Ils racontent la « Vox », ceux qui ont fréquenté notre lycée pendant ces années charnières de l’adolescence. Le futur se décide alors, au gré des bouleversements intérieurs, des influences extérieures, des sensibilités exacerbées par des bouffées d’amour, de joies ou de colères.
Des réussites ou des échecs en résultent qui ont déterminé nos différents itinéraires.
Il s’agit parfois d’avenir déterminé au gré des histoires familiales, des ambitions de proches, des hasards de la réussite à différents concours. Les choix sont bien plus rarement décidés par le premier intéressé.
Des points communs entre tous:
- Les murs de notre vénérable établissement sont l’objet d’un respect unanime, quelles que soient les générations et l’époque à laquelle elles en ont ciré les bancs. Une date bascule cependant : 1968, un avant et un après. Avant, on insiste sur la solidarité indispensable qui permet de supporter une discipline, à l’internat surtout, qui ne respectait pas toujours la personne des « enfants objets » qui devaient de gré ou de force se soumettre à des cadres sourcilleux, parfois peu éclairés, chargés de sa mise en application. Combien sont-ils ceux, dont le week-end attendu pour respirer plus librement, qui ont dû la mort dans l’âme, punis pour une innocente espièglerie, rester dans une salle d’étude sensée leur faire passer le goût du chahut ? Après 1968 et les évolutions qui ont suivi, les élèves parlent davantage de cours, d’esprit d’équipe, de cursus parcourus et de la qualité de l’enseignement.
- Quelle que soit l’époque, beaucoup soulignent la qualité humaine des professeurs et la grande influence que certains ont pu avoir sur leurs études et leur vie future. Quelques noms sont cités auxquels je ne peux que souscrire pour ceux que j’ai connus.
- Certains ont suivi une voie « royale » avec un itinéraire qui les a conduits vers de métiers de haut niveau pour lesquels ils étaient formés.
- D’autres bien que partis d’un palier plus bas, ont également occupé des postes à responsabilité après s’être construits à force de volonté et d’ambition bien comprise.
- Reste une partie non négligeable qui a subi avec plus ou moins de conviction l’enseignement dispensé, attendant que cela se passe parce qu’ils n’étaient pas faits pour les métiers dits « techniques » et que la discipline de l’internat leur pesait lourdement. Ici aussi quelques personnes d’encadrement (rares heureusement) viennent en mémoire qui n’ont pas toujours honoré la fonction qui fut la leur. Mal orientés au départ, ces « marginaux » ont limité la casse en rongeant leur frein, ce qui ne les a pas empêchés, par la suite, de s’épanouir dans d’autres secteurs, a priori très éloignés de leur destination première. Ils sont devenus, médecins, dentistes, professeurs, pilotes, militaires etc… Il n’empêche que les années de « vox » leur ont probablement communiqué, comme aux autres, cette connaissance de leur propre personne qui a permis pour beaucoup d’entre eux de trouver la voie de leur épanouissement personnel et professionnel.
Voici quelques réflexions extraites de ces retours sur le passé :
« La vox était le terreau déterminant où s’est forgée une formation nécessaire, mais certes pas suffisante pour arpenter le sentier caillouteux de la vie »
« J’ai appris quelque temps après ma rentrée à la « Vox » que je suivais les traces de mon grand-père maternel… »
« La chance donnée par Vaucanson a été de m’admettre dans la classe de BTS, ce qui m’a permis par la suite d’améliorer de beaucoup mon standing scolaire »
« J’ai connu à la Vox des profs de grande valeur pédagogique et humaine, aussi bien dans les domaines scientifiques que de la littérature »
« Je retiens de mes années, entraide, rigueur dans le travail, discipline (exagérée parfois), motivation…J’ai quitté la Vox pour la dernière fois, par la longue allée avec un petit pincement au cœur »
« Ces années uniques de ma vie m’ont fait rencontrer des profs hors normes, m’ont donné le goût des métiers touche à tout, m’ont donné des copains d’avant »
« J’ai exercé ma profession dans le monde entier et je n’ai pas l’impression d’avoir travaillé, puisque je faisais ce qui me plaisait »
Nous retrouvons donc au travers de tous ces avis, de tous ces récits de souvenirs souvent lointains débarrassés de ce qui pouvait les ternir, l’action éminente de la formation originale que nous avons suivie et qui nous a préparés en partie à ce que nous sommes.
Cependant, et pour les plus anciens, groupe auquel j’appartiens, les images de ces années, qui nous ont accompagnés au fil de nos existences respectives, ont été patinées par le temps, parfois enjolivées, parfois noircies.
Un même évènement qui nous a marqué profondément, parce que nous y étions plus réceptif, a pu paraître anodin à un autre, et inversement.
Certains adultes qui nous ont encadrés ont été l’objet d’une vénération, d’autres d’une haine tenace. Ceci au moins nous rappelle que l’adolescence est la période de tous les excès, de toutes les souffrances et par la même de tous les espoirs et de tous les dangers. Pour la majorité d’entre nous au moins, en dehors des connaissances de base que nous avons acquises au cours de ces années, nous nous sommes rencontrés davantage avec nous-mêmes et y avons sans doute trouvé quelques-uns des éléments indispensables pour parcourir, sans trop de casse, les chemins chahutés de la vie.
Jean D’HERBEY ancien de la Vox nous a proposé ce document après lecture de vos écrits sur le thème « moi et la Vox ». Ce dernier attend vos commentaires. jeandherbey@wanadoo.fr