Divisons la méthode FIRE (Financial Independence – Retire Early ; Indépendance Financière – Retraite Précoce) en 8 étapes.
La façon la plus simple et la plus fiable de réaliser cette estimation est d’inscrire sur un registre toutes vos dépenses, jour après jour, en les classant par poste : alimentation, logement (loyer ou charges de copropriété, énergie, eau, maintenance, etc), santé, transport, habillement, télécommunications, assurances, fiscalité, vie sociale ou loisirs, éventuellement remboursement d’emprunt.
Si vous collectez ces données de manière rigoureuse pendant au moins six mois consécutifs, vous pouvez calculer la moyenne mensuelle de vos dépenses ; et en tirer le montant annuel.
Plus le montant de vos dépenses annuelles est bas, plus le projet FIRE est accessible (comme le met en évidence l’étape n°3) car vous pourrez investir une somme significative chaque mois.
Faites le tri entre les dépenses nécessaires, qui sont à rationaliser, et les dépenses superflues, à éliminer ou à réduire de façon drastique.
Exemples de très coûteuses habitudes à abandonner :
- fumer, vapoter, ou mâchouiller du chewing-gum à longueur de journée
- faire vos courses au supermarché sans regarder les prix, ni les dates de péremption
- manger de la viande ou du poisson tous les jours
- utiliser systématiquement un véhicule motorisé pour les déplacements de courte distance
- acheter des objets simplement pour suivre la mode, ou simplement pour vous faire plaisir parce que la journée a été difficile
- acheter un produit d’une marque connue, en croyant que le prix élevé est gage de qualité, alors qu’il s’explique simplement par le coût des campagnes publicitaires
- acheter un café, une canette de soda ou un paquet de biscuits dans un distributeur automatique (prix exorbitants)
- acheter un magazine sans intérêt, juste pour passer le temps
- acheter un livre neuf 15 €, alors qu’on peut le trouver d’occasion à 2€ ou le lire gratuitement (en l’empruntant dans une médiathèque municipale)
- consacrer plus de 10 % de vos revenus aux loisirs (sorties, week-end, vacances, etc)
- croire à la chance, miser, et faire la fortune ... de la Française des Jeux (tirage ou grattage)
- payer des frais bancaires élevés, notamment des agios sanctionnant un découvert
- souscrire un crédit à la consommation pour acheter des objets dont vous n’avez pas vraiment besoin, ou pour partir en vacances.
Exemples d’habitudes frugales à adopter :
- attendez une période de soldes pour effectuer vos achats d’équipements indispensables
- sauf urgence, n’achetez un objet que quand vous pouvez le payer comptant (sans crédit à la consommation)
- avant d’acheter un objet pas vraiment utile, calculez combien de temps vous avez dû travailler pour le payer, et posez-vous la question « Est-ce que ça vaut vraiment x heures de ma vie ? » (cf « Your Money or Your Life » par Joe Dominguez et Vicki Robin)
- profitez de tous les plaisirs gratuits (promenade dans un jardin public, visite gratuite d’un musée, emprunt de produits culturels dans une médiathèque municipale, méditation, etc)
- informez-vous sur les investissements, pour ne plus dépendre de « conseillers en gestion de patrimoine » cherchant à vous faire payer le plus de frais possible. L’indépendance financière passe par l’autonomie cognitive, la capacité à acquérir par soi-même les connaissances.
Quelques actes concrets à réaliser –si possible :
- résiliez vos abonnements inutiles (par exemple celui pour le magazine hebdomadaire que vous n’avez jamais le temps de lire, ou le forfait illimité pour la salle de sport où vous n’allez que 3 fois par an, etc)
- si votre banque prélève des frais pour gestion de compte et mise à disposition d’une carte bancaire, quittez-la. Devenez client d’une banque en ligne offrant compte et carte Gold pour zéro euro par an.
- vendez votre voiture (qui vous coûte 200 à 300 € chaque mois en frais courants). Déplacez-vous à pied et en transport en commun (voire à vélo si votre territoire est équipé de pistes cyclables sécurisées)
- les frais liés au logement constituent sans doute votre premier poste de dépense. Vérifiez que ce logement n’est pas surdimensionné (d’une superficie excessive par rapport à vos besoins). Si c’est le cas, essayer de trouver plus petit, et de préférence plus proche de votre lieu de travail (pour vous y rendre à pied).
