Ecole royale militaire

Pendant les XVI et XVIIèmes siècles, l’instruction des futurs officiers demeure une affaire privée. Le maintien des armes et l’équitation s’apprennent au sein de la famille ou dans quelques « académies » réputées. A la fin du XVIIème siècle, l’Etat intervient dans deux domaines. D’une part Louvois fait établir neuf compagnies de 400-420 cadets gentilshommes dans des places-fortes, où on leur apprend le métier des armes ; mais l’expérience se solde par un échec (1696), tout comme celles qui sont à nouveau tentées au XVIIIème siècle (de 1726 à 1733 et en 1777). D’autre part, le gouvernement royal se préoccupe de fournir aux armes savantes les techniciens dont elles ont besoin : écoles d’artillerie en 1722, école spéciale d’artillerie ouverte à La Fère en 1719 puis à Bapaume en 1756, école du génie à Mézières en 1748. En 1751, sous l’influence conjointe du financier Pâris-Duverney et de Mme de Pompadour, Louis XV crée l’école royale militaire de Paris. Destinée tout autant à former les officiers qu’à aider la noblesse pauvre, elle accueille 500 jeunes gentilshommes, sur une preuve de quatre degrés de noblesse paternelle, pour un enseignement qui doit durer quatre ans et qui insiste sur les disciplines nécessaires à un bon officier (mathématiques, physique, géographie, dessin et fortifications). Les premiers élèves sont d’âge et de niveau très divers : de 8 à 18 ou 20 ans, et beaucoup d’analphabètes. Aussi, malgré une discipline très sévère, les résultats ne sont guère probants. La nécessité d’un enseignement préparatoire se fait rapidement sentir. C’est pourquoi le collège de La Flèche se trouve libéré à la suite de l’expulsion des jésuites du territoire de France par Louis XV. Ce collège est transformé en école militaire préparatoire et ce système est complété par l’ordonnance de 1776 émit par Louis XVI qui fait annexer des écoles militaires à douze collèges religieux traditionnels (Auxerre, Beaumont-en Auge, Brienne, Effiat, La Flèche, Pont-à-Mousson, Pontlevoy, Rebais, Sorèze, Thiron, Tournon et Vendôme). Les élèves sont principalement issus de la noblesse provinciale et de la bourgeoisie aisée, ce qui prépare, dans une certaine mesure, la fusion des élites de la naissance et de la fortune, dans un moule éminemment aristocratique.