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Adopté en 1951
Le Chicago Assyrian Dictionary est le projet principal à l’origine de cette série de dictionnaires. Il fut adopté par l’UAI en 1951 et trois projets auxiliaires lui furent adjoints au fil du temps. Ces projets sont les suivants :
Chicago Assyrian Dictionnary (CAD)
Le Chicago Assyrian Dictionary, lancé en 1921 par James Henry Breasted, compile un dictionnaire complet des divers dialectes de l’akkadien, la première langue sémitique connue qui fut écrite sous forme de textes en écriture cunéiforme, entre ca. 2400 av. J.-C. et 100 ap. J.-C. – textes qui furent récupérés lors de fouilles archéologiques sur d’anciens sites du Proche-Orient. Ce dictionnaire assyrien est une entreprise conjointe de chercheurs résidents et non-résidents du monde entier qui ont consacré leur temps et leur travail à la collecte des sources et à la publication du dictionnaire pendant une période de soixante-dix ans. Le dictionnaire a été achevé en 2010 avec la publication de son 21e volume.
Materialien Zum Sumerischen Lexikon (MSL)
Il s’agit d’une reconstruction des textes lexicaux sumériens et akkadiens publiés sous le parrainage de l’Institut biblique pontifical (16 volumes).
Materials for the Assyrian Dictionnary (MAD)
La série est publiée par l’Oriental Institute de l’Université de Chicago (5 volumes).
Materiali per il vocabolario neosumerico
Ce sous-projet fut initié par l’Unione Accademica Nazionale en 1971 (22 volumes).
I Dizionari del Vicino Oriente Antico
Le projet « I Dizionari del Vicino Oriente Antico » vise à relancer et à achever le projet « Dizionario Sumerico and Dizionario Assiro », pris en charge par l’Unione Accademica Nazionale.
Le nouveau plan de travail du projet – qui a débuté à la fin de l’année 2015 – comprend la préparation d’une série presque complète de dictionnaires sur les langues parlées et écrites dans le Proche-Orient ancien – à savoir les régions syro-levantine, mésopotamienne, iranienne, anatolienne et égyptienne – depuis l’Âge du Bronze jusqu’à la fin de l’Antiquité. Ce projet ambitieux vise tout d’abord à fournir aux chercheurs – aussi bien aux étudiants universitaires qu’aux spécialistes – des instruments facilement accessibles, concis et en même temps très fiables pour l’étude des textes anciens. Le comité scientifique est d’avis que la connaissance des langues anciennes du Proche-Orient est essentielle à la compréhension de la richesse culturelle de la région et de ses relations profondes avec la culture européenne et, par conséquent, toute la série des dictionnaires est essentielle pour les chercheurs de différentes disciplines (philologie, histoire et archéologie). Il faut également souligner que, si le choix de l’italien comme langue de traduction correspond à la fonction principalement didactique des dictionnaires, il est également motivé par l’intention de promouvoir une nouvelle étude lexicographique approfondie, basée sur des connaissances linguistiques et philologiques actualisées, et qui recourt aux dictionnaires existants en anglais et en allemand, mais propose une refonte radicale des matériaux lexicaux.
Au cours des deux dernières années, le travail s’est concentré sur deux dictionnaires : le sumérien et le néo-assyrien.
Dans le premier cas, les lemmes appartiennent à un secteur spécifique de la documentation, qui apparaît central dans la pratique didactique des cours universitaires, c’est-à-dire les inscriptions royales, et est particulièrement intéressant même pour les non-spécialistes. Par rapport aux répertoires existants, le dictionnaire se veut facilement consultable, concis et caractérisé par une perspective historique pour chaque lemme. Les travaux de recherche et de rédaction ont été confiés au Dr Massimo Maiocchi, sous la supervision du Prof. Dr Gebhard Selz. La publication du volume est prévue avant fin 2019.
Le dictionnaire néo-assyrien est conçu comme un complément important aux dictionnaires existants, dans la mesure où il considère une variante spécifique de la langue akkadienne, utilisée en Assyrie aux Xe-VIIe siècles av. J.-C., surtout dans les documents issus des bureaux de l’administration impériale. Le dictionnaire spécifiquement consacré à ces textes est considéré comme un outil important et innovant pour la compréhension de cette langue et est, en même temps, un outil concis et facilement utilisable pour l’étude de la documentation. La préparation du volume a été confiée au Dr Silvia Salin, avec la collaboration et la supervision des Prof. M.M. Fales et S. Ponchia. La publication est prévue dans environ deux ans.
Le travail sur ces deux dictionnaires est possible grâce à la coopération entre les départements des universités de Vérone et de Venise – Ca’ Foscari et, principalement, de l’ISMEO et d’un projet dirigé là par le professeur Adriano Rossi et financé par le ministère italien des universités (MIUR). Ces institutions financent le travail des chercheurs par des subventions annuelles.
Entre-temps, le début des travaux sur d’autres dictionnaires (à savoir : babylonien standard, élamite, hittite, ougaritique, égyptien, phénicien et punique, araméen, et en plus syriaque et copte) est planifié selon un calendrier qui sera progressivement défini en fonction de la disponibilité des ressources.
Adopté en 1958
Viljem Trencner
Né à Copenhague, son nom complet était Carl Wilhelm Trenckner, mais lui-même l’écrivait toujours V. Trenckner. Après avoir suivi les cours d’un collège allemand à Copenhague, il reçut un enseignement privé et s’inscrivit à l’université (1841) où il se tourna d’abord vers l’étude de la philologie classique (en particulier, les cours du professeur Madvig). En même temps, il s’appliqua de son côté à l’étude du persan, de l’arabe, du syriaque, de l’éthiopique et d’autres langues orientales, sans parler des langues européennes modernes (comme l’allemand, l’anglais, le français, l’espagnol, l’italien et le russe), pour lesquelles il conserva un vif intérêt toute sa vie. Les résultats retentissants des célèbres expéditions de Rask et Westergaard en Perse et en Inde attirèrent son intérêt vers l’Orient, et il n’obtint jamais son diplôme universitaire en philologie classique. Une fortune modérée lui permit de se livrer à des études linguistiques durant sa jeunesse. Comme on peut le voir dans ses écrits, il était particulièrement compétent en arabe et en persan.
À partir de cette petite esquisse de la vie de Trenckner, on ne comprend pas facilement que nous avons affaire ici à l’un des plus ingénieux érudits du pali. En effet, nous avons omis tout ce qui concerne ses études indiennes, qu’il a commencées avant 1850 sous la direction de Westergaard (sanskrit, zend et pehlevi), et nous voyons dans ses écrits qu’en 1854, il était également occupé par l’étude du bengali, de l’hindi, du cinghalais et du birman. À la même période, au cours de laquelle il lut l’intégralité du Mahābhārata, il se familiarisa également avec les transcriptions des textes pali de Fausbøll, qu’il copia pour lui-même, en les corrigeant à partir des originaux. Plus tard, il fit des transcriptions pour son propre compte de la plupart des manuscrits pāli de la Collection de Copenhague et de quelques autres venant de Londres. Toutes ses transcriptions sont très fines et scrupuleusement élaborées dans le système sténographique spécialement inventé à cet effet par Fausbøll.
