La gestion intégrée des littoraux est consacrée par le droit de l'environnement. Les textes internationaux de référence soulignent l'importance de cette forme de gestion des espaces côtiers: par exemple, Action 21, chapitre 17: "Protection des océans et de toutes les mers –y compris les mers fermées et semi-fermées- et des zones côtières et protection, utilisation rationnelle et mise en valeur de leurs ressources biologiques":
"17.1 Le milieu marin, y compris les océans et toutes les mers, et les zones côtières adjacentes, forme un tout et constitue un élément essentiel du système permettant la vie sur Terre. C'est un capital qui offre des possibilités de développement durable. Le droit international, tel qu'il se traduit dans les dispositions de la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer 1/, 2/ mentionnées dans le présent chapitre d'Action 21, énonce les droits et obligations des Etats et constitue l'assise internationale sur laquelle doivent s'appuyer les efforts visant à protéger et à mettre en valeur de façon durable le milieu marin, les zones côtières et leurs ressources. Cela suppose l'adoption de nouvelles stratégies de gestion et de mise en valeur des mers et océans et des zones côtières aux niveaux national, sous-régional, régional et mondial, stratégies qui doivent être intégrées et axées à la fois sur la précaution et la prévision, comme le montrent les domaines d'activités suivants:
a) Gestion intégrée et développement durable des zones côtières, y compris de la zone économique exclusive;
b) Protection du milieu marin;
c) Exploitation durable et conservation des ressources biologiques marines en haute mer;
d) Exploitation durable et conservation des ressources biologiques marines relevant de la juridiction nationale;
e) Examen des incertitudes fondamentales concernant la gestion du milieu marin et les changements climatiques;
f) Renforcement de la coopération et de la coordination internationales, notamment au niveau régional;
g) Développement durable des petites zones insulaires.
17.2 La mise en oeuvre, par les pays en développement, des activités ci-après devra correspondre au niveau des capacités technologiques et financières de chacun d'entre eux et à l'ordre de priorité qu'ils ont fixé dans l'affectation des ressources aux besoins du développement, et dépendra en dernière analyse des transferts de technologie et des moyens financiers nécessaires qui sont mis à leur disposition" (voir http://www.un.org/esa/sustdev/documents/agenda21/french/action17.htm).
La structuration juridique de la gestion intégrée est difficile. Le droit est en effet par nature sectoriel: il organise de façon verticale et séparée la répartition des compétences entre les différents acteurs intervenant sur le littoral. GIZC complexe car implique de nouvelles méthodes et stratégies;
A Madagascar, le concept de GIZC n'est apparu que depuis peu (la seconde moitié des années 90), suite notamment aux actions pilotes de la Commission de l'Océan Indien (Programme régional de l'environnement) et à la mise en place du Programme EMC (Environnement Marin et Côtier) du Programme Environnemental 2 (PE2).
Depuis lors, Madagascar a ratifié les conventions internationales préconisant la GIZC (Convention cadre sur le changement climatique, Convention des Nations Unies sur le droit de la mer, Convention de Nairobi sur la gestion et la mise en valeur du milieu marin et côtier). Il a publié en 2001 un document d’orientation pour la formulation d’une politique de développement durable des zones côtières à Madagascar en 2001. Malgré cela, il n’existe pas encore à Madagascar d'outil spécifique pour la gestion intégrée du littoral. La notion y est en effet trop récente et, complexe, cette forme particulière de gestion ne peut être que progressivement installée. L'absence d'un outil spécifique ne serait pas dans l'immédiat un obstacle à une bonne gestion intégrée du littoral. La situation à Madagascar (faiblesse des moyens humains, financiers et matériels notamment) rendrait effectivement plus utile une approche progressive et adaptative fondée sur une combinaison d'aménagements stratégiques des textes existants et non pas sur l'adoption longue et hasardeuse d'un texte nouveau et spécifique.
L'inexistence présente d'un outil particulier de gestion intégrée du littoral ne signifie pas l'impossibilité de celle-ci. Divers instruments de portée générale d'ores et déjà existant sont en effet susceptibles d'être utilement employés pour assurer la mise en œuvre de la gestion intégrée du littoral: les études d'impact environnemental, les aires protégées marines, etc. L'un des plus anciens et, par comparaison avec les autres, des plus achevés est la gestion locale sécurisée des ressources naturelles renouvelables dite Gelose (Loi n° 96-025 du 30 septembre 1996). Par ailleurs, spontanément ou s'inspirant en tout ou en partie de mécanismes juridiques existants, il est fort probable que les populations locales aient d'elles-mêmes développé une régulation tendant ou permettant la gestion intégrée du littoral. A cet égard, il faut rappeler la place importante dans la société malgache du fihavanana, technique traditionnelle de règlement de litige se traduisant par un esprit de compromis, d’échange mutuel et de dialogue, (reconnu par la constitution et le décret sur la médiation environnementale) et qui permet d’atténuer sinon résoudre les conflits d’intérêt qui sont un des aspects de la complexité du littoral.