Nouvelles noires et policières

Ils sont arrivés dans le soleil

« Ils sont arrivés dans le soleil » c’est d’abord un parfum, une ambiance que je portais en moi depuis la lecture de « Appareil volant à basse altitude » de Jim G Ballard. Vous savez cette odeur de fin du monde, d’automne éternel, de douce décadence et de sensualité trouble que savait si bien restituer l’auteur de « Vermilion Sands »

Les personnages, l’histoire…, sont venus ensuite pour donner vie et mouvement à ce tableau nostalgique.

Achevée le 30 août 2014, elle fait partie de mes histoires préférées. Une de celles dont je suis le plus fier. J’ai attendu plus d’un an avant de l’envoyer à Alibis qui venait de me prendre « Petite Sirène ». Je ne voulais pas qu’on me la refuse au motif audible mais cruel de ménager de la place pour d’autres auteurs français (un seul est invité par numéro et il n’y a que quatre numéros par an !).

Il faut savoir être patient.

L’univers de « Ils sont arrivés dans le soleil », les déboires de son personnage principal, m’ont tellement plu que j’ai décidé d’en écrire la suite et, pourquoi pas peut-être, à terme, d’en faire un roman.

Ils sont arrivés dans le soleil a été publiée dans le numéro 59 - été 2016 - de la revue Alibis.


Colonisation

« Colonisation » est une nouvelle déjà ancienne (2008). Une respiration pendant l’écriture de mon premier roman « Les fantômes du Panassa » » prix du jury du roman de l’été Femme Actuelle en 2009. Après de nombreuses nouvelles fantastiques, c’était aussi un essai de diversification. Pour voir si je pouvais écrire autre chose. Et puis l’inspiration commande et les mots ne demandaient qu’à sortir.

Je savais déjà en l’écrivant que ce texte cynique et désabusé trouverait difficilement preneur. Pas de marché pour ça. Terminée, la nouvelle a donc rejoint quelques autres dans le tiroir virtuel de mon ordinateur. Je me disais, sans grand espoir, qu’un jour peut-être…

Sept années se sont écoulées. Jusqu’à ce que je découvre AAARG ! Les couvertures me firent d’abord penser à un Pulp magazine mélangeant horreur et aventure. Que nenni ! Textes impertinents et citoyen, bédés corrosives et déjantées, humour méchant, articles décalés et politiquement incorrects. Enfin une revue (non un Mook, moitié magazine, moitié book) underground à grande diffusion ! Incroyable !

Le support idéal pour mon texte.

Si « Colonisation » ne trouvait pas sa place au sein de leurs pages, il ne la trouverait nulle part ailleurs !

Coup de bol, Pierrick Starsky, le rédacteur en chef de AAARG !, s’est avéré du même avis.

C’est ainsi que « Colonisation », texte sur l’aliénation individuelle et le despotisme économique et culturel de l’ogre américain, se retrouve dans les pages du N°11 de AAARG !.

Colonisation a été publiée dans le numéro 11 - octobre 2015 - de la revue AAARG!

Petite sirène

Il y a des drames dans l'actualité qui vous marquent plus que d'autres. Peut-être parce qu'ils suscitent l'effarement et l'incompréhension. Et, parce qu'ils suscitent l'effarement et l'incompréhension, ils attirent l'attention, appellent la réflexion, demandent - exigent - un début d'explication.

Malheureusement, le fantastique est parfois la seule réponse à l’irrationnel, à l’aberration.

"Petite sirène" est mon interprétation d’un fait divers atroce : une mère qui abandonne son bébé à la marée sur une plage du Nord de la France.

Ce drame contenait en lui tous les ingrédients d'une bonne histoire : une poussette retrouvée au bord de l'eau avec des vêtements de nourrisson à l'intérieur, une inconnue entrevue quelques jours plus tôt avec cette même poussette et un enfant, la disparition de la femme, sa recherche par la police et, enfin, la terrible résolution de l'enquête.

J'avais suivi les épisodes de ce drame plein de mystères dans le journal. Très vite, j’ai eu besoin de le raconter. À ma manière. Je me suis interrogé sur la façon de l'aborder. Selon un point de vue extérieur ou celui de la femme au landau ? Et si nous – la société, vous, moi - n'avions pas compris ? Si notre angle d'approche n'était pas le bon ? Et si la mère avait finalement eu de bonnes raisons, parfaitement logiques et respectables, de faire ce geste ? La vérité est ailleurs, n'est-ce pas ?