Le dictionnaire
Il peut être approprié de rappeler le but et les objectifs de ce dictionnaire, mentionnés dans la préface du volume I à la p. X : « Nous avons appelé cet ouvrage ‘Dictionnaire critique du pāli’, à la fois parce que le matériel de Trenckner fut le premier à être organisé sur une base critique, et parce que la nature de nombreuses éditions modernes des textes nous impose l’obligation de tester à nouveau les lectures. Le dictionnaire prétend donc être critique, mais sa critique relève uniquement d’un ‘lower criticism’, dans la mesure où nous travaillons exclusivement sur le Canon Pāli et les livres plus récents qui en font partie. Notre plan a simplement été de fournir du matériel vérifié pour cette critique plus élevée qui vérifie le Canon de Theravāda [p. VIII] avec les documents laissés par d’autres écoles bouddhistes ainsi qu’avec les couches plus profondes de la tradition Jain. Ainsi, nous avons essayé de montrer ce qui peut être accompli par le Pāli seul, mais nous devons laisser à d’autres le soin de tirer les conclusions d’une étude comparative plus approfondie. Nous pensons également que le fait que nous ayons, selon le plan de Trenckner, inclus les Nomina propria et les titres de livres et leurs sections séparées, ainsi que les éléments les plus nécessaires de la grammaire pāli traditionnelle – de Kaccāyana à Saddanīti – contribueront à rendre plus utile le matériel que nous fournissons ici. »
Grâce à la collaboration entre l’Académie royale danoise et l’Akademie der Wissenchaften und der Literatur de Mayence (Allemagne), trois volumes ont été publiés (1948, 1960 et 1992).
Une base de données en ligne – A Critical Pāli Dictionary Online – est gérée par le Data Center for the Humanities de l’Université de Cologne en coopération avec la Pali Text Society. Le projet a été initialement réalisé par le Département des études interculturelles et régionales (ToRS) de l’Université de Copenhague.
Adopté en 1973
Le Corpus Inscriptionum Iranicarum a pour objectif de publier un corpus complet d’inscriptions et de documents dans les langues de la famille iranienne, ainsi que ceux en langues non iraniennes s’ils ont été trouvés en Iran ou sont des versions de textes en langue iranienne. Les textes littéraires, ainsi que les inscriptions persanes postérieures au début de la période safavide, sont exclus. La série comprend à la fois de la documentation photographique et des éditions de texte (avec traductions, commentaires, etc., selon les cas). Une Série supplémentaire prévoit l’inclusion d’oeuvres pertinentes, par exemple des glossaires et des grammaires, qui n’entrent pas dans le cadre de la série principale. Les premières publications du CII ont pris la forme de portfolios de fac-similés sur des planches détachées ; les volumes plus récents, qu’ils soient constitués de planches, de textes avec traduction et commentaire, ou des deux ensemble, ont pour la plupart été reliés sous forme de livre.
Le CII a été fondé en réponse à une résolution du 22e Congrès international des orientalistes à Istanbul (1951) avec H.B. Henning comme premier président et Sayyed Hasan Taqīzāda (Taqizadeh) comme président d’honneur. Le projet, soutenu par la British Academy, a été adopté par l’UAI en 1973 ; il est enregistré en Angleterre en tant qu’organisme de bienfaisance à but éducatif et en tant que société à but non lucratif à responsabilité limitée.
Les travaux du CII sont dirigés par un conseil et un comité international de quarante membres au maximum, qui représentent actuellement dix pays différents. Les membres du comité international, qui sont élus en reconnaissance de leur expertise en philologie, linguistique et histoire iraniennes, sont amenés à contribuer par des volumes au projet ou à suggérer des chercheurs à qui des volumes pourraient être commandés, et à apporter des conseils sur les questions relevant de leur domaine d’expertise particulier. Ils sont invités à l’assemblée générale annuelle et sont responsables de l’élection du Conseil. Le Conseil, qui se réunit généralement une fois par an, a un rôle de supervision et examine les questions de politique générale ainsi que la décision finale d’accepter ou non un volume soumis pour publication.
Le CII n’a pas de directives éditoriales formelles et est flexible en ce qui concerne la langue et le format des volumes individuels, mais insiste pour maintenir les normes universitaires les plus élevées. Ses publications constituent une oeuvre majeure et nombre d’entre elles sont reconnues comme des éditions définitives des documents concernés. En 2018, 52 volumes au total avaient été publiés dans les catégories suivantes : inscriptions de l’Iran ancien (5 vol.) ; inscriptions des périodes séleucide et parthe, et de l’Iran oriental et de l’Asie centrale (25 vol.) ; inscriptions en pahlavi (11 vol.) ; inscriptions en persan (5 vol.) ; et série supplémentaire (6 vol.). En outre, le CII a agi en tant que sponsor ou co-éditeur de plusieurs volumes qui n’ont pas été publiés dans le cadre de sa propre série, tels que Joseph Naveh and Shaul Shaked, Aramaic documents from ancient Bactria (Londres, The Khalili Family Trust, 2012.
Le Corpus ne comportant aucun document postérieur au XVIe siècle, sa portée est théoriquement limitée. Toutefois, il est actuellement impossible de fixer une date pour l’achèvement du projet, car de nouveaux documents continuent d’être découverts aussi rapidement que les publications avancent. Plusieurs publications du CII, par exemple Sogdian and other Iranian inscriptions of the Upper Indus (2 volumes) et Bactrian Documents from Northern Afghanistan (3 volumes) sont entièrement constituées de documents dont l’existence n’était même pas suspectée au moment de la fondation du CII. Les directeurs du projet sont également désireux de rendre rapidement disponible le matériel nouvellement découvert et de combler les lacunes de longue date dans le Corpus.
Adopté en 1979, 1983 & 1987
36a. Language Atlas of the Pacific Area (LAPA)
L’Atlas des langues de la zone Pacifique avait pour but la présentation graphique, sur 47 grandes cartes multicolores, de la situation linguistique extrêmement complexe dans la zone Pacifique proprement dite et dans les régions adjacentes à l’ouest, à savoir les langues qui se trouvent dans la région de la Nouvelle-Guinée. Des textes montrant le regroupement et la classification des langues et des dialectes et le nombre de leurs locuteurs, des explications et des notes appropriées ainsi que des données bibliographiques accompagnaient chaque carte, et des textes et des index généraux complétaient les ensembles de cartes couvrant diverses zones. Grâce à la forte implication des chercheurs, les deux parties de la carte sont terminées et ont été publiées respectivement en 1981 et 1983 par l’Académie australienne des sciences humaines en collaboration avec l’Académie du Japon.
Le projet a été adopté par l’UAI en 1979 à l’initiative de l’Académie australienne des sciences humaines et de l’Académie du Japon.
36b. Language Atlas of China
L’Atlas des langues de Chine constitue une continuation du projet LAPA. Son objectif était la présentation graphique, sur 36 grandes cartes multicolores, des nombreuses langues et dialectes parlés par les Chinois non-Han en Chine – qui ont été largement inclus dans un certain nombre de minorités nationales – et des nombreux dialectes du chinois lui-même. Les cartes sont expliquées par des indications relatives au regroupement et à la classification des langues et des dialectes, au nombre de leurs locuteurs. Des explications et des notes ainsi que des données bibliographiques ont été ajoutés à chaque carte. Des cartes et des index généraux accompagnent les deux sections principales traitant des langues chinoises non-Han et des dialectes chinois. Plusieurs cartes générales ont été ajoutées à l’Atlas qui est paru en deux parties, chacune d’elles étant subdivisée en une section de langues chinoises non-Han et une section de dialectes chinois. La publication existe en anglais et en chinois et les deux éditions ont été achevées en 1987-90.
Cette poursuite du projet LAPA avait été proposée à l’UAI en 1983 par l’Académie australienne des sciences humaines qui l’a initiée avec l’Académie chinoise des sciences sociales.
36c. The Atlas of the Language of Korea
L’Académie nationale des Sciences de la République de Corée a décidé de créer un comité chargé de produire un atlas linguistique de la Corée, dans le prolongement du projet LAPA et de l’atlas linguistique de la Chine. Le projet a été soumis à l’UAI en 1987. L’Atlas a été publié en 1993 (Sunji Munhwasa, Séoul).
Adopté en 1987
Les traités juridiques constituent l’un des genres littéraires les plus représentatifs de la pensée indienne et se sont propagés bien au-delà des frontières du sous-continent, exerçant leur influence sur les cultures d’Asie centrale et, principalement, d’Asie du Sud-Est. La connaissance de cet héritage culturel, social et religieux exceptionnel est absolument essentielle pour pénétrer les traditions anciennes et la réalité contemporaine de l’Inde et des pays indianisés.
