heure du lever du soleil est aisément calculable, celle de l'aube pose des problèmes quasi-insurmontables, l'aube étant définie, par les musulman.e.s, comme le moment où un fil noir peut être distingué d'un fil blanc ; depuis quelques temps (rigorisme ?) certaines mosquées de Kasba-Tadla précise même l'imsak, moment où il faut se préparer pour la prière du fajr et s'abstenir de manger ; selon certaines personnes le temps séparant l'imsak du fajr, représente une « période de sécurité » avant le jeûne.
On est ici comme souvent dans une ignorance réductrice qui véhicule des erreurs grossières ; pour le moment je n'ai trouvé qu'un seul guide touristique sur le Maroc qui a corrigé cette erreur à propos du ramadan, le guide NEOS (Michelin et Cie - 2001). On note aussi l'invisibilité de la musulmane alors que page 53 ...
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Il existe aussi des croyances populaires très fortes au Maroc : culte des saints, appelés marabouts, hommes lettrés, savants, ou même illuminés, qui ont donné leur nom à un certain nombre de localités. Leurs tombes attirent de grands rassemblements populaires, les moussems, au cours desquels on obtient la baraka (chance). Ces fêtes se déroulent annuellement, à des dates pratiquement fixes, alors que les autres fêtes religieuses suivent le calendrier lunaire.
Les génies (djinns), reconnus par le Coran, hantent les lieux mystérieux : grottes, sources, lacs. Ils protègent du mauvais œil, guérissent des maladies (folie, stérilité, etc.) ou provoquent des effets néfastes. Pour se les concilier, on leur offre des morceaux de tissu ou de laine qui sont accrochés aux branches de certains arbres, mais aussi de l'huile.
Commentaires : djinn est déjà un pluriel - en arabe -, inutile de mettre un « s » et pourtant les dictionnaires français le mettent ; « les esprits » plutôt que « les génies » sont rarement évoqués dans les guides ; l'autrice aurait pu rajouter les siphons, les canalisations d'évacuation des eaux usées, comme lieux hantés ; pour éviter de « réveiller » les djinn, beaucoup de marocain.es ne versent pas d'eau chaude (eau de cuisson de pâtes ou du riz, par exemple) dans leur évier, sans ouvrir en même temps le robinet d'eau froide, de même lorsqu'on occupe une nouvelle maison, appartement, il faut y égorger un poulet et que son sang chaud coule dans un siphon, pour amadouer les djinn. Pour les morceaux de tissus voir photographie A, Sidi Mimoun à Kasba-Tadla ; depuis 2021, l'arbre est coupé et le « marabout » fermé par des parpaings et du ciment, il était squatté par des dealers, des chiens, servait de W.C.
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Modernité et tradition
Le peuple marocain reste attaché à ses traditions : peuple conservateur, il s'adapte cependant à la modernité occidentale. Les valeurs modernes pénètrent essentiellement chez l'élite de la société marocaine ; elles ne sont pas assimilées par les populations rurales qui gardent leur mode de vie et leurs coutumes ancestrales. Vous remarquerez certainement que les femmes ne portent pas le « voile ».
Toutefois, dans toute la société, le concept de supériorité de l'homme sur la femme est profondément ancré dans l'esprit musulman. Vous le remarquerez aussi bien à table où l'homme est servi en premier, que dans les campagnes où les femmes effectuent toutes les corvées de bois, d'eau, et dans les villes où seuls les hommes vont au cinéma, au café, dans les boîtes de nuit. On retrouve ceci en matière de témoignage judiciaire où un homme vaut deux femmes.
Commentaires : Le premier paragraphe de Modernité et tradition, recèle de nombreux implicites, à mon avis, douteux ; qu'appelle-t-on « modernité » ?
« Ce qui est passionnant, c'est que le fameux « sens de l'histoire », qui était supposé emporter toute la planète vers la modernité globalisée, est d'une part à sens unique, et, d'autre part, étonnamment vague sur le but à atteindre. C'est quoi le pays de la modernisation ? Il est où ? Il y fait quelle température ? On y mange quoi ? On y vit de quoi ? » Bruno Latour, (Le Monde 10 décembre 2021)
« Les valeurs modernes pénètrent essentiellement chez l'élite de la société marocaine », quelles sont les « valeurs » de la « modernité » ? Quel.les marocain.es appartiennent à « l'élite de la société marocaine » ? Comment intégrer cette élite, en ayant fréquenté.e les écoles et lycées français du Maroc, en ayant de l'argent à foison, en appartenant à la bourgeoisie ?
« Vous remarquerez certainement que les femmes ne portent pas le « voile ». » Pourquoi l'autrice met-elle voile entre guillemets, de quel voile parle-t-elle, niqab, hijab, jilbab, al-Amira, shayla ou dupatta, khmar, tchador, burqa, litham ? Fait-elle une différence entre un voile qui dissimulerait une partie ou la totalité du visage et le foulard qui enserre les cheveux, les ôte à la vue ?
En 1989 débuta en France un long débat qui perdure, sur le « voile islamique », et ne pas voir qu'au Maroc, au même moment, le retour à un certain rigorisme religieux était en route depuis plusieurs années s'appelle de l'aveuglement ou de la naïveté ; l'autrice était loin d'être isolée dans cette cécité. De l'implicite mais surtout la reprise de clichés, issus d'une vision très occidentale du Monde, tel qu'il doit être, ou alors, une certaine vision de l'universalisme à la française, réductrice, uniformisante, macronienne.
Vincent Monteil dans MAROC (Seuil-petite planète 1962, édition de 1984)(document personnel photographié, reconnaissance OCR et corrections manuelles, respect de l'orthographe des noms propres) écrit : « Depuis 1975, phénomène nouveau : l'intégrisme ou plutôt le fondamentalisme venu d'Orient et porté depuis par la Révolution islamique en Iran. Une revue, Al-Jamdâ'a (la Communauté), paraît à Marrakech. Mosquées privées, réunions de prières, jeunes barbus, filles en robe longue et guimpe inquiètent le pouvoir. De Casa à Marrakech, on se passe les « cassettes » des sermons du populaire cheikh Kishk du Caire. Cependant, les anciennes « Confréries » sont vivantes. » et il ajoute à propos de la condition féminine « La condition féminine, cette pierre de touche d'une société, a-t-elle vraiment évolué en profondeur ? Et dans toutes les couches sociales ? Il est permis d'en douter, quand on constate la persistance du voile dans les villes, le fait que, trente ans après le « dévoilement » public de la princesse Lalla Aïcha à Tanger (en 1947), « l'épouse du roi ne paraît jamais en public » (Waterbury, 1975, p. 146) et, plus encore, quand on sait à quel point (mais ce n'est pas propre au Maroc !) la virginité d'une fille représente son unique valeur marchande. D'une façon générale, « le masculin l'emporte sur le féminin » : mais n'est-ce pas encore le cas en France ? », alors que dans une autre partie il note « De plus en plus, le Maroc en jellâba fera place, insensiblement, au Maroc en coutil bleu : salopette des travailleurs, blue-jean des jeunes. », il est vrai que l'on peut vêtir un blue-jean et arborer un voile.
« trente ans après le « dévoilement » public de la princesse Lalla Aïcha à Tanger (en 1947) ». L'envoyé spécial de La Vigie Marocaine, R. LAURIAC (édition du 12 avril 1947, lisible sur le site Gallica mais indexée à la date du 13 avril 1947, page 2) rapporte que Lalla Aïcha prononça son discours (l'avait-elle écrit ? Elle n'avait pas encore 17 ans) en arabe, puis en français et en anglais, dans le grand patio de l'ancien palais des Sultans, à la Casbah où se déroula une fête des écoles des fillettes marocaines, entre 19 heures et 21h30. Son discours (disponible sur Internet) est très irrigué par l'islam et l'unité de la nation arabe. Quand on tape « Lalla Aïcha Tanger 1947 » dans un moteur de recherche et que l'on sélectionne l'onglet « Images » on trouve les mêmes photographies, sauf quand on regarde plus attentivement : nombre de microphones, aspect du pilier derrière Lalla Aïcha. Lalla Aïcha dévoilée, « vêtue d'un boléro bleu et d'une belle robe d'un bleu plus pâle à grandes fleurs, avec une coiffure très seyante et le visage dévoilé » rapporte R. LAURIAC, dévoilée signifiant, peut-être, pas de litham. Sur la photographie en plan large, les femmes derrière Lalla Aïcha portent un litham, les gens au pied de l'estrade semblent peu attentifs. Je laisse chacun.e juger du terme « dévoilement » utilisé à propos de Lalla Aïcha lors de son discours à Tanger, le 11 avril 1947. Les cinq photographies de Lalla Aïcha à Tanger ont été capturées sur Internet.
Les photographies C et D proviennent d'un livre de 1980, Les Marocains par Jean DELORME (Les Éditions Arthaud, collection Voir Vivre, Paris 1980) (document personnel photographié, reconnaissance OCR et corrections manuelles, respect de l'orthographe des noms propres) ; sur ces deux photographies, non datées (un défaut majeur de ce livre), on remarque que les femmes ne portent pas de « voile » ; sur la photographie D, on note la pin-up en nuisette en haut à gauche, la « modernité » probablement.
Contrairement à Sylvie CHAMBADAL, Jean DELORME pointe la montée possible du rigorisme islamique au Maroc, à la page 78, il écrit : « Ce renouveau des manifestations de la foi pourrait s'accentuer dans un proche avenir, avec le regain de l'Islam dans tous les pays concernés par la religion du Prophète. En mai 1979, la Conférence islamique de Rabat, présidée par S.M. le roi Hassan II, réunissant les autorités religieuses de tous les pays musulmans, en apporte une preuve évidente. »
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Nous conseillons aux personnes du sexe féminin de porter des jupes plutôt que des pantalons, bien que les jeunes Marocaines commencent à se mettre au blue-jean.
Commentaires : étonnant conseil, quelle est la tenue des marocaines jeunes, en 1989 ? On aurait aimé la photographie d'un groupe de jeunes marocaines sortant d'une faculté. Sur la photographie B, de l'autrice, ces six femmes sont-elles voilées ?
Pages 117/118
BENI MELLAL
Proche de la jonction des routes de Rabat et de Fès en direction de Marrakech, Beni Mellal (255 000 habitants) permet aux visiteurs non limités par le temps d'effectuer une agréable étape. Les maisons de cette capitale régionale s'élèvent sur le dir, ou retombée du Moyen Atlas ; celui-ci s'élève à 2 248 m au djebel Tassemit. (1)
La plaine céréalière du Tadla, où abondent les résurgences, a fait la richesse économique de la cité. Les vergers qui poussent dans l'oasis au pied de l'agglomération sont très réputés et produisent, dit-on, les meilleures oranges du Maroc : c'était déjà ce que Charles de Foucauld avait observé en 1884. (2)
Le barrage de Bine el-Ouidane, sur l'oued el-Abid, a profondément modifié les habitudes agricoles de la région. Le coton et la betterave à sucre occupent désormais la majorité des terres irriguées, tandis que l'immense réservoir d'eau ainsi constitué dans un très beau cadre de montagne, est un lieu d'excursion facile d'accès par la route d'Afourer (environ 120 km aller-retour).
En ville s'élève la kasba (3) érigée au XVIIe siècle par Moulay Ismaïl, mais souvent transformée. C'est près de la place de la Liberté, que vous pourrez obtenir les couvertures de fabrication locale : les hanbels.
L'agréable promenade sous les oliviers qui entourent la ville au sud est un but d'excursion proche. (4)
AUX ENVIRONS
À 10 km au nord-est, le Foum-el-Anseur est une étroite cluse, défilé entaillé par un torrent qui descend du Moyen Atlas : l'eau judicieusement dirigée dans les rigoles est à l'origine des plantations d'abricotiers, de bananiers et de noyers. (5)
Les cascades d'Ouzoud**, bien qu'à près de 70 km, sont un des très beaux sites naturels du Maroc, non encore altéré par les constructions et équipements touristiques. Elles sont accessibles depuis Beni Mellal par la route qui prend à gauche après le village de Khémis des Oulad-Ayad. Un second itinéraire, plus long, vous mènera en voiture, au sommet des chutes. Embranchement à gauche à 20 km au sud de Beni Mellal, après Afourer, la route vous conduit à Azilal ; 20 km au-delà, la direction des cascades est indiquée à droite. Les eaux tumultueuses de l'oued Ouzoud tombent sur une centaine de mètres dans un fracas assourdissant. Les gouttelettes d'eau, nées de cette chute, réfractent les rayons du soleil et forment un arc-en-ciel. Au bas de la chute, les tourbillons de l'eau, chargée de galets, ont creusé des marmites de géant.
Commentaires :
1 : si le Tassemit est emblématique de la ville, reconnaissable de loin par tous ceux qui connaissent sa silhouette, son voisin, le Jbel Ighnayne, les locaux l'appellent R'Nim (2411 ou 2422 mètres selon les cartes), le domine aisément
2 : Charles de Foucauld arrive à Beni Mellal le 20 septembre 1883 et en repart le 25 septembre 1883
3 : kasbah ou casbah
4 : Aïn Asserdoun
5 : citer Foum el-Anseur est remarquable
Pages 143/144
IMILCHIL
Accès en voiture tout terrain
Partir de la route P 24 qui va de Beni-Mellal à Khénifra. Ce déplacement nécessite impérativement une voiture tout terrain, des réserves d'eau et d'essence, des vêtements chauds - même en été car les nuits sont très fraîches - et des provisions. Venez-y en septembre pour le moussem des fiancés qui a lieu la 2° ou 3° semaine du mois (se renseigner pour la date exacte). En hiver, risques d'enneigement.
Par la route
135 kilomètres. En venant de Marrakech, après Kasba Tadla où vous pourrez admirer une belle forteresse du XVIIIe siècle et un pont de pierre sur l'Oum-er-Rbia, prenez à droite vers El-Ksiba. Les couleurs des roches du Haut Atlas, rouge, ocre, fauve, mauve, se mêlent aux teintes vertes des sapins, thuyas et taillis. La route franchit les deux cols d'Aït-Ouirra et d'Ifar. Laissez ensuite le village de Tizi n'Isly sur votre gauche et tournez à droite vers Cherket, petit village à 1 630 m d'altitude. Au-delà, la route fait place à la piste 1903. La descente vers le Plateau des Lacs offre des paysages grandioses.
Le moussem n'a pas lieu au village même d'Imilchil : mais à côté de la tombe du marabout Sidi Fmohammed el-Mehreni à une village vingtaine de kilomètres en direction du village d'Aït-Haddou-Ameur.
Le moussem
C'est une fête annuelle importante qui a lieu près du tombeau (koubba) d'un saint. Outre l'aspect religieux, le moussem d'Imilchil est aussi l'occasion d échanger les bêtes qui redescendent des prairies d'altitude contre des céréales, des épices et des étoffes à l'approche de l'hiver. Enfin, dans ces montagnes où les déplacements sont difficiles, ces quelques jours de fêtes permettent aux membres des familles éloignées de se retrouver. Le moussem de la tribu berbère des Aït-Hadiddou est aussi appelé celui des fiancés : des mariages collectifs y sont en effet célébrés à la fin des trois journées de réjouissance. Il faut noter que les Aït-Hadiddou ne sont pas les seuls à garder cette tradition. Si la décision finale revient aux fiancés - ce qui est rare en pays islamique - le mariage n'est pas décidé au moment du moussem, mais longtemps à l'avance, par les familles.
Des danses accompagnent les festivités auxquelles vous pourrez assister : remarquez les longs manteaux à rayures, les bijoux d'argent, la qualité du maquillage, les hautes coiffures arborées par les femmes qui ont le visage découvert comme c'est la coutume chez les Berbères ; les hommes portent des djellabas claires.
Une légende illustre l'origine des lacs de Tislit (la fiancée) et d'Isli (le fiancé). Il y a longtemps, un jeune homme aimait une jeune fille d'une tribu rivale ; mais les parents refusèrent ce mariage ; aussi les jeunes gens s'enfuirent-ils ; et ils pleurèrent tant et tant que leurs larmes ont formé ces deux lacs ...
Cette fête, mêlant le sacré et le profane, est l'une des plus importantes au Maroc en raison de la richesse du folklore local. En outre, les difficultés d'accès ont préservé le caractère authentique du moussem d'Imilchil.
Commentaires : nous sommes montés à Imilchil en juin 1982 puis fin septembre 1982, au moussem, par l'itinéraire indiqué, en Renault 4L ou Peugeot 204 break, qui sont loin d'être des voitures tout terrain ; en juin 1982 la piste était très « dure » : gués profonds, longues sections avec de grosses pierres ou très boueuses et notre 4L se joua avec aisance de toutes ces difficultés ; en septembre 1982, nous fîmes un détour par Aghbala avec l'intention de prendre un camion pour monter au moussem, on nous rassura sur l'état de la piste et très rapidement nous arrivâmes au moussem en 204 break. Piste ne veut pas dire voiture tout terrain.
En avril 1938 une excursion au Plateau des Lacs avec retour par les gorges du Toghdra était organisée par la section de Marrakech de l'Automobile Club Marocain, le départ eut lieu à Kasba-Tadla le 17 avril, repas au lac Isli et coucher à Boumalne du Dadès, belle journée et pas en voitures tout terrain.
Kasba-Tadla, sa citadelle, son pont, évoqués, c'est l'essentiel.
Je rajoute à ce texte deux dessins (E et F) dont je laisse le jugement aux lecteurs ; dessins issus de LE MAROC, notes et repères par Anne BAGNESTE (mieux connaître, pour mieux voyager, ITER ÉDITIONS, 1990) (document personnel photographié) ; pas d'indication, me semble-t-il sur l'auteur.rice de ces deux dessins dans le livre ; le site de la Bnf (Gallica) indique que les illustrations du livre d'Anne Bagneste sont de Marie-Alix Gentilhomme.
Album photographique, ici
© Copyleft Q.T. 26 janvier 2022 modifié le 04 janvier 2024
GUIDES MONDEOS, Les Éditions Comex 2001 (document personnel scanné puis reconnaissance OCR avec corrections manuelles, orthographe des noms propres respectée) Pages 79 et 80
Beni Mellal
Au cœur d'un immense verger bien irrigué grâce au barrage de Bin el-Ouidane, ce gros bourg s'étend au pied du jebel Tassemit, qui culmine à 2247 m. Sa vocation agricole attire chaque année de nouveaux habitants. Un marché se tient chaque mardi. Les murailles et la kasbah édifiées au XVIIe siècle ont été si remaniées que leur visite ne présente pas grand intérêt, mais Beni Mellal constitue une bonne étape entre Fès et Marrakech.
