2019 aout - Açores la suite...

Graciosa l'île BLANCHE...

Après avoir débordé l'île de Baixo à la pointe sud-est de Graciosa, le vent se calme et nous venons ancrer devant le village aux maisons blanches de Praia (Sao Mateus).

Praia signifie plage en portugais et pour cause : c’est le seul endroit de l’île où l’on trouve une véritable plage de sable fin très bien aménagée. C’est la 3ème plage naturelle que nous trouvons aux Açores depuis notre arrivée.

En raison de l’activité volcanique des Açores, toutes les côtes ne sont que des coulées de lave peu faciles d’accès et battues par l’Ocean.

Pour attirer les touristes en quête de baignades, les Açoriens ont su créer des piscines naturelles remarquablement intégrées dans l’environnement et toutes sécurisées.

Nous restons une semaine à Graciosa et flânons dans les ruelles qui s'animent le soir pour les festivités de la Sao Mateus patron de la ville : procession, fanfare, lâché de "taureaux à la corde", danses traditionnelles et fado bien sûr.

C’est la première fois que nous assistons à une « tourada a corda » qui ponctue toujours les fêtes ici aux Açores : elle consiste à un lâcher de taureau dans les rues de la ville. Ce taureau a une très longue corde autour du cou.

Deux équipes de 5 hommes chacune, placées à environ 15 et 40 m du taureau tiennent la corde, relâchant plus ou moins leur tension suivant que le taureau charge les « aficionados » qui l’excitent avec un parapluie ouvert, un vêtement à la façon des toréadors ou tout simplement en s’habillant en rouge.

Pour cette occasion, tous les endroits susceptibles d’être attaqués par le taureau sont protégés par des barricades en bois que les aficionados doivent franchir souvent de façon acrobatique au risque de se faire mal quand ils se font charger par le taureau.

La foule attend le spectacle donné par ceux qui osent s’aventurer au plus près du taureau. Une tourada dure un certain temps car il y 4 taureaux qui sont lâchés un par un avec des entractes entre chaque, pour que les spectateurs puissent changer de place, se restaurer…

Après être restés au mouillage quelques jours nous rentrons dans le port de pêche car le vent va tourner et nous ne voulons pas gêner le va et vient des cargos et ferry qui accostent le long du grand quai près de nous.

L’activité de pêche est intense. En ce moment les bateaux rentrent avec des cargaisons de calamars (d’un mètre de long) attrapés à la longue ligne par 200m de fond.

Nous profitons de la sécurité du port pour faire un tour de l’île de Graciosa.

En parcourant Graciosa nous découvrons encore des moulins à maïs très différents. Chaque île dispose de moulins à vent caractéristiques du lieu.

Pico
Faial
Sao Jorge
Graciosa

Et puis toujours des cratères d’anciens volcans partout…

et une surprise avec la découverte d’immenses « lavatubes ». Ce sont des formations dues à des coulées de lave dont le plafond s’est refroidi et solidifié tout pendant que le torrent de lave liquide continuait de couler vers l’aval en laissant derrière lui cette formation curieuse. Nous en avions visité à la Réunion mais jamais d’aussi conséquentes.

Au fond du cratère qui surplombe Santa Cruz, la capitale de Graciosa, les habitants ont construit une arène qui prend toute la place. Sur le pourtour de la caldeira ils ont placés trois chapelles bien visibles. Très curieux !!!

Au fond du volcan principal, Caldeira, nous découvrons la fameuse Furna do Enxofre rendu célèbre par le célèbre et princier océanographe Albert de Monaco qui en 1879, fut l’un des premiers à descendre dans cet antre magique à l’aide d’une échelle de corde. Aujourd’hui, nous y accédons par des escaliers qui débouchent à l’entrée d’une énorme grotte, au fond duquel se trouve un lac souterrain. Des émanations de gaz sulfureux, des dépôts de cristaux de souffre sur les roches et un petit lac d’eau sulfureuse en ébullition sont les preuves de l’activité sismique toujours actuelle.

Le musée construit au fond du cratère est d’une architecture moderne de toute beauté s’intégrant parfaitement à l’environnement.

Un passage au restaurant de Carapacho (au sud de l’île) nous permet de goûter aux spécialités des Açores, « les lapas » sorte de bernicles ou chapeaux chinois d’une espèce locale : un peu coriace à notre goût mais au moins nous savons ce dont il s’agit !