Cette littérature, dont le développement chronologique peut être tracé entre le IXe-Ve siècle av. J.-C. et le XVIIIe siècle de notre ère, est vraiment exceptionnelle. P.V. Kane dans son livre monumental, History of Dharmaśastra, mentionne environ 1 500 auteurs et énumère des milliers de textes : certains d’entre eux sont déjà édités, certains sont encore inédits et d’autres ne sont connus que par des citations. Il s’agit d’un matériel impressionnant – ancré dans les croyances religieuses et sociales les plus anciennes – dont les caractéristiques particulières le caractérisent davantage comme un corpus de prescriptions que comme un ensemble de règles liées au corps législatif du droit positif.
Le travail des commentateurs qui ont assumé une position plus exégétique que théorique ne sert pas toujours à éclaircir l’essence même de la loi, ni à définir exactement le rôle du corpus législatif coopératif et les préceptes été publiés en tant que volumes indépendants avec des méthodes éditoriales différentes. Cette réalité objective et l’opportunité réelle de proposer une nouvelle lecture de ces textes, sur la base d’une documentation plus récente, ont suggéré les grandes lignes de la Série du Corpus Iuris Sanscriticum, dans laquelle le choix des textes et les critères d’édition sont rigoureusement établis selon des principes stricts d’homogénéité critique. Depuis le début, la charte d’édition du projet a été conçue avec Ludwik Sternbach selon l’article de K.V. Sarma « Some new techniques in collating mss. and editing texts ». Une tâche aussi exigeante et ardue a demandé une longue phase d’organisation au cours de laquelle la collaboration du professeur Colette Caillat et de Siegfried Lienhard s’est révélée inestimable.
Le projet a été honoré par le patronage de l’Unione Accademica Nazionale, Rome (1980), de la Sahitya Akademi, Delhi (1987) et de l’Union Académique Internationale, Bruxelles (61e Assemblée, Barcelone (14-20 / 06/1987), en considération de la «nature internationale hautement scientifique du projet ».
Académie responsable du projet : Unione Accademica Nazionale, Rome ; académies partenaires : Accademia delle Scienze, Turin, Sahitya Akademi, Delhi ; autres institutions partenaires : Università di Torino.
Le projet a reçu le prix « Hikuo Hirayama » de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres de l’Institut de France en 2000 et 2016.
Adopté en 1994
Travailler avec des manuscrits dans la langue culturelle classique de l’Inde
Projet de l’Académie des Sciences et des Sciences humaines de Göttingen
Dans les ruines et les monastères de grottes désertes, le long de la route septentrionale qui est une des deux anciennes Routes de la Soie dans le Turkestan oriental (aujourd’hui : province du Xinjiang, Chine), des fouilles archéologiques ont été effectuées par des expéditions russes, anglaises, françaises, japonaises, suédoises et par quatre expéditions allemandes pendant les deux dernières décennies du XIXe et les premières décennies du XXe siècle. Au cours de ces expéditions, un grand nombre de manuscrits, écrits dans de nombreuses langues, ont été découverts. Une grande partie était écrite en sanskrit, la langue culturelle classique de l’Inde. La plupart de ces manuscrits se sont retrouvés dans la « collection Turfan » de Berlin, du nom de l’un des principaux lieux de découverte, et sont devenus des objets de recherche pour les spécialistes des « Turfan studies ». Comme le travail sur les manuscrits l’a rapidement révélé, ceux-ci – en plus de la « littérature scientifique » (grammaire, métrique, astronomie, médecine) et d’autres textes – contiennent principalement des textes bouddhiques en sanskrit, qui appartiennent en grande partie au canon du Sarvāstivādin, une école bouddhiste du « Hīnayāna » du nord-ouest de l’Inde qui a contribué à la propagation du bouddhisme en Asie centrale et orientale. À l’heure actuelle, de nombreux textes ont été édités et, en partie, également traduits. Le catalogage des manuscrits sanskrits de cette « collection Turfan » est un projet, basé à Göttingen, de l’Académie des Sciences et des Sciences humaines de Göttingen (The Union Catalogue of Oriental Manuscripts in German Collections: Sanskrit Fragments from Turfan).
Le dictionnaire sanskrit des textes bouddhiques issus des découvertes de Turfan (Sanskrit-Wörterbuch der buddhistischen Texte aus den Turfan-Funden [= SWTF]), qui est en cours de compilation à Göttingen, est un dictionnaire bilingue (sanskrit-allemand), dont le but est l’analyse lexicographique de cette littérature bouddhique ancienne. En raison des citations détaillées et – à quelques exceptions près – de l’inclusion complète du vocabulaire des textes analysés, le dictionnaire a le caractère d’une concordance spécialisée ainsi que celle d’une phraséologie générale du sanskrit bouddhique des textes canoniques du Sarvāstivāda.
Les textes inclus dans le dictionnaire contiennent en grande partie des phrases courantes du sanskrit bouddhiste. Les dictionnaires standard du sanskrit classique par O. Böhtlingk et R. Roth (publiés en 1855-1875 et 1879-1889) et M. Monier-Williams (publié en 1899) ne contiennent que très peu de documents textuels bouddhiques ; il en va de même pour les autres dictionnaires sanskrits. Le dictionnaire du « Buddhist Hybrid Sanskrit » de F. Edgerton (publié en 1953) se limite à une partie seulement du vocabulaire des écrits sanskrits bouddhiques en mettant l’accent sur la phonétique et la morphologie, et considère principalement les écarts par rapport au sanskrit classique. De plus, les textes inclus dans le SWTF étaient largement inaccessibles au moment de la publication de ces dictionnaires. Ainsi, le SWTF apporte une contribution importante à la lexicographie indienne.
Le dictionnaire est publié par fascicules de 80 pages ; à la fin, il y aura 29 fascicules regroupés en 4 volumes, achevés en 2017. Le volume I (voyelles), le volume II (k-dh) et le volume III (n-m) ont été publiés en 1994, 2003 et 2008 (éditeurs : Heinz Bechert † et Klaus Röhrborn ; avec la collaboration de (par ordre alphabétique) : Andreas Bock-Raming, Sven Bretfeld, Jin-il Chung, Siglinde Dietz, Jens-Uwe Hartmann, Petra Kieffer-Pülz, Michael Schmidt, Georg von Simson, Martin Straube, Klaus Wille). À partir du quatrième volume, Jens-Uwe Hartmann est devenu éditeur du dictionnaire. Le projet est financé dans le cadre du Programme des Académies par la Conférence scientifique conjointe (Die Gemeinsame Wissenschaftskonferenz) des gouvernements fédéral et des Länder ; la publication se trouve sous le patronage de l’Union Académique Internationale, Bruxelles.
De nouvelles éditions de textes et d’autres documents pertinents sont régulièrement publiés dans des suppléments. Dans le cadre de la « Commission pour les études bouddhistes », fondée en 1973, quatre colloques interdisciplinaires internationaux sur les études bouddhistes ont été organisés, dont les résultats ont été publiés dans les Abhandlungen de l’Académie des Sciences et des Sciences humaines de Göttingen ; les deuxième et troisième symposiums ont porté sur l’analyse et la classification des écrits bouddhiques canoniques de Turfan.
Adopté en 1996
Il existe des dizaines et des milliers de manuscrits orientaux conservés dans les collections allemandes et de nouvelles acquisitions sont toujours en cours, distançant ainsi les efforts antérieurs dans la production de catalogues. Ces manuscrits sont des sources précieuses pour les études orientales en langues, littérature, religions, culture et histoire, mais aussi dans d’autres domaines, comme l’histoire de l’art. Pour permettre et faciliter l’accès à ces manuscrits orientaux et pour répondre aux besoins des chercheurs, les orientalistes allemands ont suggéré la création d’un catalogue collectif des manuscrits orientaux en 1957, qui a été mis en oeuvre la même année avec le projet de recherche « Union Catalogue of Oriental Manuscripts in German Collections » (« Katalogisierung der Orientalischen Handschriften in Deutschland », en abrégé KOHD).