Les environs La source d'Aït Asserdoun
La « source du Mulet », se situe à une dizaine de kilomètres de la ville. La route qui y mène, à travers l'oliveraie, est extrêmement agréable.
Les cascades d'Ouzoud
Entre Beni Mellal et Marrakech (à 167 kilomètres de la ville impériale) se trouvent les plus belles et les plus impressionnantes cascades du Maroc. Chutant d'une hauteur de 100 m, elles sont auréolées presque en permanence d'un arc-en-ciel. A leurs pieds, des bassins naturels de calcaire réjouiront les amateurs de baignade, qui profiteront aussi d'une végétation luxuriante. Au coucher du soleil, le site s'anime : des cohortes de singes viennent y batifoler.
GUIDES MONDEOS, Les Éditions Comex 2003 (document personnel scanné puis reconnaissance OCR avec corrections manuelles, orthographe des noms propres respectée) Pages 86 et 87
Beni Mellal
A 289 km au sud de Fès.
Au cœur d'un immense verger bien irrigué grâce au barrage de Bin el-Ouidane, ce gros bourg s'étend au pied du jebel Tassemit, qui culmine à 2247 m. Sa vocation agricole attire chaque année de nouveaux habitants. Un marché se tient chaque mardi. Les murailles et la kasbah édifiées au XVIIe siècle ont été si remaniées que leur visite ne présente pas grand intérêt, mais Beni Mellal constitue une bonne étape entre Fès et Marrakech.
Les environs La source d'Aït Asserdoun
A 10 km environ de Beni Mellal.
La route mène à la « source du Mulet », à travers l'oliveraie, promenade extrêmement agréable.
Les cascades d'Ouzoud
À 167 km au nord-est de Marrakech.
Ce sont les plus belles et les plus impressionnantes cascades du Maroc. Chutant d'une hauteur de 100 m, elles sont auréolées presque en permanence d'un arc-en-ciel. A leurs pieds, des bassins naturels de calcaire réjouiront les amateurs de baignade, qui profiteront aussi d'une végétation luxuriante. Au coucher du soleil, le site s'anime : des cohortes de singes viennent y batifoler.
Commentaires : Rapide et inefficace ; comment de telles descriptions qui restent figées dans le temps donneraient envie de se poser plus longtemps, de percevoir autrement la vie marocaine que celle décrite ad nauseam dans ce genre de petits opuscules ? Beni Mellal y figure car ville étape entre deux grandes cités impériales. Kasba-Tadla, historiquement plus importante peut-être, reste oubliée, même la région géographique « Tadla » n'est pas mentionnée ; peut-on énoncer à des ami.es, de retour du Maroc, « j'étais au Tadla » sans passer pour un hurluberlu ?
On peut penser que l'autrice ne s'est même pas arrêtée à Beni Mellal, elle copie-colle, où alors elle est restée dans son 4 étoiles loin de la foule et du bruit qui anime la ville le soir.
On remarquera le « Aït » au lieu de « Aïn » à propos de la fameuse source de Beni Mellal, preuve d'insouciance et aussi signe d'incompétence, de la part de l'autrice et des éditeurs.
Album photographique, ici
© Copyleft Q.T. 23 novembre 2021
(MANGER, DORMIR, SE DISTRAIRE, VOYAGER, LE MOINS CHER POSSIBLE)
1985 Hachette-Guides bleus (document personnel scanné puis reconnaissance OCR avec corrections manuelles, orthographe des noms propres respectée)
Introduction (page 7)
Le Royaume aux mille Royaumes : c'est ainsi que l'Office National du Tourisme Marocain définissait le Pays dans sa nouvelle campagne de promotion. Le Maroc, c'est la caverne d'Ali Baba, vous y trouverez tout ce à quoi vous vous attendiez, mais beaucoup plus encore, toujours plus si vous y revenez. Le Maroc, c'est la variété, la diversité des hommes, de l'habitat, des paysages, le tout agencé dans le cadre d'une culture extrêmement riche. Il y en a pour tous les goûts : les amateurs d'histoire et d'archéologie seront à leur affaire, ceux qui préfèrent le contact avec la nature auront le choix entre les montagnes de l'Atlas, le désert pré-saharien, la côte ensoleillée mais plus tempérée, ou bien encore les forêts de cèdres du Rif. Quant à ceux qui recherchent les contacts humains, ils seront séduits par la gentillesse et le sens de l'accueil et de l'hospitalité des Marocains.
Ce pays entièrement islamisé est à la fois très proche et très éloigné de l'Europe et plus particulièrement de la France. On peut, en restant dans certains quartiers des villes comme Casablanca ou Agadir ne jamais se sentir dépaysé, n'entendre parler que le français, ne manger que de la cuisine française, etc. Comme beaucoup de pays en développement, le Maroc s'occidentalise rapidement, d'autant plus que sa population, très jeune (60 % de moins de 20 ans) pousse à la roue. Mais à côté, les traditions tiennent toujours la route ... et le pays. Le vrai Maroc, le Maroc profond, vous dépaysera complètement, vous y rencontrerez l'Orient et toutes ses séductions, son rythme de vie moins stressant que celui de l'Europe, sa magie du verbe et la qualité de ses rapports humains. Et lorsque vous rentrerez en France, vous comprendrez sûrement mieux les immigrés maghrébins que vous côtoierez.
La région de Marrakech (pages 128 et 129)
Il faut savoir s'arracher à l'envoûtement de Marrakech et partir une ou plusieurs journées explorer les magnifiques régions qui l'entourent. Au nord, le Tadla, cœur du Maroc, boisé et bien arrosé grâce au lac de retenue de Bin el Ouidane. Au sud, le Haut Atlas et ses paysages grandioses de montagne. À l'est, la route de Ouarzazate, par le Tizin Tichka qui annonce peu à peu le grand sud.
Le Tadla (à la frontière du Moyen Atlas)
Demnate
Prendre la RP 24 jusqu'à Tamelelt, puis la S 508. Petite bourgade qui domine la plaine, à environ 100 mètres d'altitude (1). Artisanat de poteries particulièrement intéressant. Souk très animé le dimanche. Les maisons sont construites en gradin. Jardins irrigués par des canaux.
Imin'lfri
Petit village situé à 6 kilomètres de Demnate. L'oued s'y est creusé une sorte de pont naturel dans le calcaire. Ce petit tunnel est peuplé de corneilles qui sont à l'origine de nombreuses croyances superstitieuses dans la région.
Cascades d'Ouzoud
Prendre une route inégalement carrossable sur 18 kilomètres entre Demnate et Azilah. Cet endroit était le paradis sur terre il y a quelques années. On pouvait camper en toute tranquillité sur les bords du chemin qui mène au pied de la cascade. Un vieux berbère vous proposait un thé. Les initiés savaient qu'ils pouvaient, moyennant quelques dirrhams (2), dormir et manger le tajine avec la famille berbère qui habitait au sommet des cascades.
Aujourd'hui, de petits restaurants installés en plein air sur le chemin et plusieurs terrains aménagés pour camper. La famille berbère s'est organisée pour accueillir le touriste. Jusqu'ici, c'est plutôt un mieux mais il ne faut pas se faire d'illusions. On a déjà un avant-goût de ce que sera cet endroit dans quelques années lorsqu'on voit les autocars débarquer leurs hordes de touristes sur l'esplanade. Dépêchez-vous d'y aller avant l'apocalypse. Les gens du coin sont adorables. Le petit bonhomme qui préparait le thé a laissé la place à son fils, Mohammed, qui sert dans son restaurant-café Les orangers en plein air l'excellente cuisine préparée par sa mère et ses sœurs. Faites-le parler (aucun problème, il ne demande que cela), c'est un personnage. Si vous n'avez pas de tente, vous pourrez aller dormir chez une famille berbère, dans une sorte de patio ouvert : 10 dh par personne. La maîtresse de maison sert une cuisine très chargée en huile d'olive. Elle vous proposera gentiment de visiter sa cuisine : une pièce toute noire, au sol en terre battue, avec une vague ouverture dans le haut : le Moyen Age. Au total, quitte à ce que cet endroit soit pollué par le tourisme, autant que les habitants du coin qui sont très pauvres en profitent, plutôt que les professionnels du tourisme.
Si vous ne venez que pour la journée, restez cependant jusqu'au coucher du soleil pour voir les singes apparaître dans la montagne autour de la cascade.
Beni Mellal
Ville étape entre Marrackech (2) et Fez. Une jolie ville agrémentée de jardins, construite sur la source d'Asserdoun qui lui vaut sûrement sa fraîcheur. On peut dormir à l'hôtel Gharnata, boulevard Mohammed V. TEL. 24.82. ou au Maroc Motel (plus cher, mais avec piscine), TEL. 22.52. Excellent restaurant au Vieux Moulin, route de Kasbah Tadia (2) TEL. 27.88.
Bin el Ouidane
Quitter la P 24 une vingtaine de kilomètres avant Beni Mellal et prendre la route d'Azilz (2). Le lac de retenue de Bin el Oui-dane, situé derrière le plus grand barrage du Maroc, est le cœur d'une région magnifique. Suivre la route du tour du lac et s'arrêter à l'adorable petit village de Oua Oui Zaght (2).
Imilchil
Petit village du Moyen Atlas où se déroule chaque année un moussem de plus en plus célèbre : le moussem des fiancés. Les jeunes gens des tribus berbères Ait Haddidou de la région s'y rencontrent et s'y fiancent chaque année à l'occasion de ce moussem. Les festivités ont lieu à 20 kilomètres d'Imilchil, dans le petit village d'Ait Haddou Ameur, les trois derniers jours de la troisième semaine de septembre. Pour l'occasion, toutes les tribus berbères de la région viennent y planter leurs tentes. De plus en plus de touristes affluent chaque année. Prendre la RP 24 pendant 22 km après Kasbah Tadla, puis la route 1901 pendant 52 km, prendre ensuite la direction de Cherket, puis à gauche la piste 1903 vers Imilchil.
Commentaires :
(1) : il faut probablement rajouter 1000 mètres.
(2) : les premiers traitements de texte ne possédaient pas de correcteurs orthographiques et les rédacteur.rices étaient d'emblée dans l'approximation orthographique, aveuglé.es par le nouveau concept de guide qu'il.elles cherchaient à développer pour un nouveau public, nous étions déjà dans l'illusion moderniste confondant innovation et progrès.
Très heureux de m'être procuré ce guide dans un grand vide-grenier informatisé. Première édition de ce qui semble être l'ancêtre ou un cousin du Guide du Routard, même présentation, mêmes approximations, même humour douteux, mêmes sous-entendus problématiques révélateurs d'un manque de réflexion : « Moyen Age » (paragraphe sur Ouzoud), « vous y rencontrerez l'Orient et toutes ses séductions » (Introduction), quelles sont les séductions orientales ?, « Et lorsque vous rentrerez en France, vous comprendrez sûrement mieux les immigrés maghrébins que vous côtoierez. », depuis 1985, des français, de plus en plus nombreux, votent pour des partis ouvertement anti-immigrés et certains de ces français se sont rendus (ou sont né.es) au Maghreb sans changer leur vision primitive du Monde.
Le dessin de couverture me laisse dubitatif, pas de sac sur le dos comme pour les premiers Guide du Routard, un postérieur féminin pour passeport à l'aventure, de l'avant Metoo graveleux ou une mise en bouche avant les séductions orientales ?
Ce guide shunte la ville de Kasba-Tadla seulement mentionnée dans les paragraphes Beni Mellal et Imilchil, ville sur laquelle je reviendrai dans la page Horizons Maghrébins, tant, là aussi, la caricature galope depuis longtemps, réduisant le moussem à une vitrine où des margoulins viendraient faire shopping de chair vierge.
Enfin, même les pages de présentations demeurent représentatives de la vision caricaturale, irréfléchie, du Monde, véhiculée par ce guide et son descendant ou cousin.
Album photographique, ici
© Copyleft Q.T. 16 octobre 2021 modifié le 30 août 2023
guide établi par Élisabeth Morris, Hachette Guides de voyage, Paris 1991 (document personnel scanné, puis reconnaissance OCR avec corrections manuelles, orthographe des noms propres respectée)
au Maroc Elisabeth Morris (quatrième de couverture)
Les plages ensoleillées, les capitales impériales et leurs fastueux palais dont les jardins ont des parfums de jasmin et d'oranger, les bruits et les couleurs des souks, les paysages de l'Atlas et la lumière du grand Sud. Pour vous faire profiter de tous les charmes du Maroc, le guide Visa vous propose :
- des approches détaillées sur l'histoire, l'art et la civilisation du royaume chérifien ;
- 15 cartes et plans pour vous orienter dans le pays et vous accompagner dans la visite de ses villes principales ;
- un choix d'hôtels et de restaurants, élégants ou traditionnels, où goûter la savoureuse cuisine marocaine, les tajines ou la pastilla, et de bonnes adresses de boutiques pour découvrir un artisanat fabuleux.
BENI MELLAL PAR LE MOYEN ATLAS (pages 84 et 85)
Cet itinéraire rejoint celui d'Azrou à Beni Mellal, décrit page 113. La réalisation des deux itinéraires permettra à ceux qui en auront le loisir de se rendre de l'ancienne capitale du Sud, Marrakech, à l'ancienne capitale du Nord, Fès, tout en découvrant la richesse des paysages du Moyen Atlas. Il faut prévoir une étape à Beni Mellal.
Quittez Marrakech par la P24 en direction de Fès. 77 kilomètres plus loin, prenez à droite la 6 112 vers Demnate. Après Tazerte (souk le lundi) où l'on peut voir d'anciennes kasbahs assez délabrées, la route 6 202 sur la droite conduit à Timinoutine et au barrage d'Aït Adel sur l'oued Tessaout, affluent de l'Oum er Rbia. Construit en terre compactée, le barrage retient un volume d'environ 200 millions de m3 d'eau.
Demnate (4) (souk le dimanche), à près de 1000 m d'altitude, se trouve dans une zone fertile située entre l'Atlas et la plaine que l'on appelle le « Dir ». Oliviers et jardins constituent le décor de cette petite ville où l'on peut voir les vestiges de remparts. De Demnate, une petite route très pittoresque suit le cours de l'oued Masseur jusqu'au pont naturel d'Imi-n-Ifri* (1)(4), dont on a une belle vue quelques centaines de mètres avant d'atteindre cette gigantesque cavité creusée par l'oued. En approchant du « pont », on remarque un chemin qui descend au fond du gouffre, dont l'entrée est ornée de stalactites. Une légende assez macabre raconte qu'un génie malfaisant hantait autrefois ces lieux, enlevant les jeunes filles ; un héros l'anéantit, mais du corps du génie sortirent des centaines de vers; ceux-ci se transformèrent en corneilles, qui depuis voltigent autour du gouffre !
De retour à Demnate, tournez à droite sur la 6 706, puis encore à droite sur la S 508, vers Tanant et Azilal. À mi-chemin entre ces deux bourgs, une route sur la gauche, la 1 811, conduit aux cascades d'Ouzoud*** (1) ; elle suit une vallée riante qui se rétrécit par endroits ; sur les coteaux, çà et là, des groupes de maisons en pisé forment des taches rouge foncé. La route se termine sur une place, devant un petit restaurant berbère. Un guide local vous y attend ; il est très enthousiaste et fier de la beauté de « son » site naturel. Il vous fera prendre sur la gauche le chemin qui mène à la plateforme d'où l'on peut admirer la chute de 110 mètres de hauteur qui s'écrase dans un gouffre envahi d'une végétation luxuriante. En remontant, allez voir du haut des cascades les multiples ruisseaux canalisés qui font tourner les moulins à orge et à blé.
Revenez par la même route vers la S 508 et tournez à gauche en direction d'Azilal (souk le jeudi). Une route-piste se détache à droite vers Aït Mehamed et la haute vallée du Bou Guemez, dominée par le massif du M'Goun. Cet itinéraire est impraticable l'hiver et par mauvais temps. Renseignez-vous à l'agence Azourki, boulevard Mohammed-V, Azilal, TEL (048) 83.32., spécialiste en expéditions et randonnées.
Continuez sur la S 508, qui bientôt descend vers le lac artificiel du barrage de Bin el Ouidane* (1), le plus important du Maroc. L'immense étendue d'eau semble retenue par les montagnes qui l'entourent et s'y réfléchissent comme dans un miroir. Cet ouvrage colossal a permis l'irrigation de la plaine de Tadla en même temps que la production d'une quantité très importante d'électricité. La S508 franchit le barrage et remonte de l'autre côté. Laissez à droite une route qui conduit à Ouaouizaht et continuez vers Afourer. Le parcours sinueux est très beau. Au-delà d'Afourer, la S 508 rejoint la P 24. Tournez à droite en direction de Beni Mellal (voir p. 114).
LE MOYEN ATLAS, D'AZROU À BENI MELLAL** (1) (pages 113 et 114)
Des massifs montagneux aux couleurs étranges, des roches façonnées par l'érosion, une forêt dense et sombre, des champs de pierres parsemés d'une herbe maigre, des gorges profondes où bouillonne une eau généreuse, tels sont les paysages fascinants que vous rencontrerez au cours de cet itinéraire à travers le Moyen Atlas. Comptez une journée et prévoyez une étape à Beni Mellal.
Azrou
Située à 1200 m d'altitude, Azrou est, comme ses voisines, lfrane et Imouzzer, une petite station estivale recherchée par les habitants de Fès et de Meknès. Construite à côté d'une kasbah érigée par Moulay Ismaïl, c'est un marché actif, fréquenté par les Beni M'guild, qui pratiquent encore le nomadisme et un centre d'artisanat renommé pour ses tapis et son travail du bois de cèdre, que l'on peut admirer à la coopérative artisanale. Souk le mardi.
Hôtel (hôtel de bon confort), Panorama, TEL (056) 20.10. 36 chambres. Avec restaurant.
Restaurant (Cuisine populaire, bon marché) Auberge d'Amros.
