🎬 Le cinĂ©ma italien prĂ©sente de nombreuses facettes. Au fil des dĂ©cennies, il a su se renouveler et marquer chaque gĂ©nĂ©ration. 

Le cinĂ©ma italien, c’est d’abord des rĂ©alisateurs mythiques, mais aussi des acteurs et actrices qui sont bien souvent devenus de vĂ©ritables sex-symbols. Dans notre imaginaire Ă  tous, le cinĂ©ma italien est aussi liĂ© Ă  la cĂ©lĂšbre CinecittĂ  (la citĂ© du cinĂ©ma) oĂč furent tournĂ©s de nombreux films reconnus aujourd’hui comme des classiques. Ce qu’on sait moins, c’est que ce symbole de la production cinĂ©matographique a Ă©tĂ© construit durant la pĂ©riode du fascisme italien. La CinecittĂ  continue encore Ă  ĂȘtre utilisĂ©e de nos jours. 

De 1945 aux annĂ©es 1970, toute une partie du cinĂ©ma italien atteint des sommets crĂ©atifs : au renouveau nĂ©o-rĂ©aliste des annĂ©es 1940-1950 succĂšdent deux dĂ©cennies dominĂ©es par des metteurs en scĂšne majeurs et quelques courants aux contours bien dĂ©finis. Introduite en France et analysĂ©e par des mĂ©diateurs culturels, cette production cinĂ©matographique suscite l’engouement des Ă©lites culturelles. Si les exĂ©gĂštes du nĂ©o-rĂ©alisme s’identifient Ă  une Ă©lite marquĂ©e par l’engagement politique, les annĂ©es 1960 et 1970 voient intervenir de maniĂšre croissante, pour diffuser le cinĂ©ma transalpin en France, des mĂ©diateurs culturels dĂ©sormais professionnels. Utilisant le relais  de mĂ©dias de masse, ceux-ci permettent aux films italiens d’atteindre un public plus vaste qu’au cours de la prĂ©cĂ©dente pĂ©riode.

Olivier Forlin 

Programme court de la série "Reflets sur la Croisette", une collection de 12 avant-programmes présentés au festival de Cannes 2011 et réalisés à partir des émissions de François Chalais « Reflets de Cannes » et « Cinépanorama". Retour sur la présentation au festival de Cannes 1960 du film de Federico Fellini "La dolce vita" et interview par François Chalais d'un des acteurs principaux, Marcelo Mastroianni. 

AprĂšs la DeuxiĂšme Guerre mondiale, l’Italie est Ă  l’avant-garde du cinĂ©ma avec son courant nĂ©orĂ©aliste. Comme son nom l’indique, ce cinĂ©ma prĂŽne le rĂ©alisme et met souvent en scĂšne le quotidien difficile de l’époque. Plusieurs rĂ©alisateurs sont emblĂ©matiques du nĂ©orĂ©alisme. En tĂȘte, Vittorio De Sica est notamment reconnu pour ses films Le voleur de bicyclette, Miracle Ă  Milan, et Umberto D., l’un des chefs-d’Ɠuvre du genre. Le cinĂ©aste Roberto Rossellini s’est quant Ă  lui fait remarquer avec sa cĂ©lĂšbre trilogie (Remake, Rome ville ouverte ; PaisĂ  ; Allemagne annĂ©e zĂ©ro).

voient Ă©clore un nouveau genre cinĂ©matographique : la comĂ©die Ă  l’italienne. Entre comĂ©die de mƓurs et satire sociale, ce genre s’épanouira jusqu’aux annĂ©es 70. Plusieurs acteurs italiens de talent furent rĂ©vĂ©lĂ©s par ce cinĂ©ma, comme Toto ou Vittorio Gassman. Les rĂ©alisateurs les plus connus durant cette pĂ©riode trĂšs prolifique sont notamment Mario Monicelli (Le Pigeon), Vittorio De Sica (Mariage Ă  l’italienne), Dino Risi (Le Fanfaron ; Les Monstres), Marco Ferreri (La grande bouffe) et Ettore Scola (Nous nous sommes tant aimĂ©s ; Affreux, sales et mĂ©chants). 

AprĂšs avoir connu une pĂ©riode oĂč le PĂ©plum Ă©tait roi (avec des films comme Spartacus), le cinĂ©ma de genre italien explose avec le Western, rebaptisĂ© « western spaghetti ». Des rĂ©alisateurs italiens comme Sergio Leone rĂ©ussissent Ă  rĂ©volutionner ce genre habituellement classique du cinĂ©ma amĂ©ricain. Les films de Sergio Leone (notamment Pour une poignĂ©e de dollars ; Et pour quelques dollars de plus ; Le bon, la brute et le truand ; Il Ă©tait une fois dans l’ouest) accompagnĂ©s de la musique d’Ennio Morricone ont marquĂ© les annĂ©es 60 et plusieurs gĂ©nĂ©rations de spectateurs.

Les annĂ©es 70 voient naĂźtre un nouveau genre, celui des polars Ă  l’italienne (Poliziottesco). Ces films plutĂŽt noirs sont influencĂ©s Ă  la fois par le cinĂ©ma policier amĂ©ricain et le climat de tension qui paralyse l’Italie des annĂ©es 70. Umberto Lenzi et sa Rançon de la Peur est l’un des rĂ©alisateurs qui a marquĂ© ce genre. Le cinĂ©ma italien des annĂ©es 70 est aussi marquĂ© par un cinĂ©ma plus politisĂ© et libertaire.


À l'Ă©poque du film muet, le cinĂ©ma italien rĂ©invente le pĂ©plum en crĂ©ant une AntiquitĂ© mythique et mythologique rĂ©aliste par les moyens utilisĂ©s et donne ses lettres de noblesse au cinĂ©ma tout entier, lançant de longs mĂ©trages Ă  gros budgets, crĂ©ant la superproduction. L'Italie, dominĂ©e par la gauche libĂ©rale et les idĂ©es du Risorgimento, place cette production au service de l'Ă©dification nationale. Dans ce contexte, le pĂ©plum muet Ă  l'italienne est un retour aux sources Ă©voquant la premiĂšre unification de la PĂ©ninsule, « une exaltation de la romanitĂ© paĂŻenne (sĂ©cularisĂ©e) et de l'expansion coloniale : la « conquĂȘte de l'Ouest » version antique». Dans le mĂȘme temps, le pĂ©plum invente le cinĂ©ma moderne par ses innovations techniques. 

C'est Ă  CinecittĂ  que s'opĂšre la renaissance du pĂ©plum italien grĂące aux AmĂ©ricains. En 1951 se dĂ©roule Ă  Rome le tournage d'une nouvelle version de Quo vadis ?, signĂ©e par Mervyn LeRoy avec Robert Taylor et les Britanniques Deborah Kerr et Peter Ustinov — une renaissance placĂ©e sous le signe des premiers martyrs dans la Rome antique. Le triomphe de Quo vadis ? lance la mode du pĂ©plum Ă  Hollywood durant plus de dix ans, et sacre CinecittĂ  capitale du cinĂ©ma amĂ©ricain. D'ailleurs, Ă  plusieurs reprises des cinĂ©astes italiens et amĂ©ricains collaborent ; les productions, les distributions et les Ă©quipes techniques sont internationales : grĂące au pĂ©plum amĂ©ricain, Rome devient la capitale la plus cosmopolite du cinĂ©ma. 

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