Le projet a été lancé par Wolfgang Voigt, alors directeur du département oriental à la Westdeutsche Bibliothek de Marburg, sous les auspices de la German Oriental Society (Deutsche Morgenländische Gesellschaft). Jusqu’en 1989, le projet était financé par la Fondation allemande pour la recherche (Deutsche Forschungsgemeinschaft). En 1990, il est devenu un projet de recherche de l’Académie des Sciences et des Sciences humaines de Göttingen, financé à la fois par le gouvernement fédéral et les Länder allemands (Akademienprogramm der Gemeinsamen Wissenschaftskonferenz von Bund und Ländern). En 1996, l’Union Académique Internationale de Bruxelles a placé le catalogue collectif en tant que projet n°53 sous son patronage. Le projet KOHD, qui comprend actuellement des groupes de travail pour les manuscrits arabes (Hambourg et Jena), coptes (Berlin), khmers/thaï-khmers (Göttingen), en vieux turc (Berlin), persans (Marburg), tamouls (Köln), tibétains (Bonn et Hambourg) et en sanskrit (Göttingen) devraient se poursuivre jusqu’en 2022.
L’objectif du projet est de répertorier les manuscrits des collections allemandes écrits dans des langues et systèmes d’écritures orientaux qui n’ont pas encore été catalogués et de les rendre accessibles via des catalogues imprimés et via une base de données. Les catalogues imprimés sont publiés dans la série de publications « Verzeichnis der Orientalischen Handschriften in Deutschland (VOHD) » par le Franz Steiner Verlag Stuttgart, édité par le directeur du projet pour le compte de l’Académie de Göttingen. En juin 2019, 172 volumes avaient été publiés dans la série (et 52 autres dans la série des suppléments, qui comporte des monographies sur des manuscrits spécifiques et des sujets liés aux manuscrits). Les entrées du catalogue fournissent des descriptions détaillées concernant le contenu de chaque manuscrit, ainsi que des informations codicologiques, selon des règles précises pour la compilation et la description, ces dernières étant adaptées aux besoins particuliers des groupes linguistiques respectifs. Les sous-éléments considérés par défaut incluent le numéro d’étagère, la couverture, le matériau, l’état de conservation, le nombre de pages, le format, le nombre de lignes, le style d’écriture, les enluminures, le scribe, la date, l’origine, l’auteur, le titre de l’oeuvre, la citation de la première et de la dernière ligne du texte ainsi que du colophon, des remarques complémentaires et un certain nombre de registres ou de concordances.
Depuis 2016, les autres manuscrits non catalogués conservés par la Bibliothèque d’État de Bavière, l’Académie des sciences de Berlin-Brandebourg, le Musée d’art asiatique – Musées d’État de Berlin, la Bibliothèque d’État et universitaire de Göttingen, la Bibliothèque d’État de Berlin –, le Patrimoine culturel prussien, la Bibliothèque d’État et universitaire de Hambourg, la Bibliothèque scientifique municipale de Mayence et la Collection de papyrus de Berlin sont répertoriées dans deux bases de données en ligne. Ce sont (1) KOHD Digital pour les manuscrits en vieux turc, arabe, dravidien, khmer, persan, sanskrit et tibétain, et (2) KOHD Coptica, qui est adapté aux besoins des manuscrits coptes et compatible avec d’autres bases de données papyrologiques. Ils ont tous deux été relancés en 2019 et sont constamment mis à jour avec de nouvelles descriptions de manuscrits. Les entrées qui se trouvent en ligne sont basées sur les mêmes règles de présentation que les catalogues imprimés, mais dans une version plus courte afin d’assurer le plus rapidement possible et le plus largement possible le traitement des manuscrits non catalogués.
Un aperçu des activités récentes du projet et de ses progrès est fourni par les rapports annuels publiés dans le Jahrbuch der Akademie der Wissenschaften zu Göttingen. De plus amples informations sur le projet KOHD et ses groupes de travail ainsi qu’un aperçu de la série de publications VOHD sont disponibles sur le site web du KOHD.
Adopté en 2002
L’Encyclopædia Iranica est consacrée à l’étude de la civilisation iranienne au Moyen-Orient, au Caucase, en Asie centrale et dans le sous-continent indien. Ce travail de référence académique couvrira à terme tous les aspects de l’histoire et de la culture iraniennes, ainsi que toutes les langues et littératures iraniennes, facilitant la gamme complète des études iraniennes, de l’archéologie aux sciences politiques.
L’Encyclopædia Iranica est un projet collaboratif international soutenu par la Fondation Encyclopaedia Iranica et réalisé à l’Université Columbia. Le projet était supervisé jusqu’en 2017 par son fondateur et rédacteur en chef, le professeur Ehsan Yarshater, auquel a succédé le professeur Elton Daniel. Une équipe de rédacteurs-conseils, tous spécialistes de renommée internationale des études iraniennes, aident au choix et à la modification des entrées. L’équipe éditoriale interne travaille au Ehsan Yarshater Center for Iranian Studies de l’Université Columbia. Les entrées sont sollicitées uniquement sur invitation et sont soumises à un comité de lecture pour garantir la fiabilité des faits, l’objectivité scientifique et l’indépendance politique.
En reconnaissance de ses réalisations académiques élevées, l’Encyclopædia Iranica a reçu un soutien financier, depuis sa création dans les années 1970, de la part de sponsors majeurs, tels que le National Endowment for the Humanities. La Fondation Encyclopaedia Iranica, créée en 1990, a pour mission de garantir l’indépendance intellectuelle de l’Encyclopædia Iranica en couvrant son budget de fonctionnement.
Auteurs
L’Encyclopædia Iranica est une entreprise internationale et s’appuie sur les chercheurs les plus prestigieux au monde pour garantir la qualité et la fiabilité de ses articles. À ce jour, plus de 1 300 universitaires du monde entier ont rédigé des articles dans diverses langues, dont l’anglais, le russe, le persan, le turc et le chinois. Le seul volume I compte 285 auteurs.
Histoire du projet
Au début des années 1970, Ehsan Yarshater, alors professeur de la chaire Hagop Kevorkian d’études iraniennes à l’Université Columbia, lança le projet Encyclopædia Iranica, l’envisageant comme un ouvrage de référence complet sur les études iraniennes. L’objectif du professeur Yarshater était de fournir aux spécialistes de l’Iran une plate-forme pour la publication de recherches en dehors de revues hautement spécialisées, tout en donnant aux universitaires dans des domaines connexes, ainsi qu’au grand public, un accès aux connaissances sur la civilisation iranienne.
En 1982, le premier fascicule de l’Encyclopædia Iranica fut publié. En janvier 2019, 15 volumes et les fascicules XVI/1, XVI/2 et XVI/3 du volume 16 étaient parus sous forme imprimée, avec des entrées allant de « Āb » à « Khavaran-nameh ». En 1996, l’Encyclopædia Iranica lança son premier site web, iranica.com, pour offrir un accès gratuit aux fichiers PDF des fascicules publiés précédemment. En 2009, Encyclopædia Iranica commença à développer son site web actuel. Depuis 2010, ce site offre aux lecteurs un accès facile à toutes les entrées grâce à des recherches dans le texte intégral. En septembre 2018, la version en ligne comprenait environ 7300 entrées, dont plus de 850 sont disponibles uniquement sur internet. La Fondation Encyclopaedia Iranica s’est engagée à développer de manière permanente les versions imprimée et numérique de l’Encyclopædia Iranica ainsi que, sous réserve d’un financement adéquat, l’accès libre au site web Iranica. Toutefois, l’édition imprimée est actuellement priorisée car la conservation à long terme des contenus numériques reste un défi.