A l’opposé tout au nord se trouve le phare de la Ponta da Barca. De là, nous avons une vue superbe sur « la Baleine » formation basaltique en forme de baleine ! Nous dominons la petite baie de roches rouges aux eaux transparentes.

Nous quittons Graciosa pour Terceira toujours plus à l’Est mais à seulement 45 milles.

La navigation est sereine et nous retrouvons à nouveau des quantités de Puffins cendrés qui passent leur journée sur l’eau et en vol quand le vent leur permet de planer pendant des heures autour de nous. Les Puffins sont de la même famille que les albatros (une envergure de seulement 2m) et leur vol est identique à celui de leurs cousins : magnifique et majestueux, nous ne nous lassons pas de les admirer !

Après avoir doublé la pointe Sao Antonio nous découvrons Angra do Heroismo la célèbre et très attendue ville du sud de Terceira.

Terceira l'île LILAS...

Anciennement dénommée l’île de Jésus Christ, lors de sa reconnaissance par les marins portugais, en 1450, elle doit son nom actuel au fait d'avoir été la troisième (terceira) île à avoir été découverte.

Voici Angra et sa marina bien protégée, à deux pas de la vieille ville.

Nous ne pouvons y rester que 3 nuits devant laisser la place à des voiliers qui font la course annuelle entre Sao Miguel et Terceira.

Angra, nous accueille avec ses belles maisons, ses couleurs vives, ses balcons, ses monuments, sa gaieté…

Détruite à plus de 80% en 1980 par un séisme extrêmement violent et rapide, elle a été reconstruite en à peine 10 ans et a obtenue en 1983 son adhésion au patrimoine mondial de l’UNESCO.

L’Alfendega (Douanes) et l’église de la Miséricorde précédées d’un double escalier encadrant une fontaine, surplombent la marina ; la rue principale bordée de maisons anciennes magnifiquement rénovées nous mène à la place centrale et à la mairie.

Cathédrale
Palais des Capitaines Généraux

Les rues sont pavées de pierres de lave noire et les trottoirs (et rues piétonnes) agrémentés de dessins faits de petits pavés blancs et noirs posés sur un lit de sable de lave. Quelle patience ! Le résultat est remarquable et les dessins très variés.

Du haut du jardin public nous avons une vue d’ensemble du château et des fortifications autour du fort de Sao Filipe, construits par les espagnols.

Et en montant au sommet du Monte Brasil nous découvrons l’ampleur des travaux réalisés par les espagnols pour défendre la ville et la baie d’Angra.

Après deux jours de visite intensive de la ville à pied, nous rejoignons en voilier et en longeant la côte, Praia da Vitoria, l’autre grande ville de Terceira située à l’Est.

Ponta das Contendas au SE de Terceira
Mouillage et plage de Praia da Vitoria

La rade de Praia da Vitoria est bien protégée. Nous pouvons ancrer de façon très confortable et surtout retrouver le plaisir de la baignade à partir du bateau (l’eau est à 21°).

De plus la grande fête annuelle de Praia se passe du 2 au 11 août : elle commémore la bataille de 1829 de la guerre civile portugaise entre absolutistes et libéraux. A Vila de Praia, les libéraux repoussèrent triomphalement l’ennemi puis rebaptisèrent leur ville Praia da Vitoria.

Elle est aussi donnée en l’honneur des Emigrants qui partirent très nombreux au XVIII et XIXème siècle vers le Brésil, les EU ou le Canada. Ils reviennent tous les ans au pays et sont reçus comme les fils prodigues. Aujourd’hui, les Açoriens de l’extérieur, sont beaucoup plus nombreux que les îliens.

« Les Légendes de la Mer » : tel est le thème de la grande fête de cette année.

- Grande Parade avec chars et fanfares

- orchestres de musique en soirée sur les différentes places de Praia : fado, fanfares, orchestre de jazz ou de techno. Tous les styles sont représentés chaque soir.

- Sylvie participe, le dimanche matin aux « fêtes du St Esprit » : ces fêtes sont célébrées dans toutes les îles des Açores, mais c’est à Terceira qu’elles atteignent une ampleur particulière. Chaque village de Terceira est représenté et les pèlerins invoquent entre autre, le St Esprit afin d’éloigner les catastrophes qui menacent les Açores. Ils offrent, en retour de la protection divine, un pain et une soupe à la viande, à l’origine aux plus démunis et ce jour là à tous ceux présents. C’est ainsi que Sylvie est revenue sur Belissima avec un superbe pain.