Sortez d'Azrou par la P24 en direction de Khenifra (2). À la sortie de Tiouririne, tournez à gauche et suivez la S 303 jusqu'à Aïn Leuh (souk le lundi et le jeudi), que vous traversez. Au-delà, la route (mauvaise dans l'ensemble) monte à l'assaut de montagnes arrondies, fortement érodées et jonchées de cailloux et de rocs de toutes tailles. Seuls quelques bouquets d'arbres tordus par le vent et une herbe rase adoucissent la dureté du paysage. Çà et là, des campements berbères isolés, alternant avec des maisons de pisé ou de pierre, rappellent au voyageur que des hommes vivent sur cette terre avare.
Les sources de l'Oum er Rbia
La route redescend ensuite vers des gorges où l'Oum er Rbia et un de ses affluents se sont creusé un lit étroit. Les pentes rougeâtres sont parsemées d'une sorte de maquis. On passe d'abord un premier pont sur l'Oum er Rbia. Sur la gauche, un chemin conduit aux sources du fleuve. Des falaises calcaires d'où jaillissent des sources abondantes, des cascades qui rebondissent sur la roche, tel est le site qui marque le départ du plus grand fleuve du Maroc pour son long voyage vers l'Atlantique.
La route remonte et s'accroche de nouveau au flanc de la montagne boisée, et l'on retrouve les champs de pierres, qui par endroits envahissent tout et empêchent toute forme de végétation. Plus loin, une petite route à gauche, que l'on suit pendant 2 kilomètres, conduit sur les bords de l'Aguelmane Azigza : la pâleur de l'eau contraste avec le cadre sombre de la forêt de chênes qui entoure le lac.
Khénifra (2)
Située à 830 m d'altitude, sur les deux rives de l'Oum er Rbia, Khénifra est un ancien fief de la tribu des Zaïanes qui résistèrent longtemps à la pacification française. Remarquez le pont en dos d'âne construit par Moulay Ismaïl et les ruines d'une kasbah. Les tapis zaïanes aux couleurs sombres et décorés de losanges sont réputés. Souk le dimanche.
Hôtel (hôtel de bon confort), Hamou Azzayani (Salam), TEL (058) 60. 20. 58 chambres
Restaurant (Cuisine populaire, bon marché) Café de France.
Quittez Khénifra par la P 24 en direction de Kasba Tadla. Une petite route à gauche conduit au pittoresque village d'El Kebab (souk le lundi), dont le centre artisanal est très intéressant. Continuez sur la P 24 : on aperçoit des villages en pisé rouge, tel Ouaoumana.
Kasba Tadla
Son nom suggère l'ancienne forteresse dont Moulay Ismaïl avait doté la ville et qui est encore très bien conservée. On en a une belle vue du vieux pont à dix arches construit lui aussi par Moulay Ismaïl sur l'Oum er Rbia. Souk le lundi.
Beni Mellal
Ce chef-lieu de province est un marché agricole et un centre commercial en pleine expansion (souk le mercredi) (3), entouré d'une oliveraie remarquablement bien irriguée dont il est possible de faire le tour en voiture en suivant les panneaux « circuit touristique ». On peut faire une halte rafraîchissante auprès d'une source vauclusienne dont les abords ont été aménagés en jardins. De là, une route qui s'élève en lacet conduit à une petite kasbah dominant la ville et la plaine du Tadla. Mais c'est de la route principale, quelques centaines de mètres après la source, que l'on a la plus belle vue de la kasbah, au travers d'une végétation touffue dont les couleurs foncées rehaussent l'ocre doré du pisé.
Hôtel (hôtel de bon confort), Ouzoud (Dounia PLM), route de Marrakech, TEL (048) 37. 52. 60 chambres. Service particulièrement efficace, ambiance agréable.
Adresses utiles
- Office national marocain du tourisme, avenue Hassan-Il, immeuble Chichaoui, 1er étage.
- Centre artisanal, rue Kasba-Tadla.
La P 24 conduit directement à Marrakech, mais il est plus intéressant, si on en a le temps, de faire un détour par Bin el Ouidane, les cascades d'Ouzoud et Demnate. Cet itinéraire très varié est décrit dans les environs de Marrakech, dans le sens Marrakech-Beni Mellal (voir page 84).
Commentaires :
(1) : trois *** = exceptionnel ; deux ** = très intéressant ; une * = intéressant
(2) : Khénifra ou Khenifra deux orthographes différentes dans la même page
(3) : réalité ou erreur de frappe ? le souk ayant lieu aujourd'hui et depuis longtemps, le mardi.
(4) extraits de Cahiers d'écolier, Claude Ollier (Flammarion 1984) :
19 juin 1951
Les corneilles d'Imi n'Ifri. Ce sont en réalité des choucas, m'explique l'Inspecteur des Eaux et Forêts.Ils nichent dans les anfractuosités des stalactites rouges pendues à la voûte, et dans les coulées de lierre aussi probablement. Imi n'Ifri (en chleuh : « le seuil de la grotte ») : tunnel sous le dernier pli de l'Atlas, une plaisanterie géologique.
20 juin 1951
Le mellah de Demnate : un rectangle de masures très pauvres, une rue centrale. Quelques artisans. L'école de l'Alliance israélite se situe extra-muros. Le Président de la Communauté israélite, Chaloum Ohayon, béret à la main, qu'il froisse des doigts, sans cesse. L'idée de solidarité : comment les jeunes élèves se privent volontiers (pain, olives) pour aider les plus doués, qu'ils prennent des forces et passent le certificat d'études. L'autre soir, j'ai traversé le mellah, à la nuit tombante. Il est comme greffé, ou apposé, à la médina arabo-berbère, avec ses propres murs d'enceinte, et seulement trois portes. Par une fenêtre ouverte, j'ai vu un enfant sur la paille, un nourrisson, il dormait, un âne à côté de lui paraissait le veiller.
Un guide d'un classicisme assumé, des itinéraires tellement décrits par ailleurs qu'ils perdent toutes saveurs, aucune surprise ; un texte comme on écrit des romans de gares, vite et mal. Une occasion pour moi de placer des photographies de quelques lieux évoqués. Kasba-Tadla perd, probablement après l'édification d'hôtels modernes à Beni Mellal (Ouzoud et Chems), le statut de ville étape sur le circuit des villes impériales au profit de Beni Mellal.
Je remercie mon père d'avoir garder les lettres de ses enfants et d'avoir écrit des carnets de voyages précis qui me permettent de retrouver les dates exactes de certains évènements ; ce fut une surprise à son décès de retrouver mes lettres et ses carnets ; il ne m'avait jamais montré ou parlé de ses écrits, que je mettrai un jour en ligne, du moins son carnet de voyage au Maroc.
Album photographique, ici
© Copyleft Q.T. 05 octobre 2021
Librairie Larousse, 1987, Édition du Club France Loisirs (le texte reproduit ici est de Pierre Minvielle) (document personnel scanné, reconnaissance OCR avec corrections manuelles et respect de l'orthographe des noms propres)
LE TADLA, les miracles de l'irrigation
Adossé au Moyen Atlas, le Tadla est la plus septentrionale des plaines intérieures de la Meseta marocaine. Normalement arides du fait de leur situation géographique, ses 3 500 km2 sont rafraîchis et irrigués par la proximité des montagnes. Le Tadla est la zone d'irrigation moderne la plus importante du Maroc.
Deux périmètres principaux se partagent ses aménagements, autour des villes de Beni Mellal, sa capitale, et de Fkih ben Salah. L'oued Oum er-Rbia, lui-même alimenté par de nombreuses résurgences karstiques telles que l'Aïn Asserdoun et les sources de Temda, tient lieu de canal adducteur. À partir de son cours, des canaux irriguent 700 km2 de terres cultivables, soit environ le cinquième de la superficie totale de la zone. Ces aménagements ont été renforcés par la construction du barrage de Bin el-Ouidane, le plus grand du Maroc. Construit par les Français entre 1948 et 1955, cet ouvrage, installé sur le cours supérieur de l'oued el-Abid, mesure 300 mètres de long et 150 mètres de haut. Outre qu'il fournit l'eau pour l'irrigation, le barrage alimente une centrale électrique. Sa retenue concentre des activités de loisir (canotage, baignade).
Les techniques modernes ont été appliquées aux productions agricoles du Tadla. La culture intensive de la betterave à sucre procure de quoi faire tourner trois sucreries locales. Même tableau pour les champs de coton qui fournissent sa matière première à la filature de Kasba-Tadla. Les vergers sont également nombreux. Ces plantations quasi industrielles produisent d'importantes quantités d'agrumes, d'abricots et d'olives.
Au centre de cette plaine agricole, Beni Mellal assure la double fonction de chef-lieu de province et de centre commercial. Comme bien des agglomérations rurales du Maroc, cette ville de 95 000 habitants est organisée autour de la gare routière, située face à la place du marché et cernée d'hôtels et de restaurants. Du passé de la ville, il ne reste que des fortifications construites en 1688 sur l'ordre du sultan Mulay Isma'il. Sinon, Beni Mellal offre l'aspect d'une cité presque entièrement moderne.
Beni Mellal est aussi le point de départ pour une excursion aux cascades d'Ouzoud, l'un des sites les plus enchanteurs du Maroc, où les eaux d'un oued chutent d'une hauteur de 100 mètres.
Au nord-est de Beni Mellal, sur le cours supérieur de l'oued Oum er-Rbia, Kasba-Tadla joue en quelque sorte un rôle de métropole d'équilibre pour l'ensemble du Tadla. Cette ville de 28 500 habitants est à la fois un centre d'élevage important (moutons) et un marché de la viande ovine. Elle est dominée par l'une des plus impressionnantes citadelles du Maroc. Cette forteresse à double enceinte dresse ses murailles sur une longueur de près de 300 mètres et abrite derrière cette protection l'ancien palais du gouverneur impérial, ainsi que deux mosquées et des silos. Fondée en 1687 par le sultan Mulay Isma'il, cette casbah était destinée à contrôler la région du Tadla, alors foyer de révolte. Les troupes recrutées en Afrique noire qui y stationnaient ont laissé des traces évidentes parmi la population d'ethnie berbère.
Commentaires : c'est assez rare un livre qui consacre deux pages (104 et 105) au Tadla, soit autant que pour Essaouira.
Le troisième paragraphe évoque la filature de Kasba-Tadla, l'usine ICOZ (Industries Cotonnières d'Oued-Zem), à l'arrêt depuis 1995, mais les 958 employés de l'entreprise (sites de Kasba-Tadla et de Oued-Zem) ne furent indemnisés par l'État qu'en 2005 ; bel exemple de faillite industrielle et sociale ; aujourd'hui ne subsiste, à Kasba-tadla, que la dalle du plancher de l'usine et un quartier « ICOZ ».
Jaouad MDIDECH dans un article titré « Moyen Atlas: L'éternelle malédiction d'un hiver rigoureux ! » (L'Économiste du 23 décembre 2016, source Internet) écrivait (orthographe des noms propres respectée) :
Kasba Tadla, le bouquet de blé
On est à Kasba Tadla (le bouquet de blé en langue amazighe), petite ville de la province de Béni-Mellal (loin de 28 km) dont elle relève administrativement. La localité est la porte d'entrée du Moyen Atlas proprement dit. Juste à l'entrée de la ville, nous rencontrons un café avec terrasse où quelques jeunes sirotent du thé, se retournent les pouces. Dans cette petite ville de quelque 40 000 habitants, les ressources sont dérisoires et les gens comptent sur la pluie pour trouver du travail. Quand la saison agricole est bonne, ils vont dans les fermes avoisinantes faire la cueillette des olives et des oranges, ou travailler dans des champs de betterave. Comme partout ailleurs au Maroc, Kasba Tadla a son lot de diplômés chômeurs. Le serveur dans ce café en est un. Après son bac, il a fait l'École supérieure de technologie (EST) de Béni-Mellal et a obtenu, au bout de trois ans (en 2015), un diplôme de technicien spécialisé. Il a envoyé une cinquantaine de CV ..., point de travail. Il se résigne alors à rester sur place et à travailler en tant que garçon de café, pour subvenir aux besoins de sa famille. « C'est une ville sinistrée, où la pauvreté et le chômage sont plus importants que dans toute la région du Moyen Atlas. Ici, je gagne 35 dirhams par jour, pas assez pour assurer mes besoins et ceux de ma famille », se plaint Issam, c'est son prénom. « Il y a à peine quelques années, l'activité économique était plus ou moins florissante, et il y avait davantage de travail, mais depuis la fermeture de l'usine, c'est la mort lente de cette ville », poursuit-il. Notre interlocuteur fait allusion à l'usine Icoz, naguère installée sur deux sites (Oued Zem et Kasba Tadla), fleuron du textile marocain aux années 1990, dont l'exportation atteignait plus de 60% de sa production, et qui a baissé le rideau en 1997, deux ans après sa cession par l'État au privé. Le millier de salariés qui y travaillaient se sont retrouvés du jour au lendemain à la rue, sans ressources. C'est le début de la descente aux enfers de Kasba Tadla. Juste en face du café où travaille Issam, un édifice imposant attire l'attention du visiteur, c'est l'hôpital Moulay Ismail, inauguré en 1987, et, juste à proximité, un centre social où une cinquantaine de Tadlaouis y suivent leurs cours de broderie et d'informatique. Les quelques habitants rencontrés se plaignent du manque d'équipements et de ressources humaines dans cet hôpital, en dépit de quelques dons de bienfaiteurs. Mais l'hôpital, même avec quelques équipements de base, sans ressources humaines suffisantes, reste « une coquille vide », commente avec ironie Jamal Benja, membre d'une association locale. Il a cependant le mérite d'exister, des femmes de la ville et des environs viennent y accoucher, « pas beaucoup, la grande majorité est dirigée plutôt vers Béni-Mellal », interrompt Jamal. Il y a aussi des malades d'insuffisances rénales qui y viennent se faire prodiguer des soins. Fatema, une quinquagénaire, mère de cinq filles et d'un garçon, en sort justement ce matin après avoir subi une séance de dialyse. Elle s'adresse à nous pour avoir de quoi payer son transport jusqu'à Souk Sebt, dans la province de Fquih Ben Salah où elle habite, situé à 70 km de Kasba Tadla. Pourquoi n'ira-t-elle pas à Béni-Mellal, plus proche ? « Il n'y a pas assez de places », soupire-t-elle. Il lui faut donc parcourir toute cette distance, deux fois par semaine, pour avoir droit à ses séances de dialyse qui lui coûtent 700 DH, sans parler du transport en taxi qui lui coûte 40 DH aller-retour. Comme dans tout le Moyen Atlas, l'hiver est rigoureux à Kasba Tadla. Il ne neige pas intra-muros, mais la neige est à proximité sur les altitudes de plus de 1 500 mètres, dans des villages comme El Kbab et Aghbala (les deux relevant de la province de Khénifra), et ses effluves atteignent les chaumières à Kasba Tadla. A part une minorité qui dispose d'un système de chauffage moderne, le reste de la population se rabat sur le bois pour se chauffer, et, surtout, sur le charbon puisqu'il se consume moins vite et il est plus économique (un quintal de bois coûte dans les 1 000 DH). Nous nous dirigeons vers le centre de la ville. Nous traversons un terrain vague et un quartier appelé « El Mars » (1) où des maisons HLM (2) sont construites en 2002 à la place de dizaines de baraques en tôle ondulée. Là aussi, la visite du Roi dans la région a été déterminante dans cette métamorphose. Sans oublier le travail de sensibilisation et de lobbying de la société civile dans les transformations que connaît ce bourg ces dernières années. En 2010, un sit-in d'une dizaine de jours devant la bachaouiya de la ville, organisé par les acteurs associatifs, dont la section locale de l'AMDH, pour étendre le réseau de distribution d'eau et d'électricité aux quartiers non couverts, a donné ses fruits. »
1 : El Mers et non El Mars [note de Q.T.]
2 : les constructions de ce quartier ne sont pas des HLM, mais des maisons marocaines « modernes » individuelles qui ont remplacé celles en pisés et tôles ; le quartier possède quelques épiceries, mais ni four à pain ni école et la traversée du nouveau pont reste dangereuse pour les écolier.ières. [note de Q.T.]
Si Beni Mellal « assure la double fonction de chef-lieu de province et de centre commercial », elle ne bénéficie d'aucune photographie dans cet ouvrage, mais apparaît sur la carte du Tadla alors que Kasba-Tadla se contente d'un point (photographie D). Les photographies A à D, proviennent de ce livre ; la photographie A a probablement été prise dans la vallée des Aït Bouguemez, la vallée heureuse des guides touristiques et d'Internet qui éprouvent des difficultés à se renouveler ; la photographie C correspond probablement au quartier El Mers, rive droite de l'Oum Er-Rbia.
La dernière phrase, « Les troupes recrutées en Afrique noire qui y stationnaient ont laissé des traces évidentes parmi la population d'ethnie berbère. » demeure imprécise ; fait-elle référence aux 3 000 gardes noirs de Moulay Ismaïl qui logeaient dans la forteresse ou bien aux soldats sénégalais, la « force noire » du Colonel Mangin, qui participèrent aux opérations de pacification au Tadla à partir de 1913 ? Plus grave, me semble-t-il, est l'expression « traces évidentes » qui fait référence vraisemblablement à la couleur de la peau, comme si la couleur de peau de peau permettait de trouver une ascendance.
© Copyleft Q.T. 02 octobre 2021
(Éditions Hachette) (document personnel photographié puis reconnaissance OCR, orthographe des noms propres respectée)
Page 159
La route Beni Mellal - Rabat
Le long de cet itinéraire, nombreuses petites villes sympa, accueillantes et sans touristes. Kasba Tadla : la citadelle et le pont à dix arches qui enjambe l'oued Er Rebia valent un petit détour. Boujaad, ville de la plaine. Il y fait très chaud en été. Vieilles maisons toutes blanches. Un seul petit hôtel sur la place.
Commentaires : en 1992, déjà, Kasba-Tadla ne méritait plus qu'un petit détour, pour des raisons inconnues que l'on devine : les auteur.rice.s n'y avaient pas mis les pieds ; il y a une espèce d'opposition entre le « routard » tel qu'il se définit (le Monde sur le dos, loin des villes connues) et les « touristes » ; d'un côté les bons voyageurs curieux et respectueux, les « routards », de l'autre des saccageurs irrespectueux et consommateurs effrénés, les « touristes » ; on devine ici le côté méprisant de cette série de guides qui se voulait originale et qui finalement reproduit, ad nauseam, les clichés les plus éculés avec un humour de troisième sous-sol ; « Il y fait très chaud en été » pour Boujad, montre la profondeur de la réflexion philosophique des auteur.rice.s du guide ; normalement « sympa » prend ici un « s » ; les boujadis apprécieront la description rapide de leur ville qui certes est blanche au niveau de la médina, mais surtout religieuse avec de nombreuses koubbas et qui contrairement à Kasba-Tadla a gardé un certain cachet avec ses rues pavées (les dernières de Kasba-Tadla disparaissent, remplacées par du béton) ; aux amis qui me questionnaient sur le guide à acquérir pour voyager au Maroc, je conseillais toujours le Guide du Routard en précisant que s'ils évitaient tous les lieux mentionnés leur voyage serait merveilleux, puis j'appelais ce guide celui du C...ard.