Depuis sa création, le projet Encyclopædia Iranica a reçu un financement de la part d’organismes subventionnaires indépendants, tels que le National Endowment for the Humanities (NEH) et l’American Council of Learned Societies (ACLS). En 1990, la Fondation à but non lucratif Encyclopædia Iranica a été créée pour garantir l’indépendance intellectuelle du projet et assurer sa viabilité à long terme.
Adopté en 1998
Le prophète Mani (226-266), qui a établi sa religion universelle au IIIe siècle de notre ère, était un grand défenseur de la diffusion de ses idées religieuses grâce à l’écriture. Des textes manichéens rédigés dans une variété de langues anciennes et médiévales allant du latin au chinois ont été retrouvés dès le début du XXe siècle, principalement dans des contextes archéologiques. La majorité de ces textes, beaucoup dans un état très fragmentaire, sont conservés dans des bibliothèques à Berlin, Dublin, Paris, Londres et Pékin. Ce projet, qui a reçu le parrainage de l’UNESCO sous l’égide de l’Integrated Study of the Silk Road Program (1996-2003), est la publication officielle de l’Association internationale des études manichéennes (IAMS). Les réunions officielles des directeurs du projet et des différentes séries du CFM ont lieu lors du symposium quadriennal de l’Association internationale des études manichéennes et lors des réunions semestrielles du conseil d’administration de l’Association. Les directeurs accordent une priorité élevée à l’obtention de financements permettant le travail des chercheurs en équipe via la tenue régulière de réunions et de workshops. Au total, 20 volumes ont été publiés entre 1996 et 2018.
Les principales sous-séries
Le but principal de ce projet est de publier, dans un seul corpus, des textes, des traductions et des commentaires de tous les textes manichéens authentiques connus et des principaux textes polémiques contre la religion manichéenne. En raison de la diversité linguistique des textes manichéens, le projet est divisé en un certain nombre de sous-séries construites chacune autour d’une langue majeure. Le CFM est actuellement subdivisé en huit sous-séries selon la langue du texte original : Arabica, Coptica, Graeca, Iranica, Latina, Sinica, Syriaca et Turcica. Chaque sous-série a son propre directeur qui s’assure que les volumes soumis pour publication par Brepols répondent aux normes de recherche les plus élevées. Les volumes contiennent des textes, des traductions, des commentaires détaillés, des index de mots et des bibliographies à jour ainsi qu’une sélection de photographies des manuscrits originaux. Depuis sa création en 1996, huit volumes de textes ont été publiés.
Dictionary of Manichaean Texts et Series Subsidia
L’équipe de cette importante sous-série est placée sous la direction du professeur Nicholas Sims-Williams, FBA avec un financement de l’AHRC (Royaume-Uni) et de la British Academy. Elle fut basée à l’Ancient India and Iran Trust à Cambridge de 2000 à 2004. Cinq des six volumes prévus du dictionnaire, destinés à couvrir l’intégralité du vocabulaire et de la terminologie technique des textes manichéens, ont été publiés.
Series Archaeologica
Les vestiges matériels de la secte manichéenne ne sont pas négligés et deux des volumes publiés du CFM sont consacrés à des collections d’art manichéen dans les musées de Berlin (Allemagne), de Quanzhou et de Jinjiang (Chine).
Analecta Manichaica
Cette série, lancée en 2017, est destinée à accueillir de manière irrégulière une revue et des actes de conférence de l’IAMS avec des contributions axées sur l’édition, la traduction et les études de textes manichéens originaux.
Biblia Manichaica
Une autre nouvelle série a également été lancée en 2017 pour permettre la compilation et l’analyse de textes manichéens dans toutes les langues connues qui sont clairement influencés par les textes judéo-chrétiens (canoniques et apocryphes).
Electronic publications
Un élément important du projet est la base de données électronique intitulée Database of Manichaean Texts. Cette grande « banque électronique » contient des versions de presque tous les textes manichéens publiés avant 1998. La mise à disposition d’une ressource aussi importante au format électronique a considérablement allégé la tâche d’édition et de compilation de données lexicales, en particulier pour le Dictionary of Manichaean Texts. Cette base de données ou corpus électronique sera progressivement mise à la disposition de tous les chercheurs travaillant sur les textes manichéens. De plus, Brepols, l’éditeur du CFM, a accepté que 10% du Corpus, en particulier les volumes du Dictionary, soient disponibles en ligne gratuitement via le site web de l’Association internationale des études manichéennes.
Consulter la liste des publications sur le site de Brepols
Adopté en 2003
Le moyen perse, une langue politique et culturelle majeure de l’Antiquité tardive au Proche-Orient, était un véhicule de l’Empire sassanide et a servi un certain nombre de religions importantes, telles que le zoroastrisme et le manichéisme, et partiellement le christianisme. Toutefois, il ne possède pas encore de dictionnaire propre. Un certain nombre de dictionnaires partiels, plusieurs éditions de textes avec des glossaires utiles et plusieurs ouvrages de nature étymologique sont à ce jour disponibles, mais aucun d’entre eux ne couvre la gamme complète du moyen perse. Tel est l’objectif du présent projet. Une fois terminé, il inclura les textes littéraires zoroastriens ; les inscriptions inscrites sur la pierre et sur les sceaux ; les documents en pahlavi écrits sur du cuir, du papier et du papyrus ; les textes manichéens ; ainsi qu’une sélection de matériel écrit au moyen du pazand (pour les formes tardives de la langue). Il tiendra compte des mots du moyen perse empruntés aux langues voisines telles que l’araméen, l’arménien, le géorgien et l’arabe, dont certains ne sont pas attestés dans tous les écrits en moyen perse. Le présent projet s’ancre sur une base de données d’éditions de textes et de transcriptions de documents et utilise un logiciel spécialement développé pour ses besoins. Il a pour objectif de présenter la richesse lexicale de la langue, dans la mesure où elle est préservée à travers une histoire de transmission assez compliquée, puisqu’une grande partie du matériel littéraire qui existait autrefois a été perdue. Les exemplaires connus de textes en moyen perse emploient différents systèmes d’écriture qui présentent diverses difficultés de déchiffrement et d’interprétation. Tous sont transcrits en alphabet latin, suivant le système proposé par D.N. MacKenzie (1967), qui est devenu une norme presque universelle.
Le travail sera essentiellement basé sur les textes, publiés ou non, mais s’efforcera également de présenter les discussions lexicales les plus importantes de la littérature scientifique concernant les aspects sémantiques, étymologiques et historiques du lexique.
Plusieurs publications savantes importantes sur divers aspects de la lexicographie et de l’étymologie du moyen perse ont été publiées au cours des deux ou trois dernières décennies. Un Dictionary of Manichaean Middle Persian and Parthian par Durkin-Meisterernst (2004) est maintenant disponible. Un glossaire des textes épigraphiques parthe et en moyen perse a été publié par Gignoux (1972), qui a également publié une liste prosopographique des noms propres en moyen perse (1986, suivi d’un supplément). Une liste de noms iraniens (principalement en moyen perse) a été publiée dans Gignoux et al. (2009). Pour d’autres langues du moyen iranien, il existe des dictionnaires du sogdien, par Gharib (1995). Des textes en bactrien, langue récemment inconnue, ont été publiés par Sims-Williams (2000/07).
