Conférenciers et conférencières invité(e)s

Conférence d'ouverture : L’équilibre émotionnel dans la salle de classe de langue étrangère

Jean-Marc Dewaele, University College London; University of London 

Je parlerai d'un domaine de recherche émergent dans le domaine de l'apprentissage des langues étrangères, qui a été déclenché par l'introduction de la psychologie positive en linguistique appliquée (Dewaele & MacIntyre, 2014). Il s’est concentré sur les sources et conséquences des émotions positives et négatives de l’apprenant en classe de langue étrangère, au-delà de l’accent traditionnel mis sur l’anxiété. Il a été démontré que les émotions positives telles que le “enjoyment” et la tranquillité d'esprit en classe sont positivement liées à la volonté de communiquer et à la bonne performance (Botes et al., 2022 ; Zhou et al., 2022), tandis que l'anxiété et l'ennui ont l’effet inverse (Dewaele et al., 2023). Établir une atmosphère émotionnelle positive équilibrée dans la classe présente non seulement des avantages linguistiques pour les apprenants, mais peut également accroître leur bonheur. 

Conférence thématique sur les pratiques innovantes : Quelques réflexions intempestives à propos de l’innovation en didactique 

Jean-Marc Defays, Université de Liège

Rares sont aujourd’hui les projets de recherches, les programmes de formations, les thématiques de colloques, les sommaires de publications, les guides pédagogiques, les recommandations ministérielles, les évaluations des enseignants où l’innovation n’est mise en exergue. Si on peut s’en réjouir à première vue, cette obsession ou plutôt cette injonction à l’innovation devrait tout de même susciter quelques questions. D’abord, est-ce parce que le mot et le concept de progrès sont devenus presque tabous que ceux d’innovation, moins compromettants et exigeants, ont pris leur place dans les esprits et les classes ? Sans espoir de faire mieux, se contenterait-on de faire (un peu) différemment ? Le seul changement, pourvu qu’il se répète, suffirait-il à stimuler l’enseignement et l’apprentissage, peu importe ses tenants et aboutissants, à l’instar du fonctionnement de la mode ? Est-ce parce que l’on estime au contraire que les méthodes actuelles sont parfaites ou inéluctables, qu’après les révolutions de la génération précédente, l’histoire de la didactique est maintenant achevée et qu’il ne reste donc plus qu’à proposer des variations à partir de principes qu’on ne pourrait plus remettre en cause ? Par ailleurs, pourquoi les innovations pédagogiques sont-elles essentiellement technologiques comme si le numérique avait complètement phagocyté la didactique et l’école ? Est-ce qu’aussi cette exigence à innover à tout prix ne place pas les enseignants, qui ne se sont pourtant jamais privé de prendre de tout temps des initiatives, devant une paradoxale double-contrainte qui serait au contraire inhibante ? Et devant une responsabilité personnelle qui incombe pourtant au système socio-éducatif ? Bref, quels enjeux et quels risques pour l’enseignement (des langues et des cultures) d’adopter la devise « Innovate or perish » du nouveau Darwinisme ? Enfin, au-delà de ces innovations plébiscitées, n’y-a-t-il pas des mutations plus profondes et importantes à préparer ou à susciter en enseignement des langues étrangères en vue du jour prochain où leur pratique quotidienne, privée comme professionnelle, sera complètement prise en charge par l’Intelligence artificielle ? En faveur d’une didactique plus humaniste, peut-être? 

