Proposition innovante, ainsi peu documentée et à la technicité demandante, notamment en terme de traitement d'image, la genèse du banc de test à caractérisation optique sera plus lente.
Au cours des premières discussions sur le projet, une question se dessine: qu'est-ce qu'une bonne molette? Une molette qui coupe bien le verre? Une molette qui a la géométrie désirée? Une étude vibratoire est-elle la meilleure méthode pour caractériser les molettes? Des premières idées, aussi saugrenues qu'irréalisables, fusent: faire de la diffraction de Fresnel sur les molettes, faire une représentation 3D de chaque molette...
Nous décidons d'effectuer une petite revue technique: quels contrôles qualité effectuent les concurrents d'Adler? C'est la création du pôle Research & Development dont le but est de trouver de nouvelles pistes pour mieux caractériser nos molettes. Nous trouvons que des concurrents utilisent deux méthodes pour caractériser leurs propres molettes: le marquage sur verre et la calibration vidéo. Le pôle R&D (après seulement deux heures d'une existence glorieuse) devient le pôle optique et par en quête de sa première caméra.
La livraison, rapide comme l'éclair, de notre fournisseur nous permet de tester notre idée très rapidement. Dès le deuxième jour de travail, nous prenons les premières images de molette. Le zoom et la résolution permettent d'obtenir des images prometteuses! L'allégresse est à son comble, nous sommes remplis d'espoir pour ce projet innovant et disruptif.
Forts de ces premiers résultats, nous imaginons tout ce que nous pourrions faire avec notre futur système optique: mesurer l'alésage de la molette, sa concentricité, son excentricité et le diamètre de la molette en l'observant du dessus, puis mesurer le parallélisme et la planéité des faces, l'épaisseur de la molette et l'angle d’affûtage grâce à une vue de profil. Une fois de plus, nous nous emballons, mais nous ne le savons pas encore. A la fin de la première semaine, nous avons un planning prévisionnel complet et ambitieux (fig 1).
Fig.1 Schéma d'avancement au terme de la 1ère/3 semaine du projet de mécatronique relatif à la réalisation du banc de test à caractérisation optique.
Les premières lignes de code sont codées, sous Python, pour mesurer l'alésage. Des bibliothèques de fonctions nous donnent accès à des transformées de Hough qui devraient nous permettre de détecter les cercles dans une image. Trop facile, c'est déjà tout fait. Ou pas.
Nous commençons à rencontrer les vraies difficultés, et les premières désillusions : les fonctions toutes faites ne marchent pas si bien sur nos images, peut-être trop sombres. La caméra a une résolution finalement un petit peu trop faible pour nous donner des résultats vraiment satisfaisants. De plus l'équipe ne compte pas de bricoleurs attitrés, tous occupés par le banc mécanique. Nous pataugeons dans la semoule. Nous décidons d'acheter une nouvelle caméra, avec une meilleure résolution. L'équipe est finalement rejointe par un codeur expert, j'ai nommé Alexis (ce héros), et ce n'était pas du luxe. Mais elle perd aussi un de ses membres éminents (c'est moi qui écris, je raconte ce que je veux), qui part faire usage de ses compétences exceptionnelles pour réaliser des maquettes SolidWorks.
Pour satisfaire le terrible boss Yvon, on triche un peu sur le schéma d'avancement de la deuxième semaine (fig 2), ni vu ni connu.
Fig.2 Schéma d'avancement au terme de la 2ème/3 semaine du projet de mécatronique relatif à la réalisation du banc de test à caractérisation optique.
Oulala, on approche dangereusement de la fin! L'équipe optique emprunte son bricoleur en chef à l'équipe mécanique. Le projet repart sur les chapeaux de roues. Les codeurs codent, les bricoleurs bricolent, la nouvelle caméra est livrée. Mais d'autres missions viennent occuper les courageux mineurs: vidéo, site internet, maquettes 3D, plaquette publicitaire, ... Devant cet afflux de nouvelles tâches, nous choisissons de concentrer nos efforts sur une seule fonction du banc optique: la caractérisation de l'alésage grâce à une vue du dessus. Nous décidons également de garder la première caméra, car les résultats obtenus sont corrects, et nous n'avons pas le temps de prendre en main la nouvelle caméra. Une interface pour l'utilisateur est développée, une structure pour accueillir la caméra est fabriquée, de nombreuses mesures pour tester l'ensemble sont effectuées.
Finalement, nous n'avons pas pu obtenir le résultat espéré pour ce banc optique. Nous présentons donc une preuve de concept avancée mais pas exhaustive. Il nous semble cependant que ce projet est prometteur: nous avons été limité par le manque de temps mais n'avons pas rencontré de problème insoluble qui contreviendrait à la faisabilité de notre idée.
Un peu de temps et de talent permettrait de mener à terme ce beau projet.