Les Foudres d'Héra

Une Comédie Musicale !

La Fantaisie est l'épreuve la plus périlleuse pour un auteur. On ne sait pas tout ce qu'il faut avoir de bon sens pour oser n'avoir pas le sens commun !

Alfred de Musset

Distribution

Héra

Femme imposante, toujours parée de ses attributs : voile sur la tête, sandales dorées, diadème et sceptre surmonté d’un coucou

Aphrodite

Jolie fille, très féminine, pieds nus ou en sandales fines, portant une couronne de violettes

Athéna

Jeune femme portant un petit casque et arborant de temps en temps une chouette sur l’épaule ou/et une lance.

Zeus

Homme grand et athlétique qui porte une cuirasse brillante, une tunique courte et des cothurnes blancs.

Pâris

Petit homme chauve et replet, habillé simplement comme un berger, d’une cape de laine grossière et des braies. Un lorgnon en pendentif. Au dernier tableau il se présente en tunique blanche.

Héra, la reine du Ciel, la divine épouse de Zeus, est une jalouse ! Elle empoisonne la vie de son mari, mais aussi celle des mortels, déclenche des conflits sur terre et la mésentente au sein de l'Olympe. Mais un panier tombé du ciel et empli de pommes d'or va tout à coup plonger les dieux dans une succession d'aventures épiques ponctuées par des chansons ! Des chansons connues et parfois méconnues mais toujours cocasses qui vont souligner avec à-propos leurs péripéties pour la plus grande joie du spectateur. Avec eux, on va remonter le temps et assister à leurs tentatives de réparer un passé chaotique... Aidée d'Athéna et d'Aphrodite, Héra va s'y employer sous le regard de Zeus et l'assistance d'un prince qui s'est reconverti dans la production de fromages de chèvres et pourtant contraint de se replonger dans une histoire sulfureuse qui lui avait déjà bien empoisonné sa vie jadis... Les déesses vont-elles arriver à s'entendre ? Zeus devra-t-il relever un défi et mettre lui-même les mains dans le cambouis ? Peut-être bien ! Une succession de situations complètement folles et drôles en sera la résultante avec, en prime, une petite touche écologique...

Cette pièce n'a pas encore été créée !

Qu'attendez-vous pour me contacter ?

Pour obtenir le texte :

viviane.decuypere@gmail.com


EXTRAITS :


ACTE III - Tableau III - Scène 2

Pâris et Zeus entrent. Ils ont l’air exténués, ils ont froid, sont hirsutes et sales…

Toutes : (qui leur présentent à boire) Bravo !

Héra : Installez-vous.

Aphrodite : Tenez, buvez ça.

Zeus : Brrrr… Vous n’auriez pas un grog bien chaud, plutôt ?

Pâris : (qui tremble de tous ses membres) Oui, on est congelé !

Zeus : La vache ! Qu’est-ce que c’est froid, la neige ! Et qu’est-ce que c’est haut, l’Everest ! Aaah, m’asseoir, me coucher, dormir des siècles ! Oh, j’ai mal partout ! Ouiouille, mes jambes… Aaah, j’ai le mal des sommets… J’ai les oreilles bouchées… (il fait des grimaces pour se les déboucher)

Pâris : (qui s’écroule sur un siège) Hein ? Quand je vous le disais que ce n’était pas de la tarte d’être un mortel !

Zeus : Je n’imaginais pas ! C’est inhumain d’être humain ! J’sens plus mes reins !

Héra : (qui chante) Il a mal aux reins, Tintin,

Aux reins, Tintin,

aux reins, Tintin

Il en est maussade

Ça le rend malade

Quand il veut s'baisser l'matin

S'baisser l'matin,

s'baisser l'matin

Il a mal - où ça, l'coquin ?

Aux reins, Tintin.

À présent que sa p'tite femme lui dit :

Tintin, j'ai besoin d'tendresse

J'voudrais goûter aux folles ivresses

Emmène-moi au paradis

L'pauvr' garçon, il voudrait bien...

Mais y'a pas moyen.

Les trois déesses : Il a mal aux reins, Tintin,

Aux reins, Tintin,

aux reins, Tintin

Il en est maussade

Ça le rend malade

Quand il veut s'baisser l'matin

S'baisser l'matin,

s'baisser l'matin

Il a mal - où ça, l'coquin ?

Aux reins, Tintin.

https://www.youtube.com/watch?v=3HUfpeHY83Q

Zeus : (furieux) Oh, comme c’est drôle !

Pâris : Vous vous rendez compte ce que nous supportons et de ce que vous nous faites subir en plus avec vos caprices ? Hein ? Les pommes d’or, les travaux d’Hercule, Thésée et le Minotaure, les sacrifices d’Iphigénie…

Athéna : D’accord, mais il ne faudrait pas omettre ce que vous vous faites subir vous-même, les uns aux autres, mon cher Pâris ! D’après ce que j’ai pu voir, les hommes sont assez ingénieux dans la malfaisance !

Pâris : Vous gagnez un point.