© Copyleft Q.T. 06 septembre 2021
Éditions Marcus, Paris 1977 (Document personnel scanné, puis reconnaissance OCR avec corrections manuelles, orthographe des noms propres respectée)
Itinéraire 7 : Marrakech - Beni-Mellal - Kasba-Tadla - Khenifra - Azrou - Fès (568 km), pages 53/54 (extraits)
Cet itinéraire relie la grande cité du Sud, Marrakech, toute rose dans sa palmeraie, et Fès, capitale religieuse et historique, dans son cadre de collines verdoyantes. Sans franchir la haute barrière de l'Atlas, il permet de visiter une partie de son versant nord et la belle région du Moyen-atlas qui lui fait suite. En combinant cet itinéraire avec l'itinéraire 9, on pourra visiter les quatre villes impériales marocaines : Rabat, Meknès, Fès et Marrakech.
Beni-Mellal. Cette petite ville possède une kasba datant de Moulay-Ismaïl (restaurée). Marché le vendredi, on y trouve les couvertures de la région, à rayures de couleurs vives. Un circuit dans les oliveraies qui entourent la ville permet de monter à l'Aïn-Asserdoun (source du mulet), dans un petit jardin public, et plus haut jusqu'au bordj Ras-el-Aïn qui domine la plaine, sur une colline couverte d'euphorbes cactoïdes.
Autocars pour : Kasba-Tadla - Casablanca - Azilal - Azrou - Meknès - Marrakech.
Hôtels : 4 étoiles, « Ouzoud » ; 3 étoiles, « Chams » ; 1 étoile, « Auberge du Vieux Moulin »
Marquant la limite de la fertile plaine du Tadla (= gerbe en berbère), 30 km plus loin, Kasba-Tadla est située sur la rive droite de l'Oum-er-Rbia que franchit un pont à dix arches construit par Moulay-Ismaïl en même temps que la kasba qui donne son nom à la ville, imposante citadelle formée de deux enceintes séparées par un chemin de ronde et renfermant deux mosquées. Sur la place dominée par le minaret blanc d'une mosquée plus moderne, se tient le marché du lundi. On a une belle vue sur la ville d'une colline où se dressent de hauts piliers à la mémoire des morts du Tadla. On l'atteint après avoir traversé le pont d'où la vue est intéressante sur la kasba.
Reprenant la P24, à 20 km route à droite pour El-Ksiba 8 km, (hôtel-restaurant) dans un vallon boisé, au départ de la route pour Arbala (65 km) sur un beau parcours de montagne. Au Tizi-n'Isli (52 km, 1425 m) piste à droite pour le Plateau des Lacs et Imilchil (61 km) où se tient le grand moussem de septembre, dit « moussem des fiancées ».
Au km 70, sur la P24, route pour rejoindre Midelt (91 km) et le Tafilalt. ou pour se rendre au curieux village d'El-Kbab, centre artisanal (17 km).
La route P24 traverse de très beaux paysages et retrouve l'Oum-er-Rbia à Khenifra (100 km de Beni-Mellal) qui s'étend sur ses deux rives. C'est le centre du pays zaïan, cette importante tribu berbère contribua à son développement et à son histoire. À côté du pont en dos d'âne, s'élève la kasba du célèbre caïd Moha-ou-Hammou. Dans la médina qui possède une autre kasba, des zaouïas, une kissaria, les souks sont très animés. Marché le mercredi et le dimanche (Hôtel-Restaurant).
Khenifra est le point de départ de belles excursions dans le Moyen-Atlas : l'Aguelmane Azigza (lac bleu) à 26 km, dans la forêt de cèdres et plus loin les quarante sources de l'Oum-er-Rbia (48 km) d'où l'on peut, suivant l'état de la piste, rejoindre Aïn-Leuh (83 km) et Azrou (113 km). On peut aussi se rendre à Oulmès par une route nouvellement construite (102 km). La route P24 atteint le plateau de Mrirt après la montée du Foum-Teguett. Plus loin, bonne route à droite pour Aïn-Leuh (12 km), typique village berbère et lieu de villégiature.
Commentaires : aujourd'hui on écrit Aguelman Azegza, lac vert et non bleu en berbère ; petit guide sans grande prétention qui laisse ainsi le touriste un peu plus libre de ses choix même si les circuits proposés sont d'un classicisme usé ; on s'aperçoit que dans les plaquettes promotionnelles (disponibles sur Internet) de la région Beni Mellal - Khenifra, les « sites » à visiter sont les mêmes que ceux mentionnés dans les guides touristiques les plus anciens, montrant ainsi l'incapacité récurrente des rédacteur.rice.s à sortir des sentiers battus par les sandales des anciens, une « loi » quasi universelle.
Photographies, ici
© Copyleft Q.T. 24 août 2021
1934 et 1937
(Source gallica.bnf.fr / BnF) (reconnaissance OCR et corrections manuelles, respect de l'orthographe des noms propres)
page 150
Kasbah-Tadla possède une Recette des P.T.T. avec cabine téléphonique publique.
page 152
Kasbah Tadla, chef-lieu du territoire autonome du Tadla, sur la route de Meknès à Marrakech (Khénifra à 100 kilomètres à l'Est, Beni Mellal à 32 kilomètres au Sud). La roule franchit l'Oum er Rebia sur un vieux pont indigène dit « Pont Portugais » classé comme monument historique.
pages 287/288
À 203 kilomètres de Casablanca, sur la route de Casablanca à Kasba Tadla, en passant par Berrechid et Oued Zem. Cette forteresse fut fondée au XVIIe siècle par Moulay Ismaël, qui y installa une garnison noire chargée de tenir le pays. Un pont, dénommé le « pont portugais », date de la même époque et servait presque uniquement au passage les troupes destinées à maintenir l'autorité du Sultan dans la vallée de l'oued El Abid. qui roule ses eaux entre le Moyen et le Haut-Atlas, à 60 kilomètres de là à vol d'oiseau.
À 500 mètres d'altitude, Kasbah Tadla est un centre indigène et un important poste militaire, sur la rive droite de l'Oum-er-R'bia.
En entrant dans la ville, on trouve à gauche la Msalla ou lieu public de prière pour les jours de grandes fêtes musulmanes, le camp, et puis la ville nouvelle où sont installés les commerçants européens, et une grande place limitée à l'Est par les bureaux des Renseignements.
Puis on arrive à la kasbah, l'une des plus belles du Maroc par la grandeur de son site, la noblesse et la sévérité de son architecture, et la beauté de son enceinte aux tons ocreux. Elle se compose d'une enceinte extérieure crénelée et flanquée de bastions très rapprochés se dressant sur des rochers à pic et d'une enceinte intérieure, non crénelée, séparée de la première par un chemin de ronde.
En amont de la kasbah se trouve le village indigène et, en aval, le marabout de Sidi Ahmed ben Ali ; en face, des souks construits sur les ruines d'un vieux village ; ces deux dernières agglomérations sont desservies par une route qui aboutit à un grand pont en pierre de 150 mètres de long et de 10 arches inégales jeté sur l'Oum-er-R'bia, de l'extrémité duquel on jouit d'une vue magnifique sur la citadelle et sur l'oued.
Centre ouvert à la colonisation, terres céréalières, un canal d'irrigation latéral à l'Oum-er-R'bia, part de Tadla, pour irriguer la fertile plaine des Beni Amir, sur 8 kilomètres.
CAFÉS - HOTELS - RESTAURANTS
Café-Hôtel-Restaurant de Bretagne
Café-Hôtel-Restaurant Excelsior
Hôtel Tunisien
Café-Hôtel-Restaurant Régina
Café-Hôtel-Restaurant des Alliés
ACCESSOIRES D'AUTOMOBILES - PNEUMATIQUES - HUILE - ESSENCE
Vounatsos
Laroche.
Meng (agence Renault)
Cadenas
Sawas
GARAGE ET ATELIER DE RÉPARATIONS AUTOMOBILES
Laroche
Cadenas
Lalet
Laurent (agent Renault) Atelier, Réparations (publicité entre les pages 252 et 253)
ARTICLES DE VOYAGE
Amachantoux
Forgues
Moktaropoulos
DANCING
Pavillon Vert
PHOTOGRAPHIE ET ACCESSOIRES
Stratakis
MOTOCYCLETTES
Laroche
QUINCAILLERIE
Amachantloux.
Taleb
SOUDURE AUTOGÈNE
Coln F
page 457
liste des membres actifs de l'A.C.M. (Automobile Club du Maroc) : CHEVROTON, Chef du Bureau des A.I. (Affaires Indigènes) du Territoire du Tadla. Kasbah-Tadla
page 485
Décompte des kilométrages aériens de Casablanca à Kasba Tadla, 180 kilomètres
page 505
Aérodromes du Maroc
Kasbah-Tadla : 1 kilomètre au Nord-Est de Tadla ; dimensions, 900 x 500 mètres ; Installations permanentes pour un groupe d'Aviation ; Altitude 300 mètres : 5-D
page 150/151
Beni Mellal, centre agricole indigène très important par son souk du vendredi et ses jardins irrigués par l'Aïn Asserdoun (débit, 1 mètre cube par seconde). Le tour de Beni Mellal permet en un quart d'heure de contempler ses verdoyants jardins. Beni Mellal possède également un lac curieux et une source souterraine très intéressante (Aïn Tameghout).
pages 205/206
À 32 kilomètres de Kasba-Tadla, sur la route de Kasba-Tadla à Beni-Mellal, relié à Ouaouizert par une route.
Kasbah Beni-Mellal, également appelée Kasba Bel Kouch est une grosse bourgade située, à 620 mètres d'altitude, sur une des collines du Dir, flanquée à l'Est et à l'Ouest des massifs imposants du R'Nin et du Tazmit, entre le moyen Allas et la plaine, elle constitue un véritable balcon sur la plaine des Beni Amir, la vue s'étend jusqu'à Boujad. Les eaux abondantes et pures de la région lui permettent d'avoir de superbes jardins et des vergers d'oliviers, de mûriers et de peupliers : Beni Mellal est le centre d'approvisionnement des marchés Zaïan en fruits et en légumes.
Son souk qui s'y tient le vendredi sur la place principale, est une attraction des plus curieuses. On y voit, en effet, des dissidents de la montagne voisine venir y faire leurs achats de sucre, thé et autres denrées qu'ils échangent le plus souvent contre les produits de la montagne insoumise.
Les environs de Beni-Mellal sont très giboyeux, (lèvres perdreaux, gibier d'eau, sangliers).
La plaine qui s étend devant Beni-Mellal vers Kasbah-Tadla (Dar-Ould Zidou) et Kénifra, est, dit-on, la plus fertile du Maroc, les récoltes y sont belles et le maïs donnent parfois deux récoltes ; l'élevage du mouton est une grande ressource pour le pays.
À proximité (2 kilomètres) Zaouïa de Sidi Mohammed bel Kassem, au milieu de vergers. Au Sud, vue sur l'Atlas. Un grand couloir venant de la montagne est défendu par deux blockhaus. De Foucauld, qui décrivit le premier la région, passa à Beni-Mellal pour franchir les montagnes du Moyen-Atlas.
Bureau des affaires indigènes, P.T.T.
HÔTELS - RESTAURANTS
Touring Hôtel (Pantoustier)
Hôtel du Pacha (Blachier)
Restaurant (Moraguès)
ÉLECTRICIENS
Janin
Paolino
GARAGE ET ATELIERS DE RÉPARATIONS
Blachier (agent Renault)
Janin
QUINCAILLERIE
Manighier
Si Hamed Talleb
SOUDURE AUTOGÈNE
Paolino
page 286
KASBAH BENI MELLAL, Voir Beni Mellal
(seules les variations par rapport à l'annuaire de 1934 sont indiquées)
p 181/183/349/350
A Kasbah Tadla, sur l'Oum er Rbia, en amont du Pont Portugais, a été construit un grand barrage de dérivation, destiné à dériver l'eau de l'oued et l'amener par un grand canal dans la plaine des Beni Amir, sur la rive droite à environ 40 kilomètres en aval, en vue de l'irrigation de cette plaine.
Depuis 1933, différentes routes touristiques ont été ouvertes à la circulation et permettent de belles excursions à Taghzirt, El Ksiba, Ghorm el Alem. L'hiver, le ski peut être pratiqué au col des Aït Oura.
Un canal d'irrigation partant de Kasba-Tadla, pour aller à Kasba-Zidania, vient d'être aménagé sur un parcours de 25 kilomètres. Il est alimenté par un grand bassin constitué par les eaux de l'oued El Abid et de l'oued Oum-er-Rebia. Ce canal permettra l'irrigation de la plaine des Beni-Amir.
ARTICLES DE VOYAGE
Farion
Faure
Chiba
Abitbol M
AUTOMOBILES (Accessoires)
Vounatsos
Vanini.
Lalet, Agence régionale Shell
Sawas
Coin Firmin
Leondaris
GARAGES
Cadenas
Lalet (Station-service. Tél. 0-57) (Agent Renault) (publicité entre les pages 290 et 291)
Garage du Centre
HÔTELS - RESTAURANTS - CAFÉS
Café de la Place
Café Universel
Brasserie du Pavillon Vert
Café Tunisien
Café-Hôtel-Restaurant de Bretagne
Café-Hôtel-Restaurant Régina
Café-Hôtel-Restaurant des Alliés (Lorian, propriétaire), av. de la République. Tél 0-31
Café-Hôtel-Restaurant de la République
Café-Hôtel-Restaurant de la Poste
PHOTOGRAPHIE ET ACCESSOIRES
Stratakis
QUINCAILLERIES
Farion
Faure
Chiba
Abitbol M
SPECTACLES
Chantecler, Cinéma
Pavillon Vert, Dancing
(seules les variations par rapport à l'annuaire de 1934 sont indiquées)
pages 181/252/253
Beni-Mellal, village au pied de l'Atlas, entouré d'oliviers, nombreux vergers et jardins. Tour de Beni-Mellal, Aïn Asserdon, débit 1 800 litres secondes, température de l'eau 12°, peu calcaire. Panorama splendide sur Beni-Mellal et la plaine du Tadla. Oliveraies, nombreux moulins indigènes.
HÔTELS - RESTAURANTS - CAFÉS
Hôtel de l'Atlas. Tél. 0 -11
Hôtel du Pacha. Tél 0 -14
Touring-Hôtel. Tél. 0 -13
TRANSPORTS
Office Général de Transports au Maroc. Tél. 0 - 24
Taleb. Tél. 0 - 05
C.T.M. Tél. 0 - 06
Commentaires : Au delà des variations orthographiques d'une page à l'autre, du classicisme des photographies, les précisions sur les différents services proposés à Kasba-Tadla et Beni-Mellal demeurent précieuses, comme le sont celles concernant la piste d'aviation du camp Nord.
Photographies, ici
© Copyleft Q.T. 18 juin 2021
La confiance de l'aveugle est dans sa canne (proverbe berbère)
Hachette Tourisme, 2020 (exemplaire de la Bibliothèque municipale de Lyon scanné puis reconnaissance OCR avec corrections manuelles, orthographe des noms propres respectées)
Kasba Tadla page 227
82 kilomètres au sud-ouest de Khenifra par la N8. Bus depuis Beni Mellal et Khenifra. Information Touristique à Beni Mellal.
Cette ancienne ville de garnison est dominée par une kasbah du 17e siècle, bâtie par Moulay Ismaïl. Afin de maîtriser les tribus rebelles, il y nomma son fils gouverneur de la province qui construisit une autre kasbah. Une double enceinte de murs crénelés entoure et protège ainsi la ville. À l'intérieur se dressent deux mosquées délabrées, l'ancien palais du gouverneur. En contrebas, un pont à dix arches franchit l'Oum er-Rbia.
Entre Kasba Tadla et Khenifra, des plantations d'oliviers couvrent la plaine du Tadla et de traditionnels moulins à olives bordent la route à Tirhboula, à 10 km de Khenifra. À l'automne, on peut assister au pressage et acheter de l'huile d'olive.
À 22 km à l'Est de Kasba Tadla, El Ksiba, charmant village à l'orée de la forêt, possède un souk, très animé le dimanche. Après El-Ksiba, la route traverse le Haut Atlas par Imilchil pour redescendre à Tinerhir au sud.
Commentaires : au moment de la présentation de l'édition 2012 de ce guide, inattentif, je ne vis pas que ce guide était une traduction d'un guide anglais dont la première édition date de 2002 sous le titre Eyewitness Travel Guides : Morroco (Dorling Kindersley Limited 2019, 2020 pour la traduction et l'édition française) ; livre imprimé et relié en Chine ; en 2012, une photographie, en 2020 un texte, simple copier-coller de 2012, avec des retraits et de légères variations, la casbah ne date plus du XVIe siècle (2012) mais du 17e (2020) ; qui est responsable de ces approximations, les auteur.rice.s ou les traducteur.rice.s ou bien toutes et tous ? J'avais aussi shunté la carte « se repérer au Maroc », voir photographie, qui étend le Moyen Atlas de Rabat à Figuig, les géographes apprécieront. On peste contre les gens qui publient sur Internet, mais les grandes maisons d'édition ne font guère mieux ; on se demande en ce début de 21e siècle quelle source d'informations est réellement fiable.