Cette tradition explique la présence dans les villages et sur les routes, d’innombrables chapelles les « Impérios » richement colorées et décorées.

- comme toujours ces fêtes se terminent par des « touradas a corda » comme celle que nous avons vu sur l’île de Graciosa.

Nous assistons à celle qui se déroule dans les rues d’un quartier de Praia. Pour cause de départ vers l’île de Sao Miguel, nous ne voyons pas la tant attendue « tourada a corda » sur la plage de Praia.

Elle n’a lieu qu’une fois par an et aux dire des îliens, elle est unique. Le principe est le même que la tourada a corda dans les rues, à part que là, le taureau évolue sur la plage et repousse les personnes qui viennent l’exciter à la mer, n’hésitant pas lui même à rentrer dans l’eau. Cécile et Yves du voilier « la Curieuse » ont participé du pont de leur bateau à cette fête… Nous vous transmettons leurs photos.

  • La foire gastronomique installée sur le port nous donne l’occasion de goûter au plat local de Terceira : l’alcatra. C’est une sorte de ragoût à base soit de poulpe, soit de viande de porc soit de haricots graine pour les végétariens, le tout bien relevé. Il est préparé à la façon du cassoulet dans des poteries en terre cuite et laissé pendant 6 heures dans un four à vapeur. C’est délicieux.


Nous profitons d’une belle journée ensoleillée pour aller découvrir dans le nord de l’île, la région vinicole de Biscoitos ( prononcer « Bichcoitch). Comme sur l’île de Pico, les pieds de vigne sont protégés par des murets de basalte. C’est la région du fameux vin blanc de cépage Verdhello que nous avons cherché en vain à acheter depuis notre arrivée aux Açores. La seule façon d’en trouver, c’est de l’acheter directement au producteur. C’est ce que nous faisons en allant visiter le petit musée du vin de Biscoitos créé par le producteur.

Le mois d’août est là et nous pensons aller jusqu’à l’île de Sao Miguel, plus à l’Est pour attendre une bonne fenêtre météo pour rejoindre les côtes françaises. Celle parfaite du 8-10 août est trop tôt pour nous. Certains navigateurs quittent la baie de Praia pour en profiter. L’avenir prouve, qu’ils ont eu raison…

SAO MIGUEL - l’île verte...


Nous parcourons les 100 milles qui nous séparent de Ponta Delgada : capitale de Sao Miguel mais aussi plus grande agglomération des Açores et siège de nombreux organes de pouvoir de la Région Autonome des Açores.

Nous savions par informations que la grande marina de Ponta Delgada n’était pas très confortable, mais nous n’avons pas le choix. Nous allons vérifier par nous-mêmes que la houle rentre dans la marina et fait bouger tous les pontons malgré les immenses digues qui ont été installées. Dommage car l’accueil y est de grande qualité et en plus en français.

Elle a le grand avantage d’être centre ville. Nous faisons face à la vieille ville.

Les festivités battent leur plein aussi ici. C’est ainsi que nous assistons chaque soir à un concert de musique nous permettant à la fois de découvrir une nouvelle place, chapelle ou boite de jazz de la ville.

Sao Miguel, île principale des Açores, est aussi la vitrine des Açores : ses trois fameux ensembles de lacs situés au fond de vastes cratères font la une de toutes les affiches, dépliants et livres sur les Açores.

- À l’ouest, les lacs Azul et Verde de Sete Citades : il nous a fallu de la patience pour les découvrir car à notre arrivée, le cratère était complètement rempli de nuages.

Une digue entre les deux lacs permet d’arriver au village de Sete Citades et délimite le lac bleu en arrière plan et le lac vert en premier plan.

Pourquoi ces 2 couleurs ?

Rémi , en bon scientifique, l’explique par la présence d’algues et de végétaux de couleurs différentes au fond des lacs. Sylvie préfère l’explication de la légende de la princesse qui s’est amourachée d’un beau berger : évidemment, leur amour fut contrarié et les deux amants pleurèrent tant et tant lors de leur dernière rencontre sur la digue qui sépare les deux lacs, que les eaux prirent d’un côté la couleur des yeux bleus de la princesse et de l’autre celui des yeux verts du berger… A vous de choisir !

D’autre lacs, comme celui de Santiago ou le lac Canario font partie de ce grand Parc naturel de Sete Citades et font l’objet de superbes randonnées.

