communication du 9 février 2013

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Richard de Fournival crée une œuvre en prose originale destinée à une fortune européenne considérable et immédiate, avec son Bestiaire d’Amour et la Response de la Dame, œuvre d’une invention ingénieuse, ayant pour objet d’exhorter les dames à aimer. Richard adapte le symbolisme animal à une casuistique courtoise qui illustre sous une forme pseudo-autobiographique les étapes et les infortunes d’une quête amoureuse. Une soixantaine d’animaux, empruntés à la tradition zoologique antique et médiévale, viennent fixer, par l’image autant que par la valeur emblématique que l’auteur leur impose, les postures et les démarches de l’amant sincère et de la dame.

On lui doit ensuite des Conseils d’amour, dialogue en prose ; un Traité de la puissance d’amour, consistant en sept chansons ; enfin une Biblionomie (Bibliothèque de la Sorbonne, ms. 636). Dans cet ouvrage, il a réuni en les classant les titres des ouvrages qu’il possédait dans sa propre bibliothèque.

Richard de Fournival fut aussi musicien et trouvère. Une vingtaine de ses chansons ont été retrouvées dans quatorze manuscrits. Il s’y exprime en langue d’oïl. Le Chansonnier d’Arras (achevé en 1278) compile des chansons d’inspiration courtoise, des chansons de croisades, des chansons pieuses. Notre conférencier nous a interprété quelques-unes de ces chansons.

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Pierre REVELIN,

Richard de Fournival à travers ses oeuvres.

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Richard de Fournival est né le 10 octobre 1201. Son père, Roger (1179-vers 1240), était médecin de Philippe Auguste et de Louis VIII. Sa mère Elisabeth de la Pierre eut, d’un premier lit, un fils, Arnould de la Pierre, futur évêque d’Amiens (1236-1247). Richard reçoit la tonsure en 1216 lors de son entrée à la faculté des arts de l’Université de Paris. Sous-diacre en 1221, il commence des études de médecine. Il est nommé chanoine de Rouen en 1222, puis d’Amiens en 1239. Il séjourne à Rome en 1239 et 1240. A son retour de la Ville Eternelle, il est nommé chancelier de l’Eglise d’Amiens (6 mai 1241). Un différend l’oppose à son demi-frère et évêque en 1246. Richard meurt le 1er mars 1260.

Fin lettré, alchimiste, astronome, musicien, médecin, d’une ouverture d’esprit et d’une science déjà humanistes, Richard est surtout connu par les œuvres qu’il a laissées. Elles ont eu une grande postérité au Moyen Age, attestée par les nombreuses copies dont elles furent l’objet. La très riche bibliothèque de Richard comprenait des livres de médecine (Aristote, Hippocrate, Galien, Avicenne, Averroès). Il les légua à Girard d’Abbeville, archidiacre de Ponthieu, maître en théologie de l’Université de Paris, qui les légua lui-même à Robert de Sorbon. Ces ouvrages constituent une part importante de la première bibliothèque de la Sorbonne.