Roya Ihssan, autrice, atteinte de la sclérose en plaques, a inspiré de nombreuses Soudanaises en démocratisant les théories féministes. Elle est décédée le 2 juin, incapable de soigner son paludisme à cause du conflit amorcé le 15 avril
Il aura fallu deux jours pour que ses proches apprennent la nouvelle: réfugiée après les violences récentes à Ar Rahad, un village sans eau ni électricité situé à 480 km de Khartoum, l’emblématique Soudanaise Roya Hassan s’est éteinte le 2 juin à 33 ans.
Celle dont le prénom signifie «vision inspirée de Dieu» voulait combler le fossé entre les activistes soudanaises et les livres qu’elle dévorait. «Elle ne s’en tenait pas à la théorie mais analysait le féminisme dans notre contexte en le rendant accessible à tous», affirme Sulima Ishaq, à la tête de l’unité gouvernementale pour combattre les violences contre les femmes. Ces dernières étaient en première ligne lors des manifestations qui ont évincé le dictateur Omar el-Béchir en avril 2019. Avant d’être marginalisées lors de la mise en place du gouvernement de transition, interrompu par le coup d’Etat du 25 octobre 2021. Les dispositions de la loi sur l’ordre public, qui prévoient des coups de fouet pour sanctionner les tenues «indécentes», n’ont jamais disparu du Code pénal. Les Soudanaises ne peuvent toujours pas demander le divorce ou reconnaître leur enfant en leur nom. Les arguments religieux et culturels demeurent opposés aux mouvements qui défendent pourtant les droits des femmes depuis les années 1940.
KhartoumPublié le 06 juin 2023 20:49. Modifié le 06 juin 2023 22:52.