Conférence thématique sur le numérique : Composer sans copier : conjuguer avec l’intelligence artificielle et l’intégrité académique en FLS 

Martine Peters, Université du Québec en Outaouais

Dans le cadre de cette conférence, il sera question des changements qu’apportent l’intelligence artificielle dans l’enseignement du français langue seconde. Plusieurs positions peuvent être adoptées : défendre l’utilisation de l’intelligence artificielle, la permettre ou encore avoir une posture qui vise l’équilibre. Pour prendre position, il faut réfléchir à comment l’intelligence artificielle peut favoriser l’apprentissage, la créativité, l’autonomie, ou encore le plagiat ! Mais surtout, il faut examiner comment nos stratégies pédagogiques et d’évaluation peuvent amener les élèves à rédiger, avec intégrité leurs travaux.Pour faciliter cette réflexion, une nouvelle définition du plagiat, un modèle d’écriture intègre à l’ère de l’intelligence artificielle et des caractéristiques de tâches évaluatives authentiques et engageantes seront proposés. La conclusion explicitera l’importance de favoriser l’intégrité chez les élèves, avec ou sans outils d’intelligence artificielle, afin de former de futurs citoyens responsables, engagés et critiques. Plusieurs références à des outils d’intelligences artificielles et à des ressources seront offerts aux participants. 

Conférence thématique sur l'équité, la diversité et l'inclusion : Viser l’équité et l’inclusion en milieux éducatifs : constats de la recherche et pistes émancipatrices 

Marie-Odile Magnan, Université de Montréal

En contexte de diversification de l’immigration et de polarisations, la question de l’équité et de l’inclusion en éducation nécessite de la formation et des actions. Deux finalités sont associées à cette démarche : 1) la mise en place de pratiques équitables adaptées aux spécificités et besoins des élèves afin de favoriser la réussite éducative de toutes et tous; 2) la reconnaissance des différences individuelles et collectives dans le but d’effectuer des transformations institutionnelles visant la justice scolaire et la lutte aux discriminations. Dans cette conférence, nous définirons les principes à la base de l’équité et de l’inclusion en milieux éducatifs ainsi que la notion inspirante de leadership transformatif. A partir de constats de recherches récentes, nous ferons état d’exemples pratiques inéquitables versus équitables en milieu éducatif relatives aux pratiques d’évaluation et de dépistage, aux modèles de services offerts aux élèves, à l’organisation des transitions scolaires, au choix des curriculums, aux pratiques et dispositifs d’enseignement, aux types de relations entretenues avec les familles et les communautés, etc. Nous proposerons une posture à adopter pour déployer des pratiques équitables, soit une posture non-déficitaire, écosystémique, capacitante et une vision intersectionnelle des inégalités. Puis, nous terminerons par l’identification de ressources disponibles pour le personnel. 

Colloque sur l’enseignement du français en milieux autochtones : La mise en application de l’approche langue seconde dans une perspective de sécurisation culturelle 

Julie Rock, Université du Québec à Trois-Rivières

Josée Simard, Université du Québec à Chicoutimi 

« Un grand défi est soulevé en tant que Premières Nations lorsqu’il est question de l’apprentissage du français, langue d’enseignement.  La plupart d’entre nous apprenons d’abord la langue de nos ancêtres. Et, lorsque nous voulons entreprendre des études post-secondaires, nous sommes contraints à faire nos apprentissages et nos évaluations dans la langue d’enseignement, même si nous la considérons comme notre langue seconde. Nous sommes souvent confrontés à des échecs. » - JulieRParmi les pistes d’action favorisant la mise en place de services aux membres des Premières Nations, la sécurisation culturelle (Couture et al., à paraitre) est fortement encouragée pour soutenir la persévérance et la réussite d’étudiant.e.s des Premières Nations. Dans cet atelier, nous explorons une piste pouvant permettre aux apprenant.e.s des Premières Nations de bien se reconnaître dans leurs apprentissages du français, selon une approche langue seconde. Ainsi, selon une perspective de sécurisation culturelle, en reconnaissance des langues, cultures, savoirs et valeurs, il présentera l’application de cette approche (LS) à l’aide d’exemples concrets menés auprès d’une classe de français d’étudiant.e.s innu.e.s et atikamekw. Les conférencières profiteront de la présence des participant.e.s pour expérimenter deux activités distinctes afin de mieux illustrer leurs propos.