"Petite sirène" est un récit poignant sur la maternité, l'amour perdu, l'espoir en une vie meilleure et sur la différence. Je l’aime tout particulièrement. C'est un texte qui oscille entre deux genres : le fantastique et le policier. Au lecteur de le ranger dans l'une de ces deux cases selon sa sensibilité, son cartésianisme ou son absence d'icelui.

C’est pourquoi j'ai décidé de l'envoyer en même temps aux revues québécoises Alibis et Solaris, la première spécialisée dans le polar et la seconde en SFF.

Mon rêve aurait été que les deux revues l'a publient au même moment. Un beau coup éditorial. Une belle prouesse pour moi. Cela n'a pas été le cas. Alibis a tiré la première. C'est donc dans son numéro 54 (printemps 2015) qu'elle paraît avec quelques petites modifications pour la tirer davantage vers le réalisme et le drame policier.

Modifications mineures. Car même ainsi, il ne fait aucun doute pour moi, qu'il s'agit bien d'un drame fantastique.

La couverture de Bernard Duchesne illustre ma nouvelle.

Petite sirène a été publiée dans le numéro 54 printemps 2015 de la revue Alibis

La victime et son bourreau

« La victime et son bourreau » est une nouvelle bien glauque, méchante et tordue dans la lignée de celles de Mortelles Attractions. Il y a plusieurs twists à l’intérieur dont aucun n’était prémédité au départ.

Les chemins de l’inspiration sont souvent impénétrables !

C’est un huis-clos poisseux, l’histoire d’un type qui en torture un autre dans un pavillon de banlieue pour lui faire cracher son magot (et accessoirement quelques dents).

Sauf que les deux protagonistes ne sont pas ce qu’ils semblent être et qu’une curieuse relation va bientôt s’instaurer entre le bourreau et sa victime.

Mais lequel est vraiment le bourreau et lequel est la victime ?

La victime et son bourreau, a été publiée dans le numéro 42 printemps 2012 de la revue Alibis

Best Seller

Il s'agit d'un texte assez long. (54 000 signes).

Cette histoire a été écrite à l'automne 2008, peu après mon envoi des "Fantômes du Panassa" aux éditeurs. Je venais passer deux jours dans la belle ville de Nantes à l'occasion du festival international de la science-fiction des Utopiales. Il y avait là des auteurs consacrés tels que Philippe Curval, William Gibson, Laurent Genefort ou Pierre Bordage, d'autres moins connus, des stands de toutes sortes (manga, jeux de rôles, arts plastiques, BD, illustrations...) et un espace librairie où les auteurs dédicaçaient leurs livres. Je me souviens, c'était à l'étage.

Je suis monté en empruntant l'escalier roulant. En haut, j'ai observé les auteurs qui signaient, alignés en rang d'oignons. J'aurais bien voulu être à leur place. Ensuite, je me suis glissé jusqu'au stand des fanzines. Les malheureux avaient été mis à l'écart, dans un couloir chichement éclairé, comme des pestiférés (c'est du moins l'impression que j'ai eue !).

La cour des grands et celle des petits...

Accoudé à la rambarde du premier étage, j'ai observé la foule en contrebas. Au centre du hall, se tenait une conférence. Deux auteurs parlaient de leurs oeuvres, de leur travail, de leurs habitudes d'écrivain. Un petit public d'amateurs les écoutait religieusement. C'est à ce moment-là que l'idée de la nouvelle m'est venue, - une certaine forme de jalousie n'étant d'ailleurs pas étrangère à mon inspiration -, et que je me suis demandé ce que ferait un auteur frustré devant un tel parterre d'auteurs et d'éditeurs.

La graine était plantée. De retour à Paris, je n'ai eu aucun mal à coucher sur le papier mon histoire, inspirée de mon séjour à Nantes.

Avec cet éclairage, la psychanalyse du texte est facile à faire, je crois. Je ne m'y risquerai cependant pas.

C'est ma première nouvelle a avoir eu les honneurs de la couverture.

