Pour Raymond Mencé.
Pour Raymond Mencé.
Fin 2009, je rencontre Raymond Mencé par l'intermédiaire de la société de production CVD, dirigée par D. Donat. Avec Alain Agat, scénariste, il nous propose de travailler sur un projet de film documentaire « La Ruta del Son », explorant les liens entre Cuba et la Martinique. Le projet vise à retracer les parcours de Martiniquais fascinés par Cuba, son aura culturelle, musicale et politique.
Parcourir la « route du son », c'était partir en quête de notre identité caribéenne, au fil des destins croisés entre les îles. En 2010, nous entamons un repérage de Santiago de Cuba à La Havane, traversant Guantanamo, Camaguey, Ciego de Avila, Cienfuegos et Matanzas. Chaque étape nous dévoile un style musical unique (Congas, Shangui, Tumba Francesa, Contradanza, Danzón, Rumba) et surtout, des récits de vie qui tissent la trame si particulière de notre Caraïbe. Ces découvertes nous permettent d'affiner notre écriture.
En 2011, le financement arrive enfin pour une première phase de tournage. Notre équipe : Raymond et moi-même, accompagnés d'un cadreur, un ingénieur du son, un régisseur et un chauffeur, tous cubains. Malgré quelques séquences réussies, le film peine à trouver son rythme. Le tournage en plusieurs phases se révèle plus complexe que prévu, et le sujet d'approche plus subtil qu'imaginé initialement, de mon point de vue.
Dans l'intérêt du projet, je suggère à mon retour en Martinique qu'un autre réalisateur prenne le relais, mettant à sa disposition toutes les images déjà tournées. « La Ruta del Son » s'achèvera sans moi, mais ce que m'ont apporté sa préparation et son tournage partiel est inestimable. Cette expérience m'a ouvert les yeux sur Cuba, son peuple, et plus encore sur nous, Martiniquais, et notre façon d'habiter le monde.
Je garde des souvenirs précieux de Raymond Mencé : notre quête de la tombe d'H. Pompée - ce Martiniquais qui avait fait sa vie à Cuba - dans un cimetière de La Havane ; nos échanges profonds avec la communauté haïtiano-cubaine à Guantanamo ; nos rencontres marquantes avec Inaudis Paisan dans les faubourgs de Santiago, ou avec Emerita, séparée de son frère au départ d'Haïti - elle s'installant à Ciego de Avila, lui à Fort-de-France. Tant d'histoires, tant de chemins de vie…
J'apprends ton départ en cette fin d’année. Merci, Raymond, d'avoir guidé tant de personnes vers une compréhension plus fine de ce pays extraordinaire.
Mèsi anchay, Muchísimas gracias por todo.
Un montage de notre repérage de 2010, annexé à l'époque au dossier du film.