Didactique de la C.O.

De la recherche de la balise à la conception de son cheminement.

Une APSA particulière

Si la course d'orientation est une activité d'une grande richesse pédagogique., c'est aussi une des rares activités où l'élève n'est pas sous la supervision de l'enseignant à tout moment. L'apprentissage est donc le plus souvent fait à priori avec la conception de la tâche mais aussi à posteriori avec l'analyse des retours des élèves. Cependant l'enseignant a assez peu de prise sur ce que fait l'élève quand il part sur la zone bien que désormais des outils nous permettent de mieux cerner cette zone grise de notre enseignement. Il faut donc prévoir, et anticiper, l'utilisation des outils et des repères vous permettant de quantifier et d'apprécier les progressions de vos élèves. Il est encore plus nécessaire que les élèves comprennent et s'approprient ces repères afin qu'ils se situent eux-même dans leurs apprentissages.

De fait, la conception et la préparation des séance demande beaucoup de temps et l'analyse/bilan des séances encore plus. Le temps de pose et de récupération des balises est aussi très chronophage. La course d'orientation est une activité qui demande donc beaucoup de temps à l'enseignant d'EPS. Il est cependant très gratifiant d'apprendre à nos élèves à s'orienter et à construire un déplacement.

Tout ceci fait de la course d'orientation une activité passionnante mais exigeante à enseigner.

De la chasse au trésor....

Pour l'élève débutant, la course d'orientation c'est tout d'abord trouver les balises. Et plus ils sont jeunes, plus c'est prégnant dans leurs attitudes. Loin d'être un problème en soit, il est nécessaire de ne pas rester sur cette représentation assez restrictive de l'activité. Malgré tout, c'est une porte d'entrée dans l'activité qui est intéressante et motivante pour nos élèves. Dans cette approche il est possible d'aborder toutes les notions importantes de la CO : Lecture de carte, connaissance des légende, appréhension de la notion d'échelle, points d'appuis/d'attaque/d'arrêt,...

... à la conception d’itinéraire

Plus l'élève progresse, plus nous devons l'amener à réfléchir à la création d'un cheminement le plus efficient possible. La recherche des balises devient de plus en plus accessoire. C'est la façon d'aller d'un point à un autre qui devient l’enjeu majeur de l'enseignement. Il faut faire prendre conscience à l'élève que c'est l'adéquation entre ses choix d'itinéraire et ses capacités de coureur/orienteur qui rendront son parcours efficace ou non.

Soit une évolution en 3 étapes :

Un élève passe par 3 phases lors de son apprentissage. Ces étapes représentent aussi une évolution de l'apprentissage ou de l'enseignement avec des situations proposées aux élèves lui permettant de progresser.

Étape 1 "Le prospecteur" : Cette première phase se caractérise par un élève qui évolue assez lentement et une utilisation de la carte marginale. La recherche se fait surtout visuellement sur la zone et le but de l'élève est de trouver les balises. Il considère avoir réussi la tâche quand il a trouvé la balise. Ça reste une étape importante à franchir. Des situations de type course en étoile, des course en étoile à branche multiple ou des parcours jalonnés permettent de faire progresser les élèves. C'est lors de cette étape qu'il est nécessaire d'aborder les bases de la CO. Ces notions essentielles (légende, échelle, POP,... ) seront nécessaires à l'élève pour la suite de son apprentissage. Il faut amener l'élève à prendre conscience de l'utilité de la carte et à son utilisation durant son cheminement.

Étape 2 "Le randonneur orienté" : Assez rapidement l'élève prend conscience que ce qui est important en course d'orientation ce n'est pas le but (la balise) mais le chemin qui y mène. Cependant le focus reste sur la réussite du cheminement plus que sur son efficacité. L'élève considère qu'il à réussi la tâche quand il à réussi à suivre son itinéraire, ne s'est pas perdu. La vitesse d'évolution reste encore marginale et ne représente pas l'objectif principal de l'élève. Il faut amener les élèves à construire des chemins entre les postes qui soient le plus pertinent possible. Les notions de points d'appui, points d'attaque, points d'arrêt sont ici essentielles. L'utilisation de la carte avant le cheminement doit devenir un impératif. Des situations de type course en boucle ou papillon, des circuit à tiroir seront très pertinentes dans ce cas. Il est essentiel de proposer aux élèves des choix dans leurs cheminements. Que ces choix soient explicites ou non, les itinéraires proposés doivent être multiples et toujours présenter des différences significatives dans le résultat.