Le chorasmien, une langue représentée principalement par des gloses dans les manuscrits arabes, est maintenant connu grâce à Henning (1965 ; 1971), MacKenzie (1990 ; 1999) et d’autres. Il existe un dictionnaire du khotanais par H.W. Bailey (1979), et d’autres documents lexicaux ont été publiés par Emmerick et Skjaervø (1982 ; 1987). Pour l’étymologie, en plus des ouvrages plus anciens de Horn (1893) et Hübschmann (1895), les travaux récents les plus importants sont de Rastorguyeva et Edel’man (2000/07), dont trois volumes sont déjà parus. Cheung (2007) traite des racines verbales. Un dictionnaire complet du persan est en cours d’élaboration par Sadeghi (2013). Un dictionnaire étymologique du persan, regroupant les notes éparses dans de nombreuses publications savantes, a récemment été publié (Hasanust 1383 HS). Parmi les ouvrages lexicographiques pour le moyen perse, on peut citer le glossaire des textes inclus dans A manual of Pahlavi de Nyberg (1974). MacKenzie (1971) donne une liste des mots les plus courants en pahlavi et cite les formes correspondantes en moyen perse manichéen et en persan (sans citer de références). Henning (1933) a discuté des formes verbales et des étymologies pour le moyen perse manichéen. D’autres documents sont dispersés dans plusieurs livres et articles. Les glossaires de plusieurs éditions de textes publiés au cours des dernières décennies constituent une autre source de documentation pour les travaux lexicographiques. Les idéogrammes araméens de l’écriture pahlavi ont été discutés dans Nyberg (1988) et par plusieurs autres chercheurs.
Le projet prévoit de lister le lexique dispersé et partiellement perdu du moyen perse qui peut être récupéré à partir de mots empruntés par les langues voisines. Les mots du moyen perse dans différentes variétés d’araméen sont étudiés dans Ciancaglini (2008) ; Greenfield et Shaked (1972) ; Shaked (1985 ; 1986 ; 1991 ; 1994 ; 1995a ; 1995b ; 2003 ; 2005). Les mots emprunté au moyen perse en arménien sont traités dans Hübschmann (1897), Perikhanian (1968 ; 1985) et par d’autres. Les mots emprunté par l’arabe ancien ont été discutés dans Jawālīqī(1966), Shushtar¬i (1347 HS), Eilers (1961/2 ; 1971) et d’autres.
Les travaux préliminaires sur le projet d’un dictionnaire du moyen perse ont été réalisés en collaboration avec Carlo Cereti de La Sapienza – Università di Roma. Au cours des dernières années, le professeur Cereti a toutefois exercé une activité au sein du service diplomatique italien et n’a pas été en mesure de poursuivre son association avec le projet du dictionnaire.
Le but fondamental de ce projet, comme indiqué ci-dessus, est de préparer un dictionnaire complet pour le moyen perse sous toutes ses formes écrites. Cela n’a encore jamais été entrepris. Cet ouvrage répondra à un besoin urgent des chercheurs et des étudiants en études iraniennes et dans des domaines connexes (tels que l’araméen), et encouragera de nouvelles recherches sur divers autres aspects linguistiques du moyen perse ainsi que sur la littérature, l’histoire, la religion ou tout autre sujet relatif à la culture de l’Iran durant l’Antiquité tardive et au début de la période islamique. Dans le domaine de la lexicographie, il peut permettre une discussion plus éclairée sur les mots iraniens empruntés par d’autres langues et sur les mots empruntés par le moyen perse à des langues étrangères.
Adopté en 2005
Dictionnaire encyclopédique du bouddhisme d'après les sources chinoises et japonaises
Ce titre quelque peu mystérieux est la prononciation sino-japonaise de quatre caractères chinois qui signifient « Forêt des sens du trésor de la Loi (bouddhique) » ; il décrit en termes symboliques courants dans le bouddhisme d’Extrême- Orient l’intention première du projet : mettre à la disposition du public savant, sous forme d’encyclopédie alphabétique dont les entrées étaient classées selon la prononciation japonaise, une exposition systématique des doctrines (c’est le gi du titre, signifiant « sens » ou « dogme ») bouddhiques fondamentales telles qu’elles ont été conservées dans le trésor scripturaire constitué par le canon bouddhique chinois traduit des langues indiennes et élaboré dès le haut moyen-âge, pour culminer avec la grande édition japonaise connue sous le nom de Canon bouddhique révisé de l’ère Taishô (Taishô shinshû daizôkyô), paru entre 1924 et 1934. Cette entreprise avait été conçue à l’origine par deux grands spécialistes du bouddhisme du siècle dernier : un Français, Sylvain Lévi (1863–1935), peut-être le plus grand orientaliste de son temps, et Takakusu Junjirô (1866–1945), l’un des grands pionniers des études bouddhiques d’inspiration moderne au Japon. Le premier fascicule, comportant 96 pages sur deux colonnes, illustré d’oeuvres d’art bouddhique conservées au Japon, fut publié en 1929 à Tôkyô. Il était placé sous la responsabilité éditoriale du grand sinologue Paul Demiéville, sous le haut patronage de l’Académie Impériale du Japon et de la Maison Franco-Japonaise de Tôkyô. Le second fascicule parut en 1930, mais après le troisième (1937), le projet connut une éclipse de trente ans, pour redémarrer dans les années soixante du XXe siècle, publié cette fois par l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres de l’Institut de France.
Malgré les années passées et le progrès des études bouddhiques aux États-Unis notamment, le Hôbôgirin garde toute son utilité. Il est l’un des travaux de référence de langue française le plus systématiquement consultés à l’étranger dans une spécialité donnée et il garde un prestige particulier auprès des spécialistes japonais, malgré l’indéniable attrait exercé chez ceux-ci par la bouddhologie anglo-saxonne dans ses récents développements. Si l’on a vu l’apparition de pro- jets encyclopédiques en anglais, aucun ne recoupe les perspectives du Hôbôgirin, qui reste le seul à se consacrer aux sources chinoises et japonaises et demeure en ce sens un instrument de travail unique.
Il faut souligner que cette perspective, « extra-indienne » dès l’origine, de cette encyclopédie, s’accorde parfaitement avec les nouvelles tendances de l’étude du bouddhisme, laquelle avait été longtemps marquée par les tentatives de reconstruction de la personnalité et de la vie de son fondateur, ainsi que par l’établissment d’une chronologie du développement des doctrines et de la communauté religieuse en Inde.
Il est donc indispensable de rester dans cet axe sino-japonais, en y ajoutant toutefois de façon beaucoup plus explicite les sources coréennes, souvent non distinguées des deux premières, et en se préoccupant des sources viêtnamiennes, elles aussi rédigées en chinois classiques et très peu exploitées jusqu’à maintenant.
L’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, en la personne de son regretté Secrétaire perpétuel, Jean Leclant, a tenu à continuer et à achever cette oeuvre qui est sans nul doute l’un des fleurons de l’érudition de langue française. Il a été demandé à Jean-Noël Robert d’en reprendre la direction. Un certain nombre d’années ont été consacrées à trier, dans les manuscrits subsistants, les articles qui pouvaient être publiés. Il est apparu que ceux qui auraient pu l’être auraient dû être réécrits de fond en comble, ce qui n’était pas impossible sans doute, mais qu’ils représentaient une forme d’érudition trop attachée aux critères anciens pour pouvoir répondre aux exigences actuelles. Les sources chinoises et japonaises ont en effet cessé d’être les matériaux primordiaux des études bouddhiques : d’une part, depuis les années soixante du XXe siècle, un flot ininterrompu d’oeuvres écrites par les docteurs tibétains a inondé les bibliothèques d’Occident, offrant à la fois des traductions de textes sanscrits, mais aussi une tradition originale mé- ritant d’être étudiée pour elle-même ; d’autre part, la littérature du grand Véhi- cule de langue sanscrite, dont on croyait disparues un grand nombre d’oeuvres importantes, s’enrichit constamment de nouvelles découvertes, que ce soit dans les fonds manuscrits indiens et népalais systématiquement explorés ou grâce à la brusque apparition de collections cachées au Tibet.
