Il s’agit du principal intérêt des grottes du Chaffaud et c’est ce qui fait sa célébrité.
La découverte précoce de l’os « aux Biches » a démontré, à l’époque de sa révélation, non seulement que l’Homme était contemporain d’animaux disparus, mais qu’il possédait déjà, en ces temps reculés, un sens artistique développé.
Il est difficile de citer toutes les gravures sur os ou sur pierre provenant des grottes du Chaffaud. Nous mentionnerons les plus significatives.
Cette plaquette calcaire a été trouvée par Gaillard de la Dionnerie. Le dessin est vraisemblablement de la main d’Édouard Lartet.
Elle représente deux files de chevaux se déplaçant vers la droite. La ligne de sol sous la rangée supérieure est bien marquée. La figuration de cette dernière est généralement caractéristique du Magdalénien final. Son ancienneté est certaine puisque les gravures sont en partie recouvertes par une croûte de calcite.
Cette oeuvre est malheureusement perdue.
Trouvée par Gaillard de la Dionnerie, cette lamelle osseuse est finement gravée pour représenter les écailles et les nageoires d’un poisson. Le contour en est découpé.
J. Airvaux l’attribue à la couche VII, du Magdalénien moyen.
Des objets similaires se retrouvent à cette époque dans les Pyrénées et en Cantabrie.
Découvert par Gaillard de la Dionnerie, entre 1864 et 1866, un bloc de brèche contient au moins une cinquantaine de dents de cerf perforées, D’autres dents isolées furent retrouvées plus tard, par tamisage, par A. de Longuemar. L’ensemble est déposé au Musée Ste-Croix de Poitiers. Ce sont des crochets, c’est à dire des canines avortées de cerfs mâles, tous perforés pour la plupart au niveau de la racine.
Il pourrait s’agir d’un collier, d’une coiffe ou d’une parure de vêtement. L’attribution chronologique reste incertaine : du Magdalénien moyen à l’Azilien.
Ces os gravés ont été trouvés en 1928 par M. Coquillaud dans la grotte Intermédiaire. Le premier représente une tête de bouquetin et l’autre une tête de cheval. Ils sont remarquables par la finesse des traits et la précision des détails. (Musée Sainte-Croix de Poitiers).
Trouvé par hasard dans les années 1980 sur les déblais de la grotte du Puits, un petit os gravé est resté longtemps chez celui qui l’a recueilli. Il l’a aimablement donné récemment au Musée de Civray, où il est exposé. On y voit la représentation d’un jeune animal suivant les pattes postérieures d’un adulte (sa mère ?). Ici encore, on est frappé par la finesse et la précision des traits : les détails de l’animal (museau, oeil, queue, poils…) sont figurés, bien en place, sur la surface d’un ongle : 1 cm sur 2 !
La face opposée représente les pattes postérieures, le ventre et une patte antérieure, traitées de la même manière.
Les extrémités des pieds, sur le rebord de l’os, sont en forme de bottes.
Cet objet provient des fouilles de Gaillard de la Dionnerie dans la grotte du Puits. Il a été retrouvé dans les réserves du musée de Poitiers par Jean Airvaux. Il s’agit d’un bâton en bois de renne, de 127 mm de longueur, portant des incisions transversales et deux gravures de vulves.
Il est possible de l’interpréter comme un calendrier du cycle féminin, mais il peut avoir une toute autre signification.
Cette plaquette de calcite a été trouvée lors des fouilles de Jean Airvaux de 1985. La gravure représente un cheval, dans le style du Magdalénien moyen.
La dernière découverte d’importance faite sur ce site est une plaque de calcite gravée recueillie par J.-M. Leuvrey dans les déblais devant la grotte du Puits. Il s’agit d’un bloc de plancher stalagmitique, d’une quarantaine de centimètres de côté et d’une vingtaine de centimètres d’épaisseur, dont l’une des surfaces porte des gravures, plus ou moins lisibles.
Il a été possible d’y voir huit représentations animales:
1) Une figuration de poulain, dont une partie de la tête a été fracturée, vraisemblablement lors des premières fouilles du XIXe siècle. On y reconnaît un très jeune poulain, avec peut-être encore son cordon ombilical, et également, comme dans le cas de la plaquette perdue décrite plus haut, une ligne de sol figurée, très rare dans l’art paléolithique.
2) Un cheval adulte, bien campé, les oreilles dressées et les narines dilatées, dont la posture évoque celle d’une jument surveillant son petit. Ici aussi, le sol a été figuré.
3) Un cervidé à la ramure imposante, sans œil, mais complet (inversé par rapport aux chevaux).
4 et 7) Des figurations animales indéterminées.
5) Une représentation partielle d’un cerf (tête et cou), soigneusement réalisée : l’œil, le larmier, la bouche. Les bois sont ébauchés.
6) Un avant-train de bouquetin, dont la région antérieure de la tête est traitée avec réalisme et exactitude anatomique.
8) Très hypothétique, on remarque une oreille et une ligne qui pourrait correspondre à une ligne de sol supportant le cervidé n° 3.
Airvaux attribue ces gravures au Magdalénien supérieur, et soupçonne que la crinière du cheval adulte aurait pu être peinte en noir.
Cette plaquette de calcite gravée a été trouvée à l’occasion des fouilles de J. Airvaux, en 1985. Celui-ci y voit, avec quelques réserves, au moins la figuration d’un corps féminin, sans tête, au sein proéminent, assise sur ses talons, et levant le bras gauche. Il s’agirait donc d’une des rares représentations humaines découvertes aux grottes du Chaffaud, similaires à celles, contemporaines, retrouvées en abondance dans les grottes de Lussac-les-Châteaux (groupe de Lussac – Angles).
Les incisives de cheval ont été parfois gravées de traits fins, figurant le triangle pubien féminin. Il s’agit d’objets caractéristiques de la culture de Lussac-Angles, au Magdalénien.
(Documentation, rédaction et infographie : Alain TEXIER)