LE THEATRE BRUXELLOIS

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Avoir l'accent c'est, à chaque fois qu'on cause, 

Parler de son pays en parlant d'autre chose !... 

Miguel Zamacois

Tradition

 L'histoire est connue et bien souvent répétée dans les milieux bruxellois qui aiment brusseler : c'est grâce au fait d'avoir assisté en 1926 à une représentation du "Mariage de Mademoiselle Beulemans" que Marcel Pagnol se décida à créer sa trilogie marseillaise : "Ce soir-là, j’ai compris qu’une œuvre locale, mais profondément sincère et authentique pouvait parfois prendre place dans le patrimoine littéraire d’un pays et plaire dans le monde entier. J’ai donc essayé de faire pour Marseille ce que Fonson et Wicheler avaient fait pour Bruxelles, et c’est ainsi qu’un brasseur belge est devenu le père de César et que la charmante mademoiselle Beulemans, à l’âge de 17 ans, mit au monde Marius".

       

 Le comédien Michel Simon, lui aussi sous le charme de la cocasserie bruxelloise, avait suggéré la création d'une "Académie du Bruxellois". De grands auteurs se sont penchés sur la truculence de ce dialecte, tel Michel de Ghelderode  qui va recueillir dans la tradition orale, la trame de plusieurs spectacles pour le théâtre de marionnettes de Toone : "Le Mystère de la Passion de Notre Seigneur Jésus-Christ", "La Nativité et le Massacre des Innocents" ou "Le cochon de St Antoine"...

Treize ans après le "Mariage", une pièce bien moins connue écrite par Van Roy et Bajard, prend sa place dans la tradition : "Ce bon Monsieur Zoetebeek".

En 1938, Van Stalle et D'Hanswyck écrivent le désopilant "Bossemans et Coppenolle" dans lequel la merveilleuse Mme Chapeau, interprétée traditionnellement par un homme, enchantera des générations de spectateurs ravis de ses sorties sur les "crapuleux de sa strotje" et de ses "boules" qui sont bonnes pour la gorge sans oublier Jefke, le lapin, qui sera immolé sur l'autel des passions footballistiques de sa maîtresse...

Et puis... un long silence dans l'univers du théâtre bruxellois. Jusqu'aux "Pralines de M. Tonneklinker" qui renouera avec la tradition en 1988 pour fêter les trente ans de l'Exposition Universelle de 1958.   

Dès lors, l'impulsion étant donnée, suivront : "L’héritage de Melle Beulemans" de  Raymond Pradel, "Le Pot Carré" de Raymond Pradel, et "l’Agence Pactherbeek" de  Boeterkoek & Boestrink (Anne Cornette), le "Kavitche", le "Froucheleir des wagons-lits" dont les créations vont se succéder sur un mode rapproché. 

"L'Estaminet de Rosine" créé en 2010 aborde la pénible période de la dernière guerre durant laquelle les Bruxellois, toujours pragmatiques, s'organiseront au mieux et feront face avec l'humour qui les caractérise...

Charles-Quint, personnage principal de "Charles de Bourgogne", pièce historico-bouffonne, est affublé du magnifique accent "brusseleir" puisque les chroniqueurs de l'époque soulignent qu'il avait un accent... Lequel ? Etant né à Gand et élevé à Bruxelles, ses deux premières langues étaient le flamand et le français...  Gourmand, à la limite de la goinfrerie, Charles se balade toujours dans la pièce avec des "boules" qu'il propose à tout le monde. Petit clin d'œil de l'auteur à Madame Chapeau !

Quand à ma tragi-comédie Le Ket, je ne cacherai pas qu'elle a été inspirée par une tragi-comédie de Corneille que tout le monde connait ! Sauf que l'action se déroule dans les années 1930 dans le milieu du cyclisme... Un sport ô combien populaire chez nous avec tous les grands champions qui l'ont servi !