Best seller, a été publiée dans le numéro 34 printemps 2010 de la revue Alibis

Un plan presque parfait

C’est une histoire que j’aime bien (je les aime toutes bien sûr, mais certaine plus que d'autres.) Je ne sais plus exactement comment m’en était venue l’idée. En lisant de vieilles revues policières telles que Alfred Hitchcock’s Magazine ou Ellery Queen’s Mystery Magazine, je crois.

Ce que j’aime dans les nouvelles de cette époque (je parle des années 50 et 60) c’est l’innocence qui les caractérisait. On n’était pas nécessairement dans le glauque et l’outrageant. La surenchère. Les meurtriers n’étaient pas toujours des génies déments et incroyablement sadiques. Les crimes n’étaient pas obligatoirement des orgies sanglantes. Il y avait des codes à cette époque. La censure aussi. On ne pouvait pas écrire n’importe quoi. Les textes y gagnaient en malice et subtilité. En humour aussi. Lire des histoires policières des années d’après guerre c’est infiniment rafraîchissant. Un peu désuet certes, mais revigorant. Comme un petit Dubonnet au comptoir ! Ça fait du bien. Ça désaltère. On lit ça le sourire aux lèvres.

Mouais, eh bien, je voulais écrire une histoire dans ce style. A contre-temps. Légère et amusante. Pas un texte marquant dont on se souvient longtemps après, mais un récit dont on sort l’esprit léger en se disant « Mince, elle est bien bonne celle-là ! ». Seul subsistant un parfum subtil et agréable.

Un plan presque parfait a été publiée dans le numéro 15 de la revue Black Mamba en août 2009 et dans le numéro 16 de Nocturne le fanzine culte

Le prédateur

Il s’agit-là d’un récit sombre et violent comme une bourrasque hivernale. Il y est question d’un homme qui découvre, incidemment, qu’en faisant du mal à autrui, il parvient à trouver la paix et le bonheur personnels.

« Echo » parut dans le même numéro sondait les profondeurs d’un cœur émoussé par la vie. « Le Prédateur » explore, quant à elle, les méandres d’un cerveau malade.

C’était un des thèmes de prédilection de Robert Bloch et cette histoire lui rend en quelque sorte hommage.

J’ai presque du mal à croire que c’est moi qui ai écrit ces deux récits, si diamétralement opposés, à quelques jours d’intervalle. L’un distille des regrets doux amers, l’autre suinte la haine et la colère.

Je suppose que lorsque j’ai écrit « Le Prédateur », je devais être particulièrement remonté contre quelque chose ou quelqu’un. Dieu merci, la plume – ou plus exactement le clavier – s’est substituée au fusil !

Le prédateur a été publiée dans le numéro 2 de la revue Ananke aux éditions Sombres Rets

Un numéro introuvable

C’est une de mes nouvelles favorites (Encore ! Reprise dans mon recueil Mortelles Attractions) écrite à mes tous débuts. Elle avait également été prise par Black Mamba, mais comment aurais-je pu passer en ce printemps 2008 à côté du bonheur d’une première publication Outre-Atlantique ?

Alibis est en effet sans conteste la meilleure revue francophone de polar… peut-être parce que c’est la seule ! Malheureusement (c’est naturellement le point de vue d’un auteur Français !) elle est implantée au Canada !

Elle accueille très rarement des auteurs étrangers (ça se comprend !). Il est donc difficile d’être publié dans ses pages. C’est aussi une revue professionnelle qui rémunère ses auteurs !

Je me souviens parfaitement de ce chèque de 117,39 dollars. Je m’en souviens parce que je ne l’ai jamais encaissé ! Pourquoi ? Peut-être parce que la conversion n’était pas favorable... Peut-être parce que les frais bancaires étaient exorbitants… Sûrement parce que ce que représentait ce petit rectangle de papier était beaucoup plus important à mes yeux que sa valeur nominale.

"Un numéro introuvable" est un récit épistolaire sur lequel plane l'ombre de Robert Bloch et de Jack The Ripper. Un récit très Pulp et très geek aussi.

Les collectionneurs de livres rares apprécieront plus particulièrement.

Un numéro introuvable a été publiée dans le N° 26 de la revue québécoise Alibis au printemps 2008.