Brève conférence à la suite de la vision d’un film documentaire qui trace l’histoire du Monte Verità / Maurizio Binaghi / maurizio.binaghi@edu.ti.ch
Maurizio Binaghi a étudié l’histoire et la littérature italienne à l’Université de Fribourg (Suisse). Après avoir obtenu son diplôme, il a travaillé comme assistant à la chaire d’histoire contemporaine de l’université. Il enseigne actuellement l’histoire au Lycée cantonal de Lugano 1, est expert pour l’enseignement de l’histoire dans les écoles obligatoires du canton du Tessin et est président de l’Association tessinoise des professeurs d’histoire (www.atistoria.ch).
Ses études se concentrent principalement sur l’histoire contemporaine et le droit d’asile. Parmi ses publications, citons "Addio, Lugano bella. Gli esuli politici nella Svizzera italiana di fine Ottocento (1866-1895)” (Dadò) et, avec Roberto Sala, "La Tentation du sabre. La Suisse, l'Italie et le Canton du Tessin de l'âge des Empires à la Grande Guerre (1870-1918)" (Slatkine).
Conférences / Philippe Meirieu / philippe.meirieu@orange.fr
Philippe Meirieu a été professeur de philosophie au lycée, instituteur en classe unique, professeur de lettres au collège, puis professeur d'université au département des sciences de l'éducation à Lyon-II. Il a aussi été directeur de l'Institut national de recherche pédagogique et de l'Institut universitaire de formation des maîtres de Lyon. En tant que chercheur, Philippe Meirieu défend une vision rigoureuse des méthodes actives et de la pédagogie différenciée, tout en s'interrogeant sur la place de l'éthique dans la réflexion pédagogique et le rôle de l'école dans la création du lien social. Dans son parcours, Philippe Meirieu a toujours tenté d'associer la recherche fondamentale et l'engagement citoyen.
« Nul n’éduque sans un projet sur l’homme et la société et il est probable que tout éducateur a, explicitement ou implicitement, une utopie de référence… Il existe d’ailleurs, dans la littérature, de nombreux textes qui proposent des utopies éducatives : de La République de Platon aux ouvrages et films de science-fiction, on trouve une multitude de projets utopiques sur « l’éducation parfaite » ou, au contraire, de dystopies sur une éducation réduite à un dressage robotisé. Il est d’ailleurs parfois difficile de distinguer clairement ces deux versants des utopies éducatives : comment se situer face à des projets de société idéale où la perfection de l’organisation suppose une éducation qui « trie et sélectionne » systématiquement les individus ? Et, a contrario, comment se situer au regard des projets d’utopies totalement libertaires qui négligent la nécessité d’institutions sociales stabilisées ? Quelle voie proposer entre les « utopies fermées », qui renvoient à l’« éducation parfaite » du Meilleur des Mondes et les « utopies ouvertes » qui laissent à penser que toute institution, voire toute contrainte, serait contraire à l’idéal éducatif ? Nous tenterons de montrer que, si l’éducation a besoin d’utopie, c’est d’une utopie qui échappe à ces deux dérives et permet, tout en acceptant les nécessités du « faire avec », de tracer une voie d’avenir et d’impulser des dynamiques. Nous nous demanderons de quelle éthique et de quels dispositifs cette utopie-là a besoin. Et nous tenterons de dégager, sinon, une « méthode » unique de travail, du moins des repères pour avancer ensemble.
Nous faisons l’hypothèse, en effet, que la réflexion sur le rôle, la place et la fonction de l’utopie en éducation permet aux professionnel.le.s de l’éducation de mieux comprendre les enjeux de « ce qu’ils fabriquent » au quotidien. Nous voulons contribuer à aider ces professionnel.le.s à être lucides sur ce qui les meut, non seulement dans leurs déclarations théoriques mais aussi dans les modèles qui sous-tendent leurs dispositifs de formation et organisations pédagogiques. Nous proposons donc d’effectuer d’abord un détour littéraire, historique et philosophique sur les utopies afin de bien percevoir les enjeux de la pensée utopique, sa nécessité mais aussi les dangers qu’elle nous fait courir. Loin de nous limiter à une information sur la question, nous effectuerons des allers-retours permanents entre des apports et découvertes, d’une part, et des interrogations sur les pratiques éducatives contemporaines, d’autre part.
Les différentes interventions de cette formation devraient ainsi permettre aux participant.e.s de mieux identifier les principes qui les animent et de mieux interroger les propositions qu’ils font. Il s’agira, à l’occasion de mes différentes prises de parole, de travailler ensemble afin de repenser nos pratiques de manière plus lucide et critique et, simultanément, de renouveler notre investissement dans l’action.