Fin d’année 2017. L’équipe du Musée d'archéologie fait appel à moi afin de réaliser une vidéo très simple d'environ 15 minutes accompagnant une exposition des photos d’Arlette Rosa Lameynardie au musée et aux archives territoriales.
La rencontre avec cette personnalité fut pour moi un moment privilégié. Son interview, l'occasion d'évoquer un trajet personnel original depuis l'après-guerre jusqu'à son arrivée à Fort-de-France, suivant son mari martiniquais.
À travers ses mots et ses photos, c'est un pan de l'histoire de Martinique qui défile. Le tout avec une délicatesse et une simplicité que l’âge seul n'explique pas.
Après l'interview, nous discutons plus d'une heure hors caméra. Nous échangeons sur les idées qui traversent notre époque et sur les livres. Elle me fait d'abord cadeau du sien : " Madame Stella et le paroleur" puis, de sa bibliothèque surchargée, elle m'offre une dizaine de livres. Un de ceux qui m'ont le plus marqué est l'ouvrage-culte de Nicolas Bouvier "L'usage du monde" que je n'avais pas encore lu et qui depuis m’a souvent accompagné. Un livre encore plus agréable à lire entre deux destinations.
Courant 2018, j’ai pu revenir la voir, afin de la remercier et de lui remettre le petit film diffusé pendant l’exposition. Avec humilité, elle demande mon avis sur son livre, puis me montre un nouvel exemplaire de “L'usage du monde”. Après me l'avoir offert, elle n'a pas pu résister à le racheter. Il y a des livres dont on ne peut se séparer et que l'on souhaiterait peut-être même emmener avec soi dans d'autres vies.
En plus de ces quelques minutes d’entretiens, ce qu’il me reste de cet instant suspendu en compagnie d'Arlette Rosa Lameynardie, ce sont de petites choses simples, un café, un sourire et des échanges qui nourrissent, jusqu’à aujourd’hui, mon regard sur la Martinique et sur les mouvements du monde.
Enfin, récemment, j’ai la joie de savoir qu’un documentaire lui a été consacré, écrit par Arlette Pacquit, hommage à la richesse humble de cette femme, grand témoin de l'histoire du XXᵉ siècle.
Il y a quelques années, j'avais déjà partagé une version courte de la vidéo de 2017. En l’honneur de son départ vers un ailleurs inconnu, voici la version originale.