  • Au centre : le lagoa de Fogo, le seul des trois lacs où l’homme ne s’est pas installé au fond du cratère. De nombreux belvédères aménagés sur la route, permettent de jouir d’une vue exceptionnelle. On voit même la mer au fond !

à l’est : le lac de Furnas, autour duquel il reste une activité volcanique sous forme de fumerolles et de sources d’eaux chaudes sulfurées qui attirent curistes et touristes toute l’année.

video cozido

La spécialité culinaire du coin est le « cozido » sorte de pot au feu composé de charcuterie locale (boudin, saucisses), de viande de boeuf, poulet, porc et de légumes, chou vert, carottes, patates douce, pomme de terre, le tout arrosé d’un bouillon légèrement relevé. Sa particularité est de cuire à la vapeur volcanique pendant 6h à même la terre, dans les furnas. Chaque restaurant a ses propres fours dans les furnas. Nous avons eu la chance d’assister à la mise « au four » d’un cozido.

L’île est grande et une semaine nous suffit à peine pour découvrir tous ses points d’intérêt. Nous sommes en pleine saison touristique et ne trouvons au dernier moment qu’une voiture pour une journée.

Cela nous permet de faire toute la partie nord est de l’île, le Nordeste, peu desservie par les bus.

Nous sommes surpris de trouver une île aussi fleurie que l’île de Flores : bien qu’étant au mois d’août, les hortensias bleus, blancs et roses sont toujours en fleurs, surtout en altitude où ils gardent toutes leurs couleurs. Les longoses, fleurs jaunes sont en cette saison très présentes. La richesse des verts est surprenante en plein coeur de l’été.

Les plantations de thé de Gorreana et de Porto Formoso enrichissent encore cette palette de verts.

Plantation de thé de Gorreana

L’île n’a pas usurpé son surnom d’ « île Verte ».

Les falaises tantôt végétales, tantôt minérales sont superbes. Les cultures de maïs et les prairies descendent jusqu’au bord des falaises.


Le phare d’Arnel et non d’Amel ( marque de notre voilier) comme Rémi avait cru le lire sur la carte, est très photogénique !

Ribeira Grande, 2ème plus grande ville de l’île de Sao Miguel, nous fait découvrir les grandes plages de la côte nord battues par l’océan et ses célèbres spots de surfs.

La vieille ville avec sa grand place et ses arbres de velours ( appelés arbre de noël en Nouvelle Zélande), ses bâtiments du XVII et XVIIIème siècles, ses anciens moulins à eau construits sur la Riviera Grande (la grande rivière) et son pont aux huit arches, invitent à la promenade.

Nous découvrons Mosteiros de la mer, en longeant la côte Est au moteur, faute de vent, au moment de notre départ de Sao Miguel. Mosteiros, est un endroit réputé à triple titre :

  • pour la beauté de ses rochers qui se dressent non loin de la côte
  • pour ses piscines naturelles et sa plage de sable noir
  • pour ses couchers de soleil, car situé à la pointe nord ouest de l’île :

Nous devons penser à rentrer en France : nous projetons de rejoindre la Bretagne pour retrouver frère et soeurs de Sylvie. Mais rien n’est sûr. Nous verrons bien ou Eole veut bien nous mener ?

Les prévisions météo pour la deuxième quinzaine d’août ne sont pas excellentes et cela risque d’être plus difficile notamment dans le golfe de Gascogne en septembre.

Nous décidons de partir le 15 en sachant que nous mettrons plutôt 10-12 jours que les 8 jours initialement envisagés avec de bonnes conditions. Mais comme tout est toujours fluctuant et par nature incertain en matière de prévision météorologique, nous faisons notre sortie et quittons Ponta Delgada et les Açores.

Encore de belles rencontres et des images plein les yeux !

Ah ! une dernière information : savez vous que le ukulélé aurait été apporté par Joao Fernandez, d’origine portugaise en 1879 aux îles Sandwich où il débarqua.Il en joua devant le roi Kalakaua d’Hawaï qui en apprécia beaucoup la sonorité. C’est depuis ce temps là que les Polynésiens ont adopté le ukulélé !!! Cette information est donnée officiellement au Musée des Emigrants à Ribiera Grande sur l’île de Sao Miguel.

et un peu plus de 10 jours plus tard ce sera... la France : La Rochelle ou Brest ? les racines de Belissima ou les racines familiales de Sylvie ?