Tout cela fait que les sources chinoises et japonaises ont vu relativiser leur im- portance comme accès privilégié au bouddhisme indien ancien. En même temps, les progrès de l’informatique ont rendu possible l’exploitation électronique du ca- non bouddhique chinois et japonais avec une finesse et une précision inimagi- nables auparavant, ce qui a donné des perspectives nouvelles aux recherches sur l’histoire des doctrines et de la pensée bouddhiques en Asie Orientale
Adopté en 2011
Depuis le XIXe siècle, les recherches sur l’histoire du texte coranique ont fait abondamment usage des informations conservées par la tradition musulmane, mais n’ont pas accordé d’importance particulière à la tradition manuscrite ancienne. Or nous disposons d’un nombre appréciable de copies plus ou moins complètes du Coran qui pourraient être postérieures de moins d’un demi-siècle à la disparition de Muhammad (m. en 632 è.c.), selon des datations reposant sur la paléographie ou d’après les résultats de l’analyse du C14 du parchemin de certaines d’entre elles. Cette documentation est d’une importance particulière pour l’histoire ancienne du texte coranique et plus largement celle des débuts de l’islam. Ce n’est qu’à partir des années 80 que notre connaissance des plus anciens manuscrits du Coran a considérablement progressé et que les chercheurs ont pris conscience de leur potentiel pour cerner plus précisément l’état ancien du texte. L’accès à ce matériel est cependant malaisé, en raison tout d’abord des particularités de l’écriture de cette époque, mais aussi à cause de la dispersion très fréquente des feuillets qui faisaient initialement partie d’un même manuscrit.
La publication de facsimilés des plus anciens manuscrits du Coran répond au besoin de disposer aisément de cette documentation afin de permettre aux recherches de se développer. Deux facsimilés avaient déjà été publiés en 1998 et 2001 par François Déroche et Sergio Noja Noseda dans le cadre du Projet Amari. Ils ont servi de point de départ à la série Manuscripta de la collection Documenta Coranica qui est publiée sous le patronage de l’Union Académique Internationale.
Il était difficile de donner des contours chronologiques rigoureux à cette entreprise dans la mesure où la datation des plus anciens manuscrits coraniques — dont aucun colophon n’a été retrouvé à cette date — est encore discutée. En revanche, un critère paléographique s’est imposé comme fil conducteur : l’écriture ḥijāzīest commune aux différents manuscrits qui seront publiés dans la série, ce qui laisse penser qu’ils ont été produits avant la chute de la dynastie omeyyade en 750 è.c.
Comme cela a été signalé, l’un des problèmes auxquels doivent faire face les chercheurs travaillant sur ce matériel est la dispersion des feuillets provenant d’un même manuscrit. Cette situation est la conséquence de l’histoire des dépôts dans lesquels ces copies du Coran ont longtemps été placés. Afin de pouvoir mettre cette documentation à la disposition du public de manière satisfaisante, il a été décidé de publier ensemble les feuillets ou fragments connus d’un même manuscrit, indépendamment de leur lieu actuel de conservation et en suivant sauf indication contraire la séquence du texte de la vulgate ‘uthmanienne. En conséquence de ce remembrement, il est attribué à chaque manuscrit un nom qui fait référence à son origine : Amrensis pour ceux qui proviennent de Fustat, Damascensis pour ceux de Damas, etc.
Le premier volume de la série Manuscripta, publié en 2018, est ainsi consacré au Codex Amrensis 1 ; il a été publié par Eléonore Cellard avec le concours de Sabrina Cimiotti et réunit des images de feuillets conservés à Londres, Paris, Saint Pétersbourg et d’autres vendus à Rennes en 2011. Il offre la reproduction intégrale et en couleur du manuscrit avec la translittération du texte en regard et des informations codicologiques et paléographiques succinctes. Cette formule sera reprise dans les volumes ultérieurs de la série.
La série des Manuscripta est complétée par celle des Studia, destinée à recevoir des études portant sur ces mêmes manuscrits et plus généralement sur l’état du texte au cours de la période ancienne. On espère en particulier y accueillir des travaux recensant les variations orthographiques et textuelles, et analysant plus généralement l’histoire du texte. La question cruciale de la datation de ces manuscrits pourrait également faire l’objet d’une synthèse qui utiliserait toutes les ressources de la paléographie, de la codicologie et, le cas échéant, de l’histoire de l’art, ou encore celles des analyses physico-chimiques, en particulier le radiocarbone 14, qui se sont multipliées au cours des dernières années.
Les résultats attendus de la collection des Documenta Coranica sont nombreux et tout d’abord une vision plus claire du matériel et un accès plus facile à ce dernier. La publication parallèle des citations coraniques dans les documents datés les plus anciens (papyrus, inscriptions lapidaires, monnaies, objets, décors, tissus, etc.) viendra compléter le corpus des manuscrits en vue d’une édition scientifique du texte coranique. Cet ensemble permettra en effet de disposer d’un ensemble unique de témoignages textuels directs, mais aussi de nouveaux éléments sur l’histoire du Coran, son orthographe et son découpage. Enfin, la collection permettra de proposer une nouvelle esquisse de l’histoire de l’écriture et du livre dans les premiers temps de l’islam (mise en page, matériaux utilisés, etc.).
Adopté en 2015
Lancé en 1988, ce projet faisait suite à la publication des textes des Archives Royales de Mari tomes XXVI/1 et XXVI/2, deux volumes de 640 et 590 pages qui publiaient plusieurs dossiers des lettres retrouvées au tell ancien de Mari, à la frontière entre la Syrie et l’Iraq, par André Parrot.
L'entreprise envisageait d’étudier systématiquement le vocabulaire du plus important corpus en langue sémitique orientale, noté en écriture cunéiforme et retrouvé dans les ruines du palais de Mari. Il représente une masse documentaire de plus de 25 000 tablettes. Les textes littéraires y sont en minorité, mais le très important corpus épistolaire, adressé à deux rois de Mari, est complété par de nombreux documents administratifs et aussi juridiques.
Cette langue proprement dite akkadien est aussi appelée traditionnellement « paléo-babylonien », car Babylone est la ville la plus connue qui ait pratiqué ce langage et son roi Hammurabi est toujours connu aujourd’hui. L’ampleur de la documentation n’est que d’une cinquantaine d’années (aux XIX°-XVIII° siècles avant notre ère) pour ce qui est de la durée d’attestation mais les textes proviennent de l’ensemble du Proche-Orient et de sites non documentés pour cette période aujourd’hui, comme Alep ou en Syrie du Nord. Les missives sont désormais situées de façon précise dans le temps et dans l’espace. Ces textes complètent considérablement la connaissance de l’état classique du sémitique oriental, langue apparentée de très près à l’hébreu, l’araméen et l’arabe.
La collecte lexicale qu’ils permettent est d'une extrême richesse. En outre, quoique s’exprimant en akkadien, les gens étaient obligés pour désigner des activités ou des situations qui n'avaient pas leur équivalent dans leur langue d’expression d’écrite, de recourir à des termes locaux. Ils révèlent ainsi le lexique de gens qui pratiquaient avant tout l’information orale et utilisaient des dialectes non documentés par écrit. On voit ainsi apparaître des « façons de dire » qu'on n'aurait cru documentées qu'à des époques bien plus récentes, voire des registres d'expression inédits, comme les proverbes ou l'expression directe de la population féminine. En ce sens, la littérature épistolaire de Mari représente un unicum au Proche-Orient.
La retraduction complète par nos soins des lettres publiées avant le tome XXVI des Archives Royales de Mari a abouti à la publication de trois forts volumes de la LAPO (Littératures Anciennes du Proche-Orient), tomes 16 (1997, 654 p.), 17 (1998, p. 688), 18 (2000, p. 632) — plusieurs rééditions —, avec un très abondant commentaire lexical. Cela représente le résultat de collations des originaux aux musées d’Alep, de Damas et de Dêr ez-Zor.
Le vocabulaire des textes administratifs a été réparti en plusieurs secteurs sous la rubrique MDBP (Matériaux pour le Dictionnaire de Babylonien de Mari) qui regroupe les termes techniques en assurant l'édition critique des documents administratifs, publiés ou inédits.