■ Selon Joe Dominguez (dans « Your Money or Your Life » ; « La bourse ou la vie ? »), vous devez accumuler un patrimoine suffisant pour que vos dépenses annuelles soient complètement couvertes par vos revenus passifs (revenus issus de vos placements immobiliers ou mobiliers).
Exemple n°1 : vous dépensez en moyenne 1 250 € par mois (environ 1 SMIC net). Si vous investissez dans l’immobilier locatif, vous pourrez devenir rentier quand le montant net des loyers que vous percevez -après paiement des charges de copropriété, des taxes foncières et de l’impôt sur les revenus fonciers- dépasse 1 250 € par mois.
En fonction de l’état du marché immobilier dans la ville où vous investissez et en fonction du type de bien que vous louez, le capital à investir est très variable. Cependant on peut avancer que dans tous les cas il doit dépasser 400 000 €.
■ Selon d’autres théoriciens du frugalisme, vous devez accumuler un patrimoine tel que le montant annuel de vos dépenses ne représente que 4 % de votre capital. C’est ce que les adeptes de la méthode FIRE appellent « la règle des 4 % ».
Exemple n°2 : vous dépensez en moyenne 1 250 € par mois (environ 1 SMIC net), soit 15 000 € par an. Vous pouvez démissionner à partir du moment où vous avez accumulé un patrimoine de 375 000 €.
[15 000 X 100] / 4 = 15 000 X 25 = 375 000
Nota Bene : « la règle des 4 % » est basée sur une étude réalisée par des économistes étatsuniens ayant pris en compte des données de la période 1926-2009. Depuis 2009, les taux d’intérêt des placements obligataires ont baissé...
■ Pour déterminer le montant du patrimoine à atteindre, une dernière méthode prend en compte trois éléments : les dépenses de l’individu, l’âge auquel il veut devenir rentier, et son espérance de vie à cet âge.
Exemple n°3 : vous dépensez en moyenne 1 250 € par mois (environ 1 SMIC net), soit 15 000 € par an. Vous voulez devenir rentier à 50 ans, et espérez vivre jusqu’à 90 ans. Si on considère que les intérêts de votre capital et la maigre pension de retraite que vous percevrez à partir de 64 ans compenseront l’inflation et les dépenses nouvelles liées au vieillissement, vous avez besoin de 600 000 € pour subvenir à vos besoins pendant 40 années.
90 – 50 = 40 ans
15 000 X 40 = 600 000 €
■ IMPORTANT : au moment de l’estimation du capital nécessaire, il vaut mieux « voir large », ajouter une marge de sécurité destinée à financer les dépenses imprévues mais indispensables (par exemple travaux dans le logement).
Selon les exemples 1,2 et 3, si vous dépensez en moyenne 1 250 € par mois, vous avez donc besoin d’un patrimoine situé entre 375 000 € et 600 000 € pour terminer votre vie en étant rentier.
Par conséquent, si vous dépensez en moyenne 2 500 € par mois, vous avez besoin d’un patrimoine situé entre 750 000 € et 1,2 million d’euros.
Les sommes sont considérables. Vous avez pris conscience du défi que représente la stratégie FIRE. Mettre de côté 200 € par mois pendant 5 ans ne suffira pas à constituer le patrimoine nécessaire ; sauf à dénicher un placement offrant un taux de rentabilité inouï (et un niveau de risque également inouï...).
■ L’auteur de ce site Internet est devenu rentier frugal à l’âge de 50 ans, après avoir investi des sommes croissantes (en fonction de l’augmentation de son salaire) : de 300 € par mois en début de carrière (soit un taux d’épargne d’environ 25 % du salaire) à 1 500 € par mois pendant les deux années précédant sa démission (soit un taux d’épargne d’environ 60 % du salaire). Son patrimoine a atteint le montant voulu au bout de 26 ans.
■ Et pour vous ?
