Le Vénérable Locheulags
Le Vénérable Locheulags est né au Tibet, le 4 juin 1939, à Gyamtsé, il est le troisième d'une famille qui comptera huit enfants.
Au VIIe siècle, l'un de ses lointains ancêtres servit comme ministre, le grand roi Songtsèn Gamgpo (617-650), l’un des Trois Rois du Dharma, fondateur du Tibet historique. En 635, en un lieu qui allait devenir la capitale du Pays des Neiges, Lhassa la Terre des Dieux, ce monarque édifia le premier temple bouddhiste du Tibet. Remarquable administrateur, il envoya son ministre Thomi Sambotha en Inde pour doter son pays d’une écriture spécifique ; humaniste et surtout pratiquant du Bouddhisme, ce roi développa les bases des arts et de la culture tibétaine. Le Grand Cinquième Dalaï-lama donnera son nom définitif Lang-zour à la famille de Locheulags au XVIIe siècle.
Élevé dans la pure tradition tibétaine, Locheulags fait part à son père de son désir de devenir moine. Son père lui recommande alors de choisir un monastère où les études et la disciplines sont rigoureuses. En 1953, au cours d’un voyage où en compagnie de son père il accompagne son jeune frère, reconnu comme Tulkou, au monastère de Dagpo Datsang, il demande à intégrer aussi ce même monastère. Il est alors âgé de 14 ans.
Il commence ses études et devient l'élève de Dagpo Rimpotché. Il étudiera à Dagpo Datsang jusqu’en 1959, date où la République Populaire de Chine prend le pouvoir au Tibet, tous les moines seront expulsés des monastères. Locheulags doit rentrer dans sa famille.
Peu de temps après le départ en exil de Sa Sainteté le 14ième Dalaï Lama, comme beaucoup d'autres religieux restés au Tibet, Locheulags est arrêté par les nouveaux dirigeants ; il est condamné aux travaux forcés et devient maçon, employé aux diverses constructions jusqu'en 1979. À partir de cette date, il peut jouir d'une semi-liberté et devient le conservateur du Potala, tâche qu’il accomplit aidant ainsi à la restauration et à la reconstruction du monument où il passera les dix années suivantes.
Suite aux troubles et au soulèvement des Tibétains contre les autorités chinoise, la loi martiale est promulguée par les dirigeants chinois le 3 mars 1989 et le 8 mars au matin, il est de nouveau arrêté, de nouveau condamné, renvoyé aux travaux forcés où il reprend son travail de maçon pendant 10 mois ; un jour de cette même année 1989 il est relâché, retrouve un peu de liberté mais ne reprend pas son poste de conservateur au Potala. En 1995, il quitte définitivement le Tibet avec l'accord des autorités chinoises, empruntant définitivement le chemin de l’exil, il se rend en Inde ; il prend une part active à la reconstruction de sa communauté monastique mais Sa Sainteté lui demande, vu sa grande érudition et ses connaissances personnelles, de devenir son bibliothécaire. Il vit depuis à Dharamsala en compagnie de sa soeur ainée et de sa nièce dans l’entourage de Sa Sainteté le XIV Dalaï-lama.
Locheulags est un moine authentique à l’éthique sans tâche, un pratiquant sincère dont l’humilité, la modestie et la discrétion cachent l’érudition réelle d’un expert dans l'art et la culture de son pays, en particulier dans l'art des Tangkas. Il connaît parfaitement le Potala dont il peut parler non seulement avec beaucoup d’érudition mais aussi avec un profond respect pour la valeur unique de ce patrimoine mondial, cette résidence des Dalaï-lamas, ce symbole de la foi et de la fierté de tout un peuple.
En février 2009, à l'invitation du Vénérable Dagpo Rinpotché, Locheulags vient en France pour la deuxième fois pour un séjour de trois mois. Il était présent à La Roche Saint-Secret du 30 mars au 3 avril 2009, et, au cours de deux conférences, les 1er et 2 avril, il a offert à l’Institut Kadam Tcheuling Drôme-Ardèche le témoignage vivant d’une culture qui ne saurait mourir. Les sujets de ses conférences : "La vie au Potala avant 1959 ; L'art et la culture du Tibet ; L'art des Tangkas" et "La lignée du Vénérable Dagpo Rimpoché".