© Copyleft Q.T. 13 mars 2021
rédigé par Prosper RICARD Inspecteur des Arts indigènes à Fès, sous la direction de Marcel Monmarché avec un autographe du général Lyautey, Paris Librairie Hachette 1919 (exemplaire de University of Toronto, disponible sur le site https://archive.org ; reconnaissance OCR avec corrections manuelles, orthographe des noms propres respectées)
pages 140 à 147, seul le trajet « De Casablanca à Kasba Tadla » est reproduit ici ; les excursions périphériques ont été supprimées
BOUJAD ET LE TADLA
Aperçu général. - Le Tadla comprend la vallée haute de l'Oum Er Rebia, limitée au Sud par le Moyen Atlas, dont les hauts sommets restent couverts de neige jusqu'en mai, au Nord par une région de montagnes moins élevées. Il est peuplé de tribus distinctes : Aït Roboa, Beni Amir, Beni Zemmour, etc., de langue tantôt arabe, tantôt berbère, qui ont vécu, jusqu'en 1916, sous l'autorité du marabout très vénéré de Boujad. Il compte environ 375 000 habitants répartis sur une superficie de 10 600 kilomètres carrés et s'occupant surtout d'élevage. Le cheptel y est très important. On y a recensé 13 750 chevaux, 10 700 chameaux, 23 000 ânes, 1 600 mulets, 45 000 bœufs, 80 000 chèvres, 411 000 moutons. Les abords de l'Oum Er Rebia, très fertiles, sont en outre susceptibles de très beaux rendements. Le cours de l'oued, dont les différences de niveaux sont très grandes sur de faibles parcours, renferme enfin lui-même d'importantes réserves d'énergie électrique.
Conseils pratiques. - Cette excursion en plein bled marocain de plaines et de plateaux est recommandée. Boujad et surtout Kasba Tadla sont très curieux. A l'heure actuelle le moyen de locomotion le plus rapide est l'automobile, le chemin de fer n'atteignant pas encore le point terminus.
De Casablanca à Kasba Tadla.
A. - PAR LA ROUTE.
Autocyclisme : 203 kilomètres, Sud-Est. Bonne route principale n° 7 jusqu'à Ber Rechid, n° 13 sur le reste du trajet, empierrée sur la presque totalité de son parcours ; par ailleurs piste bien aménagée. Service automobile irrégulier ; 180 francs la place aller et retour ; auto particulière 500 à 600 francs : s'informer place de France. Demander à l'autorité militaire de Casablanca (subdivision) un permis de voyage avant le départ. A Oued Zem et à Boujad, il est prudent de s'informer auprès du commandant d'armes ou du Service des Renseignements si les routes sont gardées.
41 kilomètres de Casablanca à Ber Rechid. En sortant de Ber Rechid, on suit encore pendant 1 kilomètre la route de Marrakech pour la laisser à droite. La route traverse une large zone de « tirs (1) » bien cultivée et habitée par les fractions de la tribu Mzab.
63 kilomètres. Sidi El Aïdi, au bord de l'oued Ahmeur, à la limite des tribus Hariz et Mzab. Le village du cheikh (2) et la zaouïa (3) se trouvent à 2,5 kilomètres de la station.
On suit la vallée de l'oued EI Ahmeur en longeant la ligne du chemin de fer.
82 kilomètres. Ben Ahmed (buffet, repas 4,50 à 5 francs ; hôtel de France), centre agricole créé en avril 1908 et dont l'importance augmente tous les jours. Une kasba (4) domine le village au Nord. Marché le lundi.
Au sortir de Ben Ahmed, vue intéressante au Nord-Est sur les collines des Zaër. On remarquera, sur le plateau, les sokhrat ou mapes rocheuses (5) dues à l'apparition brusque de terrains primitifs au milieu de la croûte calcaire.
91 kilomètres. Kasba Ould Hadjaj. Le pays est inculte.
103 kilomètres. Melgou, caravansérail dans les ruines d'une kasba.
117 kilomètres. Dar Ould Ahmed El Hamri.
119 kilomètres. Sidi Abd el Khalek. Terrain ondulé.
122 kilomètres. Ouled Abdoun, groupe de villages indigènes entourés de figuiers de barbarie (6), à droite de la route. La gare est à gauche. Le pays devient plus fertile et plus cultivé.
154,2 kilomètres. Dechrah des Beni Smir, près du marabout (7) d'Abd El Aziz. On domine toute la cuvette, au centre de laquelle se trouve Oued Zem et dont on gagne le fond par un large lacet. Par temps clair, sauf en été, belle vue du Grand Atlas, qui borne majestueusement l'horizon au Sud.
158 kilomètres. Oued Zem (hôtels modestes), poste militaire créé en 1913, agglomération, en voie de développement, de 450 habitants dont 400 musulmans et 50 européens. Le souk indigène et le village européen sont à l'Ouest du cours d'eau, alimenté sur ce point par des sources abondantes. Le poste militaire et la gare sont à l'Est. Un barrage sur l'oued retient, en formant un étang, les eaux qui servent à l'irrigation d'un jardin public et de jardins potagers. En aval du village, nombreuses figueraies, où se trouvent les camps. Marché le dimanche et le mercredi.
La route, bien établie, traverse un plateau accidenté, pierreux et désolé, que limite à l'horizon Sud la ligne de l'Atlas.
165 kilomètres. Traversée de l'oued Tachraf et (171,3 kilomètres) de l'oued Bou Guerroun.
178 kilomètres. Boujad, centre religieux important et petite ville pittoresque de 6 500 habitants, dont 600 israélites, seule agglomération importante du Tadla. Pour la visite, demander une autorisation et un guide au chef du Bureau des Renseignements.
Histoire. Boujad fut fondée en 1008 de l'Hégire (fin XVIe siècle) par un descendant du calife Omar Ben El Khattab, Sidi Mohammed Ech Chergui, dont la lignée a fourni une série de saints hommes qui se sont héréditairement transmis la « baraka » (8) du fondateur. La famille jouit dans tout le Tadla d'une grande autorité morale et d'un prestige reconnus à la fois par le sultan et les tribus voisines. A l'heure actuelle, le siyed - c'est ainsi qu'on désigne l'héritier du pouvoir spirituel de Mohammed Ech Chergui - est le personnage vénéré de toute la région ; il reçoit quotidiennement de nombreuses offrandes en échange de sa bénédiction. Aussi sa zaouïa est-elle très riche. Le pays est de pacification récente (mai-juin 1913).
À 500 mètres au delà du bordj (9) du Bureau militaire (bureau de la Place) et du camp établis sur une éminence auprès des tombeaux des premiers chefs religieux de Boujad, la cité sainte s'étend toute blanche et encadrée de jardins luxuriants au Nord et au Sud. Elle s'offre à la vue du visiteur par un grand souk pittoresque aux arcades régulières, fréquenté surtout le mercredi et le jeudi.
La Medina s'étend à l'Est et au Sud du souk autour de deux mosquées, Djama Ech Cheikh avec un minaret au décor peint, et Djama Moulay Slimane, d'une medersa sans intérêt et de trois sanctuaires dédiés à Sidi Salah (auvent en bois), à Sidi EI Maâti et à Sidi El Arbi. Les salles des deux premiers de ces sanctuaires sont intérieurement ornées de plâtres sculptés et colorés, et leurs plafonds pyramidaux sont en bois ouvragé recouvert de draperies marquant l'emplacement des tombeaux.
La zaouïa de Boujad est à l'Ouest de la Medina. C'est un important groupe de maisons servant de demeure au siyed, à sa nombreuse famille et à ses serviteurs.
De grands jardins d'oliviers et de cactus, irrigués par un oued passant entre la medina et la zaouïa, bordent Boujad vers le Sud.
Au sortir de Boujad, une piste spéciale pour autos légères conduit à Kasba Tadla, au travers de terrains d'abord rocailleux, puis de beaux pâturages. Au loin, l'horizon est borné par le mur dentelé de l'Atlas. On franchit successivement (181,5 kilomètres) oued Takhasriet, (191 kilomètres et 199,4 kilomètres) l'oued Srirou et l'oued Kaïkat, fortement encaissés.
203 kilomètres. Kasba Tadla (hôtel-restaurant modeste), centre indigène et important poste militaire sur la rive droite de l'Oum Er Rebia ; chef-lieu du commandement du territoire Tadla-Zaïane. La population indigène, qui fut autrefois de 2 à 3 000 habitants en compte à peine 500 aujourd'hui.
Histoire. La Kasba Tadla (tadla en berbère signifie « gerbe de blé ») fut fondée à la fin du XVIIe siècle par Moulay Ismaïl qui y installa une garnison de 3 000 nègres destinés à tenir le pays. Le pont dit « portugais » est de la même époque ; il assura le passage des 25 000 fantassins et des cavaliers avec lesquels le célèbre sultan pacifia la vallée de l'oued El Abid, enserrée entre le Haut Atlas et le Moyen Atlas, et située à 50 kilomètres plus au Sud à vol d'oiseau. L'occupation française de ce point remonte à mai 1913.
En abordant la ville, on laisse à gauche la msalla (10) ou lieu public de prière pour les jours de grandes fêtes musulmanes, puis le camp Nord, à l'entrée duquel sont installés les hôteliers et commerçants européens, et enfin une grande place limitée à l'Est par les Bureaux des Renseignements. On atteint ainsi la *kasba, une des plus belles du Maroc par la sévérité de son architecture, la beauté de son enceinte aux tons ocreux, la grandeur de son site.
Cette citadelle, décrite pour la première fois par de Foucault (11), se compose : premièrement d'une enceinte extérieure crénelée et flanquée de bastions très rapprochés, de 10 à 12 mètres de haut du côté du fleuve, où elle se dresse sur des rochers à pic ; elle est munie, dans sa partie supérieure, d'une banquette qui court le long des créneaux ; deuxièmement d'une enceinte intérieure, non crénelée, séparée de la première par un chemin de ronde et des places d'étendue variable. Cette muraille abrite à l'Est une mosquée à minaret aux parois ornementées d'un décor curviligne ainsi que l'ancien Dar el Makhzen (12) (actuellement bureaux de l'État-major et de l'Intendance) comprenant un patio central rectangulaire entour de galeries et de locaux. A l'Ouest s'élève une autre mosquée (aujourd'hui infirmerie) plus simple, mais dont le mihrab (13) est intéressant. Plus à l'Ouest, une place surélevée, d'où l'on a une très belle vue sur le pont recouvre d'anciens silos. Un redan (14) descendant par degrés successifs vers le torrent donne à la kasba, vue du pont, une silhouette caractéristique.
En amont de la kasba se trouve le village indigène et, en aval, le marabout de Sidi Ahmed Ben Ali ; en face, ancien village en ruines dont une partie restaurée est occupée par des souks. La route, qui dessert ces dernières agglomérations, conduit à un grand et magnifique *pont en pierre de 150 mètres de long et de 10 arches inégales, jeté sur l'Oum Er Rebia, qui a à cet endroit 30 à 40 mètres de large et dont le courant est très rapide. La différence de niveaux, sur ce point, est de 3 mètres et le débit de 8 mètres cubes à la seconde. L'eau est rougeâtre, comme les terres avoisinantes et les murs de la kasba elle-même. De l'extrémité du pont, on jouit d'une *vue admirable sur la citadelle et sur l'oued.
A la sortie du pont, la piste de droite est celle de Beni Mellal, celle de gauche conduit au camp Sud, établi sur la hauteur de la rive gauche dominant le fleuve et la kasba.
De Kasba Tadla, on peut aller à (12 kilomètres, Est ; piste autocyclable en été ; autorisation spéciale du commandant d'armes de Tadla indispensable) Ghorm El Alem, poste militaire créé en 1917, couvrant Kasba Tadla et surveillant le principal débouché de la montagne, que l'on a appelé la « coulée de Ksiba ». Ksiba, à 20 kilomètres environ, Nord-Est, sur un plateau élevé, ressaut du Moyen Atlas, avec un souk important, est l'une des résidences de Moha ou Saïd, l'un des chefs influents de la résistance berbère.
B. - PAR LE CHEMIN DE FER ET LA ROUTE.
176,5 kilomètres. Chemin de fer militaire jusqu'à Oued Zem. Trajet en 8 heures par l'automotrice, 53 francs 20 ; en un jour et demi par le train, 53 francs 20 et 26 francs 60. 45 kilomètres de bonne piste pour le reste du parcours. Les moyens commodes de locomotion faisant défaut à Oued Zem, il est préférable d'adopter le transport en auto à partir de Casablanca.
43,2 kilomètres de Casablanca à Ber Rechid. La voie prend direction Sud-Est à travers la plaine très fertile et bien cultivée.
48,6 kilomètres, Sidi Mostefa.
59,8 kilomètres, Dar Ben Hadia.
69 kilomètres, Sidi El Aïdi. La ligne remonte l'oued El Hamra en décrivant de nombreux lacets dans un pays accidenté.
77,8 kilomètres, Ain El Beïda.
83,4 kilomètres, Aïn Fritis.
88,6 kilomètres, Kaïd Lahsene.
91,8 kilomètres, Ben Ahmed.
106,4 kilomètres, Sidi Chmitti.
116,7 kilomètres, Melgou, à proximité d'un caravansérail installé dans les ruines d'une ancienne kasba.
125,4 kilomètres, El Moungar.
136,6 kilomètres, Ouled Abdoun.
150,2 kilomètres, Bir Bettane.
176,5 kilomètres, Oued Zem.
Le reste du parcours jusqu'à Kasba Tadla doit se faire par route.
Commentaires :
- quelques précisions tirées du l'index marocain-français présent en début d'ouvrage (pages XVI à XXIII) et langue pageS 48 à 54
(1) tirs : terre noire, profonde, très fertile
(2) cheikh : vieillard, chef de confrérie ou de fraction de tribu
(3) zaouïa : siège d'une confrérie religieuse
(4) kasba : citadelle, place forte
(5) sokhrat ou mapes rocheuses : dans l'index marocain-français sont mentionnées également skhira et skhour, respectivement petite mape rocheuse et mape rocheuse ; un ami « géologue », J.P.O. m'a communiqué l'information suivante à propos de ce paysage particulier, « Le Silurien et le Dévonien sont représentés par des schistes intercalés de niveaux plus gréseux (quartzites) qui apparaissent sous l'aspect de rochers très caractéristiques dans le paysage, appelés "les Sokhrates" (Bolelli & Nérat De Lesguisé, 1952 ; Destombes & Jeannette, 1966). »
(6) figuiers de barbarie : en marocain, c'est à dire en darija, la figue de barbarie est la figue des chrétiens, karmousse en-nsara
(7) marabout : tombeau (qoubba ou koubba : sanctuaire, chambre, toit pyramidal)
(8) baraka : bénédiction
(9) bordj : bastion
(10) msalla : lieu de prières publiques marquées par un seul mur
(11) de Foucault : de Foucauld [note de Q.T.]
(12) Dar el Makhzen : maison du Makhzen c'est-à-dire l'entourage du sultan, le gouvernement : makhzen de l'arabe mah̬zan, « magasin, entrepôt ; bureau ; trésor public », arabe maghrébin « gouvernement ; les cavaliers du gouvernement ; soldats irréguliers »
(13) mihrab : niche souvent richement décorée et qui est pratiquée dans un des murs d'une mosquée (le plus souvent celui du fond) pour indiquer la direction de La Mecque et dans laquelle l'imam dit la prière
(14) redan : ressaut d'un mur construit, sur un terrain en pente, formant comme une marche d'escalier
- une description précise de la région au début du 20° siècle, agrémentée d'un plan de Boujad, même si Al-Manzah n'est pas signalé alors que l'itinéraire Kasba Tadla --- Beni Mellal (voir page Al-Manzah) le frôle, cette invisibilité demeure un mystère.
- Sidi El Aïdi aussi orthographié Si El Aïdi ou Si El Haïdi ou Sidi Haïdi selon les cartes postales ou les cartes topographiques (l'extrait de la carte provient de l'Université Bordeaux Montaigne, disponible sur Internet) ; parfois ce marabout est « localisé », par erreur, à Casbah Tadla (voir titre de deux cartes postales).
- « Cette excursion en plein bled marocain de plaines et de plateaux est recommandée. Boujad et surtout Kasba Tadla sont très curieux. », à la lecture des guides d'aujourd'hui consacrés au Maroc, le « bled marocain » n'est plus à la mode, dommage pour les tadlaouis, les monuments et les paysages, mais quelle tranquillité.
Photographies, ici
© Copyleft Q.T. 20 février 2021
Éditions Hachette 1998/99 (document personnel scanné, reconnaissance OCR et corrections manuelles)
* Kasba Talda : à 30 km sur la route de Rabat et de Casablanca. Sa citadelle, l'une des plus importantes du Maroc, et son pont à dix arches qui enjambe l'oued er Rbia valent un petit détour. Souk le lundi.
Restaurant Salem : avenue Mohammed-V. Simple, mais bons tajines et brochettes. Moustache, le proprio, est un personnage pittoresque.
Hôtel Bellevue : sur la route Fès-Marrakech. Téléphone 41-81-72. Bel établissement avec des chambres propres et spacieuses donnant sur le jardin et sur la piscine. Hall de réception de style oriental contemporain avec coupole peinte. Bon accueil. Prix moyens.
Commentaires :
- Kasba-Tadla comme une excursion possible à partir de Beni-Mellal ; dans les éditions suivantes, kasba-Tadla disparaît puis quelques années après, Beni-Mellal ;
- en 1998/99, l'Hôtel Bellevue était déjà fermé ; encore un exemple de copier-coller sans vérification sur le terrain ;
- que signifie « personnage pittoresque » qualificatif attribué à Moustache ? Quel implicite se dissimule derrière ?
© Copyleft Q.T. 12 janvier 2020
avec son supplément Hôtels, restaurants, mécaniciens
Pneu MICHELIN, 1950, (document personnel scanné, reconnaissance OCR des textes avec corrections manuelles et suppression des abréviations)
pages 128 et 129
KASBA TADLA * Carte Michelin, n°170 - pli 16
Située sur la rive droite de l'Oum er Rbia dont sa kasba commande la vallée, la ville, prise le 7 avril 1913 par les troupes du colonel Mangin, fut le point de départ des dures opérations qui réduisirent peu à peu la dissidence dans le Moyen Atlas.
Le Tadla dont elle est, avec Beni Mellal, le principal centre, est une plaine, brûlante en été, que l'irrigation tend à transformer en une des régions du Maroc les plus riches en céréales. Grâce au barrage construit sur l'Oum er Rbia, 30.000 hectares sont déjà irrigués, 90.000 autres le seront à partir de 1952 ou 1953, lorsque les barrages de Bin el Ouidane et de Aït Ouarda, sur l'oued el Abid, seront terminés.
Les touristes pressés se contenteront de se rendre en auto (durée : 1/4 heure) par le pont portugais au Monument aux Morts (vue*). Ils pourront se dispenser de visiter la kasba, intéressante surtout à l'extérieur.