On peut trouver sur Internet des simulateurs (utilisant la « règle des 4 % ») qui calculent, de façon personnalisée, la durée d’épargne nécessaire pour devenir rentier.
Les critères à paramétrer sont : l’âge, le revenu annuel (annual income), le montant annuel des dépenses (annual expenses), la valeur du patrimoine déjà constitué (current investment portfolio / current net worth), le taux de rentabilité annuel des investissements (investment rate of return).
En somme, devenez un écureuil préparant son stock de noisettes avant l’hiver
ATTENTION
Les commentaires ci-dessous ne constituent pas des conseils en gestion de patrimoine émis par un professionnel du secteur financier.
Ils sont uniquement destinés à nourrir la réflexion personnelle des lecteurs, et n’engagent en aucun cas la responsabilité de leur auteur.
Avant de choisir tel ou tel investissement, posez-vous les questions suivantes :
- où va mon argent ? Ce placement est-il en accord avec mon éthique ? [ Dans le cadre d’une assurance-vie, vous pouvez privilégier les fonds labellisés ISR (Investissement Socialement Responsable) utilisant des critères ESG (Environnementaux, Sociaux et de Gouvernance) ; même si ces fonds comportent une part de Greenwashing ...]
- quelle est la durée de placement recommandée ?
- quel est le rendement attendu ?
- quelle est la fiscalité qui s’applique sur les intérêts, les dividendes ou les plus-values ?
- quel est le risque de perte en capital ?
- ce niveau de risque est-il acceptable pour moi ?
Evoquons les placements les plus courants - en précisant, une nouvelle fois, que les propos ci-dessous ne constituent pas des conseils fournis par un professionnel de la finance, mais sont des commentaires subjectifs émis par un amateur éclairé.
■ Livret A et LDDS (Livret Développement Durable et Solidaire) :
- appréciables car les intérêts sont exonérés de prélèvements sociaux et d'impôt sur le revenu
- utiles pour disposer de liquidités protégées (imparfaitement) des effets de l’inflation
- MAIS très insuffisants pour l’objectif FIRE, tant au niveau du montant placé (plafonds de versement pas très élevés) qu’au niveau du rendement (0,50 % en 2021).
■ Assurance-vie, surnommée « le placement préféré des Français » :
- pas de plafond de versement
- intérêts soumis aux prélèvements sociaux et à l’impôt sur le revenu, mais avantages fiscaux pour les contrats ayant plus de 8 ans. Vous avez donc intérêt à souscrire le plus tôt possible ...
- avec un contrat multisupport, possibilité de verser sur un « Fonds en euros » très peu risqué (capital garanti) et sur des UC (Unités de Compte ; par exemple Fonds en actions) potentiellement plus rémunératrices mais comportant un risque de perte en capital
- comparez les offres avant de souscrire un contrat. Les banques ou assureurs traditionnels prélèvent des frais sur versement exorbitants (jusqu’à 4 % du montant versé) et des frais sur les arbitrages. Au contraire, certaines banques en ligne proposent des frais (sur versement et arbitrage) à 0 %.
- au moment de choisir un Fonds en UC (avec risque de perte en capital), n’oubliez pas de comparer les taux de frais courants (plus ces frais sont élevés, plus le taux de rentabilité risque d’en pâtir). Sur ce point, les ETF (Exchange Traded Funds), appelés aussi Trackers, présentent les taux de frais les plus compétitifs (nettement inférieurs à 1 % ; car ce sont des Fonds à « gestion passive »).
■ PEA (Plan d’Epargne en Actions) en version classique ou en version PEA-PME :
- plafond de versement élevé
- les revenus sont soumis aux prélèvements sociaux, mais bénéficient d’avantages fiscaux après 5 ans de détention du PEA
- avant de choisir un PEA, informez-vous sur les frais de courtage et les droits de garde
- si vous pensez échapper aux commissions en investissant sur les marchés boursiers via une plateforme en ligne de « trading social », lisez attentivement les longs et complexes documents contractuels (« D’autres frais peuvent s’appliquer.... D’autres actions sont proposées sous forme de dérivés et entraînent une commission.... »).