Étape 3 "Le coureur orienteur" : Lors de cette étape l'élève va de plus en plus chercher à rendre son cheminement efficace. Le temps de course et la vitesse deviennent ici le cœur de l'activité. La recherche de balise est devenue accessoire, ce qui compte c'est le temps mis à effectuer le cheminement. L'élève considère qu'il a réussi la tâche quand il pointe les balises dans le temps le plus court possible. De fait, le construction d'un itinéraire adapté à ses capacités devient essentielle. L’élève doit réussir à anticiper les difficulté du terrain en utilisant la carte et faire des choix de parcours pertinents. Des courses aux points, des parcours libres ou des courses défis sont très intéressante pour faire progresser les élèves.

Quelques notions et vocabulaire.

Comme toute APSA, la course d'orientation possède son langage et ses définitions. Bref des connaissances que l'élève doit acquérir durant votre cycle d'apprentissage.

La Légende : C'est la base de la carte. Tout d'abord il semble impératif de travailler avec une carte en couleur. La couleur à un sens primordial en CO. Le vert représente la végétation, le bleu l’élément liquide, le marron les mouvements de terrain, le noir les artefacts artificiels, le jaune les lieux à ciel découvert, le blanc une forêt. La connaissance de ce code couleur est essentielle pour lire la carte et anticiper son déplacement.

L'échelle : L'autre élément essentiel de la carte. Sa connaissance, mais surtout son utilisation, permettront à l'élève d'adapter son allure à la distance de course et d'anticiper un temps de course avant d'utiliser un point d'appui ou d'attaque.

Le poste : C'est le lieu où se situe la balise. C'est le poste qui est indiqué sur la carte. Il existe aussi sur la carte un définition du poste qui est une légende spécifique qui "explique" où est exactement posé la balise sur ce poste.

La balise : C'est l'objet qui est sur le poste. C'est ce que l'élève va chercher. Qu'elle soit fixe ou mobile, elle est, par convention, de couleur orange et blanche.

POP : Pouce, Orienter, Plié. C'est une technique de base en CO. On pose le pouce sur la carte de l'endroit d'où l'on part (pour ne pas le perdre), on oriente la carte dans le sens de la course et on plie la carte pour ne garder sous les yeux que les informations essentielles à son déplacement. C'est la meilleure technique pour évoluer rapidement et en sûreté dans la zone d'évolution.

Points d'... : Autre technique essentielle de CO, définir des points spécifiques et reconnaissables (croisement, butte, arbre, fontaine,...) qui serviront de phare dans son déplacement.

  • Le point d'appui sert à jalonner son déplacement entre deux balises. Le mieux est de changer l'emplacement du pouce à chaque point d'appui pour s'assurer du bon déroulement de son déplacement. Il permet de s'assurer que l'on est sur le bon chemin

  • Le point d'attaque permet de commencer la recherche du poste. La course se ralentie à l'arrivé sur ce point et il représente le début de la recherche de la balise.

  • Le point d'arrêt permet de limiter la perte de temps si on rate son point d'attaque. Si j'arrive au point d'arrêt c'est que je suis trop loin, il faut faire demi-tour et reprendre sa course au bon endroit.

La RK (Réduction Kilométrique) : C'est l'unité de vitesse de la CO. Elle se calcule avec la distance parcourue en vol d'oiseau et le temps de parcours. Par convention elle s'exprime en min/km soit en allure de course. Cependant les élèves en ont une meilleure compréhension quand on l'exprime en km/h. Une RK de 10 mn/km (6 km/h) représente un objectif difficile pour des élèves de 6e /5e et reste atteignable en 4e/3e.

