« T’es vraiment radin ! »
Non.
Le radin est avare par mesquinerie, ou par amour de l’argent.
Le frugaliste considère l’argent comme un outil. Il l’utilise avec rationalité, avec circonspection, pour servir un objectif de libération.
« L’argent ne fait pas le bonheur ; être rentier ne le garantit pas non plus ».
C’est vrai.
Mais être rentier libère du temps et de l’énergie pour trouver sa voie.
« On ne peut pas avoir le beurre et l’argent du beurre : on ne peut pas rechercher FIRE et jouir de la société de consommation comme les autres ».
C’est vrai.
Mais le bonheur peut être trouvé en dehors de la société de consommation.
De plus, le conformisme (être « comme les autres ») est-il un but valable dans l’existence ?
« Et ta retraite ? On ne peut pas arrêter de bosser à 40 ou 50 ans et toucher une pension à taux plein ».
C’est vrai.
Mais le rentier, une fois qu’il a atteint l’âge légal de la retraite, bénéficie encore des fruits de son patrimoine (si il a respecté le taux de retrait maximum de 4 % par an...). La maigre pension qu’il perçoit n’est que la cerise sur le gâteau.
« Donc, tu es anticapitaliste ? »
Non.
Le capitalisme est basé sur la propriété privée et sur la rémunération du capital.
Le frugalisme aussi.
Le frugaliste ne peut donc pas être anticapitaliste ; sauf à scier la branche sur laquelle il est assis.
« Donc, tu es complice du capitalisme néo-libéral qui détruit la planète et asservit les ouvriers des pays pauvres ? »
Oui et non.
Oui, comme n’importe quel consommateur vivant en France, pays capitaliste dont l’économie est intégrée à la mondialisation.
Oui, comme n’importe quel détenteur d’un compte bancaire en France, pays capitaliste intégré au système financier international.
Non, car le frugaliste a une empreinte écologique très faible (pour un habitant d’un pays développé) ; beaucoup plus faible que celle d’un pseudo-écolo qui circule en SUV électrique (greenwashing), achète des produits bio venus d’Amérique latine, et qui prend l’avion pour découvrir des « territoires préservés » pendant ses vacances à l’étranger.
Et non, car le frugaliste favorise, par son action individuelle, l’émergence d’un autre capitalisme : un capitalisme dont le but est la satisfaction des besoins naturels et nécessaires (cf Epicure) avec le minimum d’efforts et le minimum d’impact écologique.