CURIOSITÉS
Kasba * - Ouverte de 8 heures à 10 heures et de 16 heures à 18 heures (été) ou de 15 heures à 17 heures (hiver). S'adresser au corps de garde puis au bureau de la place pour obtenir l'autorisation de visiter. Un planton accompagne pendant la visite (rémunération). Durée : environ 1/2 h.
Construite aux 17e et 18e siècles par Moulay Ismaïl et son fils, elle dresse ses murailles crénelées sur les rochers abrupts qui dominent l'Oum er Rbia.
A l'intérieur, on visitera le patio qui abrite les bureaux de l'État-Major et l'ancienne mosquée au minaret très décoré. Un escalier, dont les marches sont peu sûres, permet d'atteindre le sommet du minaret : belle vue sur la ville et le Moyen Atlas.
« Pont portugais » - Ce pont, qui franchit l'Oum er Rbia par 10 arches robustes, est appelé à tort « portugais » car il fut construit par Moulay Ismaïl à la même époque que la kasba. Il offre sur celle-ci une jolie vue*.
Monument aux Morts - Les quatre hauts piliers blancs qui le constituent s'aperçoivent de très loin et intriguent le voyageur. Ils ont été élevés à la mémoire des 4.347 officiers, sous-officiers et hommes de troupe tombés au cours des combats livrés de 1912 à 1933 dans la région du Tadla.
Du monument, vue* sur l'Oum er Rbia élargi par le barrage, sur la kasba et la ville indigène ; au premier plan, un hameau est constitué de paillotes. De l'autre côté, belle vue sur le Moyen Atlas dont les sommets restent couverts de neige jusqu'en avril.
HÔTELS RESTAURANTS MÉCANICIENS, Supplément au Guide MAROC, 1950
(document personnel scanné, reconnaissance OCR des textes avec corrections manuelles et suppression des abréviations)
KASBA TADLA :
- siège d'un contrôle civil ;
- 923 Européens, 7.527 Musulmans, 495 Israélites ; (chiffre de population donné par le recensement effectué, au Maroc français, en 1947) ;
- Altitude 725 mètres ;
- Souk (Marché indigène généralement hebdomadaire) : lundi et vendredi ;
- Gare routière, avenue de la République, Téléphone 0.04
- Casablanca 196 kilomètres - Beni Mellal 32 kilomètres - Boujad 24 kilomètres - Fès 259 kilomètres - Khénifra 100 kilomètres - Marrakech 226 kilomètres - Oued Zem 46 kilomètres
- Hôtel simple mais assez confortable : Hôtel de la République ; rue de la République ; Téléphone 0.30 ; Repas : 65 francs le petit déjeuner servi dans la chambre, 200 francs le déjeuner et le dîner, boissons comprises ; 10 chambres de 150 à 200 francs ; eau courante chaude et froide ; bidet à eau courante ; douche ; salle de bain ;
- Hôtel généralement sans confort moderne : Hôtel des Alliés ; rue de la République ; Téléphone 0.31 ; Repas : 125 francs le petit déjeuner servi dans la chambre, de 250 à 400 francs le déjeuner et le dîner ; 26 chambres de 150 à 250 francs ; eau courante froide ; bidet à eau courante ; salle de bain ;
- Mécanicien réparateur, fournisseur de pneus Michelin : Lafuma ; Téléphone 0.16 ; Marques représentées par le mécanicien : BERLIER, FORD, HOTCHKISS, LINCOLN, MERCURY, PEUGEOT
- Vulcanisateur fournisseur de pneus Michelin : Lugan ; Téléphone 0.62
Commentaires :
- un guide très complet sur Kasba-Tadla, même si la partie historique est moins pertinente que celle du Guide Bleu de la même année, avec pas ou peu d'erreurs (altitude de Kasba-Tadla surévaluée à 725 m au lieu de 525 m) ;
- les auteurs notent que l'ancien pont est qualifié à tort de « portugais » ; il y a beaucoup de ponts portugais au Maroc, alors qu'il semble que les Portugais ne se soient guère aventurés à l'intérieur des terres, restant dans des places fortes maritimes ; dans L'Économiste (Édition N°: 4227 du 06/03/2014, disponible sur Internet) on peut lire ceci (légèrement modifié par moi, avec corrections orthographiques) :
« Mustapha El Qadery a aussi soulevé l'existence de plusieurs ponts de nomination « portugaise » au centre du Maroc, région où ils ne sont supposés jamais avoir mis les pieds. Ont été cités ainsi le pont de Kasba Tadla situé entre Beni Mellal et Khénifra sur l'oued Oum Er Rbia mais également un pont à Fès ou encore un autre à Meknès. Une véritable énigme que le chercheur a tenté d'élucider au terme de ses recherches sur le sujet. Selon lui, la nomination portugaise de ces édifices revenait aux prisonniers de guerre capturés lors de la défaite du Portugal face aux Marocains à la bataille d'Oued Al Makhazine en 1578 [4 août 1578, La bataille « des Trois Rois », La bataille de Ksar el-Kébir est aussi dite bataille de l'oued Al-Makhazine ou bataille « des Trois Rois » du fait de la présence du Portugais Sébastien, et des deux rivaux marocains Abd el-Malik et El Motaouakil. Elle figure parmi les plus hauts faits militaires du Maroc et les plus grandes tragédies du Portugal ..., https://www.herodote.net, note de Q.T.]. « À l'époque, le roi Al Mansour Saâdi avait fait beaucoup de prisonniers européens et les avait utilisés pour de grands travaux comme des ponts ainsi que d'autres constructions à but militaire visant à faciliter le passage de l'armée marocaine », a souligné l'enseignant. Autre époque, même situation. Celle de Moulay Ismaïl en 1727 au cours de laquelle la ville de Meknès avait été construite par les prisonniers étrangers de la piraterie d'après le chercheur. » ; l'apport d'autres sources semble nécessaire pour confirmer cette explication.
- le supplément au guide, HÔTELS RESTAURANTS MÉCANICIENS, apporte des informations sur le confort et les prestations fournies. Ainsi on apprend que l'hôtel de la « République » (hôtel simple mais assez confortable) était certes plus petit que l'hôtel des « Alliés » (hôtel généralement sans confort moderne) mais possédait des douches et était pourvu en eau courante froide et chaude pour un prix inférieur.
- « Les touristes pressés se contenteront de se rendre en auto par le pont portugais au Monument aux Morts (vue*). Ils pourront se dispenser de visiter la kasba ... » ; déjà, en 1950, un tourisme performatif, pour certain.e.s.
- certaines cartes postales (numérotées par moi de A à D) envoyées par le même militaire portent des annotations intéressantes (orthographe respectée) :
carte A : (en haut, de gauche à droite) murs de la Casbah ; monts Atlas ; village arabe ; (en bas) hauts personnages arabes
carte B : (de haut en bas) côté rebelle ; je me suis laver ici dimanche dernier ; douars encore pas (?) soumis
carte C : (de gauche à droite) Et Tadla se trouve là ; voici le colonel ; voici ce que veux dire le bled c'est le désert a perte de vue ; voici la piste par ou je suis venu la
carte D : (en haut, de gauche à droite) village rebelle ; murs de la Casbah ; Marabout ; (en bas, de gauche à droite) ruines arabes ; oued ou nous lavons notre linge
© Copyleft Q.T. 29 décembre 2020
par PROSPER RICARD (Directeur honoraire des Arts Indigènes au Maroc) Hachette 7° Édition, 1950 (exemplaire personnel, scanné et reconnaissance OCR avec corrections manuelles et suppression des abréviations)
196 kilomètres [de Casablanca, note de Q.T.]. Kasba Tadla (hôtels-restaurants : des Alliés, 24 chambres, bain ; Terminus ; - autres : de la République, 15 chambres, bain ; de Bretagne ; restaurants. Régina, de la Poste, des Arcades), centre indigène, à 500 m. d'altitude, sur la rive droite de l'Oum Er Rebia ; chef-lieu d'une circonscription de contrôle civil. La population du centre compte 9.175 habitants, dont 641 européens, 8.000 musulmans et 541 juifs. - L'élevage du mouton est très important dans toute la région ; la race, bien conformée pour la boucherie, donne une laine fine (ourdighia) recherchée.
Histoire. - Kasba Tadla actuelle (tadla signifie « gerbe de blé ») fut construite vers 1687 par Moulay Ismaïl, qui y installa 1.000 cavaliers nègres destiné à tenir le pays. En 1700, Moulay Ismaïl confia le gouvernement de la province à l'un de ses fils, Ahmed Ed Dehbi, avec 3.000 nègres. Celui-ci, qui devait agrandir la kasba, préféra en bâtir une autre à côté, plus vaste que la première : il y édifia son palais ainsi qu'une mosquée plus grande que celle qui avait été élevée par son père. Le pont dit « portugais » doit être de la même époque ; il assura le passage des 25.000 fantassins et des cavaliers avec lesquels le célèbre sultan pacifia la vallée de l'oued EL Abid, enserrée entre le Haut Atlas et le Moyen Atlas, et située à 50 kilomètres plus au Sud à vol d'oiseau. - L'occupation française de ce point remonte à mai 1913 ; elle fut précédée d'un combat (7 avril) qui mit en déroute les chleuh de Moha Ou Saïd.
On aborde la ville après avoir laissé à gauche la msalla (1), puis, tournant à droite, on entre dans le quartier européen, croisant le boulevard de la Légion, la rue Clemenceau et la rue Després, pour atteindre la place de France sur laquelle se trouvent : au Nord la gare routière, à l'Ouest un jardin public, à l'Est le siège de la circonscription de contrôle civil, au Sud la kasba.
Par la sévérité et la noblesse de son architecture, la beauté de son enceinte aux tons ocreux, la grandeur du site avoisinant, la *kasba est l'une des plus imposantes citadelles du genre ; elle est ouverte en hiver de 8 à 10 heures et de 15 à 17 heures, en été de 8 à 10 heures et de 16 à 18 heures, sur autorisation des bureaux de la place (rémunération au planton qui accompagne).
Cette citadelle, décrite pour la première fois par de Foucauld, se compose : 1° d'une enceinte extérieure crénelée et flanquée de bastions très rapprochés, de 10 à 12 mètres de haut du côté du fleuve, où elle se dresse sur des rochers à pic ; elle est munie, dans sa partie supérieure, d'une banquette qui court le long des créneaux ; 2° d'une enceinte intérieure, non crénelée, séparée de la première par un chemin de ronde et des places d'étendue variable. Cette muraille abrite à l'Est une mosquée à minaret aux parois ornementées d'un décor curviligne, ainsi que l'ancien Dar El Makhzen (actuellement bureau de l'État-Major et de l'intendance) comprenant un patio central rectangulaire entouré de galeries et de locaux. À l'Ouest s'élève une autre mosquée (aujourd'hui infirmerie) plus simple, mais dont le mihrab est intéressant. Plus à l'Ouest, une place surélevée, d'où l'on a une très belle vue sur le pont (Voir ci-dessous), recouvre d'anciens silos. - Un redan, descendant par degrés successifs vers le torrent, donne à la kasba, vue du pont, une silhouette caractéristique.
Au Sud de la place de France et communiquant avec elle par la rue du Souk, s'étend le quartier indigène qu'on aborde par le souk (lundi et vendredi), et qui va jusqu'au fleuve.
Si l'on s'éloigne de la place de France par l'avenue de la Kasba, en direction Ouest, on rejoint la route n° 13 qui passe sur un robuste *pont en pierre, de 150 mètres de long et de 10 arches inégales, jeté sur l'Oum Er Rebia par Moulay Ismaïl (1672-1727).
Sur ce point, le fleuve coule à 460 mètres d'altitude sur une largeur de 30 à 40 mètres et avec un courant très rapide. La différence de niveaux, en cet endroit, est de 3 mètres et le débit est encore, en juillet, de 12 mètres cubes à la seconde. Les crues peuvent en outre faire monter le niveau du fleuve de 5 mètres, accusant un débit de 580 mètres cubes à la seconde. L'eau est rougeâtre, comme les terres avoisinantes, et les murs de la kasba elle-même.
De l'extrémité du pont, en contrebas du camp Picard, on jouit d'une *vue saisissante sur la citadelle et sur l'oued. On voit aussi le barrage de dérivation, de 240 mètres, établi dans le lit de l''Oum Er Rebia et formant un bassin de retenue, qui depuis 1939 conduit les eaux (un peu salées ; débit, 23 m3) pour l'irrigation de 50.000 hectares dans la plaine des Beni Amir. - Les eaux sont canalisées sur la rive gauche jusqu'à (20 kilomètres au Sud-0uest) Kasba Zidania (construite par Moulay Ismaïl) où leur chute actionne une usine électrique qui distribue force et lumière dans toute la région (37 mètres de chute ; 7.000 kilowatts).
Sur la route n° 13, au-delà du pont, à gauche (1 kilomètre) monument aux Morts, d'où la *vue embrasse l'oued, la kasba et la ville.
De la place de France, la rue Lieutenant-Goutel ramène à l'Est à la route n° 24 qui franchit l'Oum Er Rebia, en amont du bassin de retenue, et laisse bientôt à droite le monument aux Morts (ci-dessus), puis à gauche la route de Khenifra.
Commentaires :
- (1) msalla : lieu de prière, oratoire en plein air. Dans le même Guide (première édition de 1919) l'auteur en donne la définition suivante : lieu public de prière pour les jours de grandes fêtes musulmanes ;
- on constate qu'en 1950 il y avait deux jours de souk à Kasba-Tadla, lundi et vendredi ;
- en 1950 4 hôtels à Kasba-Tadla : Hôtel des Alliés, Hôtel de la République, Hôtel de Bretagne et Hôtel Terminus ; le Guide Michelin paru également en 1950 (document personnel) signale seulement les deux premiers avec leur localisation sur le plan (voir article déjà publié sur les plans) ;
- le nombre habitants est également sensiblement différent de celui mentionné dans le Guide Michelin (document personnel) de la même époque : 8.945 habitants, dont 923 Européens, 7.527 Musulmans et 495 Israélites [juifs dans le Guide Bleu] ; plus que le nombre total d'habitants, leur répartition dans les différentes catégories « ethniques » très différentes pose question, on constate que le Guide Michelin décompte 44 % d'Européens en plus par rapport au Guide Bleu ; le Guide bleu ne met pas de majuscules à européens, musulmans et juifs, contrairement au Guide Michelin ;
- le paragraphe Histoire permet d'attribuer la construction de la partie Ouest de la casbah, de la mosquée « sahélienne » à Moulay Ismaïl et la construction de la partie Est, de Dar el-Makhzen et de la mosquée de style almohade à son fils Ahmed Ed Dehbi ; ce point reste à confirmer en s'appuyant sur d'autres sources, des interlocuteurs tadlaouis disent le contraire et ont probablement raison ; l'édification du « Pont portugais » est clairement attribué à Moulay Ismaïl (édificateur ou instigateur de l'ouvrage ?) ;
- la description de la ville est très précise, le nom des rues correspondent à celui donné par le plan du Guide Michelin de 1950 ;
- la première édition de ce livre en 1919, rédigé par le même auteur, avant la construction du nouveau pont en béton armé, donne une description explicite du trajet Kasba-Tadla - - - Beni-Mellal qui frôle Al-Manzah et ..., ne le cite pas, preuve que les « savants », comme Prosper Ricard en 1919, alors Inspecteurs des Arts indigènes à Fès, ne voient pas, toujours, ce que leurs yeux perçoivent ;
- avec la laine fine des moutons du Tadla, les femmes de Boujad et des douars autour de cette bourgade tissaient de magnifiques couvertures "bizaras", elles le font encore mais en y introduisant des fils de coton colorés, qui offrent de jolis contrastes ; j'en avais acheté une au souk de Boujad, le jeudi 08 octobre 1981, veille de l'Aïd-el-Kébir, pour 180 dirhams (voir photographie).
© Copyleft Q.T. 28 décembre 2020 modifié le 13 août 2023
(Office National Marocain du Tourisme)
début des années 1980 (1981 ou 1982) (pas de date d'édition ou d'impression) (document personnel photographié, recadré, reconnaissance OCR avec corrections manuelles)
extrait (pages 10 et 11)
Partant de Fès pour Marrakech, le voyageur passera par Imouzzer, Ifrane, Azrou, Khénifra, Kasbah-Tadla, Béni-Mellal. Il pourra à son gré, quitter la route principale, voir au passage le magnifique ouvrage d'art du barrage de Bin el Ouidane et sa réserve d'eau. Une route de montagne le mènera alors aux cascades d'Ouzoud, puis il passera par la curieuse cité de Demnat avant de retrouver la grande route.
Commentaire : une présentation rapide du Maroc, avec des suggestions d'itinéraires ; dans le texte Kasbah-Tadla, sur la carte Kasba-Tadla ... ; un document retrouvé chez mon père après son décès sur lequel il avait fait des annotations et des corrections suite à son séjour au Maroc à l'hiver 1982-1983.
Photographies, ici
© Copyleft Q.T. 26 décembre 2020
le Maroc à travers la carte postale ancienne, Philippe Lamarque, HC Editions 2008 (livre personnel scanné puis reconnaissance OCR avec corrections manuelles)
Située sur la rive droite de l'Oum er-Rbia, Kasbah Tadla lut fondée par les Almoravides au XIe siècle, puis ruinée par les Arabes hilaliens. Il fallut attendre le XVIIe siècle pour que Moulay Ismaïl et son fils la restaurent. Il reste de cette résurrection une formidable kasbah* crénelée et deux enceintes enserrant deux mosquées et le Dar el-Makhzen. Un pont à dix arches inégales a été jeté par-dessus l'Oum er-Rbia. Pendant le Protectorat, l'armée française a utilisé les deux mosquées laissées à l'abandon pour les restaurer et y établir provisoirement un casernement. L'une d'elles a été habilement réhabilitée et a retrouvé son style almohade reconnaissable aux motifs en losanges sur le minaret. L'autre mosquée en pisé respecte le style sahélien avec les bastaings de bois sortant du minaret.
Boujad, aussi appelée Bejaâd, est réputée pour ses tapis et son pèlerinage. Elle est même considérée comme une ville sainte. Une vaste place entourée d'une galerie sous arcade fait fonction de cour de prière. La principale richesse réside dans le sous-sol : un marbre d'ornement jaune-beige. La communauté juive y est florissante.
Commentaires :
* kasbah : casbah (En Afrique du Nord, citadelle et palais d'un souverain, parties hautes et fortifiées d'une ville. Dans les villes d'Afrique du Nord, quartier d'architecture arabe enserré entre des quartiers modernes. Populaire. Maison.) est le terme connu des correcteurs orthographiques même si kasbah est dans certains dictionnaires
Très souvent des cartes postales connues présentées en réduction ; les textes sont succincts, mais l'objet principal de tels livres, les « beaux livres » reste les photographies.