Zeus : Au fait, concernant Hercule, je lui ai supprimé un de ses travaux, ma chère Héra. Vous auriez une petite laine ? Brrr…

Héra : Comme ça, sans me demander mon avis ?

Zeus : Il ne doit plus combattre le taureau de Crète…

Pâris : Désormais, aucun taureau ne sera victime du sadisme des hommes… (le regard lointain :) Je les entends rire comme je râle. Je les vois danser comme je succombe. Je ne pensais pas qu'on puisse autant s'amuser autour d'une tombe…

Zeus : Non, plus de banderilles, d’épées, de flots de sang, plus de cette barbarie dont se repaissent des foules cruelles et sordides.

Pâris : (chante) Je revois les grands sombreros

Et les mantilles,

J'entends les airs de fandangos

Et séguedilles,

Que chantent les señoritas si brunes,

Quand luit, sur la plaza, la lune

Je revois, dans un boléro,

Sous les charmilles,

Des "Carmen" et des "Torero"

Dont les yeux brillent,

Je sens revivre dans mon cœur

En dépit des montagnes,

Un souvenir brailleur,

Ardent comme une fleur d'Espagne.

https://www.youtube.com/watch?v=VuhUFgf7yyc

Tous : Olé !

Aphrodite : Cela fait donc deux missions sur trois qui sont réussies.

Pâris : Parce ce que le combat de taureaux faisait partie du programme ?

Athéna : Oui, mais vous avez été assez clairvoyants pour devancer nos directives. Passons donc à la suivante.

Zeus : Ça va pas, non ! Alors ça, pour la suivante, vous allez attendre. (Prend le bol chaud que lui présente Héra) Pâris et moi on se repose, maintenant.

Pâris : (qui a bu d’un trait son bol) Oui, ras-le-bol ! Je dors !

NOIR

Tableau IV

Zeus est allongé sur un triclinium, sous une couverture, une bouillotte sur la tête, un thermomètre dans la bouche. Pâris est debout à côté de lui. Les déesses sont regroupées à l’autre bout de la scène et regardent, inquiètes.

Scène 1

Zeus : Je suis malade… aaah que je suis malaaade… Complètement malade…

Pâris : (qui prend le thermomètre) Voyons ça. Ah oui, quand même !

Zeus : Quoi ?

Pâris : Trente-neuf, cinq.

Zeus : Trente-neuf, cinq de quoi ?

Pâris : De fièvre.

Héra : Et c’est grave ?

Pâris : Pas pour le moment, mais il ne faudrait pas que ça monte.

Aphrodite : Qu’est-ce qui doit pas monter ?

Pâris : La fièvre.

Athéna : Parce que la fièvre, ça monte ?

Pâris : Ben oui, c’est le principe.

Zeus : Et ça va sortir par où ?

Pâris : Quoi ?

Zeus : La fièvre, tiens !

Pâris : Ça ne va pas sortir, voyons, ça reste dans le corps !

Zeus : Oh lala ! Et je vais monter avec alors ?

Pâris : Comment ça « monter avec » ? Où voulez-vous monter ?

Zeus : Mais je n’en sais rien, c’est à toi de me le dire ! Au plafond ?

Héra : On n’a pas de plafond ! Il va partir dans la stratosphère !

Athéna : Et là, on va avoir un mal fou pour le récupérer !

Pâris : Ah ! Oui mais non ! Elle ne va monter n’importe où. Juste dans votre corps.

Zeus : Je vais gonfler ?

Pâris : Mais non !

Héra : Moi, je ne veux pas voir ça ! Ça va monter dans mon mari, ça va lui soulever les côtes, gonfler la peau, il va craquer…

Aphrodite : Mon père va éclater… Y aura des morceaux sanguinolents partout…

Athéna : Bêêêêh !!!

Pâris : Non, rien de tout ça, il va simplement avoir de plus en plus chaud, c’est tout. C’est pour ça qu’il faut le rafraîchir. Il ne faudrait pas qu’il arrive à quarante-deux.

Zeus : Pourquoi ? Qu’est-ce qui se passe quand j’arriverai à quarante-deux ?

Pâris : Votre sang va se transformer en boudin. Cris effarés des déesses… Zeus : Oh non, ça je ne le veux pas !

Pâris : (qui s’amuse) Vous avez tort, parce qu’avec de la compote de pommes, c’est pas mauvais…

Zeus : De la compote de pommes ?

Pâris : Oui.

Zeus : Qu’on m’apporte de la compote !

Aphrodite se précipite avec un petit ravier.

Aphrodite : Tiens, mange papa, ça t’empêchera d’exploser…

Pâris : Mais quelle bande de trouillards vous faites ! C’est rien d’avoir de la fièvre. C’est juste le corps qui réagit et se défend contre l’agression du mal.

Héra : Allez, ça suffit comme ça, reprends tes pouvoirs, Zeus…

Zeus : Sûrement pas ! Je veux expérimenter jusqu’au bout. Je veux savoir ce que ressent un mortel.

Pâris : Ce n’est vraiment pas grave : il a eu froid et il a attrapé une bonne grippe. Ça arrive à tout le monde.