Jusqu'à présent ont été publiés :
MDBP I (2009, p. 604) = ARM XXX, La Nomenclature des habits et des textiles par J.-M. Durand ; MDBP II (2005, p. 570) = ARM XXXI, La Vaisselle de luxe des rois de Mari par M. Guichard ; MDBP III (2012, p.538) = ARM XXXII, Le Vocabulaire de la métallurgie et la nomenclature des objets en métal dans les textes de Mari, par Ilya Arkhipov (Université de Moscou), à partir de mes collations et transcriptions. Le tome XII (2009) des Florilegium Marianum, l’autre collection dévolue aux publications sur Mari, est une étude exhaustive de la documentation sur le vin par Grégory Chambon (alors à l’Université de Bretagne Orientale, UBO). Viennent de s’y ajouter le tome XV (2018) des Florilegium Marianum, traitant de la gestion et de la comptabilité du grain dans le Palais de Mari par Grégory Chambon (EHESS) et le tome XVI de la même série (2018) traitant du vocabulaire de l’irrigation, par Hervé Reculeau (University of Chicago).
L. Marti (CNRS) termine (2019) une habilitation qui doit lui permettre de publier la documentation qui a trait à l’alimentation carnée.
En ce qui concerne les documents épistolaires, aux tomes XXVII et XXVIII vient de s’ajouter par mes soins le tome XXXIII (2019) qui — en 595 pages — traite des débuts du règne de Zimrî-Lîm. Le tome XXXIV en cours de préparation doit le compléter et traiter plus particulièrement de la documentation relative aux Nomades.
Chaque publication comporte une étude détaillée du vocabulaire et complète beaucoup les dictionnaires à notre disposition, comme le font déjà les Index des LAPO ou de ARM XXXIII. L'ensemble de ces considérations lexicales, une fois regroupées, doit ainsi fournir une contribution majeure au lexique sémitique utilisé au IIe millénaire avant notre ère, tel que révélé par les documents cunéiformes de Mari.
Les événements dramatiques qui se sont passés en Syrie risquaient de détruire les originaux de Mari, gardés intacts pendant des millénaires, lesquels sont à l’heure actuelle on ne sait où en Syrie.
Cependant nous avions pris soin, bien avant les troubles, avec l'appui du CNRS et des Affaires Étrangères françaises, de faire réaliser une couverture photographique argentique ou numérique de ces documents, tant pour ceux qui étaient à Paris que pour ceux qui se trouvaient en Syrie, dès avant le moment où les autorités syriennes ont réclamé le retour de ceux qui se trouvaient en France. Cette documentation a été actuellement numérisée. Cette précaution nous permet ainsi d'envisager la poursuite des travaux de déchiffrement et de publication, même si, une fois la paix restaurée, des vérifications de certaines propositions sur les originaux survivants seront à envisager, si c’est possible.
Ces travaux doivent permettre à la francophonie de continuer à exister dans le secteur de l'Assyriologie, ce qui permettra de se souvenir qu'un des fondateurs de la discipline était Jules Oppert, professeur au Collège de France. Le dictionnaire (DBP) doit néanmoins comporter une équivalence des termes français dans les grandes langues de culture de l'Orientalisme européen. Ce sera donc un dictionnaire plurilingue où l'aspect « histoire des techniques » ne doit pas être oublié.
Adopté en 2019
Le nouveau projet sceitnfique que lance l'Académie du Japon consiste à dresser un inventaire exhaustif des monnaies japonaises jusqu'à l'époque d'Edo. Ce projet correspond à un retard relatif de la recherche scientifique en matière de la monnaie, particulièrement celles coulées dans le territoire du Japon. La monnaie, une pièce métallique, ronde, sur laquelle ont été imprimés, au droit et au revers, le nom et les types de l’État émetteur, est née en Asie Mineur occidentale au début du VIe siècle avant J.-C. dans le monde eurasiatique de l’Ouest. Les monnaies japonaises, dans ce contexte historique, firent apparition entièrement à part. Elles sont produites dans le milieu historique et culturel du monde de l’Asie orientale dont la Chine détint l’hégémonie politique et culturel. La Chronique du Japon – Nihon shoki, rédigée en 720 de notre ère - à la deuxième année du règne de l’empereur Kenzo (en 486), suggère l’économie florissante de cette année et elle témoigne la quantité de 180 litres du riz valant « une pièce de la monnaie d’argent ». C’est la première indication de l’existence de la monnaie, plus précisément de la monnaie d’argent. Malgré cette attestation, on n’a pas réussi à trouver la pièce qui appartient à l’époque à l’antérieur au 7e siècle
Pour les premiers temps de l’histoire du Japon d’ailleurs, on remarquera une certaine inégalité ou disproportion entre la mention de la monnaie utilisée et la découverte de pièces elles-mêmes désignées dans les documents écrits. Une abondance des documents écrits soit sur papier, sur une tablette de bois qui se multiple en quantité grâce à la découverte archéologique, invite au classement des monnaies métalliques japonaises de manière systématique et exhaustive afin de combler cette fissure entre les témoignages écrits et la matière métallique, ainsi pour créer une perspective scientifique propre sur l’histoire de la monnaie japonaise et la minière de son utilisation.
La numismatique japonaise semble parent pauvre parmi les sciences humaines dans l’archipel japonais. On apprend à la Faculté la paléographie et la diplomatique, mais c’est presque exceptionnel que l’on puisse y apprendre la numismatique, quand on rencontre un(e) enseignant(e) rarissimus ou rarissima qui s’intéresse et fait pratique dans le domaine de la recherche de monnaie. On ne dispose pas du manuel de numismatique, mais seulement une introduction à l’archéologie numismatique signé par Pr. Shin’ichi SAKURAKI. Il ne faut pas oublier que depuis l’âge d’Édo on ne manquait pas des amateurs et des savants qui se consacraient à l’étude des monnaies, mais leurs méthodes et les explications de leur résultat acquis ne suffisent pas à remplir la condition d’être appelée la numismatique en tant qu’une vraie science. Depuis lors, l’activité de la recherche savante des monnaies frappées s’accompagnait le plus souvent de l’intérêt lucratif. La modernisation et l’aménagement du système universitaire par le gouvernement de Meiji ont constitué des départements de l’histoire dans la Faculté des Lettres et on apprenait non seulement l’histoire elle-même, mais aussi les sciences auxiliaires de l’histoire. Pourtant, la numismatique a été mise en écart de ce mouvement de modernisation des sciences humaines probablement en raison de l’image traditionnelle attachée aux praticiens de la recherche des monnaies anciennes au Japon.
Durant les années 1980, le Japon a eu l’influence également de « Social Turn » des sciences historiques et elle les a transformées profondément vers celles qui portaient avec un regard renouvelé l’intérêt aux choses et matériaux en usage dans la vie quotidienne, les monnaies en tête. Petit à petit l’intérêt scientifique sur la monnaie acquiert un terrain ferme. Il y a quatre ans que le comité de sélection auprès de Japan Society for the Promotion of Science (alias JSPS) a octroyé un fond considérable pour un projet non pas à l’étude numismatique japonaise mais celle qui avait été proposé par les historiens occidentalistes japonais. Naturellement, l’étude numismatique japonaise avait avancé largement pour telle sorte de bienfait. C’est d’autant plus avancé que la légitimation de la recherche numismatique à titre d’une science dans le Japon.
L’enjeu, donc, de ce projet est grand. En créent l’inventaire exhaustif des monnaies japonaises anciennes, on aperçoive l’image totale du phénomène numismatique du Japon, et chose plus importante et essentielle, on obtient ainsi les données de base de toute la recherche future sur les monnaies japonaises. En ce sens, on pourrait définir l’objet de ce projet, une invention de la science numismatique dans le Japon.