Sur la photographie A, on observe un mur (marqué X) qui correspond peut-être à la description de Charles de Foucauld lors de son passage à Kasba-Tadla en 1883 « Ces deux enceintes sont en bon état : point de brèche à la première ; la seconde n'en a qu'une, large, il est vrai : elle s'ouvre sur une place qui divise la qaçba en deux parties ... ».
Sur la photographie B, prise bien après la photographie A (présence d'un bâtiment avec toit en pente à côté de la mosquée sahélienne), mais avant la « réhabilitation » dont parle l'auteur, à moins que cette « réhabilitation » n'ait concerné que le minaret.
Les 9 photographies étiquetées « source, capture Internet » ne sont pas des cartes postales et semblent avoir été prises, pour certaines, à la saison froide, tenue des militaires, sommet du Taçmit ou Tasmit (2248 m) et du Jbel Ighnayene (2411 m) enneigé, arbres sans feuilles devant le « bureau des renseignements ».
Photographies, ici
© Copyleft Q.T. 23 décembre 2020
Gallimard, (document personnel scanné puis reconnaissance OCR avec corrections manuelles)
LE SUD-OUEST DU MOYEN-ATLAS / BENI-MELLAL p 333
Découvrir les environs
Kasba-Tadla. Cette bourgade est établie sur la rive droite de l'Oum er-Rbia, sous la garde d'une citadelle bâtie en 1687 par le sultan alaouïte Moulay Ismaïl pour tenir en respect la turbulente tribu berbère des Sanhaja. Le pont à dix arches, également XVIe siècle, qui enjambe l'Oum er-Rbia offre une très belle vue sur les murs crénelés de la casbah. À 30km au nord de Beni-Mellal, par la P24, Fès et Meknes
Commentaire : Kasba-Tadla simple balade à partir de Beni-Mellal, si le touriste a le temps ; Kasba-Tadla possède encore cette chance d'être sur un axe du circuit des villes impériales, donc d'être signalée, de plus en plus rarement, voire visible, pour les touristes, alors que Boujad ...
Lors de son séjour au Maroc durant l'hiver 1982-1983 mon Père rédigea un carnet de voyage qui permet de dater avec précision certaines photographies ; de même il conserva les lettres que ses enfants lui adressaient, lettres datées mentionnant des voyages, la venue d'ami.e.s, etc., ainsi je dispose de dates assez précises pour certaines photographies personnelles ou celles d'ami.e.s de passage à Kasba-Tadla.
© Copyleft Q.T. le 21 décembre 2020
Hachette 2012, (exemplaire de la Bibliothèque municipale de Lyon scanné puis reconnaissance OCR avec corrections manuelles, orthographe des noms propres respectée)
Kasba Tadla
À 82 km au sud-ouest de Kénifra par la N8. Habitants, 36 000. Car pour Beni-Mellal et El-Ksiba. Souk, lundi
Cette ancienne ville de garnison est dominée par une kasbah du XVIe siècle, bâtie par Moulay Ismaïl. Afin de maîtriser les tribus rebelles, il y nomma son fils gouverneur de la province. Celui-ci construisit une autre kasbah accolée à celle de son père. Une double enceinte de murs crénelés entoure et protège ainsi la ville. À l'intérieur se dressent deux mosquées délabrées, l'ancien palais du gouverneur et des greniers. En contrebas, un pont à dix arches franchit l'Oum er-Rbia.
Aux environs : entre Kasba Tadla et Khenifra, des plantations d'oliviers couvrent la plaine du Tadla. À Tirhboula, de traditionnels moulins à olives bordent la route. À l'automne, on peut assister au pressage et acheter l'huile d'olive, très utilisée dans la cuisine marocaine.
À 22 km à l'est de Kasba-Tadla, El Ksiba, charmant village à l'orée de la forêt, possède un souk, très animé le dimanche. Après El-Ksiba, la route se transforme en piste et traverse tout le Haut Atlas par Imilchil pour redescendre à Tinerhir, sur les contreforts sud du Haut Atlas.
Commentaires :
1) Les auteur.rice.s ne se sont pas déplacé.e.s à Kasba-Tadla ; il.elle.s se seraient aperçu.e.s qu'en 2012 la casbah avait quasiment terminée sa réhabilitation et que la ville se situait à l'extérieur de l'enceinte (voir quelques photographies de 2010 de l'embellissement des abords de l'enceinte et de 2011 pour les travaux de rénovation de la mosquée « sahélienne ») ; généralement pour un stockage en souterrain de grains, on parle de silos et non de greniers (partie Ouest de la casbah) ; Kénifra, Khenifra, dans la même page, peut-être simplement Khénifra ... ; il y a bien longtemps que les moulins traditionnels à olives sont mécanisés et les roues en pierre visibles devant les échoppes du côté de Tirhboula ou de Tagzirt trônent comme décoration, par contre entre Rhorm El Alem (orthographe de la carte au 1/50 000° El KSIBA et 1/100 000° QASBAT-TADLA ; aujourd'hui des panneaux arborent Ighram Laalam) et El-Ksiba on trouvait encore un moulin traditionnel avec une meule actionnée par un mulet (voir film de décembre 2009 - 2018) ; enfin depuis plus de quarante années la route entre El-Ksiba et Aghbala est goudronnée, de même pour la traversée du Haut-Atlas par Imilchil depuis le début des années 2000. Ce guide présente une photographie de Kasba-Tadla non datée et montre que le copier-coller demeure une plaie.
2) Remarque sur les photographies issues du site, https://basedoc.diplomatie.gouv.fr/ : les dates semblent très souvent farfelues, les photographies ou cartes postales du fonds Gandini affichent très couramment 1900 alors que des détails indiquent, en tous cas pour Kasba-Tadla, une date bien postérieure, la présence par exemple du « canal d'alimentation de la première adduction d'eau de la ville » qui passe sous le « pont portugais » permet de dater une photographie, ce canal ayant été construit en 1921/1922 ; la photographie « Un moulin à huile primitif » présentée avec cette contribution est de Marcelin Flandrin (1889, Algérie - 1957, Casablanca) est datée de 1900, Flandrin avait alors 11 ans et arpentait déjà le Maroc, appareil photographique en bandoulière ; enfin pour certaines photographies avec comme date de prise de vue 01 janvier 19XX, il semble que la date proposée, coïncide soit avec une date d'acquisition, soit avec une date de classement dans le fonds photographique des archives diplomatiques, mais peut-être que je me trompe.
Un film : Kasba Tadla moulin à huile (récolte des olives (Kasba-Tadla décembre 2018) et moulin à huile traditionnel (décembre 2009) entre Rhorm El Alem et El Ksiba], ici
© Copyleft Q.T. 30 novembre 2020
Henri BARBEAU, Jean DELAGE, Paul LEFORT, S.M.A.T.E. CASABLANCA 1972, (document personnel, photographié, recadré, reconnaissance OCR et corrections manuelles)
extrait du fascicule 3 : meknès, fès et le moyen atlas
KASBA TADLA, petite ville située sur l'Oum er Rbia, à 1 km à droite de la route P.24.
La ville est édifiée près de deux forteresses, construites l'une en 1687 par Moulay Ismail, l'autre en 1705 par son fils : ces deux forteresses abritaient 3.000 gardes noirs du Sultan. Il est intéressant de visiter la Kasbah, une des plus importantes anciennes citadelles du Maroc. L'enceinte extérieure est crénelée et flanquée de bastions du côté du fleuve : l'enceinte intérieure, non crénelée, entoure deux Mosquées, des silos et un ancien palais du Gouverneur impérial.
Il est conseillé, pour sortir de Kasba Tadla, en direction de Beni Mellal, de rejoindre la route d'Oued Zem et de tourner à gauche pour traverser à nouveau l'Oum er Rbia sur le vieux pont (10 arches) construit par Moulay Ismaïl, d'où, l'on jouit d'une belle vue d'ensemble sur la Kasbah.
Commentaire : L'exemplaire, acheté dans un vide-grenier, que je possède est incomplet, absence du fascicule deux (casablanca, rabat et la côte atlantique) et de la « pochette ».
Guide en six fascicules, dont le deuxième parle aussi de Kasba-Tadla ; ce document donne des dates précises pour l'édification des deux forteresses évoquées par de multiples sources ; on note la reprise de la description de Charles de Foucauld à propos d'une double enceinte, même si la « rue » de 6 à 8 mètres les séparant n'est pas évoquée ; un lexique des termes arabes et berbères utilisés figure dans le fascicule d'introduction intitulé « prélude au voyage marocain » ; Beni-Mellal occupe dans ce guide une place plus importante que celle de Kasba-Tadla et les auteurs remarquent son dynamisme économique et sa position de « porte d'entrée » à l'Atlas, pour de multiples activités sportives ou de découverte.
© Copyleft Q.T. 15 septembre 2020
(Guide Touristique), 1964-1965, Éditions LA PORTE, Rabat, (document personnel, scanné, recadré, reconnaissance OCR et corrections manuelles)
Page 103
KASBA-TADLA
Cercle et Province de Beni-Mellal - Population 11.733.
Rabat 219 (km) - Casablanca 196 (km)
La ville est située sur la rive droite de l'Oum Errebia. Sa Kasbah est très imposante. Elle aurait été construite aux 17o et 18 siècles.
Traverser la rivière en passant sur le pont qui se trouve sur la R 13 à l'Ouest de la ville. Ce pont bâti par Moulay Ismaël au 18° siècle a 10 arches. On y a une belle vue sur la Kasbah. Dans la région on fait surtout l'élevage du mouton qui est un des plus renommés du Maroc.
Commentaires : livre acheté au début des années 1980, à Rabat (voir tampon de la librairie) pour la partie « montagnes marocaines » ; descriptions brèves et efficaces ; plus d'actualité aujourd'hui même si les moutons tadlaouis restent réputés ; l'emploi du conditionnel pour la date d'édification de la casbah dénote une certaine prudence de la part des auteurs, si la construction de la citadelle est « classiquement » attribuée à Moulay Ismaïl vers1687 et son fils Ahmed Ed Dehbi vers 1700, il n'est pas illégitime de penser que le site de Kasba-Tadla fut une « place forte » bien avant le règne de Moulay Ismaïl, le lieu étant un passage « quasi obligé » sur la route « directe » Fès-Marrakech, lié à la présence de plusieurs gués - Charles de Foucauld [Reconnaissance au Maroc (1883-1884), livre personnel, LES INTROUVABLES, ÉDITIONS D'AUJOURD'HUI, mars 1985, également disponible sur gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France (scan OCR et corrections manuelles)] quitte Qaçba Tadla le mercredi 19 septembre 1883 « Départ à 6 heures du matin. Je traverse l'Oumm er Rebia à un gué situé auprès du cimetière, et je marche droit vers le pied de la haute chaîne qui se dresse dans le sud. », précisant un peu plus loin « Ouad Oumm er Rebia (40 mètres de large ; 90 centimètres de profondeur) ».
© Copyleft Q.T.
Guide de Tourisme MICHELIN - Maroc, 1979 et 1982 ; Le Guide Vert - Maroc, 2001 et 2019 (Documents personnels, éditions 1979,1982 et 2001, ou de la bibliothèque municipale de Lyon, édition 2019, scannés, photographiés, reconnaissance OCR avec corrections manuelles)
Édition de 1979, pages 93 et 94 :
KASBA-TADLA
Carte Michelin n° 169 - plis 16 et 35 - 15 776 h. - Souk le lundi.
Sur la rive droite de l'Oum er Rbia, cette petite ville est une ancienne citadelle commandant la plaine du Tadla qui constituait au pied de l'Atlas un important passage entreMarrakech et Fès ou Meknès. Kasba-Tadla fut,en 1913, le point de départ d'opérations menées par des troupes françaises contre les tribus montagnardes, rebelles à la fois à une présence étrangères et à l'autorité du sultan.
D'importants travaux d'irrigation {voir p. 6) ont fait de la plaine du Tadla, brûlante en été, une riche région céréalière («tadla » signifie en berbère «gerbe »).
Kasba*. - Elle fut édifiée par Moulay Ismaiïl et l'un de ses fils. C'est la plus importante des forteresses dont ce sultan multiplia la construction à travers le Nord du pays, afin de tenir en respect les puissants Berbères Sanhaja. Exceptionnellement bien conservée, elle dresse au-dessus du cours sinueux de l'Oum er Rbia ses murailles crénelées le long desquelles se pressent des bastions.
Du côté opposé au fleuve, un joli minaret tapissé d'un réseau d'entrelacs domine l'enceinte de la kasba.
Pont. - Construit par Moulay Ismail, il franchit l'Oum er Rbia de ses dix arches inégales. Jolie vue* sur la kasba.
Point de vue. - Accès par un petit chemin qui s'embranche sur la route de Marrakech (P 24) près du grand carrefour qu'elle forme avec la route P 13. Laisser la voiture à l'entrée du chemin.
Ce point de vue se signale par de hauts piliers blancs, élevés à la mémoire des soldats français tombés entre 1912 et 1933 dans la région du Tadla. De là, on a une vue d'ensemble sur la ville, la kasba, et l'Oum er Rbia élargi par le barrage de Kasba-Zidania ; de l'autre côté sur le Moyen Atlas dont les sommets restent couverts de neige jusqu'en avril-mai.
Édition de 1982 : texte et dessin identiques à l'édition de 1979, seul le nombre d'habitants augmente de 15 776 à 28 332.
Édition de 2001 :
KASBA-TADLA
28 332 habitants
Carte Michelin n° 959 plis 5 et 22 - Souk le lundi
Sur la rive droite de l'Oum er-Rbia, cette petite ville est une ancienne citadelle commandant la plaine du Tadla, important passage au pied de l'Atlas entre Marrakech et Fès ou Meknès. Kasba-Tadla fut, en 1913, le point de départ d'opérations menées par des troupes françaises contre les tribus montagnardes, tout aussi rebelles à une présence étrangère qu'à l'autorité du sultan.
D'importants travaux d'irrigation ont fait de la plaine du Tadla, brûlante en été, une riche région céréalière (« tadla » signifie « gerbe » en berbère).
*La kasbah, édifiée par Moulay Ismaïl, est la plus importante des nombreuses forteresses que le sultan fit édifier à travers le nord du pays afin de tenir en respect les puissants Berbères Sanhaja. Exceptionnellement bien conservée,
elle dresse au-dessus du cours sinueux de l'Oum er-Rbia ses murailles crénelées le long desquelles se pressent des bastions.
Non loin de là, sur la grande place du centre-ville, le jardin public, avec ses parterres chamarrés de fleurs et ses bosquets multicolores, où - au printemps - les bougainvilliers, les géraniums, les capucines le disputent au vert tendre des palmiers pour offrir aux visiteurs un moment de fraîcheur, est une halte agréable dans une ville parfois étouffante.
Du côté opposé au fleuve, un joli minaret tapissé d'un réseau d'entrelacs domine l'enceinte de la kasbah.
Construit par Moulay Ismaïl, un pont franchit le fleuve de ses dix arches inégales. Jolie vue* sur la kasbah.
Point de vue - Accès par un petit chemin qui s'embranche sur la route de Marrakech (P 24) près du grand carrefour qu'elle forme avec la route P 13. Laisser la voiture à l'entrée du chemin.
Ce point de vue se signale par quatre hauts piliers élevés à la mémoire des soldats français tombés entre 1912 et 1933 dans la région du Tadla. De là, on a une vue d'ensemble sur la ville, la kasba, et l'Oum er Rbia élargi par le barrage de Kasba-Zidania ; de l'autre côté sur le Moyen Atlas dont les sommets restent couverts de neige jusqu'en avril-mai.
Édition de 2019 : même texte qu'en 2001 sauf :
- plus d'indication de carte et du nombre d'habitants
- « bougainvilliers » devient « bougainvillées »
- l'avant dernier paragraphe avec de légères modifications : « On accède (par un petit chemin qui s'embranche sur la route de Casablanca ; laisser la voiture à l'entrée du chemin) à un point de vue qui se signale par quatre hauts piliers élevés à la mémoire des soldats français tombés entre 1912 et 1933 dans la région. »
Commentaire : pour un format identique de guide, la place de Kasba-Tadla passe de deux pages en 1950 à une demi page au début des années 1980 pour perdre son autonomie en 2019 et devenir une excursion possible à partir de Beni-Mellal ; la description de la ville ne change pas en 40 ans de publication, on note seulement l'apparition en 2001 d'un paragraphe sur la « grande place » devant le palais de la municipalité (ex « bureau des renseignements », « contrôle civil » ou « bureau des Affaires Indigènes »), anciennement « Place de France », comme halte fraîche avec son jardin ; depuis les années 2000 ce jardin est devenu un espace carrelé surchauffé à l'ombre rare, relativement propre et « moderne », une idée d'urbaniste probablement, comme le remplacement des « pierres plates » qui pavaient les rues de Hay Ezzarayeb, « Zraib », anciennement « ville indigène » des plans urbains dressés par les français, ainsi que certains trottoirs du quartier « El Cantirat » (la cantine) ; ainsi Kasba-Tadla perdit peu à peu de son identité, pour se fondre dans la « modernité » et ce ne sont pas les auvents en bois récents - une belle initiative -, dans la grande rue de Zraib ou la dé-bétonisation du terre-plein central du boulevard Mohammed VI, qui répareront des années désolantes de tropisme occidental. Boujad toute proche a su garder ses particularités architecturales, son « authenticité », ses « racines », comme on doit parler aujourd'hui.
On notera également, l'apparition d'un « h » à la fin de kasba en 2001 et le nombre d'habitants inchangé entre 1982 et 2001. Des modification à la marge qui signent l'entrée dans l'ère du copier-coller sans vérification sur place ; n'ayant pas acheté ce type de guide entre 1982 et 2001, difficile de dater précisément le virage.
On peut quand même se demander : Quel.le touriste étranger.ère viendrait passer quelques temps à Kasba-Tadla aujourd'hui, séduit.e au sens d'être conduit vers un ailleurs inconnu ?