Zeus : (qui éternue, ravi) Vous avez vu ça ? Je me mouche ! (il regarde le contenu de son mouchoir) C’est stupéfiant. Venez voir !

Athéna : Non, merci.

Héra : Et si tu en meurs ?

Aphrodite : Tu te rends compte ? Ce serait très grave !

Héra : Les cieux et la terre plongés dans le chaos. Les forces maléfiques qui s’affrontent…

Athéna : Neptune et Hadès qui se disputent le pouvoir…

Pâris : Oh ! Arrêtez ! Il ne va pas en mourir. Quel délire pour un peu de fièvre !

Zeus : De toute manière, je ne peux pas mourir puisque je suis immortel. Je peux encore avoir de la compote ? Aime bien…

Pâris : Héra a raison, on pourrait peut-être cesser l’expérience, non ?

Zeus : (qui se délecte) … Et qu’est-ce qu’il y a encore comme maladie ?

Pâris : L’indigestion.

Zeus : Ça se traduit par quoi ?

Pâris : Si vous continuez à vous bâfrer, vous allez voir. (aux déesses) et vous, préparez des bassines.

Aphrodite : Pourquoi des bassines ?

Pâris : Parce que tout ce qu’il mange, il va le régurgiter…

Athéna : Comme un lama ?

Pâris : Pire qu’un lama.

Héra : Je ne veux pas de ça ! C’est indigne d’un dieu. Elle reprend le ravier. Héra : Et d’ailleurs, il est temps de repartir pour votre dernière mission.

Zeus : Eh, arrête, je m’amuse bien. Je vis des sensations nouvelles ! Parle-moi encore d’indispositions, Pâris, je trouve ça folklorique.

Pâris : (qui s’assied, abattu) Il y a la typhoïde, la peste, la syphilis, la varicelle…

Zeus : Tout ça ? Je veux essayer !

Pâris : Je ne vous le conseille pas…

Zeus : C’est joli comme mot, la varicelle… C’est quoi ?

Pâris : Votre corps se couvre de petits boutons rouges…

Aphrodite : Comme une coccinelle ?

Pâris : Un peu oui… Mais ça chatouille très fort…

Zeus : Cocasse ! Et comment on soigne ça ?

Pâris : En vous saupoudrant de souffre.

Athéna : C’est jaune ça, non ?

Pâris : Oui.

Zeus : (songeur) Je serai jaune à petit pois rouges…

Héra : Je t’arrête tout de suite ! Je ne veux pas d’un barbouillis de mari ! Ça suffit, maintenant. (elle tend son sceptre vers Zeus) Et voilà.

Zeus : Eh, mais qu’est-ce que tu fais ? Je ne ressens plus rien ! Je n’ai plus chaud, je n’ai plus mal à la tête, je suis frais comme un gardon !

Pâris : Parfait ! Vous voilà guéri.

Zeus : Tonnerre de Zeus ! (bruit de tonnerre)

Aphrodite : (ravie) Ouais ! Zeus a du poil au ventre !

Zeus : Du poil au ventre ?!

Aphrodite : Bravo !

Zeus : J’ai du poil au ventre ?

Pâris : Elle veut peut-être dire que vous avez retrouvé du poil de la bête ?

Aphrodite : Ah oui, c’est ça, je savais bien qu’il y avait du poil quelque part !

Nouveau coup de tonnerre.

Pâris : Et vous avez recouvré vos dons divins.

Zeus : (à Héra) C’est toujours comme ça avec toi : dès que je m’amuse un peu, il faut que tu interviennes ! C’est vrai quoi !

Athéna : Il serait tout de même temps de vous attaquer au dernier volet de votre besogne, tous les deux.

Aphrodite : Et il y a du travail sur la planche !

Pâris : En effet ! Qu’on se presse, j’ai hâte de retrouver enfin Œnone.

Zeus : Œnone, Œnone, tu n’as que ta femme à la bouche !

Pâris : Pardon ! Mais c’est qu’il y a de quoi ! (il chante)

Ah ! si vous connaissiez ma poule,

Vous en perdriez tous la boule

Ses petits seins pervers

Qui pointent au travers

De son pull-over

Vous mettent la tête à l'envers !

Elle a des jambes faites au moule

Des cheveux fous, frisés partout

Et tout et tout...

Si vous la voyiez,

Vous m’la piqueriez !

Ah ! si vous connaissiez ma poule

( https://www.youtube.com/watch?v=cloDoT-KV8g )

Héra : Non ça va comme ça, on n’a pas besoin de la connaître, ta poule !

Pâris : Sans parler de ma ferme…

Zeus : … Et tes fromages…

Pâris : Parfaitement, mes fromages ! J’en suis fier, moi, de mes fromages. Ils ont une appellation d’origine contrôlée, mes fromages. Et restant aussi longtemps absent, j’ai bien peur qu’ils perdent leurs particularités, mes fromages.

Zeus : (qui se lève) Bon, bon, alors pour la qualité des fromages de monsieur Pâris, on va se remettre à l’ouvrage.

NOIR