■ Immobilier locatif :
- la sécurité de la « pierre »
- possibilité de profiter – temporairement et sous conditions- de certains dispositifs de défiscalisation
- génère des revenus réguliers (loyers) et laisse espérer une plus-value lors de la revente
MAIS
- une rentabilité fortement dégradée par de nombreux frais (taxe foncière, impôt sur les revenus fonciers, charges de copropriété non récupérables, travaux de maintenance, assurance bailleur, assurance contre les impayés, diagnostics techniques ...)
- beaucoup de soucis (sinistre, locataire mauvais payeur ou qui dégrade votre bien...)
- beaucoup de travail (faire visiter un logement à louer, réaliser l’état des lieux d’entrée puis celui de sortie, calculer la répartition des charges, établir les quittances ...) ; sauf si vous confiez la gestion locative à une agence spécialisée, en échange de 10 % du montant du loyer ...
- pour investir dans l’immobilier sans les soucis de l’immobilier, vous pouvez opter pour la « pierre papier » avec une SCPI (Société Civile de Placement Immobilier) ou un OPCI (Organisme de Placement Collectif Immobilier). Mais les frais courants peuvent être élevés...
■ L’or :
- considéré comme LA valeur refuge
MAIS
- conserver des lingots ou des pièces (« or physique ») chez soi expose au risque de vol
- ne génère aucun revenu. Le rendement potentiel repose uniquement sur la plus-value lors de la revente.
- possibilité d’opter pour l’ « or papier » (actions de sociétés qui exploitent des mines d'or, ou produits dérivés répliquant la performance du cours de l'once d'or ; avec un risque de perte en capital).
■ Crypto-actifs (par exemple Bitcoin) :
- un investissement innovant, et à la mode
MAIS
- une très forte volatilité (on peut gagner beaucoup, ou perdre beaucoup ...)
- un système complexe non soumis aux organismes de contrôle institutionnels.
■ Antiquités et oeuvres d’art : seulement pour les experts
■ Parmi ces placements choisissez ceux qui correspondent le mieux à votre personnalité et à votre expérience. Et n’oubliez pas : « Il ne faut pas mettre tous ses oeufs dans le même panier ». Veillez à diversifier vos investissements et les niveaux de risque.
IMPORTANT
Si au cours de cette étape vous réalisez qu’épargner implique des sacrifices trop importants, faites une pause, et vérifiez que la stratégie FIRE est adaptée à votre cas particulier.
Même remarque si vous sentez que renoncer à la société de consommation vous déprime de façon inquiétante.
La rupture conventionnelle permet à l'employeur et au salarié en CDI (y compris au fonctionnaire) de convenir d'un commun accord des conditions de la rupture du contrat de travail qui les lie. Le salarié qui signe une rupture conventionnelle validée perçoit une indemnité spécifique. Le calcul de cette indemnité varie en fonction de la rémunération du salarié et de son ancienneté dans l’entreprise (ou dans la Fonction Publique).
En France depuis 2016, la Protection Universelle Maladie (Puma) garantit à toute personne résidant en France de manière stable et régulière un droit à la prise en charge de ses frais de santé.
Il faudra toutefois prévoir de conserver (ou de souscrire) un contrat de Complémentaire Santé.
Une fois rentier, ne contemplez pas votre patrimoine (de plusieurs centaines de milliers d’euros) en vous exclamant : « Waouh ! Je vais pouvoir me lâcher : vêtements de luxe, voiture de sport, voyages, etc ».
N’oubliez pas le calcul réalisé à l’étape n°3. Vous n’êtes pas riche. Vous avez juste suffisamment d’argent pour vivre sans travailler pendant quelques décennies – à condition de vivre de façon frugale.
De plus, le frugalisme est –aussi- fondé sur une réticence à participer à la société de consommation ...
Une fois rentier, ne devenez pas oisif ; sinon l’ennui et la déprime vous guettent.
Si vous avez envie d’enrichir votre vie sociale ou de continuer à être utile à la collectivité, vous pouvez vous tourner vers le bénévolat associatif ou le travail à temps très partiel.
L’indépendance financière vous permet de réellement choisir cette activité et la durée pendant laquelle vous l’exercez chaque semaine ; de choisir indépendamment de la rémunération.