Lignes directrices : Ce sont des chemins que l'on va suivre pour se déplacer. On peut aussi parler de mains courantes. En fonction du niveau des élèves ces lignes directrices seront plus ou moins fines. Des chemins, des sentiers, des limites de végétation, des lignes de niveau, un mur, ... sont autant de possibilités.

Sauts de ligne : Si on change généralement de ligne directrice à leurs croisement, on peut sauter d'une ligne à l'autre pour gagner en efficacité. Plus l'élève progresse, plus les sauts sont pertinents et efficaces.

Jardiner/Piocher/... : Termes peu flatteurs qui signifient que le coureur cherche et perd beaucoup de temps sur le parcours. Assez difficile à appréhender chez les élèves, les outils numériques permettent de mieux cerner les moments d’errances des élèves et les zones qui leur posent problème.

Règles de sécurité

La sécurité et sa gestion sont une part non négligeable de la préparation d'un cycle de CO. C'est aussi un questionnement majeur des élèves, des parents et de vos directions. Des questions à ce sujet sont inévitables et il est important d'y répondre avec professionnalisme. Agir en bon père de famille reste une norme et faire preuve de bon sens un impératif. Ne jamais négliger la peur des élèves (et des parents) qui est légitime bien que pas nécessairement objective.

Les APPN possèdent un carde législatif qu'il faut respecter. De plus chaque établissement doit éditer un protocole pour chaque APPN qu'il pratique en s'inspirant du cadre académique. Vous trouverez ici un exemple issue du périmètre de Caen.

Malgré tout quelques principes de base permettent une pratique en sécurité pour vos élèves mais aussi pour vous :

  • Circonscrire la zone : Votre zone de travail doit être délimitée par des lignes franches et très visibles. Un tour de la zone avec les élèves est un gros plus. En tout état de cause, il faut être très clair sur ces limites et le respect de celles-ci.

  • Le temps de retour : Dés le début du cycle, la notion d'heure de retour ou de temps de course maximal doit être posé. Tout non respect de cette limite est à considérer comme une grosse erreur. Définir une heure limite de retour pour la fin du cours est aussi très important. Il semble nécessaire que chaque élève est accès à l'heure ou un temps de course. Une valise de chrono est donc une bonne aide en CO. Un sifflet ou une corne de brume permet de sonner le rappel en fin de séance.

  • Avertir en cas de problème : Il faut mettre en place avec vos élèves un protocole de signalement en cas de soucis. Le téléphone portable peut être une aide précieuse dans ce cas. A défaut, fournir un sifflet à chaque élève est un gage de sécurité. Par principe, si un élève se blesse, un autre reste avec lui pendant qu'un troisième prévient le prof. Celui-ci doit laisser quelqu'un au point prof pour accueillir les autres élèves pendant qu'il intervient sur le blessé. Anticiper l'accès de secours à votre zone de travail doit faire parti de vos réflexions lors du choix de celle-ci.

  • Seul ou en groupe : Une question récurrente en CO. Le choix vous appartient. En groupe l'élève se sent plus en sécurité. Tout seul il travaille certainement un peu mieux. Au vu de la taille souvent restreinte de nos zones, même en solo, un élève n'est jamais vraiment seul et croise beaucoup d'autres élèves. A voir en fonction de vos profils d'élève et de vos propres aspirations.

  • Le "Qui fait quoi" : En plus d'être un outils pédagogique intéressant un "kifékoi" est un impératif sécuritaire. Vous DEVEZ savoir sur quels parcours sont vos élèves et depuis quand ils y sont. Ça permet de repérer assez vite les groupes qui traînent mais aussi dans quelle zone ils sont sensés être si vous les cherchez. Un kifékoi bien construit permet aussi de repérer rapidement si tous les groupes sont rentrés en fin de séance. Il est évident qu'un comptage des élèves est obligatoire afin de quitter la zone. Nous vous proposons des kifékoi numériques qui rempliront parfaitement ce rôle.