Nelson Tardif, Au nom du marché. Regards sur une dimension méconnue du libéralisme économique : sa violence sacrificielle, Beauport, MNH, 2003, 191 p.
À l'origine écrit comme mémoire de maîtrise, ce livre aborde l’économie de marché à partir d’une perspective inhabituelle. D’une part, l'auteur vérifie si une violence sacrificielle ne serait pas inhérente aux fondements, aux mécanismes et à l’idéologie du capitalisme. D’autre part, il examine si cette violence ne serait pas une conséquence obligée de la sacralisation de certains aspects et objectifs de l’économie de marché. Par la suite, il entreprends une confrontation théologique du capitalisme comme système destructeur d’humanité, d’environnement et même du sens de l’histoire.
Dans cette perspective, Nelson Tardif emploie la méthodologie de la théologie de la libération latino-américaine. Dans un premier temps, il présente la théorie fondamentale de Renée Girard du désir mimétique, lequel serait à l'origine de la violence dans les sociétés humaines, et, dans un deuxième temps, il fait connaître les conclusions auxquelles quelques auteurs sont arrivés en appliquant les théories de Girard à l'économie de marché. En troisième lieu, il examine d'un point de vue religiologique le libéralisme économique dans ses fondements idéologiques et dans son fonctionnement. Émerge ainsi une interprétation particulière du libéralisme économique comme forme d'une violence sacrificielle propre aux sociétés modernes. Dans un quatrième temps, il établit une instance critique en explorant la Bible pour vérifier si elle ne condamnerait pas l'idolâtrie et donc les sacrifices humains. En dernier lieu, cette instance critique permet à l'auteur de mener une confrontation théologique du libéralisme économique pour le délégitimer, puisque le marché est une idole. Il est, par conséquent, porteur d'une violence sacrificielle qui lui est constitutive.
Dans cette ouvrage, Nelson Tardif s'est employé à déconstruire le libéralisme économique pour plonger en son coeur pour se rendre compte qu'il s'agit d'un système inique qui n'a pas de coeur.
Recensions
RAVET, Jean-Claude, « Une main invisible » : Relations, numéro 689 (2003), p. 40.
ROY, Paul-Émile, « Nelson Tardif, Au nom du marché » : L'Action nationale, volume XCIII, numéro 9 et 10 (2003). pp. 183-186.