De 2011 à 2017 : Etat des Lieux et relance du projet de restauration

Sans compter les dégâts causés par les déjections des chauves-souris, l'orgue a souffert d'un manque d'entretien, de l'humidité permanente de l'Abbatiale et des infiltrations d'eau de la toiture - aujourd'hui résolues. Le dernier relevage de l'instrument date de 1958. Cela fait donc 62 ans que ce joyau est abandonné dans son écrin. Ce dernier relevage fut possible grâce à Pierre CAMONIN, nommé curé de Saint-Mihiel en 1955.


L'orgue est actuellement jouable mais d'utilisation capricieuse voir facétieuse. La machine Barker, selon qu'elle soit décidée ou non à répondre, génère quelques cornements assez disgracieux lors des offices. Lorsque la machine nous fait grâce de ses cornements, elle vibre ou claque telle une batterie ou un trémolo. Inutile de mentionner que tout organiste non averti est surpris tant le touché des claviers demande de la gymnastique et de l’anticipation ! Le tirage pneumatique des jeux du récit est totalement inutilisable malgré les nombreuses tentatives de réparation ; les jeux de fonds du récit sont donc tirés en permanence.


La table d'un des sommiers du grand orgue est fendue à plusieurs endroits au niveau du registre de la Fourniture-Cymbale de 9 rangs. Certaines gravures de la double laye des sommiers du grand orgue ne sont plus étanches ce qui rend l’utilisation des jeux d'anche impossible (cornement). La majorité des boursettes n'est plus étanche ce qui induit de grosse fuite et une pression insuffisante pour alimenter l'orgue en vent. Les guides en laiton des soupapes sont très oxydés ou parfois cassés si bien que les soupapes ne sont plus étanches. Le tirage des jeux est difficile car les registres coulissent mal. Beaucoup de porte-vents sont fendus et engendrent des fuites et du bruit qui parasitent le fonctionnement de l'orgue. L'accord général et l'harmonisation sont donc totalement à revoir ; bien que l'orgue ne sonne pas mal et faux, on ne peut dire qu'il sonne juste !


Certaines vergettes sont cassées ou bien à terre car les rondelles de cuir qui se vissent à leur extrémité sont trop abimées pour tenir en place. La mécanique des claviers, les accouplements et les tirasses ne sont pas totalement opérationnels et méritent un relevage complet.


La tuyauterie a aussi souffert de manipulations plus ou moins heureuses car nombreux sont les tuyaux tordus ou écrasés, et donc muets. Les tuyaux en montre de 16 pieds des tourelles de pédale s'arrachent au niveau des suspentes sous l'effet de leur propre poids (ou des mouvements d'affaissement du buffet) et nécessitent une intervention d'urgence pour ne pas tomber dans la nef.


Sur le plan de la conception, le récit expressif ajouté en 1881 étouffe littéralement la tuyauterie du grand orgue. Le grand orgue ne respire donc plus et ne remplit pas la voute de l'Abbatiale comme il devrait.


L'alimentation électrique devra être totalement restaurée et remise aux normes car elle est trop vétuste et représente un risque potentiel d'incendie dans l’instrument.


L’état général du buffet n’est guère meilleur que la partie instrumentale. Outre la poussière et les déjections, la lumière et les rayonnements solaires ont eu une incidence non négligeable sur toute sa partie méridionale puisque le bois est totalement blanchi. Les parties qui ont été exposées aux infiltrations d'eau présentent des traces noires qu'il faut traiter de toute urgence. La couche de protection (cire, vernis?) est totalement partie au fil des années si bien que le bois n'est plus protégé efficacement. Certaines parties sont fortement piquées par des insectes xylophages, notamment les tuyaux en bois et les faux sommiers. Un traitement de fond est nécessaire pour stopper cette invasion. Enfin, on peut remarquer que le buffet s'est affaissé au fil des siècles, ce qui peut poser problème, à long terme, sur la stabilité globale de la structure.

Vous l’aurez compris, et les illustrations le prouvent, l'orgue de l'Abbatiale est très malade. Il ne peut plus tenir ses missions cultuelles et culturelles. Votre soutien et votre aide sont donc nécessaires et essentiels à sa sauvegarde et à sa renaissance. Nous ne sommes que dépositaires d'un joyau que nous devons tenter de sauver et pour le léguer fièrement aux générations à venir. C'est également un devoir de mémoire que nous devons à nos ainés qui nous ont transmis cette merveille. C'est respecter leur travail, leur art et leur facture.