© Copyleft Q.T. 17 août 2020
Édition et réalisation Shell Maroc, Bernard Rouget, imprimerie OFMA casa. G. Simon (document personnel, photographié, recadré, reconnaissance OCR et corrections manuelles) ; toutes les photographies proviennent de ce cartoguide SHELL
Les routes marocaines sont excellentes : bien tracées, bien revêtues et peu encombrées, elles évitent la plupart des traversées de village et permettent ainsi des moyennes très élevées. Même en montagne, la plupart des routes principales restent très rapides et certains cols, à 2.000 m d'altitude, sont gravis et descendus presque sans ralentir. Les pistes sont beaucoup plus incertaines : quelques-unes (Tafilalet, Draa) sont très rapides (60 km de moyenne) mais beaucoup d'autres ne permettent pas à l'automobiliste, soucieux de ménager sa voiture, des moyennes supérieures à 30 km/h. Il faut en tenir compte et prévoir alors largement son temps en sachant qu'il sera récompensé toujours par la possibilité ainsi offerte d'admirer plus à loisir des sites magnifiques et encore très peu déflorés par le grand tourisme international.
KASBA-TADLA
15 000 habitants
La ville est située sur la rive droite de l'Oum-er-Rebia. Sa kasbah est très imposante. Elle aurait été construite aux XVIIe et XVIIIe siècles. Traverser la rivière en passant sur le pont qui se trouve sur la R. 13 à l'ouest de la ville. Ce pont, bâti par Moulay Ismaël au XVIIIe siècle, a dix arches. On y a une belle vue sur la kasbah. Dans la région on fait surtout l'élevage du mouton qui est un des plus renommés du Maroc.
Commentaires : le nombre d'habitants précisé pour chaque ville décrite (avec des erreurs, Beni-Mellal, 3 400 habitants, au lieu probablement de 34 000) est un indice qui permet de dater ce document, la fin des années soixante-dix/début des années quatre-vingts ; descriptions succinctes, bel éloge du réseau routier marocain du « temps d'avant » le tourisme de « masse » qu'il soit étranger ou national - qui se souvient de l'extrême tranquillité des Sources de l'Oum-Er-Rbia ou des Cascades d'Ouzoud ? - en août 1983 de retour d'une randonnée dans l'Atlas (Zawyat Ahançal) nous (E.C., P.J.B. et Q.T.) nous baignâmes à Ouzoud dans une quasi solitude ; un document attachant malgré des approximations (plaine du Tadla et non de la Chaouia, dans la notice de Beni-Mellal).
© Copyleft Q.T. le 05 juillet 2020
Yves Korbendau, ACR édition, (document personnel, photographié, scanné, reconnaissance OCR et corrections manuelles)
La plaine fertile du Tadla s'étend au sud du Moyen Atlas jusqu'à Beni-Mellal. Le barrage de Bin el-Ouidane, qui a été construit dans les montagnes voisines, permet pendant toute l'année l'irrigation des immenses plantations d'orangers. On rapporte que ce sont les meilleures oranges du Maroc.
De nombreuses sources aux abords de la ville de Beni-Mellal favorisent les plantations d'oliviers, abricotiers, figuiers. grenadiers et pêchers.
Au nord-ouest, le long de l'oued Oum er Rbia, s'étale la grande plaine céréalière du Tadla.
Lorsque l'on descend par la petite route de montagne qui vient du village d'Azilal, le panorama sur cette étendue à perte de vue est splendide.
S Moulay Ismaïl fit construire en 1687 cette forteresse pour lui permettre de contrôler les tribus berbères de cette région.
Cette importante citadelle surplombe un large méandre de l'oued Oum er Rbia.
La Kasbah est entourée de deux enceintes séparées défendues par plusieurs bastions. Elle abritait le palais du gouverneur impérial et sa garnison, les silos pour les réserves, ainsi que deux mosquées dont on peut encore admirer les élégants minarets.
Le pont à dix arches qui traverse l'oued a été construit également par Moulay Ismaïl en 1700. De cet emplacement, on jouit d'une très belle vue sur l'ensemble de la Kasbah qui domine l'oued.
Commentaire : un livre de photographies sur papier glacé, épais et lourd, un cadeau d'un de mes frères ; des textes stériles, académiques comme on en trouve dans des brochures d'agences de voyage ou d'offices du tourisme ; entre le bleu limpide du ciel et l'ocre flamboyant des murailles au couchant, impossible d'introduire la vie qui palpite, le quotidien ardu des gens qui d'ailleurs sont absents des photographies, comme gommés du paysage ; une approche figée et glacée du Maroc, sans grand intérêt sauf d'y trouver des photographies de Kasba-Tadla des années 1990 ; la biographie ressemble à un catalogue des éditions ACR.
Depuis la description de la casbah par Charles de Foucauld, en 1883, (Reconnaissance au Maroc (1883-1884), livre personnel, LES INTROUVABLES, ÉDITIONS D'AUJOURD'HUI, mars 1985, également disponible sur gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France) ...
« La Qaçba proprement dite, bien conservée, est de beaucoup ce que j'ai vu de mieux au Maroc, comme forteresse. Voici de quoi elle se compose : 1° d'une enceinte extérieure, en murs de pisé de 1,2 m d'épaisseur et de 10 à 12 mètres de haut ; elle est crénelée sur tout son pourtour, avec une banquette le long des créneaux ; de grosses tours la flanquent ; 2° d'une enceinte intérieure, séparée de la première par une rue de 6 à 8 mètres de large. La muraille qui la forme est en pisé, de 1,5 m d'épaisseur ; elle est presque aussi haute que l'autre, mais n'a point de créneaux. Ces deux enceintes sont en bon état : point de brèche à la première ; la seconde n'en a qu'une, large, il est vrai : elle s'ouvre sur une place qui divise la qaçba en deux parties : à l'est, sont la mosquée et dar el makhzen (1); à l'ouest, les demeures des habitants : les unes et les autres tombent en ruine et paraissent désertes. »
(1) « Maison du gouvernement ».
... tout semble fixé, la casbah possède deux enceintes, aucune remise en question de cette description. Pourtant sur les premières photographies/cartes postales (voir carte postale de 1913) de la casbah on n'observe pas de double enceinte dans la partie ouest de la citadelle, Charles de Foucauld a-t-il visité cette partie ? Par quelle porte a-t-il pénétré dans la forteresse ? En 2009 on pouvait encore entrer dans la casbah par la porte Est et là effectivement l'enceinte apparaît double (voir photographies), par contre sur la carte postale de 1913 pas de double enceinte ni de traces au sol flagrantes de son existence ; Charles de Foucauld n'ayant pas vu la mosquée « sahélienne » de la partie Est, il n'est pas déraisonnable de penser qu'il n'explora qu'une fraction de la casbah ; A.D. me fit remarquer que « l'enceinte intérieure » visible sur les photographies de 2009 et la vue satellitaire, ne représente en réalité que les murs extérieurs de « Dar el Makhzen » et des constructions annexes ; enfin la largeur de la « rue » séparant les « deux enceintes », 6 à 8 mètres selon de Foucauld, semble bien exagérée, je ne l'ai pas mesurée précisément, mais cette largeur semble plus proche des 4 mètres (la construction en parpaings - environ 4 parpaings, soit 2 mètres - présente sur une des photographies de décembre 2009 et qui occupe la moitié de cette rue, donne une idée de cette largeur) ; enfin étonnamment le plan de Kasba-Tadla présent dans le texte du Capitaine Cuny (Carnet de route de 4e goum à cheval par le capitaine Maurice Cuny, Colonne du Tadla, 16 juin-1er juillet 1910, Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France) présente une casbah à double enceinte sur un schéma très proche de celui de de Foucauld, connaissait-il le texte de de Foucauld publié en 1888 ?, le Capitaine Cuny note « l'oued Oum er Rbeâ, en aval de la kasbah, où le lieutenant commandant connaît l'existence d'un pont ».
© Copyleft Q.T. 02 juin 2020
source : exemplaire d'un ami, J.P.O., en excellent état ; également disponible sur gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France) (pages scannées, recadrées puis transcrites avec corrections et précisions, Aït et non Aïn par exemple)
Page 197 : Itinéraire 75, CASABLANCA - KASBAH-TADLA : 198 kilomètres - BENI-MELLAL 229 kilomètres (voir photographie)
La page 238 donne les précisions sur la circulation en dehors de la zone de sécurité :
LA CIRCULATION DANS LA ZONE D'INSÉCURITÉ
La circulation dans la zone d'insécurité est subordonnée à l'octroi d'une autorisation préalable accordée par les Généraux commandant les régions militaires de Fès, Taza, Meknès et Marrakech.
Page 175 (voir photographie)
Kasbah-Tadla (Maroc), (pli 12), (altitude 500 m), 400 Européens, 3 000 indigènes
Station de chemin de fer : Oued Zem, 46 kilomètres
Voir : Kasbah des Aït-Roboa (une étoile = curiosité très intéressante) ; Pont portugais sur l'Oued Oum er Rbia (vue)
Nord : terrain d'aviation militaire 1 kilomètre
Ben-Ahmed 118 kilomètres - Beni-Mellal 31 kilomètres - Ber-Réchid 157 kilomètres - Boujad 23 kilomètres - Casablanca 198 kilomètres - El Boroudj 92 kilomètres - El Kelaa 133 kilomètres - Marrakech 216 kilomètres - Oued Zem 46 kilomètres
hôtel de campagne (= hôtel où l'on peut au moins déjeuner ou dîner) : Excelsior
mécanicien réparateur : A. Grafteaux
Page 148 (voir photographie)
Beni-Mellal (Maroc), (pli 12), (altitude 580 m), 42 Européens, 7 500 indigènes
Pas de Station de chemin de fer
Poste : Kasbah Tadla 31 kilomètres
Voir : Panorama (du Service des renseignements) ; Kasba Kebira
Spécialité : Tapis
mécanicien réparateur : Blachier
Commentaires :
1) Beni-Mellal deux fois plus peuplée que Kasba-Tadla en 1929 mais ni Poste, ni hôtel ; aujourd'hui, on pourrait écrire, Kasba-Tadla l'endormie et Beni-Mellal la dynamique ; 90 ans plus tard, dans Le GuideVert, Michelin - Maroc, 2019 (exemplaire de la bibliothèque municipale de Lyon), Kasba-Tadla est simplement présentée comme une excursion possible à partir de Beni-Mellal ; la Poste de 1929 est-elle la même, au même endroit que celle observable aujourd'hui, visible sur des cartes postales anciennes ? (bâtiment avec plaque d'inauguration de 1931).
2) le décompte de la population scindée en deux groupes, les Européens et les Indigènes ; dans l'édition de 1950 de ce même guide entièrement consacré au Maroc (voir photographie) (document personnel, scanné et recadré), le recensement ne parle plus d'Européens et d'Indigènes mais d'Européens, de Musulmans et d'Israélites, avec comme sous entendu terrible que les Européens sont chrétiens (?) et les Indigènes soit Musulmans soit Israélites, comme si parmi les Européens présents au Maroc aucun n'était Israélite ou Musulman ; des « statistiques ethniques » floues à moins de disposer des circulaires ou décrets qui fixèrent les règles d'établissement de ces recensements engendrant des groupes religieux particuliers, Musulmans et Israélites, et zappant Chrétiens, Protestants, Bouddhistes, etc. ;
3) l'altitude de 500 mètres en 1929 et 725 mètres en 1950 ! ; la carte topographique marocaine au 1/50 000° de 1998, (voir photographie) (Document personnel scanné) indique des altitudes comprises entre environ 490 mètres au niveau de l'Oum Er Rbia et 540 mètres pour les nouveaux quartiers au nord, Moulay Bou'azza ;
4) un projet de ligne de chemin de fer, prolongement de celle aboutissant à Oued-Zem, fut un moment envisagé, semble-t-il, comme le montre ces extraits, Compagnie des chemins de fer de Paris à Lyon et à la Méditerranée. Atlas P.L.M., le Maroc : via Marseille / Chemins de fer de Paris à Lyon , à la Méditerranée (voir photographies) (Source, gallica.bnf.fr / Bibliothèque municipale de Saint-Pierre-des-Corps) :
« Un autre tronçon de ligne relie Rabat à Casablanca, la métropole commerciale, et s'étend vers Marrakech et la prolongation du rail très prochainement assurera les communications avec la grande capitale du Sud. De cette ligne, se détache à Ber Rechid un autre tronçon qui sera poursuivi jusqu'au poste militaire de Kasbah Tadla, commandant la vallée de l'Oum er Rebia, face à l'Atlas. »
Cet album présente un dessin, de Cl. de Mazières, du pont « portugais » et de la casbah, interrogatif : le pont comporte 9 arches au lieu de 10, un seul minaret apparaît dans l'enceinte de la casbah ; preuve, si besoin en était, que ni les photographies, ni les dessins ne représentent la réalité.
© Copyleft Q.T. 25 mai 2020 modifié le 29 juillet 2023
Jean Hureau (5° édition de 1980), (Document personnel photographié, recadré, puis reconnaissance OCR)
Torride Tadla : blé et phosphates
L'immense plateau dépouillé de toute verdure qui s'étend au nord et à l'ouest de Beni Mellal, au delà de la zone irriguée, jusqu'à l'Atlantique, ne présente guère d'attrait pour le touriste. Au gros de l'été surtout, l'automobiliste a hâte de traverser cet enfer. Il est pourtant la richesse du Maroc : blé et phosphates.
Les deux ou trois points présentant quelque intérêt touristique peuvent être vus en cours de route en venant de Rabat ou de Casa, sans justifier l'organisation d'un circuit (de quelque 200 kilomètres) depuis Beni Mellal.
Ce sont essentiellement : Khouribga, Oued Zem, Boujad et surtout Kasba Tadla.
À 25 km au S. de Boujad (30 km au N. de Beni Mellal, à l'embranchement des routes de Fes et de Rabat), Kasba Tadla occupe une cuvette creusée par l'Oum er-Rbia. Ce fut l'une des quarante places fortes qui quadrillèrent le pays au temps de Moulay Ismaïl. Une première kasbah étant trop petite pour loger l'importante garnison, une seconde fut construite sous le règne suivant. L'enceinte crénelée et flanquée de bastions fait encore l'orgueil de la ville ; elle surplombe de plus de dix mètres l'Oum er-Rbia, qu'un pont de même époque, aux dix-sept arches inégales, franchit un peu en aval. Deux mystérieux pylônes de ciment dressés au carrefour des routes P.13 et P.24 dominent le site ; ce sont les vestiges d'un monument aux morts français. La ville ne compte aucun hôtel de tourisme.
Commentaires : Le « Torride Tadla » reflète bien la sensation de chaleur extrême qui nous assaille dès que l'on sort d'une habitation l'été, chaleur supportable car le taux d'humidité de l'air demeure faible et en l'absence de chergui, les nuits restent régénératrices. « Au cours de l'été au souffle embrasé, les joies de l'aurore ne seraient-elles pas au couchant, dès que reviennent les clémences de l'ombre bienfaisante impatiemment attendue ? » René Euloge - Pastorales Berbères 1930 -1932, Imprimerie Royale Casablanca, (pas de date d'édition, livre personnel) ; René Euloge se trompe un peu, l'aurore au Tadla reste le moment le plus agréable d'un séjour estival, au couchant les constructions et la terre rayonnent la chaleur accumulée le jour et cela parfois tard dans la nuit.
Si le « blé » reste présent sur de nombreuses surfaces agricoles, les dernières décennies se caractérisent par le remplacement des cultures céréalières par des vergers (orangers et autres agrumes, oliviers, amandiers, grenadiers) gourmands en eau et les nappes phréatiques souffrent sans parler de leur pollution par les nitrates (agriculture et absence de stations d'épuration des eaux usées) ; en promenade dans la campagne l'air est saturé du bruit des moteurs, fonctionnant au gaz pour la majorité - parfois à l'énergie électrique d'origine solaire -, des pompages pour irriguer ; les seguias d'antan sont sèches ainsi que les oueds sauf en de rares occasions.
L'auteur n'a, manifestement, jamais été à Kasba-Tadla ou alors sans lunettes ; il y voit un pont « portugais » à 17 (au lieu de 10) arches et un « monument » aux morts à 2 pylônes (au lieu de 4) ; de même on parle généralement de l'embranchement des routes de Fès et de Casablanca et non de « Fès et de Rabat ». « La ville ne compte aucun hôtel de tourisme », pour l'auteur, le minimum pour un « touriste », est l'hôtel 5 étoiles avec piscine et golf.
Ceci étant écrit, on trouve aujourd'hui sur Internet des descriptions plus affolante comme celle-ci (source, https://www.villes.co/maroc/ville_beni-mellal_23000.html) (consulté le 30/07/2019) :
Kasba Tadla
Kasba Tadla, dans la province de Beni Mellal, à seulement 33 km de Beni Mellal, compte une population d'environ 40.000 habitants. Les vestiges des murs qui entouraient et protégeaient la ville, sont parmi les plus anciens de la région. L'un des principaux attraits touristiques est la grande Kasba ou forteresse située en plein centre de la ville. La casbah de couleur rougeâtre domine le paysage de la ville de Kasba Tadla. Historiquement, les hommes observaient l'ennemi du haut des murs de la casbah pour défendre la ville en cas d'attaque. La casbah servait aussi de lieu de résidence pour les dirigeants. En plus de sa valeur symbolique, la construction d'une casbah était un signe de richesse de la famille dirigeante. La casbah abrite aujourd'hui un marché avec des étals qui offrent une variété de produits. Vous devrez vous attendre à une foule nombreuse le lundi parce que c'est la journée la plus fréquentée par les résidents pour faire leurs achats. Vous trouverez aussi dans cette ville un monument en l'honneur des quatre rois qui ont été enterrés dans la région.
Commentaire : une certaine capacité d'imagination ; en 1934 un plan de la ville de Kasba-Tadla situe le souk hebdomadaire en dehors de la casbah ; sur des cartes postales anciennes montrant souk et casbah on voit bien que la casbah n'abrite pas le marché ; aujourd'hui côté Est de la casbah, à l'extérieur de l'enceinte, s'étalent des marchands de biens d'occasion et cela depuis très longtemps ; enfin le monument, édifié après 1933, à la fin de la guerre dite de « pacification » par les français pour commémorer « l'œuvre du groupe mobile du Tadla » et « les 4 347 officiers, sous officiers, hommes de troupe, supplétifs et partisans tombés au cours des combats livrés, de 1912 à 1933, pour la pacification du Tadla ». Sur les traces glorieuses des pacificateurs du Maroc du Colonel L. Voinot, 1939, (disponibilité partielle sur books.google)
© Copyleft Q.T. le 14 mars 2020